Histoire de la cité scolaire Augustin-Thierry

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Cité scolaire Augustin-Thierry

Description de cette image, également commentée ci-après
Le bâtiment Lunier, en mai 2012.
Histoire et statut
Fondation 1587 (collège royal)
1804 / 1808 (collège moderne)
1945 / 1946 (lycée)
1963 (collège contemporain)
1964 (lycée professionnel)
Type Aspect de l'histoire (d)
Administration
Composante Région Centre
Proviseur Marc Lueger (depuis septembre 2013)[1]
Études
Population scolaire 1 600 élèves et étudiants (2012)
Enseignants 180 professeurs (2012)
Niveaux délivrés Brevet, Bac, post-Bac
Formation Bac ES, L, S, STI2D ;
Bac Pro MEI, ELEEC, TCI et TU ;
BTS
Langues anglais (euro), allemand (euro), espagnol (Bachibac, euro), arabe, latin, grec ancien
Localisation
Ville Blois
Pays Drapeau de la France France
Site web http://lyc-augustin-thierry-blois.tice.ac-orleans-tours.fr/php5/

L’histoire de la cité scolaire Augustin-Thierry commence avec la création, par lettre patente, d'un collège royal à Blois par Henri III en 1581 et continue jusqu'à nos jours, malgré plusieurs interruptions et changements de locaux.

Ouvert le , le premier collège de Blois est d'abord implanté dans une maison du quartier du Bourg-Neuf, situé en dehors des murailles de la ville. L'établissement est ensuite déplacé, en 1601, dans la rue Bretonnerie, sur le site de la poste centrale actuelle. Tenu par des laïcs jusqu'en 1622, le collège royal est alors confié à la Compagnie de Jésus, qui en perd la direction lorsqu'elle est expulsée de France en 1764.

Fermé en 1793 par la révolutionnaires, le collège n'est recréé qu'en 1804, sous la forme d'une école communale secondaire, promue au rang de collège en 1808. Désormais implanté dans l'ancien couvent du Bourg-Moyen, l'établissement accueille une bonne partie de la bourgeoisie blésoise. Son nom actuel lui est attribué le pour rendre hommage à l'un de ses plus célèbres élèves, l'historien blésois Augustin Thierry (1795-1856). Détruit dans un incendie provoqué par les bombardements allemands au début de la Seconde Guerre mondiale, le collège connaît alors plusieurs années d'itinérance sous l'égide de l'occupant.

Finalement déplacé, en 1945-1946, au no 13 de l'avenue de Châteaudun, l'établissement est promu au rang de lycée la même année. Il connaît, dès lors, une forte croissance et atteint son apogée au tout début des années 1990, moment où il accueille pas moins de 2 500 élèves. Devenu cité scolaire avec la création d’un collège d’enseignement général (CEG) (1963) et d'une Section technique (1964), Augustin-Thierry joue un rôle primordial dans l'ouverture internationale de Blois, grâce à la mise en place de jumelages avec les villes britannique de Lewes et allemande de Waldshut. Il contribue également longtemps au dynamisme culturel de la préfecture du Loir-et-Cher, par l'intermédiaire de bals, de représentations théâtrales ou de comédies musicales.

Antécédents

Le roi Charles IX par François Clouet.

L'histoire de l'enseignement à Blois au Moyen Âge est très mal connue. Seule l'existence d'une école de bénédictins, dont Pierre de Blois fut l'élève le plus célèbre, est attestée à l'abbaye Saint-Laumer à une époque reculée. Ce n'est qu'à partir du XVIe siècle que l'on retrouve assez de documents pour dresser un véritable état des lieux de l'éducation dans la future préfecture du Loir-et-Cher[2].

En 1560, l'ordonnance royale émise par Charles IX après les États généraux d'Orléans oblige tous les chapitres de chanoines du royaume à fournir le revenu d'une prébende pour l'entretien d'un précepteur chargé d'instruire gratuitement les jeunes gens de leur ville. Cependant, à Blois, l'application de cette ordonnance tarde longuement à se mettre en place car les chanoines de Saint-Sauveur ne voient dans cette réforme qu'une perte substantielle de leurs revenus[2].

Alors que l'ordonnance d'Orléans semble en voie d'être appliquée, un conflit survient entre les deux candidats au poste de précepteur du futur collège de Blois. Après la nomination de Jean Housset, ancien régent (c'est-à-dire professeur) de l'Université de Paris, son compétiteur malheureux, Laurent Letellier, porte l'affaire devant le Parlement de Paris, qui tranche finalement en sa faveur. Mais, nommé « maître et professeur des grandes écoles de Blois » en 1569, Letellier s'éteint peu de temps après, sans que sa succession soit assurée[2].

Le collège royal de Blois

Le premier collège royal

La création du collège par Henri III

Le roi Henri III, vers 1575. Peinture anonyme.

Le futur collège Augustin-Thierry est finalement créé par une lettre patente du roi Henri III datée du . Profitant de la présence du souverain et de la cour dans leur bonne ville, les Blésois lui ont en effet fait connaître leur désir de bénéficier d'une école apte à former leur jeunesse. C'est en tout cas ce que laisse penser le contenu du document royal[2] :

« Nos bien-aimés eschevins, manants et habitants de nostre ville de Bloys, nous ont faict remonstrer en nostre conseil, que l'instruction de la jeunesse ès bonnes lectres, mœurs et religion catholique, tant de la dicte ville et fauxbourgs que des pays circonvoisins, de la Beausse et Soulogne, afin de les retenir de toute oisiveté, et débauche, n'ayant plusieurs des dicts habitants moyen de les envoyer ès écoles de Paris à cause des dépenses et frais qu'il y convient faire ; les dicts exposans désireroient singulièrement que en nostre dicte ville de Bloys il y eust un collège composé de régents et personnes doctes ; et mettant en considération que à cause des ruines et grandes pertes que les dicts habitants ont soufferts par les troubles passés, mesmes que la dicte ville est remplie et peuplée la plus part de nos officiers domestiques... »[2].

Afin d'assurer l'indépendance financière du futur collège et de lui permettre d'acquérir des locaux adaptés, le souverain lui fournit des revenus réguliers. Les finances du collège sont ainsi fondées sur un octroi à prendre sur les marchandises passant au-dessus et en dessous du pont de la ville, mais également sur un prélèvement de six sols par minot de sel vendu au grenier à sel de Blois et à la chambre de Mer[3].

