Hyperprolactinémie

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L'hyperprolactinémie est l'augmentation excessive de la prolactine dans le sang[1] (plus de 25 ng/ml chez la femme et plus de 15 ng/ml chez l'homme).

La prolactine est une hormone peptidique produite par la partie antérieure de l'hypophyse (antéhypophyse). Elle est impliquée dans la lactation, le développement des seins pendant la grossesse. L'hyperprolactinémie peut causer une production d'un flux spontané de lait et des anomalies dans la période menstruelle normale chez les femmes. Elle peut provoquer un hypogonadisme, une infertilité et des dysfonctions érectiles chez les hommes.

L'hyperprolactinémie peut être physiologique lors d'une grossesse et durant l’allaitement. Elle peut aussi être causée par l'arrêt de la régulation normale de la prolactine à cause de certains médicaments. L'hyperprolactinémie peut aussi être causée par d'autres maladies comme des maladies des reins, des ovaires et de la thyroïde.

Épidémiologie[modifier | modifier le code]

La prévalence de l'hyperprolactinémie est de 0.4 % en population générale adulte et de 9 à 17 % chez les femmes présentant des désordres de la fonction de reproduction[2].

Physiologie[modifier | modifier le code]

La prolactine est l'hormone de la lactation sécrétée par la partie antérieure de l'hypophyse. Elle est contrôlée par deux substances :

  • principalement par la dopamine de la tige pituitaire, qui exerce une rétroaction négative (inhibition). Une diminution de la dopamine émise par l'hypothalamus dans la tige pituitaire se traduira donc par une augmentation de la sécrétion de prolactine.
  • accessoirement par la TSH qui exerce une rétroaction positive (stimulation). Si la TSH est augmentée, la sécrétion de prolactine augmente donc également.

Elle entraîne une hypoestrogénie (diminution des œstrogènes).

Diagnostic clinique[modifier | modifier le code]

Chez la femme[modifier | modifier le code]

Les symptômes chez la femme peuvent être les suivants[3] :

  • aménorrhée (absence totale des règles), signe le plus fréquent, ou oligoaménorrhée (moins de quatre cycles par an) ;
  • galactorrhée : peut être unilatérale ou bilatérale, spontanée ou provoquée par stimulation du mamelon. Elle n'est significative que si elle est faite de liquide lactescent contenant de la caséine et qu'elle survient à distance du post-partum ;
  • baisse de la libido, dyspareunie, sécheresse vaginale ;
  • infertilité.

Chez l'homme[modifier | modifier le code]

La galactorrhée est rarissime chez l'homme, même avec des taux très importants de prolactine.

Le diagnostic d'hyperprolactinémie est simple chez la femme, mais très difficile et souvent tardif chez l'homme, car l'impuissance et la baisse de la libido sont des symptômes peu spécifiques, dont les patients peuvent ne pas se plaindre spontanément auprès du médecin.

Signes associés[modifier | modifier le code]

Ces symptômes d'hyperprolactinémie sont accompagnés par les signes de la cause de cette hyperprolactinémie : dans le cas d'un adénome lactotrope, son expansion dans la boîte crânienne elle-même provoque des symptômes : troubles du champ visuel (hémianopsie bitemporale), céphalées.

Examens complémentaires[modifier | modifier le code]

Essentiellement :

  • un dosage de la prolactinémie (prolactine dans le sang) : la limite supérieure de la normale, variable selon les laboratoires, se situe vers 20 ng/ml (15 à 25 ng/ml) ;
  • une IRM hypophysaire centrée sur la selle turcique pour chercher une tumeur hypophysaire.
  • un dosage de TSH à la recherche d'une hypothyroïdie périphérique : l'augmentation de la TRH stimulant aussi la sécrétion des cellules lactotropes.

Il est possible d’effectuer aussi un champ visuel pour évaluer l'atteinte sur les voies visuelles en cas de macroadénome.

Un scanner est beaucoup moins sensible et donc moins pertinent.

