Ilich Ramírez Sánchez

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 1 janvier 2015 à 00:23 et modifiée en dernier par DSisyphBot (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Ilich Ramírez Sánchez
Alias
Carlos, Le Chacal
Naissance (74 ans)
Michelena, Táchira, Venezuela
Nationalité Drapeau du Venezuela Venezuela
Activité principale
Terrorisme
Conjoint
Descendants
Evita

Compléments

Emprisonné en France depuis 1994

Ilich Ramírez Sánchez (né le à Michelena, Táchira, Venezuela), plus connu sous le nom de Carlos ou Le Chacal, est un terroriste condamné par la justice française à la réclusion criminelle à perpétuité pour assassinats. Initialement détenu à la maison d’arrêt de la Santé à Paris, il est actuellement incarcéré à la maison centrale de Poissy dans les Yvelines[1]. Il est surtout connu pour les différents attentats qu'il a menés en Europe et pour son habileté à rester dans la clandestinité.

Biographie

Il est le fils d'un riche avocat communiste vénézuélien José Altagracia Ramírez-Navas et d'Elba Maria Sánchez, Ilich étant le patronyme de Lénine alors que son frère benjamin se prénomme Vladimir Ramirez et son frère cadet Lénine[2]. Ses parents divorcent quand Vladimir a quatre ans, mais ils continuent de vivre sous le même toit où des maîtresses d’école marxistes viennent enseigner[3].

Après cette instruction primaire à domicile, il fréquente le lycée Fermin Toro (es) à Caracas[4] et rejoint le mouvement des jeunes du parti communiste en 1959. Après avoir décroché son baccalauréat et assisté à la troisième Tricontinental Conference en avec son père, il passe vraisemblablement l'été dans une école de la guérilla cubaine, dirigée par la Dirección de Inteligencia, à Matanzas près de La Havane. Cette même année, ses parents divorcent. Sa mère part pour Londres afin d'étudier au Stafford House College de Kensington et à la London School of Economics et emmène ses enfants avec elle pour qu'ils aient « une éducation internationale »[3].

En 1968, son père tente d'inscrire Ilich et son frère à la Sorbonne, mais un responsable du KGB le détecte auparavant parmi les recrues, et il optera finalement, grâce à une bourse obtenue par le Parti communiste du Venezuela, pour l'université Patrice-Lumumba à Moscou, un établissement destiné à former les élites du Tiers-Monde. Il y parfait son entraînement, mais se fait expulser de celle-ci en 1970 à cause de son goût immodéré pour l'alcool et les femmes.

Il se rend ensuite à un camp d'entraînement de guérilla exploité par le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), à Amman, capitale de la Jordanie. Il quitte finalement la Jordanie pour suivre des cours à la Polytechnic of Central London tout en continuant de travailler pour le FPLP.

Front populaire de libération de la Palestine

En 1973, il prend les commandes du Front populaire de libération de la Palestine - Opérations externes (FPLP-OE) dont il était sympathisant, et prend alors le surnom de Carlos[5].

Le à Londres, Carlos tente d'assassiner Joseph Sieff, homme d'affaires juif. Le mois suivant, aussi à Londres il est responsable d'un attentat à la bombe contre la Hapoalim Bank.

Suite à ces événements, il se réfugie en France. En 1974, il revendique une série d’attentats à Paris : explosions à la voiture piégée devant les locaux parisiens de L'Aurore, de Minute et de L'Arche. Le 15 septembre, un attentat à la grenade contre le Drugstore Saint-Germain, revendiqué par Carlos, fera deux morts et trente-quatre blessés. La direction de la surveillance du territoire (DST) est sur la piste du terroriste.

Le , il tente une attaque au lance-roquettes depuis la terrasse de l'aéroport d'Orly sur un avion de la compagnie El Al, la compagnie nationale israélienne de transport aérien. Les terrasses de l'aéroport sont fermées par arrêté ministériel quelques jours plus tard. Le , Carlos revient avec deux autres personnes. Ils attaquent l'aéroport et prennent deux personnes en otage. Ils demandent et obtiennent un avion pour partir à Bagdad. Cette attaque a fait 21 blessés.

Le , il abat Raymond Dous et Jean Donatini, deux inspecteurs de la DST[6], et Michel Moukharbal, au 9 de la rue Toullier à Paris. Un troisième policier, Jean Herranz, commissaire de la DST, est grièvement blessé[7].

Prise d'otages du siège de l'OPEP

Le , il organise et dirige la séquestration de 11 ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à Vienne, lors d'une rencontre des dirigeants au siège de l'organisation[3].

