Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble
Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble, (rue de la piscine, sur le campus universitaire)
Histoire
Fondation
2011
Cadre
Sigle
OUIVoir et modifier les données sur Wikidata
Code
UMR5274Voir et modifier les données sur Wikidata
Type
Siège
Pays
Coordonnées
Organisation
Doctorants
40
Directeur
Guillaume Dubus (d) (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Organisations mères
Affiliation
Site web
Carte

L'Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble (ou IPAG) est un institut de recherche français créé le , résultant de la fusion de deux laboratoires : le Laboratoire d'astrophysique de Grenoble (LAOG) et le Laboratoire de planétologie de Grenoble (LPG)[1]. Cet institut situé 414 rue de la Piscine à Saint-Martin-d'Hères est un laboratoire de l'Observatoire des sciences de l'Univers de Grenoble et rassemble l'essentiel des recherches en astrophysique et planétologie du campus grenoblois.

Outre la réalisation d'instruments de très haute technologie installés au sol ou envoyés à bord de missions spatiales lointaines, les équipes de l'IPAG sont à l'origine de la découverte de plusieurs exoplanètes.

Statut[modifier | modifier le code]

L'IPAG est une unité mixte de recherche du CNRS et de l'université Grenoble-Alpes. Il est l'un des laboratoires de l'Institut national des sciences de l'Univers et de l'Observatoire des sciences de l'Univers de Grenoble.

Composition[modifier | modifier le code]

L'IPAG compte près de 100 postes permanents et environ 70 membres non permanents, parmi lesquels une trentaine de doctorants. Il est composé de chercheurs, d'astronomes, d'ingénieurs et techniciens et de personnels administratifs. L'ensemble de ces personnes est réparti en 7 équipes de recherche[2],[3] :

Directeurs[modifier | modifier le code]

  • 2021 - : Guillaume Dubus
  • 2016 – 2020 : François-Xavier Désert
  • 2011 – 2015 : Jean-Louis Monin

Recherche scientifique[modifier | modifier le code]

La recherche scientifique effectuée au sein de ce laboratoire suit plusieurs axes de recherche :

  • La recherche et la caractérisation de planètes extrasolaires (équipe exoplanètes) par les techniques directes (imagerie à haut contraste et haute résolution angulaire) et indirectes (vitesses radiales, transits).
  • La formation stellaire et planétaire (équipe odyssey, spectre) depuis l'effondrement du nuage interstellaire jusqu'à la physique et la chimie (équipes interstellaire) des disques circumstellaires.
  • Les phénomènes d'accrétion et d'éjection des objets stellaires jeunes et des objets compacts (équipe odyssey, sherpas) où les énergies mises en œuvre sont énormes.
  • Les sciences planétaires avec l'étude des interactions Soleil-Terre, les sub-surfaces planétaires, les astéroïdes et la chimie sur la matière primitive (équipes planéto, spectre).
  • Une recherche instrumentale de pointe pour répondre aux besoins de la communauté scientifique en termes d'instrumentation pour l'exploration de l'univers proche et lointain (équipe charm). Cela va de la haute résolution angulaire (optique adaptative et interférométrie), aux développements de nouvelles technologies (spectromètre intégré, capteurs).

L'IPAG abrite aussi le centre Jean-Marie Mariotti qui développe des logiciels de traitement du signal interférométrique.

Développement instrumental[modifier | modifier le code]

Fort de sa recherche instrumentale, l'IPAG est un acteur majeur européen impliqué dans bon nombre d'instruments destinés à la recherche astronomique. En 1999, l'institut participe au projet international Archeops visant à observer le fond diffus cosmologique. L'IPAG a eu un rôle central dans la conception et la réalisation de l'instrument SPHERE installé depuis 2014 au VLT et dont la fonction est l'imagerie à haut contraste et haute résolution angulaire d' exoplanètes et de disques protoplanétaires[4]. L'institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble fait partie des laboratoires français chargés de la mise au point de l'instrument SPIRou destiné à équiper l'observatoire Canada-France-Hawaï en 2017, dans le but de découvrir des exoplanètes de la taille de la Terre[5]. L'IPAG a été également impliqué dans la mise au point du radar CONSERT et du spectromètre VIRTIS dans la mission de la sonde spatiale Rosetta[6]. Au cours de cette mission, ses chercheurs ont eu l'occasion de devoir retrouver l'atterrisseur Philae par triangulation, alors qu'il s'était égaré à la surface de la comète Tchouri lors du premier contact[7]. En 2015, l'IPAG et le LETI participent au projet européen GRAVITY piloté par l'Institut Max-Planck d'astrophysique, afin de mettre au point une puce optique adaptée à l’interférométrie astronomique ayant des performances bien supérieures aux instruments précédents[8].

