Corps des ponts, des eaux et des forêts

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Corps des ponts, des eaux et des forêts
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Le corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts (IPEF) est, en France, un corps technique d'encadrement supérieur de la haute fonction publique d’État à vocation interministérielle, régi par le décret no 2009-1106 du [1]. Il fait partie, avec le corps des ingénieurs des mines, le corps des ingénieurs de l'armement et le corps des administrateurs de l'INSEE, des grands corps de l'État.

Il compte environ 3 700 membres et est l'un des principaux corps d'encadrement supérieur technique du ministère de la Transition écologique, du ministère des Transports et du ministère de l'Agriculture. Ces ingénieurs sont des acteurs majeurs des politiques d’aménagement du cadre de vie. Ils sont en particulier chargés de la mise en œuvre des politiques et de l'action publique pour le développement durable.

Histoire[modifier | modifier le code]

Les termes « eaux et forêts » apparaissent dans une ordonnance de Philippe-Auguste en 1219 et une ordonnance de Philippe le Bel de 1291 définissant le rôle des « maîtres des eaux et forêts » qui deviendront plus tard « ingénieurs »[2].

Le métier de commissaire des ponts et chaussées est créé par Colbert en 1669. Le corps des ingénieurs des ponts et chaussées est fondé en 1716.

Le corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts est issu de fusions successives, entre 2002 et 2009, de six grands corps d'ingénieurs dans le cadre d'une réforme de l'État :

Histoire du corps des ingénieurs des ponts et chaussées[modifier | modifier le code]

Dès 1669, Colbert crée un corps de commissaire des ponts et chaussées et fait construire nombre de ponts ainsi que des digues pour parer aux crues de la Loire et également de nombreuses jetées dans les ports. Pendant la période où il a réellement le pouvoir, il multiplie par trente le budget des ponts et chaussées, qui passe de 22 000 livres en 1662 à 623 000 livres en 1671.

Le corps des ingénieurs des ponts et chaussées est fondé en 1716[3] par le Régent Philippe d'Orléans — le premier ingénieur des ponts et chaussées est alors l'architecte Jacques V Gabriel — pour assurer la création d'un véritable réseau routier national en France. Le recrutement des ingénieurs est assuré par la création en 1747 de l'École des ponts et chaussées, école qui ne prend ce nom qu'à partir de 1760.

Au cours du XVIIIe siècle, les missions sont élargies : régularisation des rivières, construction des canaux, travaux portuaires. Le corps devient le principal responsable des travaux publics.

Au cours du XIXe siècle, le démarrage de l'industrialisation a un fort impact sur les modes de transport : routes, ouvrages hydrauliques et chemins de fer. L'École nationale des ponts et chaussées devient un établissement d'application de l'École polytechnique. La prééminence des ingénieurs des Ponts et Chaussées, traditionnellement favorable au béton, dans les structures administratives et techniques françaises depuis 1940, va conduire à la généralisation de l'usage du béton armé préfabriqué dans les logements de masse tel qu'il se profile à Libération de la France pour s'achever en 1953.

Au cours du XXe siècle, de nouveaux défis techniques apparaissent : développement de l'automobile (tracés routiers, revêtements), ouvrages d'art en béton armé ou précontraint. Le corps est responsable du domaine de l'urbanisme, au travers du ministère des Travaux publics, puis en 1966 du ministère de l'Équipement : aménagement du territoire, politique autoroutière, grandes infrastructures portuaires, équipements touristiques, etc.

Depuis 2001, les missions de maîtrise d'œuvre exercées par les services de l'État sont soumises aux mêmes règles de concurrence que celles des bureaux d'études privés. Par conséquent, les collectivités territoriales ont désormais beaucoup moins recours aux ingénieurs des services publics dont l'emprise était quelquefois ressentie comme une tutelle.

En 2002, le corps des ponts et chaussées absorbe le corps des ingénieurs de l'aviation civile, ainsi que celui des ingénieurs géographes, et celui des ingénieurs de la météorologie. En 2009, il fusionne avec le corps des ingénieurs du génie rural, des eaux et des forêts pour donner naissance au corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts.

En outre à la suite du décret no 2009-1106 du , le corps des ingénieurs des ponts et chaussées fusionne avec le corps des ingénieurs du génie rural et des eaux et des forêts pour former le corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts (ou IPEF).

Histoire du corps des ingénieurs du génie rural, des eaux et des forêts[modifier | modifier le code]

Les ingénieurs du génie rural, des eaux et des forêts (IGREF) étaient des fonctionnaires formant, notamment avec le corps des mines et le corps des ponts et chaussées, un des grands corps techniques de la fonction publique française.

Ils étaient formés à l'École nationale du génie rural, des eaux et des forêts (ENGREF), école membre d'AgroParisTech.

Environ 2 000 IGREF étaient en activité au moment de la fusion de leur corps avec celui des ponts et chaussées.

Le statut des IGREF était prévu par le décret no 2002-261 du dont l’article 1 prévoyait que « les IGREF forment un corps à caractère interministériel classé dans la catégorie A. Ils ont vocation à exercer des fonctions d'encadrement supérieur, de direction, de contrôle et d'expertise, y compris dans les organismes internationaux. Ils participent, sous l'autorité des ministres compétents en ces matières, à la conception, à l'élaboration et à la mise en œuvre des politiques publiques relatives à la mise en valeur agricole et forestière, au développement économique et à l'aménagement des territoires, à la gestion et à la préservation des espaces et des ressources naturelles terrestres et maritimes, à l'alimentation et à l'agro-industrie, ainsi que des politiques publiques relatives à la recherche, à l'enseignement, à la formation et au développement dans ces mêmes domaines. »

Par le décret du paru au Journal Officiel du est créé le corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts (IPEF) résultat de la fusion des corps d'ingénieur des ponts et chaussées et d'ingénieur du génie rural, des eaux et des forêts.