Organisation de l'établissement

Ouvert le dans une maison du Bourg-Neuf, le collège royal de Blois reçoit le monopole de l'éducation secondaire dans la ville et seuls sont désormais autorisés à ses côtés des petites écoles de lecture. L'établissement est pourvu d'un règlement intérieur très strict qui reprend largement le statut des collèges de l'Université de Paris. Les élèves doivent s'y exprimer uniquement en latin et les pensionnaires ne peuvent sortir de l'école sans l'autorisation du principal. Tous les élèves doivent assister quotidiennement à la messe et les pensionnaires ont l'obligation de se confesser à chaque grande fête et de jeûner, s'ils le peuvent, les jours de vigile. Pendant le dîner, les élèves les plus avancés lisent, chacun leur tour, l'Ancien et le Nouveau Testament. De fait, le rôle majeur du principal est d'éloigner les élèves de tout mauvais exemple et de les éduquer dans la crainte de Dieu[3].

L'établissement est composé de cinq classes supervisées par des régents (quatre laïcs et un prêtre) aux revenus inégaux : celui chargé de la première classe reçoit 200 livres de gages, celui de la deuxième classe 150 livres, le troisième 60 livres, le quatrième 50 livres et le dernier, qui s'occupe également de dire la messe, est payé 100 livres. Outre leur salaire, les régents reçoivent des élèves un demi-écu par an, avec lequel ils doivent fournir les chandelles pour l'éclairage de leur classe. Les élèves pauvres étant exemptés de cette somme, les régents peuvent toutefois abandonner l'indemnité au principal, qui s'occupe alors de l'éclairage de leur classe[3].

En plus de ses fonctions de superviseur, le principal doit également assurer les cours de grec ancien dans l'établissement. Pour son travail, il reçoit 600 livres de gages, auxquels s'ajoute le revenu des prébendes de l'abbaye Saint-Laumer. Il reçoit par ailleurs une somme variant entre 80 et 100 livres, en fonction des cours du prix du blé, pour la nourriture de chacun des pensionnaires. C'est cependant sur son salaire qu'est prélevé le budget nécessaire à l'entretien des bâtiments du collège[3].

Des débuts difficiles

Le collège royal voit le jour dans un contexte mouvementé. Depuis 1562, la France est secouée par les guerres de religion qui opposent catholiques et protestants. Le Val de Loire, qui accueille périodiquement la Cour dans ses châteaux, est alors le théâtre de violences, dont le sac de Blois par les huguenots en 1568 ou l'assassinat du duc de Guise sur ordre d'Henri III en 1588 ne sont que des exemples[4].

L'assassinat du duc de Guise, chef des Ligueurs, au château de Blois, est l'un des moments forts des guerres de religion en France. Tableau de Paul Delaroche, 1834.

Le collège ayant été implanté dans le quartier du Bourg-Neuf, c'est-à-dire en dehors des murailles de la ville, il est situé dans une zone plus difficile à protéger. Beaucoup de parents craignent donc qu'en y scolarisant leurs enfants, ils ne fassent d'eux des proies faciles pour les milices de l'un ou l'autre camp. Dans ces conditions, les Blésois préfèrent envoyer leur progéniture faire ses études à Paris et le collège peine à trouver des effectifs. Après quelques années, l'établissement périclite et est fermé à plusieurs reprises, malgré les efforts des autorités municipales qui cherchent à maintenir son existence[5].

En 1601, le collège est déplacé rue Bretonnerie, à l'emplacement de l'actuelle « poste du château », dans des locaux achetés pour 1 095 écus d'or. Cependant, le collège est rapidement traversé par de graves luttes intestines. Son premier principal, Jean Housset, démissionne de son poste en 1605 mais s'emploie immédiatement à détourner les internes de l'institution en les accueillant chez lui comme pensionnaires. Surtout, les nouvelles autorités du collège, le sieur Vallet (1605-1609) puis Jean Dufour (1609-1622), sont contestées par les régents, qui sapent ouvertement leur autorité malgré l'augmentation de leurs gages. Dans ce contexte conflictuel, l'indiscipline se développe au collège. Les enfants y jouent aux cartes, parlent français plutôt que latin, profèrent des jurons, et vont et viennent de l'établissement avec la complicité du gardien[6].

Afin de ramener le calme dans le collège, le principal Jean Dufour obtient, en 1611, l'autorisation des échevins de destituer lui-même les régents faisant preuve d'indiscipline. Malgré tout, il échoue à reprendre en main le collège. Par conséquent, les notables de Blois demandent à plusieurs reprises au roi, à partir de 1603, de confier la direction de l'établissement à la Compagnie de Jésus[6].

Le collège jésuite

Louis XIII confie le collège aux jésuites

Le roi Louis XIII par Philippe de Champaigne. Fin du XVIIe siècle.

Devant le mécontentement des Blésois, le roi Louis XIII donne finalement satisfaction aux autorités municipales en confiant le collège aux jésuites le  :

« Aujourd'hui, 16° novbr mille six cent vingt deux, le Roi estant à Tarascon désirant gratifier et favorablement traiter les Magistrats Eschevins Officiers Marchans bourgeois et habitans de sa ville de Bloys et inclinant à la très humble supplication qu'ils lui ont faite.
Sa Majesté leur a accordé que le Collège de ladite ville avecq ses revenus appartenances et deppendances soye et demeure désormais inséparablement uny à la Société des Pères Jésuites de son royaume à la charge d'y faire exercer à perpétuité les fonctions de leur ordre et proffession et spécialement pour l'instruction des enffants de ladite ville aux bonnes moeurs avecq tel nombre de classes, de lecteurs et professeurs en service qui sera advisé entre eulx permettant Sadite Majesté aux dits Pères Jésuites d'accepter et posséder les legs et donnations qui leur pourront être faits pour l'augmentation du revenu dudit Collège jusques à la somme de six mil livres de rentes... »[7].

À peine nommés à la tête du collège, les jésuites s'appliquent à y ramener l'ordre. Sous leur direction, l'établissement se développe même et le nombre d'élèves augmente, pour atteindre le chiffre de 239 élèves en 1626. Une nouvelle classe doit alors être ouverte et des travaux sont entrepris dans l'établissement (pavement de la cour, construction d'une galerie). Quatre ans plus tard, en 1630, c'est au tour d'une classe de philosophie d'être créée au collège. Une nouvelle salle est édifiée, ainsi qu'une chambre pour le régent supplémentaire, ce qui coûte à la ville pas moins de 2 000 livres[7].

Un collège renommé

Le poète Jean-Baptiste Gresset, professeur au collège royal durant son noviciat chez les jésuites.