L'institut développe également des modèles numériques simulant les aurores polaires de couleur bleue sur Mars[9].

Instrumentation sol[modifier | modifier le code]

Nom Mise en service Domaine Lieu
NAOS
2002
Optique adaptative de NACO VLT - Chili
AMBER
2004
Interférométrie infrarouge à 3 télescopes VLTI - Chili
WIRCAM
2005
Caméra grand champ infrarouge CFHT - Hawaï
PIONIER
2010
Interférométrie à 4 télescopes VLT - Chili
SPHERE
2015
Spectro-imageur infrarouge avec optique adaptative VLT - Chili
GRAVITY
2015
Interférométrie à 4 télescopes VLTI - Chili
ExTrA
2018
Spectro-imageur infrarouge 3 télescopes Observatoire de La Silla - Chili
HARMONI[10]
2025
Spectro-imageur à très haute résolution Télescope géant européen - Chili

Développé en 2010 par l'IPAG, l'instrument optique PIONIER bénéficie depuis d'une caméra infrarouge révolutionnaire nommée RAPID en référence à ses capacités à fournir plusieurs centaines d’images infrarouge par seconde[11]. La création de cette caméra a nécessité quatre autres partenaires scientifiques dont le LETI et son coût financier est d’environ 12 millions d’euros[12]. En , cet instrument dévoile le bouillonnement d'une étoile géante rouge située à 530 années-lumière et dont les cellules de convection arrivant à sa surface sont proportionnellement dix mille fois plus vastes que celles du Soleil[13].

Le consortium GRAVITY comprend l'IPAG, le Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique de Paris et le centre français en aérospatial. Cet instrument utilisé comme interféromètre du Très Grand Télescope au Très Grand Télescope (VLT) du Chili permet de zoomer pour la première fois sur des trous noirs en combinant les faisceaux lumineux des quatre télescopes principaux du VLT pointés vers un même objet. Développé dans des longueurs d'onde allant de 2 à 2,5 micromètres, il est testé avec succès en octobre 2015[14]. En , l'instrument GRAVITY observe avec une précision inégalée le trou noir supermassif distant de 25 000 années-lumière qui occupe le centre de la Voie lactée. Ces observations représentent une réussite technique d'autant plus attendue par la communauté scientifique que l'étoile S2 ayant une orbite elliptique autour du trou noir supermassif passera en 2018 au plus près de ce dernier, à seulement 17 heures-lumière[15].

En , l'instrument ExTrA permettant d'étudier les exoplanètes et piloté depuis l'IPAG, reçoit sa première lumière[16]. En décembre de la même année, le système NAOMI (New Adaptive Optics Module for Interferometry), mis au point par l'IPAG et l'Observatoire européen austral, est opérationnel sur les instruments PIONIER, GRAVITY et MATISSE de l'interféromètre du Très Grand Télescope, voyant ainsi leurs performances fortement améliorées lors d'observations dans des conditions de turbulence atmosphérique dégradées[17].

Instrumentation spatiale[modifier | modifier le code]

Position de la SuperCam sur le rover.
Nom Mise en service Mission Instrumentation
Rosetta
2004
Comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko en 2014 radar CONSERT[18]
ASSERT[19]
2018
Hayabusa 2
tomographie radar sur astéroïde
SuperCam
2020
Mars 2020
analyseur à distance

L'institut de planétologie et d'astrophysique fait partie du consortium CHEOPS financé par onze pays européens et visant à caractériser des systèmes exoplanétaires connus lors de cette mission spatiale lancée en [20]. Cette caractérisation permettant de préparer le travail des grands instruments d'observation des années 2020 comme le téléscope spatial James-Webb puis le Télescope géant européen.

L'institut est l'un des huit laboratoires français associés à SuperCam, analyseur à distance de la composition chimique des roches de Mars à bord d'un rover[21],[22]. Le décollage de la mission Mars 2020 emportant ce rover développé par le Jet Propulsion Laboratory se déroule le et l'arrivée sur le sol martien le [23].