L'opération est menée par un groupe de six personnes dirigé par Carlos, prenant soixante-six otages. Les terroristes, accompagnés de quarante-deux otages, se voient octroyer un avion de ligne DC-9 et partent en direction d'Alger. Neville Atkinson, ancien pilote de la Royal Navy et pilote personnel de Mouammar Kadhafi au moment des faits, est alors chargé de transporter une partie des terroristes à Alger[8] où ils débarquent, et où trente otages sont libérés. L'avion part ensuite en direction de Tripoli, débarquant d'autres otages, puis retourne à Alger où le reste des otages est libéré et où les terroristes obtiennent l'asile.

Après 1975

Carlos quitte rapidement l'Algérie pour la Libye, puis pour le Yémen du Sud, à Aden, où il a à répondre de ses actions lors d'une entrevue avec les dirigeants du FPLP (Wadie Haddad vit alors dans le quartier de Khormaksar et l'hôtel Rock dans le quartier Tawahi près du « steamer point » est un lieu de transit pour certains militants, notamment de la RAF).

Carlos est écarté de la section des opérations extérieures; Wadie Haddad, le fondateur du FPLP-OE, l'accuse d'avoir refusé d'exécuter deux otages ou d'avoir pris l'argent de la rançon lors de la prise d'otage de l'OPEP.

Recherché par toutes les polices occidentales, il s'installe à Beyrouth. Il quittera le Liban en 1982, à la suite de la défaite des Palestiniens. Il restera discret jusqu'à l’arrivée d’une lettre à l’ambassade de France de La Haye, le . Authentifiée par deux empreintes digitales de son pouce, cette lettre exige la libération de son bras droit Bruno Breguet et de sa compagne Magdalena Kopp, arrêtés dix jours auparavant à Paris avec plusieurs kilos d’explosifs, prêts pour un attentat à la voiture piégée devant l'ambassade d'un émirat arabe que Carlos voulait faire chanter[9],[10].

Par la suite, une série d'attentats à la bombe destinés à obtenir leur libération va toucher la France : dans le train Capitole Paris-Toulouse le (5 morts, 77 blessés), une voiture piégée devant le siège du journal Al-Watan al-Arabi le rue Marbeuf à Paris (un mort, 63 blessés), dans le TGV près de Tain-l'Hermitage et à la gare Saint-Charles de Marseille le (5 morts et 50 blessés)[11].

Peu après, il sera signalé au Yémen du Sud et en Libye. Carlos retrouve Magdalena Kopp en 1985 à Damas, en Syrie. Avec leur fille Evita, le couple coule une semi-retraite dans un quartier résidentiel de la capitale syrienne. Mais il se révèle un hôte dérangeant pour le régime syrien qui tente de retrouver une place dans le concert des nations[11]. En 1991, il est lâché par ses protecteurs et trouve refuge au Soudan. Dans ses activités dans les services secrets soudanais, il était connu sous le nom de "Cheikh Hissene".

Le , il est condamné en France à la réclusion à perpétuité par contumace pour le meurtre des deux policiers de la DST et de leur informateur commis le 27 juin 1975[5].

Arrestation et procès

Le à Khartoum, la Direction de la surveillance du territoire, dirigée alors par le préfet Philippe Parant, parvient à le faire enlever sur ordre de Charles Pasqua alors ministre de l'Intérieur, sans mandat d'extradition et avec le soutien du gouvernement soudanais[12], puis à le ramener vers la France, où il est incarcéré à la prison de la Santé le . Sa capture a eu lieu pendant qu'il était endormi pour une chirurgie plastique qui visait à cacher son identité. Le président de la République du Venezuela Hugo Chávez considèrera, en 2009, qu'il s'agissait d'un kidnapping[3].

Il aurait rencontré Jacques Vergès à plus de vingt reprises, à Damas[NB 1]. L’instruction de son affaire est assurée par le juge Jean-Louis Bruguière. Sa défense est préparée par les avocats Jacques Vergès et Isabelle Coutant-Peyre.

Son procès débute le et se termine le 24 décembre 1997[13],[14]. Il comparaît pour une seule affaire, le triple assassinat remontant au 27 juin 1975, les autres étant encore à l’instruction à ce moment-là. Il est reconnu coupable, condamné par la justice française à la réclusion criminelle à perpétuité[13],[15].

Un nouveau procès s'ouvre le pour 4 attentats commis entre 1982 et 1983, pour lesquels il réfute toute implication. Il est condamné le 15 décembre 2011 à une nouvelle peine de perpétuité assortie d'une période de sûreté de 18 ans. Il a annoncé son intention de faire appel.