La réputation du collège, sous les jésuites, devient vite considérable et plusieurs des professeurs qui y enseignent alors jouissent, encore aujourd'hui, d'une célébrité certaine. Parmi ceux-ci, on peut citer le cas du principal Jean de Brisacier (1603-1668), nommé à la tête du collège en 1651. Pourfendeur du jansénisme (incarné dans le Blésois par l'abbé Jean Callaghan de Cour-Cheverny), il devient plus tard visiteur apostolique de la province de Portugal[8],[9]. On peut également citer l'exemple du professeur de rhétorique Jean-Baptiste Gresset (1709-1777), auteur du poème Vert-Vert en 1734 et membre de l'Académie française à partir de 1748[9].

D'autres personnalités liées au collège se font connaître pour leur rôle dans la conquête, l'administration et l'évangélisation de la Nouvelle-France. Il en va ainsi de René-Robert Cavelier de La Salle (1643-1687), célèbre découvreur de la Louisiane, qui enseigne au collège de Blois et à celui de Tours de 1664 à 1666[10]. Il en va également du père Jérôme Lalemant (1593-1673), missionnaire chez les Hurons, qui exerce la fonction de recteur du collège de Blois entre 1632 et 1636[11]. Il en va aussi de Jacques-Quintin de la Bretonnière (1689-1754), qui enseigne les humanités à Blois dans les années 1710 avant de partir à Sault-Saint-Louis rejoindre la mission de Nouvelle-France, pour y convertir les Iroquois au catholicisme[12].

De la même façon, plusieurs élèves de l'établissement deviennent célèbres en divers domaines. Ange-François Fariau de Saint-Ange (1747-1810) se fait ainsi connaître comme poète, traducteur et académicien[13]. Quant à Claude Dupin (1686-1769), il passe à la postérité en tant que financier et fermier général[14]. Finalement, Jean-Baptiste de Vimeur de Rochambeau (1725-1807), qui passe six mois au collège avant de retourner étudier à Vendôme, devient célèbre en dirigeant l'escadre française participant à la Guerre d'indépendance américaine[15].

L'érection de la chapelle Saint-Louis-des-Jésuites

L'église Saint-Vincent-de-Paul, en 2011.

Avec l'agrandissement de ses locaux et l'augmentation du nombre de ses professeurs, le collège connaît d'importantes difficultés financières. Or, le roi Louis XIII prive l'établissement d'une partie de ses revenus en exemptant les Blésois de tout droit sur le sel. Le souverain compense toutefois cette perte d'argent en octroyant à l'institution une rente annuelle de 1 000 (1634) puis 1 200 livres (1641)[16].

Ces problèmes économiques n'empêchent pas les jésuites de vouloir afficher la grandeur de leur ordre en érigeant une chapelle de style baroque au collège. Pour ce faire, ils acquièrent, dès 1623, un terrain contigu à l'école[N 1] grâce à un don du bailli Henri Hurault de Cheverny (fils du chancelier Philippe Hurault de Cheverny). Baptisée église Saint-Louis-des-Jésuites, la chapelle est achevée en 1671, avec le soutien financier de diverses personnalités, parmi lesquelles le roi et son frère, Gaston d'Orléans. Reconnaissants pour cette aide inespérée, les jésuites accueillent, plusieurs années plus tard, dans leur chapelle, un monument funéraire abritant le cœur du duc d'Orléans[16],[17].

Rebaptisée « église Saint-Vincent-de-Paul » en 1826[16], l'ancienne chapelle Saint-Louis constitue aujourd'hui le principal vestige du collège royal de Blois, dont il ne reste, par ailleurs, que le bâtiment sud, très remanié[18].

Une longue période de déclin

L'expulsion de la Compagnie de Jésus

Emblème de la Compagnie de Jésus.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l'Église catholique de France est divisée entre courants ultramontains et gallicans. Fidèles soutiens du pape et opposés au Jansénisme, les jésuites s'attirent les foudres de ceux qui défendent l'autonomie du clergé français. En 1762, le Parlement de Paris bannit la Compagnie de Jésus de France au motif qu'elle « nuit à l’ordre civil, viole la loi naturelle, détruit la religion et la moralité, [et] corrompt la jeunesse ». Le roi Louis XV essaie de temporiser mais doit finalement s'incliner. En novembre 1764, un édit du roi bannit les jésuites du pays, et les écoles qu'ils gèrent leur sont retirées[19].

À Blois comme ailleurs, le départ des jésuites est une catastrophe pour l'enseignement. Le collège royal est totalement désorganisé et les autorités municipales ne parviennent pas à y rétablir une éducation de qualité. Pourtant, l'établissement jouit d'une bonne santé financière[N 2] et les revenus auparavant attachés à la Compagnie de Jésus lui sont conservés[20].

Le retour d'une direction séculière

Le roi Louis XV par Armand-Vincent de Montpetit (1774).

Une fois les jésuites partis, les autorités municipales tentent de confier leur établissement aux bénédictins de l'abbaye Saint-Laumer, déjà réputés pour l'enseignement qu'ils dispensent au collège de Pontlevoy. Cependant, les religieux déclinent l'offre des édiles sous le prétexte que la décision du Parlement de Paris d'expulser les disciples d'Ignace de Loyola obéit à une logique de sécularisation de leurs établissements scolaires. Les échevins se tournent alors vers les dominicains, sans plus de succès. Après plusieurs échecs, ils se résignent donc à confier le collège royal à des séculiers[20],[21].

Afin d'assurer le bon fonctionnement du collège, le roi Louis XV lui confère un nouveau règlement intérieur, signé à Versailles le . Celui-ci reprend à peu de choses près les mêmes termes que le texte de 1587. Les honoraires du principal y sont toutefois réévalués (il reçoit désormais 1 000 livres par an), et ceux des régents également (le moins payé, celui de 6e, reçoit 600 livres par an). Autre nouveauté, les enseignants ont maintenant droit à une retraite de 300 livres, après 20 ans de service dans l'établissement[22].

Le collège reçoit comme nouveau principal le père Jean Boutault, un homme brave mais peu efficace qui reste à la tête du collège pendant 23 ans, jusqu'en 1791. À ses côtés, des régents guère compétents mais difficiles à recruter enseignent, en 1789, le latin, l'histoire, la géographie et la mythologie (matières de tronc commun) ainsi que les mathématiques (matière facultative). Quant à la philosophie et aux sciences, elles ont purement et simplement disparu du programme de l'établissement. Dans ces conditions difficiles, le collège périclite rapidement : alors qu'on y trouvait encore 120 élèves au départ des jésuites, il n'y en a plus que 26 en 1768[N 3]. Devant ces résultats médiocres, les autorités blésoises essaient à plusieurs reprises de convaincre une nouvelle congrégation de prendre la direction du collège et c'est encore leur souhait en 1784 lorsqu'elles contactent, sans succès, les Frères des écoles chrétiennes[23].

