Inhibiteur de monoamine oxydase

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Les inhibiteurs de monoamine oxydase (inhibiteurs MAO ou IMAO) constituent une classe d'antidépresseurs utilisés dans le traitement de la dépression. Ils sont moins souvent prescrits que les autres antidépresseurs[1], souvent lorsque les patients ne sont pas sensibles aux autres traitements, à cause de leurs interactions avec d'autres médicaments et avec certains aliments riches en tyramine qui peuvent entraîner des réactions hypertensives[2]. Concernant le régime alimentaire, certains aliments doivent être évités et d'autres peuvent être consommés avec modération (ex. : une seule portion par jour)[3].

Ces inhibiteurs peuvent cibler les monoamines oxydases type A, B ou les deux.

Les inhibiteurs de la MAO-B sont utilisés dans la maladie de Parkinson.

Mode d'action[modifier | modifier le code]

Comme leur nom l'indique, les IMAO inhibent l'activité des monoamines oxydases, un groupe d'enzymes dégradant les monoamines comme la sérotonine, et les catécholamines (dopamine et noradrénaline notamment). Ils entraînent donc l'augmentation de la concentration de ces neurotransmetteurs dans les synapses.

Il est également possible que la fumée de cigarette contienne des IMAO, ralentissant la dégradation de dopamine, et ainsi soutenant l'addiction déjà présente à la nicotine[4].

Quelques IMAO[modifier | modifier le code]

Monoamine oxydase-A[modifier | modifier le code]

  • Moclobémide (Moclamine) inhibiteur sélectif et réversible de la monoamine oxydase-A[5]
  • Toloxatone (Humoryl) inhibiteur de la monoamine oxydase-A ayant une action légère sur la monoamine oxydase-B[6].

Monoamine oxydase-B[modifier | modifier le code]

Leur utilisation en monothérapie pour la maladie de Parkinson est réservée au stade précoce[réf. nécessaire]. Ces médicaments peuvent également être combinés avec la levodopa pour les patients présentant un stade plus avancé de la maladie. En combinaison, ils permettent de diminuer les fluctuations motrices associées au traitement à long terme de levodopa. Les effets secondaires de ces médicaments sont des nausées, céphalées et de la confusion chez les patients âgés. La sélégiline peut également causer de l'insomnie et la rasagiline serait mieux tolérée chez les patients âgés[réf. nécessaire].

Ces médicaments présentent un potentiel d'interaction avec tous les médicaments qui touchent la sérotonine (mépéridine, tramadol, dextrométhorphane, inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine, antidépresseur tricyclique), car une prise concomitante peut occasionner un syndrome sérotoninergique. La rasagiline a la particularité d'être métabolisée par le cytochrome 1A2 (voir cytochrome P450) au foie et présente donc une interaction avec les inhibiteurs de ce cytochrome comme la fluvoxamine (Luvox) ou la ciprofloxacine (Cipro). Aux doses usuellement employées dans la maladie de Parkinson, on dénote l'absence de l'interaction alimentaire avec la tyramine, car les IMAO-B ont une bonne sélectivité.

Les doses pour la maladie de Parkinson sont les suivantes[9] :

  • sélégiline : dose initiale 2,5–5 mg/jour, dose usuelle 5–10 mg/jour BID (matin et soir). L'inhibition non sélective de la tyramine débute à une dose supérieure à 10 mg ;
  • rasagiline : dose initiale 0,5 mg/jour, dose usuelle 1 mg (monothérapie) ou 0,5 à 1 mg (association L-DOPA). L'inhibition non sélective de la tyramine débute à une dose supérieure à 2 mg[réf. nécessaire].

Inhibiteurs mixtes[modifier | modifier le code]

  • iproniazide (Marsilid) (inhibiteur non sélectif et irréversible des monoamines oxydases A et B). Elle inhibe également d'autres enzymes. Dans la dépression, ce n'est pas un médicament de première intention, principalement en raison de ses effets indésirables et de ses interactions.
  • la passiflore (Passiflora incarnata) et la rue de Syrie (Peganum harmala) contiennent des inhibiteurs réversibles de la monoamine oxydase.

L’amphétamine et la méthamphétamine sont des puissants inhibiteurs de la monoamine oxydase.

Syndrome de discontinuation associé aux antidépresseurs[modifier | modifier le code]

L'arrêt ou la réduction marquée d'un traitement IMAO peut provoquer un syndrome de discontinuation associé aux antidépresseurs.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Kenneth I. Shulman, Nathan Herrmann et Scott E. Walker, « Current place of monoamine oxidase inhibitors in the treatment of depression », CNS drugs, vol. 27, no 10,‎ , p. 789–797 (ISSN 1179-1934, PMID 23934742, DOI 10.1007/s40263-013-0097-3, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Flockhart DA, « Dietary restrictions and drug interactions with monoamine oxidase inhibitors: an update », J Clin Psychiatry, vol. 73, no Suppl 1,‎ , p. 17-24. (PMID 22951238, DOI 10.4088/JCP.11096su1c.03) modifier
  3. S. E. Walker, K. I. Shulman, S. A. Tailor et D. Gardner, « Tyramine content of previously restricted foods in monoamine oxidase inhibitor diets », Journal of Clinical Psychopharmacology, vol. 16, no 5,‎ , p. 383–388 (ISSN 0271-0749, PMID 8889911, DOI 10.1097/00004714-199610000-00007, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Fowler JS, Logan J, Wang GJ, Volkow ND, « Monoamine oxidase and cigarette smoking », Neurotoxicology, vol. 24, no 1,‎ , p. 75-82. (PMID 12564384) modifier
  5. W. Haefely, W. P. Burkard, A. Cesura et A. Colzi, « Pharmacology of moclobemide », Clinical Neuropharmacology, vol. 16 Suppl 2,‎ , S8–18 (ISSN 0362-5664, PMID 8313402, lire en ligne, consulté le )
  6. J. C. Provost, C. Funck-Brentano, V. Rovei et J. D'Estanque, « Pharmacokinetic and pharmacodynamic interaction between toloxatone, a new reversible monoamine oxidase-A inhibitor, and oral tyramine in healthy subjects », Clinical Pharmacology and Therapeutics, vol. 52, no 4,‎ , p. 384–393 (ISSN 0009-9236, PMID 1424410, DOI 10.1038/clpt.1992.159, lire en ligne, consulté le )
  7. Tamás Tábi, László Vécsei, Moussa B. Youdim et Peter Riederer, « Selegiline: a molecule with innovative potential », Journal of Neural Transmission (Vienna, Austria: 1996), vol. 127, no 5,‎ , p. 831–842 (ISSN 1435-1463, PMID 31562557, PMCID 7242272, DOI 10.1007/s00702-019-02082-0, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Ying Chang, Li-Bo Wang, Dan Li et Ke Lei, « Efficacy of rasagiline for the treatment of Parkinson’s disease: an updated meta-analysis », Annals of Medicine, vol. 49, no 5,‎ , p. 421–434 (ISSN 0785-3890 et 1365-2060, DOI 10.1080/07853890.2017.1293285, lire en ligne, consulté le )
  9. Nicolas Morin, Josée Delisle et Vincent Jourdain « Traitement de la maladie de Parkinson » Québec Pharmacie 2011;58(2):23-30.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

lien externe[modifier | modifier le code]