Incarcération

Prison de Clairvaux, ancien lieu de détention de Carlos

Il est transféré à la centrale de Saint-Maur le [15].

En prison, il se convertit à l'islam. Lors d'une cérémonie musulmane en 2001, Ramírez Sánchez se marie religieusement avec son avocate, Isabelle Coutant-Peyre, alors qu'il était toujours légalement marié à Lana Jarrar, sa seconde femme disparue dont il serait sans nouvelles[16].

En , il déclare « J’ai eu un profond soulagement en voyant les héroïques opérations de sacrifice du 11 septembre 2001 »[17]. Il publie une autobiographie en intitulée L'islam révolutionnaire[18]. Dans ce livre, il soutient Oussama ben Laden et ses attaques contre les États-Unis, ainsi que Saddam Hussein pour avoir résisté aux États-Unis, appelant celui-ci le dernier chevalier arabe.

Fin 2003, il correspond avec l'écrivain français Marc-Edouard Nabe, qui lui offre une tribune mensuelle dans son journal La Vérité. Dans son premier billet, publié en , il y est mentionné en tant qu'« analyste politique le plus digne de ce temps »[19]. Cette correspondance journalistique ne durera que l'espace de 4 numéros (de à ). Les sujets embrassés vont de la critique littéraire du 'Printemps de Feu' de Marc-Edouard Nabe, jusqu'aux interventions occidentales en Irak et leurs futures répercussions en Libye[20].

En , il est transféré à la prison de Fresnes[15]. Détenu à l'isolement du au pour des raisons de sécurité[21], il conteste cette décision en justice en 2005. Un arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme du conclut que, compte tenu de la personnalité du détenu, l'isolement ne constituait ni une mesure excessive ni un « traitement inhumain ou dégradant », mais qu'en revanche l'absence de recours, en droit français, contre les décisions d'isolement, constituait une violation de l'article 13 de la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH) qui donne le droit à un recours effectif[22].

Le , Carlos est transféré à la prison de Clairvaux[22]. Il est actuellement incarcéré à la maison centrale de Poissy dans les Yvelines[1].

En , le juge Jean-Louis Bruguière ordonne un nouveau procès contre Carlos concernant des faits de « Meurtres et de destructions de biens à l'aide de substances explosives » ayant eu lieu en France en 1982 et 1983[23].

En , il écrit de sa prison au président américain Barack Obama afin d’intervenir pour retrouver la trace de son complice suisse Bruno Bréguet[24].

En , il apporte son soutien à la liste antisioniste que Dieudonné présente aux élections européennes du 7 juin 2009 afin de dénoncer ce qu'il voit comme de la barbarie israélienne envers les Palestiniens[25]. (Carlos est d'ailleurs le parrain de la deuxième fille de Dieudonné M'bala M'bala[26])

Le samedi , Hugo Chávez a fait l'éloge de Carlos. Prenant la parole à Caracas devant un congrès international réunissant des représentants de partis de gauche, le président vénézuélien a qualifié son compatriote Ilich Ramirez Sanchez de héros révolutionnaire et prend sa défense : « On l'accuse d'avoir été un terroriste. Mais il fut en réalité l'un des grands combattants de l'Organisation de libération de la Palestine. Il a, je le pense, été injustement condamné. On l'accuse de choses dont il n'est pas responsable »[27].

En , il intervient auprès de son avocat pour dénoncer les inexactitudes du film Carlos d'Olivier Assayas, triptyque de h 30 consacré à sa vie. Il indique que ce film comporte des inexactitudes et des falsifications. Il cite notamment le cas de la prise d'otages du siège de l'OPEP à Vienne en 1975, prétendument attribuée à Saddam Hussein dans le film alors qu'il affirme que c'est en réalité le dirigeant libyen de l'époque Mouammar Kadhafi qui en serait à l'origine[28].