La fermeture du collège royal

Désireuses de sauver leur établissement secondaire, les autorités blésoises demandent, le , à la toute nouvelle Assemblée nationale la translation du collège de Pontlevoy dans l'abbaye Saint-Laumer et sa fusion avec le collège royal. Cependant, cette requête reste lettre morte et l'établissement poursuit son lent déclin[23].

Déjà très affaibli, le collège s'effondre avec les bouleversements liés à la Révolution française. En quelques mois, ses finances se désagrègent car les rentes dont il disposait sont abolies par le nouveau régime. En mai 1791, près de 8 000 livres sont ainsi dues à l'établissement et, avec seulement 4 647 livres de réserve, ses caisses sont presque vides. Face à la banqueroute qui menace, le principal et les professeurs ne sont même plus rémunérés[24].

Le , l'équipe éducative a de toutes façons été renvoyée parce qu'elle a refusé de prêter serment à la constitution, comme l'exige désormais la loi de tous les fonctionnaires. De nouveaux professeurs sont alors imposés mais les démissions, exclusions et absences se succèdent. Il n'y a guère de candidats et la plupart des enseignants restent peu de temps dans l'établissement car ils sont faiblement rémunérés et le sont de manière très irrégulière (avec parfois trois mois de retard). En ces temps de troubles politiques, la profession d'enseignant est par ailleurs dangereuse. Une dernière distribution de prix a tout de même lieu au collège en 1792 et les noms des lauréats sont inscrits sur les registres de la ville[25].

En 1793, la Patrie est déclarée en danger et le collège est fermé. Ses locaux sont réquisitionnés par la République afin d'abriter un atelier de fabrication de salpêtre et de munitions. La chapelle Saint-Louis-des-Jésuites est quant à elle transformée en magasin à foin[25]. Plus grave encore, l'ancien principal Jean Boutault est arrêté par les nouvelles autorités et déferré devant le tribunal révolutionnaire. Il n'échappe à la guillotine que grâce aux témoignages des Blésois en sa faveur et à la chute de Robespierre[23],[26].

Henri Grégoire, évêque constitutionnel de Blois et député montagnard à la Convention.

Une renaissance avortée

L'échec du projet d'école centrale

Face à la dégradation de l'éducation en France, la Convention nationale décide de créer, dans chaque préfecture de département, une école centrale, c'est-à-dire un établissement d'enseignement secondaire chargé de succéder aux anciens collèges royaux. La loi du 18 germinal an III () pose ainsi les bases d'un nouvel établissement scolaire à Blois, à la grande satisfaction de la population et de l'évêque constitutionnel Henri Grégoire, qui a activement soutenu le projet du Comité d'instruction publique[25].

Cependant, le risque de voir Blois monopoliser l'enseignement public dans tout le Loir-et-Cher soulève l'indignation des Vendômois, soucieux de faire perdurer leur riche tradition éducative. Par l'intermédiaire du conventionnel Claude-Nicolas Leclerc, originaire de Villedieu, ils s'opposent donc fermement à l'ouverture d'une école centrale dans la préfecture. Pour cela, ils insistent sur le fait que Blois ne possède plus aucun local approprié pour accueillir un établissement secondaire et fustigent le coût occasionné par la construction d'une nouvelle école dans le département. Les Vendômois soulignent, au contraire, le fait que leur ville possède l'emplacement idéal pour la future école centrale du Loir-et-Cher : celui de l'ancien collège des Oratoriens (actuel lycée Ronsard)[25].

Devant la détermination des Vendômois, le représentant du peuple Baraillon, qui a pourtant déjà choisi les bâtiments de l'ancien couvent des Visitandines pour accueillir la future école centrale de Blois, capitule. Le 3 brumaire an IV (), la Convention vote donc l'implantation de l'établissement à Vendôme, et cela contre l'avis des autres représentants du Loir-et-Cher (les districts de Romorantin, de Saint-Aignant et de Mer votant contre ; l'évêque Henri Grégoire étant quant à lui absent). Quant au couvent des Visitandines, il est plus tard réquisitionné pour abriter l'hôtel de préfecture du département[25].

La diversification de l'offre scolaire à Blois

L'actuel hôtel de préfecture de Blois fut un moment envisagé comme siège du nouveau collège communal.

Malgré les complaintes de la municipalité[27], Blois reste résolument dépourvue d'école secondaire publique jusqu'au début du XIXe siècle. La Révolution ayant aboli le monopole éducatif, c'est donc à l'initiative privée que l'on doit le retour de l'enseignement secondaire dans la commune. En 1799 et en 1800, trois écoles privées, toutes pourvues d'un internat, sont en effet ouvertes dans la préfecture du Loir-et-Cher. Celle de M. Amant (ou Amand), un ex-professeur du collège de Pontlevoy, occupe les locaux, désormais fort délabrés, de l'ancien collège royal, au niveau de l'actuelle « Poste du château ». Celle de M. Biscarrat, un ex-Oratorien redevenu laïc, est d'abord implantée sur le site l'ancien séminaire, avant de déménager à l'abbaye de Bourg-Moyen. Enfin, celle de M. Hanassier est installée dans le local des Saintes-Maries (au niveau de l'actuel lycée catholique Notre-Dame-des-Aydes)[28].

Cependant, la qualité de ces écoles n'est pas grande et on n'y enseigne que « les humanités, les mathématiques et quelques arts d'agrément » selon le préfet Louis Chicoilet de Corbigny. Avec 91 élèves (dont 60 pensionnaires) et 11 professeurs, l'école dirigée par Biscarrat est la plus importante. Mais, au total, les trois institutions réunies ne regroupent pas plus de 140 élèves. Dans ces conditions précaires, l'école dirigée par Amant ne tarde pas à péricliter, victime de la mauvaise gestion financière de son principal. Dans les mêmes moments, fin 1803, Biscarrat meurt et son établissement menace d'être dissous à la suite de la division provoquée par sa succession. La municipalité profite alors des événements pour réinvestir le champ de l'éducation secondaire[29].

Du collège communal au collège Augustin-Thierry

La création du collège moderne

De l'école secondaire communale au collège communal

Vue de la ville de Blois. Le collège historique était situé sur la partie droite de la photo.

Sous la direction du maire Louis-Athanase Bergevin, les écoles fondées par Amant et Biscarrat passent sous la tutelle de la municipalité et fusionnent, en 1804, pour former l'école communale secondaire de Blois. Installé dans l'ancienne abbaye de Bourg-Moyen, à l'emplacement actuel du parking Valin-de-la-Vaissière, non loin des rives de la Loire, l'établissement reprend donc les locaux de l'école de Biscarrat[29].

