Incontinence urinaire

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Incontinence urinaire

Traitement
Médicament Flavoxate (en), toltérodine, phenoxybenzamine (en), (RS)-oxybutynine et midodrineVoir et modifier les données sur Wikidata
Spécialité UrologieVoir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
CISP-2 U04Voir et modifier les données sur Wikidata
CIM-10 R32
CIM-9 788.3Voir et modifier les données sur Wikidata
DiseasesDB 6764
MedlinePlus 003142
eMedicine 1988620
MeSH D014549
Patient UK Urinary-incontinence-pro

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

L'incontinence urinaire se définit par une perte accidentelle ou involontaire d'urine par l’urètre. Cette affection touche aussi bien les hommes que les femmes, et l’origine est souvent multifactorielle.

Épidémiologie

La prévalence de ce trouble représente environ 3 millions de personnes en France en 2007[1] et 1,5 million au Canada en 1998[2]. Elle est particulièrement fréquente chez la personne âgée, touchant près de 15 % des personnes de plus de 85 ans[3]. Ce problème touche un peu plus d'une femme adulte sur quatre et une femme âgée sur trois[4] avec une probable sous estimation de ces chiffres[5]. Il est plus rare chez l'homme.

La prise en charge de l'incontinence féminine a coûté 234 millions de dollars aux États-Unis en 1998, valeur qui tend à croître[6]. Ce symptôme a une incidence sur la qualité de vie[7]. Il peut être associé, en particulier, avec un syndrome dépressif[8].

Mécanismes

La continence urinaire nécessite un plancher pelvien fonctionnant correctement (muscles du périnée), une intégrité des sphincters (muscle à la base de l'urètre) et des commandes nerveuses agissant sur ceux-ci et sur le détrusor (muscle de la paroi de la vessie dont la contraction aboutit à sa vidange). Toute altération de l'une de ces structures peut conduire à l'incontinence.

Formes et manifestations

On distingue classiquement plusieurs formes d’incontinence urinaire :

  • L'incontinence urinaire d’effort, caractérisée par une fuite involontaire d’urine par l'urètre (le méat urétral), survenant à l’occasion d’un effort physique, à la toux et aux éternuements. Il s’agit d’une fuite en jet, peu abondante, survenue brutale au moment d’un effort, le plus souvent en position debout, sans sensation de besoin préalable.
  • L’incontinence urinaire par urgences mictionnelles, caractérisée par une fuite involontaire d’urine, accompagnée ou immédiatement précédée d’un besoin urgent et irrépressible d’uriner aboutissant à une miction ne pouvant être différée et retenue. La terminologie d’incontinence par impériosités ou incontinence par hyperactivité vésicale peut aussi être utilisée.
  • L’incontinence urinaire mixte combine les deux types d’incontinence prédéfinie.
  • L'incontinence urinaire par regorgement, caractérisant une vidange incomplète de la vessie, observée notamment en cas d'affection de la prostate.
  • L'incontinence fonctionnelle survenant chez les personnes présentant un déficit psychomoteur.
  • L'énurésie nocturne se manifestant notamment chez l'enfant par des mictions involontaires survenant la nuit.

L'évaluation de la gravité du symptôme est subjective. Elle peut être aidée par un certain nombre de questionnaires standardisés ou par la tenue d'un « journal des mictions » où sont mentionnées ces dernières et les « accidents »[9].

Conséquences

Outre la gêne occasionnée, l'incontinence urinaire peut avoir des répercussions psychologiques (anxiété, dépression) et sociales (repli sur soi, peur de s'écarter du domicile...).

La perte d'urine peut provoquer une irritation de la peau en regard.

Facteurs favorisants

L'incontinence urinaire peut être favorisée par l'âge, l'anxiété, l'obésité[10], des troubles neurologiques, une infection (cystite), un prolapsus, un antécédent familial[11], ou encore un relâchement sphinctérien ou des muscles du plancher pelvien des suites d'une chirurgie abdominale ou d'un accouchement par voie naturelle[12] par exemple. L'hystérectomie augmente très sensiblement le risque d'incontinence[13].

Une chirurgie d'ablation large de la prostate (prostatectomie) peut se compliquer d'incontinence[14].

Le tabagisme et l'abus de caféine semblent prédisposants[15].

Diagnostic

Il est fait essentiellement par l'interrogatoire du patient.

Dans certains cas, une exploration urodynamique peut être proposée. Cette dernière consiste, entre autres, en la mesure de l'évolution des pressions dans la vessie et le rectum après certains stimulus, tentant de reproduire les fuites urinaires.

Prise en charge

Une personne adulte portant un change complet.

La lutte contre les facteurs favorisants est proposée systématiquement : perte de poids si obésité, traitement d'une constipation si les efforts de poussées semblent provocatrices, arrêt du tabac et diminution de la caféine…

L'utilisation de protections (lingettes absorbantes, couches anatomiques, changes complets (langes) et pince péniennes, peut s'avérer utile voire nécessaire.