Dans les œuvres de fiction

Annexes

Bibliographie

  • Bernard Violet, Carlos, Les réseaux secrets du terrorisme international, Seuil, 1996, (ISBN 2-02-023739-3).
  • László Liszkai, Carlos à l'abri du rideau de fer (avec la collaboration de Roland Mehl), Éditions du Seuil, Paris, 1992, 221 p., (ISBN 2-02-013234-6).
  • Ilich Ramírez Sánchez dit Carlos, L'islam révolutionnaire (textes et propos recueillis, rassemblés et présentés par Jean-Michel Vernochet), Éditions du Rocher, Monaco et Paris, 2003, 273 p., (ISBN 2-268-04433-5).
  • Isabelle Coutant et Joseph Vebret, Épouser Carlos : un amour sous haute tension (suivi d'un Post-scriptum de Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos), Éditions L'Archipel, Paris, 2004, 279 p., (ISBN 2-84187-552-0).
  • (en) John Follain, Jackal: The Complete Story of the Legendary Terrorist Carlos the Jackal, Arcade Publishing, 1988, (ISBN 1-55970-466-7).
  • Aude Siméon, Prof chez les taulards, Paris, éditions Glyphe, 2012, 200 p., (ISBN 978-2-35285-082-3), (témoignage d'une enseignante chargée de cours à la prison de Poissy, long chapitre consacré à Carlos).

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Témoignage de Carlos par téléphone dans le film l'Avocat de la terreur ainsi que les renseignements de la Stasi.

Références

  1. a et b « Entretien avec Ilich Ramírez Sánchez, dit Carlos », sur Geostrategie.com,
  2. (en) John Follain, Jackal: The Complete Story of the Legendary Terrorist Carlos the Jackal, Arcade Publishing, 1988, p. 4.
  3. a b c et d Julie Pacorel, « Carlos, le « Che » de Caracas », sur slate.fr,
  4. François-Xavier Freland, « Carlos ou la genèse d'un antihéros révolutionnaire », sur rfi.fr,
  5. a et b Thierry Oberlé, « Carlos, tueur sans frontières », sur Lefigaro.fr,
  6. Page dédiée sur la base nominative et circonstanciée des policiers français victimes du devoir
  7. Karl Laske, « 27 juin 1975, trois morts rue Toullier à Paris(...) », Libération,‎ (lire en ligne)
  8. (en) Neville Atkinson, Death on Small Wings: Memoirs of a Presidential Pilot, Libario Publishing Ltd, 2006 (ISBN 1-904440-78-9)
  9. (fr) Une figure du terrorisme international
  10. Georges Marion, «j'étais Mme Carlos...», sur Nouvelobs.com, semaine du 6 septembre 2007
  11. a et b « "Carlos" jugé à nouveau en France », sur Lexpress.fr,
  12. Pierre Péan, Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Fayard 2010, p 291.
  13. a et b Marie-France Etchegoin, « Carlos la troisieme vie d’un terroriste », sur hebdo.nouvelobs.com, semaine du 11 décembre 1997
  14. (fr) Les dernières minutes du procès de Carlos, triple meurtrier
  15. a b et c « Carlos débouté par la Cour européenne des droits de l’homme, 27 janvier 2005 15:25 », sur droits-fondamentaux.prd.fr
  16. (en) « My Love for Carlos the Jackal », sur Theage.com.au,
  17. Christian Bouchet, « Entretien avec Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos », sur Voxnr.com,
  18. Jean-François Mayer, « Carlos : le manifeste d'un révolutionnaire professionnel », sur Terrorisme.net,
  19. Carlos, « Le billet de Carlos », sur alainzannini.com,
  20. Carlos, « Le billet de Carlos », sur alainzannini.com
  21. « CEDH, 27 JANVIER 2005, RAMIREZ SANCHEZ C./ LA FRANCE », sur Ban Public
  22. a et b « ARRÊT DE GRANDE CHAMBRE RAMIREZ SANCHEZ c. FRANCE », sur Conseil de l'Europe, Communiqué du Greffier du (Cour européenne des droits de l'homme, requête no 59450/00)
  23. (en) « Carlos the Jackal faces new trial », sur BBC, (consulté le )
  24. Christian Campiche, « De sa prison, le terroriste Carlos écrit à Barack Obama », sur Rue89.com,
  25. « Dieudonné joint par le terroriste Carlos en plein meeting », sur Lexpress.fr, (consulté le )
  26. interview de D. M'bala M'bala donné au mensuel Causeur n° 10; février 2014
  27. Jean-Pierre Langellier, « Hugo Chavez, président du Venezuela, encense "Carlos" », sur Lemonde.fr,
  28. « Carlos/film: "images ridicules" sur sa vie », sur Lefigaro.fr,
  29. [vidéo] Doc en Stock, « Les Années Carlos (Playlist)Youtube », sur YouTube
  30. « Golden Globe: "Carlos" du Français Olivier Assayas meilleure mini-série TV », sur Google Actualités, (consulté le )
  31. Propos recueillis par Jean-Luc Douin, « Olivier Assayas : “À travers Carlos, je fais moins un film politique qu’un film sur la politique” », sur festivalcannes.blog.lemonde.fr,