Quatre ans plus tard, en 1808, l'empereur Napoléon Ier restaure le monopole universitaire et impose le contrôle des écoles secondaires communales par l'État. L'établissement est alors promu au rang de collège communal, statut qu'il conserve jusqu'à la Seconde Guerre mondiale[29].

Malgré ces évolutions positives, le recrutement des nouveaux professeurs de l'établissement s'avère une tâche ardue et les premiers enseignants du collège ne sont pas tous d'une grande qualité. Le professeur de latin est ainsi un ex-gendarme, qui manie la cravache en classe et se montre davantage soucieux de discipline que de syntaxe. Le professeur de rhétorique est quant à lui un ancien épicier de la ville, qui s'est reconverti dans l'enseignement après la création du collège. Il reste que les élèves de l'établissement travaillent dur et que beaucoup d'entre eux profitent de l'éducation qui leur est offerte pour s'élever socialement[30].

Des effectifs fluctuants

Au cours du XIXe siècle, le collège communal connaît une croissance notable. Il double ainsi le nombre de ses élèves et multiplie par quatre celui de ses enseignants, passant de 81 collègiens en 1819 à 168 en 1898 et de 5 professeurs en 1819 à 20 en 1895. Le salaire des enseignants lui-aussi progresse, passant de 800 ou 1 100 francs à 1 600 ou 2 500 francs au cours de la période[31].

Grâce à ce développement, de nouvelles disciplines font leur apparition au sein de l'établissement. À partir de 1822, la philosophie et le plein exercice commencent à y être enseignées et, dès l'année suivante, les classes sont dédoublées. Un professeur est nommé sur le poste de philosophie en 1827, ce qui permet de préparer les élèves au baccalauréat ès-lettres. En 1836, la création d'une chaire d'histoire permet de compléter l'enseignement universitaire[32].

Le développement de l'établissement est cependant très inconstant. En 1860, il y a 180 élèves au collège mais leur nombre tombe bientôt à 132 avec le départ du principal Vidal. En 1866, un nouveau chef d'établissement est nommé. Ancien directeur d'un pensionnat blésois, M. Monier amène avec lui plusieurs dizaines d'élèves et le collège double ses effectifs grâce à lui, passant de 132 à 269 adolescents. Cependant, l'effet ne dure pas et il n'y a plus que 231 élèves (dont 123 pensionnaires) en 1868. Leur nombre s'effondre à 192 (dont 98 internes) dès l'année suivante. Surtout, il n'y a plus que 130 recrues (dont 54 pensionnaires) en 1877[33].

L'enseignement au collège

Dans l'établissement, l'emploi du temps des élèves, et surtout des pensionnaires, est pour le moins chargé. Dans les années 1840, ces derniers sont réveillés tous les jours à 5h30 et ils doivent se coucher à 20h30. Ils passent par ailleurs quotidiennement onze heures en classe ou en étude. Pour ces jeunes, les seuls moments de répit se situent le jeudi, jour où ils ont droit à 2h30 de promenade (hors cas de retenue), et le dimanche, quand la messe et la promenade ôtent 5h30 à l'étude[31].

Au programme de tous les collégiens, on trouve des cours de lettres, de sciences, d'histoire et de géographie. D'autres disciplines s'ajoutent à cette liste en fonction du projet professionnel des enfants et de leurs familles : les mathématiques pour ceux qui désirent entrer dans les écoles du gouvernement ; un cours particulier qui unit français, anglais, allemand, mathématiques, histoire, géographie, dessin et tenue des livres pour ceux qui se destinent à des professions industrielles. Avant 1905 et la loi de séparation des Églises et de l'État, des cours de religion sont également donnés dans l'établissement par un aumônier qui célèbre la messe dans une chapelle particulière[34].

À ces disciplines intellectuelles s'ajoute la pratique du sport et des arts. L'été, des cours de natation et de gymnastique sont ainsi donnés alternativement aux élèves. Ceux-ci peuvent par ailleurs étudier la musique instrumentale, la danse ou l'escrime. Cependant, la participation à ces matières facultatives reste longtemps payante et seules les familles volontaires et fortunées peuvent y inscrire leurs enfants[34].

Un petit collège de province

Un collège bourgeois rebaptisé en l'honneur d'un modeste boursier

L'historien blésois Augustin Thierry représenté par Émile Lassalle en 1840.

Au XIXe siècle, l'éducation secondaire reste encore un privilège largement réservé aux classes dominantes et le collège de Blois ne fait nullement exception à cette règle. Si les fils de l'aristocratie blésoise fréquentent plutôt l'institution catholique de Pontlevoy, ceux de la bourgeoisie marchande, des petits industriels, des hauts fonctionnaires, des notaires, des médecins et des gros propriétaires terriens se rendent en nombre au collège communal[34].

C'est seulement à la veille de la Première Guerre mondiale qu'un début de démocratisation sociale s'opère dans l'établissement. Alors que les membres de la haute bourgeoisie ont de plus en plus tendance à le déserter pour envoyer leur progéniture à l'école privée Notre-Dame-des-Aydes (ouverte en 1869), on voit apparaître sur les bancs du collège davantage de fils d'employés, d'instituteurs, de petits fonctionnaires, de petits commerçants et même d'agriculteurs vivant commodément[35],[36].

Il reste que, dès sa re-création au début du XIXe siècle, le collège s'ouvre à quelques rares enfants issus de milieux modestes. Le premier élève boursier de l'établissement est ainsi son plus célèbre élément : le futur historien Augustin Thierry (1795-1856). Entré au collège en janvier 1806, celui-ci apparaît rapidement comme un élève brillant, qui s'illustre notamment lors des exercices publics de la fin de l'année 1808 avant d'intégrer l'École normale trois ans plus tard[37].

Une fois devenu adulte, Augustin Thierry ne remet guère les pieds dans l'établissement de son adolescence. Il se brouille même avec la municipalité de Blois après que son propre beau-frère, devenu professeur au collège, est renvoyé de l'établissement pour incompétence et ivrognerie. Malgré tout, les Blésois ne lui en tiennent pas rigueur et demandent, après sa mort en 1856, que son nom soit donné à leur établissement. Leur requête est finalement agréée par le ministre de l'instruction publique Jules Simon le [31].

L'historien Augustin Thierry n'est pas la seule personnalité importante à avoir étudié au collège de Blois au début du XIXe siècle. Trois de ses contemporains, tous futurs membres de l'Institut, y suivent également leur scolarité : l'historien et sénateur Amédée Thierry (1797-1873), frère cadet d'Augustin, l'historien et botaniste François-Jules de Pétigny (1801-1858) et l'archéologue et historien Louis de La Saussaye (1801-1878)[37].