Découvertes[modifier | modifier le code]

En , la revue Nature publie un article selon lequel une équipe internationale composée de scientifiques de l'IPAG a découvert une exoplanète située à 40 années-lumière de la Terre, évoluant dans la zone habitable de l'étoile LHS 1140. Très probablement rocheuse, cette exoplanète nommée LHS 1140b, d'une masse sept fois plus élevée que la Terre, pourrait devenir la meilleure candidate pour la recherche de traces de vie dès que des instruments pouvant analyser son atmosphère seront opérationnels[24],[25],[26].

Une équipe de l'IPAG dirigée par Anne-Marie Lagrange est à l'origine de la mise en évidence d'un système planétaire autour de l'étoile Beta Pictoris située à 63 années-lumière du Soleil avec la découverte des planètes extrasolaires Beta Pictoris b en 2008 et Beta Pictoris c en 2019[27].

Distinctions[modifier | modifier le code]

En 2011, l'astrophysicienne Anne-Marie Lagrange de l'institut a été lauréate du prix Irène-Joliot-Curie pour ses travaux sur les systèmes planétaires extrasolaires[28].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Un nouvel institut », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
  2. Les équipes de recherche de l'IPAG.
  3. Organigramme, mai 2015.
  4. Observatoire européen austral, « Première lumière pour l'imageur d'exoplanètes SPHERE - Un nouvel instrument révolutionnaire équipe désormais le VLT », sur www.eso.org (consulté le )
  5. Article du CNRS du 5 novembre 2013.
  6. France3 Alpes du 12 novembre 2014, Sonde Rosetta: Philae embarque des instruments mis au point à Grenoble.
  7. ledauphine.com du 16 juin 2015, Les chercheurs grenoblois ont repéré Philae !
  8. placegrenet.fr du 22 janvier 2016, Gravity: Des puces optiques grenobloises à l'assaut des trous noirs.
  9. sciencedaily.com du 27 mai 2015, Similarities between aurorae on Mars and Earth. (en)
  10. « À Grenoble, les astronomes conçoivent le futur chasseur d’exoplanètes de l’ELT », sur cieletespace.fr, (consulté le )
  11. insu.cnrs.fr du 9 mars 2016, L'image la plus détaillée à ce jour d'un disque de poussière autour d'une étoile vieillissante.
  12. osug.fr du 17 juin 2015, Un nouveau détecteur infrarouge rapide révolutionnaire voit ses premiers photons.
  13. insu.cnrs.fr du 20 décembre 2017, D’énormes bulles à la surface d’une étoile géante.
  14. eso.org du 13 janvier 2016, Première lumière de la future machine à étudier des trous noirs.
  15. www.insu.cnrs.fr du 23 juin 2016, GRAVITY observe avec succès les abords du trou noir de la Voie Lactée.
  16. « C'est ExTrA, le chasseur d'exoplanètes français vient d'ouvrir les yeux ! », sur lepoint.fr, (consulté le )
  17. « NAOMI voit sa première lumière », sur newsroom.univ-grenoble-alpes.fr, (consulté le )
  18. France 3: La voix est libre du 15 novembre 2014. (durée 29 min)
  19. dlr academia.edu
  20. (en) Agence spatiale européenne, CHEOPS - Launch media kit, , 25 p. (lire en ligne) [PDF]
  21. www.osug.fr du 11 septembre 2014, Trois experts grenoblois au cœur de « SuperCam », instrument sélectionné par la NASA pour la mission Mars 2020.
  22. www.alpes.cnrs.fr du 12 septembre 2014, Trois experts grenoblois au cœur de « SuperCam », instrument sélectionné par la NASA pour la mission Mars 2020.
  23. (en) « Mars 2020 Rover Gets a Super Instrument », sur jpl.nasa.gov, (consulté le )
  24. lexpress du 20 avril 2017, Une nouvelle planète s'ajoute à la liste de celles pouvant héberger de la vie.
  25. europe1.fr du 20 avril 2017, Découverte d'une nouvelle planète potentiellement habitable.
  26. leparisien.fr du 19 avril 2017, Découverte d'une nouvelle candidate à la vie extraterrestre.
  27. « Découverte d’une deuxième planète autour de Bêta Pictoris », sur www.cieletespace.fr, (consulté le )
  28. enseignementsup-recherche.gouv.fr du 14 novembre 2011, Trois femmes d'exception mises à l'honneur pour les 10 ans du Prix Irène Joliot-Curie.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]