Causes[modifier | modifier le code]

Hyperprolactinémie par levée d'inhibition[modifier | modifier le code]

  • Blocage de la dopamine par des médicaments (cause iatrogène) : neuroleptiques, neuroleptiques « cachés » (anti-nauséeux ou anti-spasmodiques), antidépresseur, œstrogène, certains hypotenseurs centraux (alphaméthyldopa). Tous les médicaments à effet antidopaminergiques peuvent provoquer une hyperprolactinémie.
  • Adénomes hypophysaires comprimant la tige pituitaire (hypophysaire), levant l'inhibition de la sécrétion de prolactine par la dopamine (hyperprolactinémie de déconnexion).
  • Lésion de la tige pituitaire. La prolactine est augmentée dans l'hypopituitarisme, alors que les autres hormones antéhypophysaires sont diminuées (TSH, FSH, LH, ACTH).
  • Irradiation crânienne (dans le cadre de radiothérapie).

Hyperprolactinémie par excès de production[modifier | modifier le code]

  • Adénome hypophysaire lactotrope : microadénomes (moins de 1 cm) ou macroadénomes (plus de 1 cm), les plus fréquents[Note 1], responsables d'une hyperprolactinémie importante (souvent plus de 150 ng/ml).

Hyperprolactinémie secondaire[modifier | modifier le code]

Traitement[modifier | modifier le code]

Il dépend de la cause de l'hyperprolactinémie :

  • Arrêt du médicament en cause en cas d'hyperprolactinémie iatrogène.
  • Résection chirurgicale en cas d'adénome hypophysaire lactotrope.
  • Agonistes dopaminergiques (bromocriptine, cabergoline, lisuride, quinagolide), extraits de vitex agnus-castus[6].

Fausses hyperprolactinémies[modifier | modifier le code]

Le dosage de la prolactinémie peut être faussé par les situations suivantes :

  • stress (la prolactine est une hormone de stress[réf. nécessaire]) ;
  • macroprolactinémie : agrégats sanguins de prolactine par des anticorps, le plus souvent sans symptômes d'hyperprolactinémie
  • et évidemment, la fin de la grossesse et le post-partum, où l'hyperprolactinémie est physiologique.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. environ 40 % des adénomes hypophysaires

Références[modifier | modifier le code]

  1. D. Maiter. Diagnostic et traitement des hyperprolactinémies. Louvain médical. 118: S216-S223, 1999.
  2. B.M. Biller et al., « Guidelines for the diagnosis and treatment of hyperprolactinemia », The Journal of reproductive medicine, vol. 44, no Supp. 12,‎ , p. 1075-1084 (PMID 10649814, lire en ligne, consulté le ) modifier
  3. Chanson P, Young Hyperprolactinémies. EMC - Endocrinologie-Nutrition 2015;12(3):1-15 (Article 10-018-L-L10)
  4. H. Bihan, H. Guillot, M. Fysekidis, R. Cohen, T. Gille, H. Nunes, B. Uzzan, D. Valeyre, « Sarcoidosis: the involvement of anterior pituitary hormones is poorly recognized », Presse médicale, vol. 41, no 10,‎ , e524-e529 (PMID 22513205, lire en ligne, consulté le ) modifier
  5. U. Goglia et al., « Treatment of a pituitary metastasis from a neuroendocrine tumour: case report and literature review », Pituitary, vol. 11, no 1,‎ , p. 93-102 (PMID 17458701, lire en ligne, consulté le ) modifier
  6. A. Milewicz, E. Gejdel, H. Sworen, K. Sienkiewicz, J. Jedrzejak, T. Teucher, H. Schmitz, « Vitex agnus castus extract in the treatment of luteal phase defects due to latent hyperprolactinemia. Results of a randomized placebo-controlled double-blind study », Arzneimittel-Forschung, vol. 43, no 7,‎ , p. 752-756 (PMID 8369008, lire en ligne, consulté le ) modifier