Des locaux trop exigus pour un projet de lycée coûteux

Dès 1812, les autorités municipales tentent d'obtenir la transformation du collège de Blois en lycée : le poids de son fonctionnement serait ainsi financé par l'État et son prestige augmenterait d'autant. Cependant, Paris juge les locaux du Bourg-Moyen bien trop petits et vétustes : le pensionnat est glacial en hiver et torride en été ; les élèves doivent sortir du bâtiment pour pouvoir prendre leur bain ; les salles de classe se réduisent souvent à des lieux de passage. Le ministère exige donc que la ville construise un nouveau bâtiment mis aux normes si elle veut réellement accueillir un lycée[38].

L'historien et sénateur Amédée Thierry par Jean-Léon Gérôme.

Après avoir longtemps argué qu'elle ne possédait pas de terrain capable d'abriter une telle construction, la ville se résout à commander un devis à son architecte en 1880. Ce dernier estime alors la dépense nécessaire autour d'un demi-million de francs, ce qui est incompatible avec le budget de la ville. Le projet est donc immédiatement abandonné mais la municipalité accepte de se livrer à des travaux d'aménagement dans l'établissement. En 1908, une nouvelle aile est ajoutée au collège, le long de l'actuelle rue du Bourg-Moyen. Cinq ans plus tard, en 1913, c'est au tour du chauffage central d'être installé dans l'établissement, pour garantir aux élèves et aux enseignants une température (toute théorique) de 15 °C[38]. Pendant plusieurs années, la municipalité continue par ailleurs à chercher à acquérir un emplacement pour son projet de lycée. Sa frilosité à financer la construction d'un nouveau bâtiment lui fait toutefois manquer les rares opportunités qui s'ouvrent à elle, aux Lices et rue Franciade, notamment[39].

Pourtant, l'inadaptation des locaux du Bourg-Moyen pour la vie d'un établissement scolaire s'accentue dans l'Entre-deux-guerres. Le maire de Blois Maurice Olivier en dresse ainsi un portrait alarmant en 1931. Situés sous les mansardes, les trois dortoirs du collège n'ont pas le volume d'air nécessaire à la bonne santé des pensionnaires. Les lits n'y sont pas placés aux distances réglementaires et les installations matérielles sont jugées convenables mais ni assez modernes, ni vraiment confortables. Surtout, les dépendances (vestiaires, lavabos et toilettes) sont étroites et modestes. De leur côté, les salles de classes ne font guère meilleure impression. Elles sont trop exiguës (36 à 40 m2 pour 35 à 45 élèves) et certaines sont mal éclairées. Les études sont encore plus problématiques : il y en a 4 et chacune peut accueillir 45 élèves maximum, ce qui fait une capacité totale de 140 places, alors que 153 élèves sont inscrits à l'étude surveillée et que beaucoup d'autres voudraient y participer. Le réfectoire est trop petit lui-aussi et l'emplacement au sous-sol de ses cuisines rend le service malaisé. Les locaux annexes, comme la salle de dessin et la bibliothèque, sont mal installés, quand ils ne sont pas simplement absents, comme le cabinet de physique-chimie ou la salle de manipulation pour les travaux pratiques. Même la cour ou, plutôt, les trois cours posent problème à cause de leur taille insuffisante. Il faut dire que le collège Augustin-Thierry s'étend seulement sur 34 ares et qu'il n'occupe donc qu'un sixième de l'espace règlementaire nécessaire au nombre d'élèves qu'il accueille[40].

Une croissance ininterrompue

Le philosophe ésotériste René Guénon, élève puis professeur au collège Augustin-Thierry (photo de 1925).

Malgré ces difficultés matérielles et en dépit du départ d'une partie des enfants de la haute bourgeoisie vers les écoles privées[N 4], le collège Augustin-Thierry continue à diversifier ses enseignements. Dès avant 1914, il accueille ainsi une classe commerciale et une section technique de préparation aux écoles d'ingénieurs[41]. Pendant l'Entre-deux-guerres, il reçoit en outre dans ses locaux les élèves de l'École d'agriculture d'hiver, ce qui complique encore son fonctionnement[39].

Certains des professeurs qui travaillent à Augustin-Thierry durant cette période sont prestigieux. C'est le cas d'Albert Thibaudet (1874-1936), qui enseigne l'histoire et la géographie au collège de 1906 à 1908, avant de devenir l'un des plus célèbres critiques littéraires français de l'Entre-deux-guerres. C'est également le cas de René Guénon (1886-1951), brillant mathématicien, philosophe, orientaliste et ésotériste blésois, qui enseigne la philosophie (de manière fort ennuyeuse, selon ses anciens élèves) dans l'établissement dans les années 1920[32].

Certains élèves qui étudient au collège Augustin-Thierry vers cette période atteignent aussi une certaine célébrité. Il en va ainsi du géographe et historien Roger Dion (1896-1981), spécialiste du Val de Loire[32], ou de l'écrivain régionaliste Hubert-Fillay (1879-1945), qui a laissé plusieurs témoignages relatifs à l'établissement (voir la bibliographie)[39].

D'une guerre à l'autre

Entre réquisitions et cours itinérants

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le château de Blois abrite une partie des cours du collège Augustin-Thierry.

Pendant la Première Guerre mondiale, les locaux du collège sont réquisitionnés par l'Armée française, qui les transforme en hôpital militaire. De nombreux documents relatifs à l'histoire de l'établissement disparaissent alors pour toujours, tandis que les élèves et les professeurs sont obligés de s'installer au théâtre municipal (démoli en 1952) pour y faire classe[31].

L'histoire se répète en partie en septembre 1939, quand les autorités militaires françaises reprennent possession de l'établissement pour en faire un hôpital[42]. Les classes sont alors dispersées dans toute la ville, souvent dans des bâtiments inadaptés et vétustes. Tandis que la maison Brisson, une annexe du collège située quai de la Saussaye, continue à accueillir les classes élémentaires, l'ancienne école Louis-XII (actuelle Bourse du Travail) reçoit les élèves de sixième et de cinquième. Désaffecté depuis plusieurs années, l'hôtel d'Angleterre, situé à l'angle de la rue Denis-Papin, face au pont, reçoit quant à lui les adolescents de quatrième et de troisième. Plus spectaculaire mais tout aussi inconfortable, l'aile Gaston d'Orléans du château de Blois voit défiler les élèves du second cycle, et en particulier les terminales. Enfin, la Chambre des métiers, située non loin de la mairie, reçoit la classe de mathématiques élémentaires[41],[43].