L’étui pénien est proposé pour la prise en charge de l’incontinence urinaire masculine. Il est déroulé sur le pénis comme un préservatif. Il est autoadhésif et a un embout relié à une poche pour recueillir les urines. Ces poches peuvent être vidées si nécessaire et se maintiennent sur le mollet ou la cuisse à l’aide de filets ou d’attaches de jambe spécifiques. Les hommes peuvent aussi utiliser des dispositifs variés d'occlusion de l'urètre pénien[réf. souhaitée], tels que des pinces péniennes.

La stimulation électrique transcutanée du nerf tibial postérieur permet d'améliorer l'hyperactivité vésicale chez l'adulte, l'enfant ou la personne âgée, que cette hyperactivité soit d'origine neurologique[16](Sclérose en plaques, maladie de Parkinson ou lésion du système nerveux), d'origine idiopathique (syndrome urgenturie-pollakurie), ou liée à un syndrome dysurique non-obstructif. Cette technique, non invasive, consiste à appliquer deux électrodes auto-collantes sur le mollet et peut être appliquée en première intention chez les patients jeunes (enfants) ou les personnes âgées (plus fragiles) qui ne peuvent pas toujours être opérées ou qui sont déjà trop médicamentées.

Une rééducation périnéale, par entraînement des muscles périnéaux (exercices de Kegel, cônes vaginaux) est proposée en première intention en cas d'incontinence d'effort, avec une efficacité démontrée chez les femmes de moins de 50 ans[17].

La duloxétine, un inhibiteur de la recapture de la sérotonine-noradrénaline, a une certaine efficacité dans l'incontinence d'effort ou de stress[18].

Dans les cas rebelles et invalidants, une chirurgie peut être proposée[19].

Notes et références

  1. Op. cit. Rapport sur le thème de l'incontinence urinaire, p. 2.
  2. Agence de la santé publique du Canada, « Une étude pour faire la lumière sur l'incontinence chez les aîné(e)s » (consulté le )
  3. (en) Collerton J, Davies K, Jagger C, Health and disease in 85 year olds: baseline findings from the Newcastle 85+ cohort study, BMJ, 2009;339:b4904.
  4. Thom D, Variation in estimates of urinary incontinence prevalence in the community: effects of differences in definition, population characteristics, and study type, J Am Geriatr Soc, 1998;46:473-80
  5. Branch LG, Walker LA, Wetle TT, DuBeau CE, Resnick NM, Urinary incontinence knowledge among community-dwelling people 65 years of age and older, J Am Geriatr Soc, 1994;42:1257-62
  6. Anger JT, Saigal CS, Madison R et al. Increasing costs of urinary incontinence among female Medicare beneficiaries, J Urol, 2006;176:247-51; discussion 51
  7. Hunskaar S, Vinsnes A, The quality of life in women with urinary incontinence as measured by the sickness impact profile, J Am Geriatr Soc, 1991;39:378-82
  8. Nygaard I, Turvey C, Burns TL, Crischilles E, Wallace R, Urinary incontinence and depression in middle-aged United States women, Obstet Gynecol, 2003;101:149-56
  9. Wood LN, Anger JT, Urinary incontinence in women, BMJ 2014;349:g4531
  10. Parazzini F, Chiaffarino F, Lavezzari M, Giambanco V, Group VS, Risk factors for stress, urge or mixed urinary incontinence in Italy, BJOG, 2003;110:927-33
  11. Hannestad YS, Lie RT, Rortveit G, Hunskaar S, Familial risk of urinary incontinence in women: population based cross sectional study, BMJ, 2004;329:889-91
  12. Rortveit G, Daltveit AK, Hannestad YS, Hunskaar S, Norwegian ES, Urinary incontinence after vaginal delivery or cesarean section, N Engl J Med, 2003;348:900-7
  13. Brown JS, Sawaya G, Thom DH, Grady D, Hysterectomy and urinary incontinence: a systematic review, Lancet, 2000;356:535-9
  14. (en) Sacco E, Prayer-Galetti, Pinto T et al. « Urinary incontinence after radical prostatectomy: incidence by definition, risk factors and temporal trend in a large series with a long-term follow up » BJU Int. 2006;97:1234-41. PMID 16686718
  15. (en) Hannestad YS, Rortveit G, Daltveit AK, « Are smoking and other lifestyle factors associated with female urinary incontinence? The Norwegian EPINCONT Study » BJOG 2003;110:247-54. PMID 12628262
  16. De Sèze M, Delleci C, Denys P, Amarenco G,Électrostimulation périphérique et neurovessie, Annales de réadaptation et de médecine physique, 2008;51:473-478
  17. (en) Hay-Smith EJC, Dumoulin C. « Pelvic floor muscle training versus no treatment, or inactive control treatments, for urinary incontinence in women » Cochrane Database Syst Rev. 2006;1:CD005654. PMID 16437536
  18. (en) Mariappan P, Alhasso AA, Grant A, N’Dow JMO. « Serotonin and noradrenaline reuptake inhibitors (SNRI) for stress urinary incontinence in adults » Cochrane Database Syst Rev. 2005;3:CD004742. PMID 16034945
  19. (en) Thirugnanasothy S. « Managing urinary incontinence in older people » BMJ 2010;341:c3835. PMID 20696747

Voir aussi

Articles connexes

Ressources documentaires

  • François Haab, Rapport sur le thème de l'incontinence urinaire, Ministère français de la Santé et des Solidarités, , 62 p., PDF (lire en ligne)