Recrutement et missions[modifier | modifier le code]

Recrutement externe[modifier | modifier le code]

En 2024, 49 postes sont offerts en qualité d'ingénieurs-élèves répartis ainsi[4] :

Les élèves de l'École polytechnique sont recrutés chaque année selon leur rang au classement de sortie de la promotion. Si le rang du dernier admis au corps des IPEF a évolué au cours du temps[5], il tend à se stabiliser aux alentours de la 60ème place (sur 450 élèves français éligibles environ), témoignant du prestige de ce corps et de la haute qualité de son recrutement, à l'instar du corps des Mines.

Pour les autres recrutements, des concours spécifiques sont ouverts chaque année pour les élèves en dernière année de scolarité dans leur établissement d'appartenance. Ces concours, réservés aux élèves de prestigieux établissements, sont particulièrement sélectifs et soulignent également l'excellence du recrutement externe.

À partir de 2024, un "parcours talents" est mis en place, en collaboration avec les autres écoles de formation des grands corps techniques[6]. Il s'agit d'une année sélective de préparation aux concours externes des corps techniques ouverts aux élèves qui terminent leurs études d'ingénieur dans une autre école partenaire. Pour le corps des IPEF, la préparation aura lieu à AgroParisTech ou à l'école des Ponts ParisTech. Un concours spécial "Talents" sera très probablement créé en 2025 en accord avec les recommandations de la mission Berger-Guillou-Lavenir[7].

Il existe également un concours externe sur titres et travaux réservé aux titulaires d'un doctorat dans un des domaines de compétences du corps. Les spécialités ouvertes au recrutement sont susceptibles de varier chaque année. En 2023, 4 postes étaient offerts, réparties dans les 4 spécialités suivantes : écotoxicologie, sylviculture & foresterie, géomatique & ingénierie des données, ingénierie de l'éolien en mer[8].

Recrutement interne[modifier | modifier le code]

Chaque année, entre 8 et 15 élèves sont issus d'un recrutement par concours interne dans les corps d’ingénieurs des ministères chargés de l'agriculture et de l'environnement, principalement les Ingénieurs de l'agriculture et de l'environnement et les Ingénieurs des travaux publics de l’État.

L'accès au corps des IPEF depuis un autre corps de catégorie A de la fonction publique peut aussi se faire par inscription sur liste d'aptitude.

Missions[modifier | modifier le code]

Les IPEF interviennent dans de nombreux secteurs définis par le décret no 2009-1106 du  :

  • climat ;
  • demande énergétique ;
  • aménagement et développement durable des territoires ;
  • logement et ville ;
  • transports ;
  • mise en valeur agricole et forestière ;
  • gestion et à la préservation des espaces et des ressources naturelles terrestres et maritimes ;
  • alimentation et agro-industrie ;
  • recherche, enseignement, à formation et développement dans les domaines mentionnés ci-dessus.

Dans ces domaines, ils exercent au service de l’État des fonctions d'encadrement, d'administration ou d'expertise. Lorsqu'ils sont affectés dans des établissements d'enseignement supérieur, ils sont amené à exercer des missions de recherche et d'enseignement, à l'instar des chercheurs et ingénieurs de recherche.

En 2016, un groupe de réflexion a été formé pour redéfinir les missions et les prospectives du corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts, il a été rendu public en [9].

Quelques exemples d'institutions ou entreprises où exercent les ingénieurs IPEF :

  • Autres :
    • autres ministères (Économie, Intérieur) ;
    • institutions européennes ou internationales (Banque mondiale, Commission européenne).

Personnalités liées[modifier | modifier le code]

Personnages historiques[modifier | modifier le code]

Personnalités actuelles[modifier | modifier le code]

Dirigeants d'entreprises
Femmes et hommes politiques
Autres ingénieurs célèbres

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Ce nombre est appelé à descendre à 3 500 membres, après la prise en compte de départs en retraite non remplacés.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Décret no 2009-1106 portant statut particulier du corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts.
  2. Unipef, un peu d'histoire.
  3. « Le corps des Ponts et Chaussées - De la conquête de l'espace national à l'aménagement du territoire », version française de (de) « Die Ingenieure des Corps des Ponts et Chaussées Von der Eroberung des nationalen Raumes zur Raumordnung », dans A. Grelon, H. Stück (dir.), Ingenieure in Frankreich, 1747-1990, Francfort, New-York, Campus, , 77-99 p..
  4. https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000049068351
  5. Adrien Delespierre, François-Xavier Dudouet et Hervé Joly, « Les polytechniciens et l’État. Un éloignement réciproque », Gouvernement et action publique, vol. VOL. 11, no 2,‎ , p. 127–152 (ISSN 2260-0965, DOI 10.3917/gap.222.0127, lire en ligne, consulté le )
  6. « parcours-talents.ensta.fr », sur parcours-talents.ensta.fr (consulté le )
  7. « Réforme de la haute fonction publique : pour une gestion des ingénieurs par domaines de compétences (rapport publique) », sur www.vie-publique.fr (consulté le )
  8. « Arrêté du 8 juin 2023 autorisant au titre de l'année 2023 l'ouverture d'un concours externe sur titres et travaux par spécialités pour l'accès au corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  9. « Ingénieurs au service des citoyens », sur unipef.org (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]