Pour compliquer encore un peu plus la situation, de nombreuses familles originaires de Paris, du Nord ou de l'Est ont cherché à mettre leurs enfants en sécurité en les inscrivant au collège Augustin-Thierry après le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale : les effectifs de l'établissement ont donc été singulièrement accrus par l'arrivée de ces jeunes[N 5]. Or, au même moment, plusieurs professeurs ont été appelés lors de la mobilisation et des remplaçants, pas toujours très au fait du fonctionnement du collège, ont dû être trouvés au pied levé. Parmi ceux-ci, on compte plusieurs femmes, comme l'épouse du principal Chardon, réquisitionnée pour enseigner les mathématiques[44].

Le bombardement de Blois et la disparition du collège historique

En dépit des alertes aériennes et des débuts de l'exode provoqué par l'invasion allemande et la débâcle, le principal du collège parvient à organiser les épreuves du baccalauréat prévues le . L'arrivée de la Wehrmacht dans le Loir-et-Cher quelques jours plus tard déclenche toutefois la panique à Blois et une partie de la population prend à son tour la route du sud à partir du 14 juin[45].

Le 16 juin, Blois est bombardée par l'aviation allemande (ou peut-être italienne, si l'on en croit les témoins) et un gigantesque incendie, qui dure jusqu'au 21 juin, est déclenché. Une bonne partie de la vieille ville, située autour du Bourg-Moyen, disparaît alors sous les flammes. Alimenté par l'énorme provision de charbon accumulée par les militaires français dans la cour du collège Augustin-Thierry, le feu détruit l'établissement et réduit à néant ses archives. Une fois éteint, il ne laisse derrière lui que quelques maçonneries noircies, parmi lesquelles celles de la vieille salle capitulaire[46].

Après ces événements tragiques, durant lesquels M. Chardon parvient à sauver in extremis les copies de bac de ses élèves, les cours reprennent progressivement dans les locaux de l’École supérieure de Jeunes filles (actuelle École d'Art de Blois), située rue Franciade. L'internat, fermé au début du conflit mondial, est même rouvert en 1941[43],[45]. Le collège, qui intègre désormais les écoles normales et primaires supérieures, accueille alors 300 élèves, parmi lesquels 50 pensionnaires[47]. Cependant, le répit est de courte durée pour les écoliers et leurs enseignants. En juillet 1942, les Allemands réquisitionnent les locaux de la rue Franciade. L'internat est à nouveau fermé et le collège doit s'installer pendant un an aux Cours professionnels, dans des salles étroites et vétustes. C'est seulement en octobre 1943 que le collège peut finalement réintégrer les locaux de la rue Franciade, où se passe toute la fin de la guerre[45].

La vie au collège sous l'Occupation

La mise en place du régime de Vichy a des conséquences diverses sur la vie du collège et de ses usagers. Comme partout en France, le rationnement fait son apparition et les pannes d'éclairage et de chauffage deviennent le lot quotidien. Pour compenser le manque de nourriture, des biscuits nutritifs et des bonbons vitaminés sont distribués aux adolescents. Cependant, l'alimentation n'est pas le problème majeur à Blois : les marchés de la ville restent en effet plutôt bien achalandés grâce aux riches campagnes qui l'entourent[48].

Plaque commémorative située sur le bâtiment Curie et dédiée aux fonctionnaires du collège morts durant la Seconde Guerre mondiale (mai 2012).

La propagande pétainiste s'installe également dans le quotidien des élèves et des professeurs. On se met ainsi à chanter Maréchal, nous voilà ! dans l'établissement et la documentation pédagogique, déjà limitée, est expurgée par la censure du nouveau régime. Surtout, dès 1940, la législation antisémite de Vichy s'impose à l'établissement. En novembre, M. Meyer, l'un des professeurs d'histoire-géographie du collège, est licencié à cause de ses origines juives. Protégé par des Justes blésois, il échappe cependant à la Shoah et peut reprendre son poste à la Libération. Autre victime du racisme officiel, un élève israélite de troisième, Boris Danaïloff, est contraint à porter l'étoile jaune dans l'établissement. Bientôt arrêté et déporté, il parvient toutefois à s'enfuir et à rejoindre la résistance. Revenu en héros dans l'établissement à la fin de la guerre, il y reprend ses études fin 1944[48].

Plusieurs enseignants ou anciens enseignants non juifs sont également victimes de la guerre et de l'occupation allemande. En 1940, Émile Laurens et Jean Marseilhan, deux anciens professeurs de lettres du collège, trouvent la mort : le premier au moment du bombardement de Blois, le second au champ d'honneur. Un autre ancien enseignant, Yves Jahan, est arrêté à Compiègne par les nazis puis déporté à Auschwitz-Birkenau, où il trouve la mort le 18 septembre 1942[N 6]. De la même façon, Charles Lavediau, un professeur d'éducation physique du collège, est arrêté chez lui en décembre 1942 et meurt quelque temps après en déportation[48].

À mesure que la guerre avance, les actes de résistance se multiplient au sein de l'établissement. Le principal Chardon aide ainsi plusieurs élèves à échapper au Service du travail obligatoire, ce qui lui vaut d'être arrêté et déporté en mai 1944. De forte constitution, il survit cependant aux privations et rentre en France après la fin du conflit. Du côté des collégiens, la défiance au régime et à l'occupant se manifeste quant à elle dans les chants anti-Allemands (pour les petites classes) et les actes de résistance plus spectaculaires (pour les élèves de terminale, surtout)[49]. Plusieurs « anciens » d'Augustin-Thierry, comme Hubert Jarry (dit « Priam »), s'illustrent également dans la lutte contre l'occupant et multiplient les actes de sabotage dans le Blésois, souvent au péril de leur vie[50].

Le lycée Augustin-Thierry

Déménagement et transformations

Création du nouveau Lycée

Le bâtiment Lunier, vu depuis le parc de la cité scolaire.

Une fois la Seconde Guerre mondiale terminée, la question se pose de savoir où installer les nouveaux locaux du collège Augustin-Thierry. L’Éducation nationale profite alors de la désaffectation, par les Allemands, de l'hospice Lunier, un vaste asile d’aliénés situé dans le quartier du Bourg-Neuf, pour y déménager l’établissement et le transformer, du même coup, en lycée[51],[52].

Riche d’une histoire ancienne, le nouveau site de l'école a accueilli, au début du XIIe siècle, une léproserie (la maladredrie Saint-Lazare), avant d'abriter un prieuré de génovéfains jusqu'à la Révolution. Vendus comme biens nationaux en 1791, le domaine et les bâtiments de l'institution religieuse ont alors été acquis par le maire de Paris Chambon de Monteaux. Vendus à plusieurs reprises, ils ont finalement été cédés, en 1834, à un banquier du nom de Jean-Simon Chambert-Péan, qui y a construit une imposante villa (parfois appelée « château Saint-Lazare »), en y intégrant des vestiges de l’ancien prieuré (comme l’actuelle salle capitulaire)[52].

À la même époque, le parc entourant la demeure a été planté d'essences plus ou moins rares (cèdres du Liban, prunus, tilleuls, etc.) abritant nombre d'oiseaux et d'écureuils roux[52],[53]. Acquise en 1861 par le département du Loir-et-Cher, la résidence de Chambert-Péan a finalement été transformée en asile sous la direction du docteur Jules Lunier (1822-1884). Au fil des années, différents bâtiments annexes ont été construits dans le parc, parmi lesquels la villa Lunier, qui abrite aujourd’hui l’administration de la cité scolaire[52].

Installation

Arbres du parc de la cité scolaire, 2012.

En octobre 1946, 4 à 500 élèves encadrés par une trentaine de professeurs prennent donc possession du nouveau lycée Augustin-Thierry. Au sein de l’équipe pédagogique, certains enseignants travaillaient déjà dans l’ancien collège (comme MM. Piolé, Gruau, Gassau, Bouis ou Marand) alors que d’autres sont arrivés pendant la guerre et n’ont connu que les locaux de la rue Franciade (comme MM. Perron, Huet et Gorse). À leur tête, le proviseur Bonnet, successeur de M. Chardon, assure la direction de l’établissement[51].

Dans leur nouvel environnement, élèves, surveillants et membres du corps enseignant doivent modifier leurs vieilles habitudes. À l’internat, le vaste dortoir d’avant-guerre est ainsi remplacé par des chambres de 5 à 6 lits situées dans les mansardes de la villa Lunier[53]. Dans le même temps, les randonnées hebdomadaires des pensionnaires sont supprimées au profit de simples promenades dans le parc de l’établissement. Faute de moyens, les surveillants aménagent eux-mêmes un terrain de basket-ball sur le domaine tandis que les professeurs de sciences naturelles s’occupent des rosiers qui ornent les jardins[54].

Agrandissements et aménagements

En 1946, le jeune lycée Augustin-Thierry possède des infrastructures de qualité médiocre. Son réfectoire délabré est ainsi infesté par les rongeurs, qui pillent allègrement le garde-manger du bâtiment. De leur côté, les douches de l'internat, situées loin des chambres, dans un bâtiment vétuste accolé aux cuisines, ne brillent par leur hygiène[53].

Pour résoudre ces difficultés, le lycée s'agrandit, dans les années 1940, d'un nouveau réfectoire qui s'adosse aux anciennes cuisines. Reliant les deux corps du bâtiment originel, il s'ouvre, vers le sud, sur une large verrière[55]. Puis, c’est au tour des édifices scolaires d’être réaménagés. Le bâtiment Tilleul est ainsi agrandi pour accueillir, quelques mois de l’année, l’École d’Agriculture d’Hiver. Surtout, en 1954, est inauguré le Bâtiment Neuf (B.N.), devenu B.O. puis bâtiment J. Doté d’une quinzaine de salles de classe spacieuses et bien chauffées ainsi que d’une salle d’étude transformable en salle de théâtre ou de cinéma, ce nouvel édifice possède la même capacité que les deux ailes du bâtiment originel[56].

Projets culturels

Des « classes nouvelles » aux « classes à horaires aménagées »

À la Libération, le Gouvernement provisoire de la République française initie une réforme de l'Éducation nationale avec le Plan Langevin-Wallon. En mai 1945, il met en place les « classes nouvelles », des sections expérimentales qui visent à donner aux élèves les moyens d'épanouir leurs capacités intellectuelles, artistiques, manuelles, sensorielles et physiques. Expérimenté par une trentaine d'établissements volontaires, ce projet se développe au lycée Augustin-Thierry dès sa création[57]. Jusqu'en 1952, l'accent est ainsi mis sur la polyvalence des enseignants, le travail interdisciplinaire et les études de terrain. À chaque rentrée, professeurs et élèves se mettent d'accord sur un sujet d'étude appelé « centre d'intérêt » qui les conduit ensuite à analyser en détail une thématique. Dans ce cadre, une classe choisit ainsi de réaliser un Grand Livre de la laine, ce qui l'amène à visiter et à étudier des élevages ovins, des filatures, des teintureries industrielles et des usines textiles. Un autre groupe d'élèves choisit quant à lui d'étudier les dinosaures et réalise, pour l'occasion, une reproduction grandeur nature et en plâtre d'un squelette observé au Muséum national d'histoire naturelle de Paris[58].

Abolies par le gouvernement faute de pouvoir être généralisées, les « classes nouvelles » sont recréées en 1958 sous le nom de « classes pilotes ». Elles aussi réservées à un petit nombre d'établissements, ces structures, moins originales que leurs grandes sœurs, sont fermées en 1963 en dépit de leur succès. Elles réapparaissent une dernière fois au milieu des années 1970 sous le nom de « classes à horaires aménagés » mais sont définitivement abandonnées après cinq ans d'existence. À chaque fois, l'équipe éducative d'Augustin-Thierry participe à ces expérimentations et le lycée est l'un des rares établissements scolaires à participer à ces trois formes de « classe pilote »[59].

Affiche de la comédie musicale Augustin Thierry fait son cinéma. Dessin de J. Marmande, 1995.

Théâtre et autres activités culturelles

De la Libération aux années 1980, professeurs et élèves du lycée Augustin-Thierry montent, chaque année, une pièce de théâtre (Topaze, L'Importance d'être Constant, La Guerre de Troie n'aura pas lieu, etc.) qui est jouée à la fois au sein de l'établissement et au grand théâtre de la ville. Le lycée étant réservé aux garçons jusqu'aux années 1960, les premières pièces sont réalisées en collaboration avec l'École Normale de Jeunes filles, ce qui n'est pas sans provoquer quelques chocs culturels. À l'occasion de ces événements, certains jeunes se transforment en comédiens ou en musiciens, tandis que d'autres se lancent dans la fabrication de décors et de costumes[60].

D'autres activités culturelles, largement tournées vers Blois et sa population, sont organisées en parallèle par des enseignants du lycée. Le professeur Pigache organise ainsi un ciné-club, dont les projections ont lieu régulièrement au sein de l'établissement. Les Martin-Demézil créent quant à eux Les Amis de la Musique, une sorte d'école de musique ouverte à tous. Enfin, le professeur Piolé gère l'association France-Grande-Bretagne, qui organise des conférences en lien avec l'échange qu'il a mis en place avec Lewes[61].

Ouverture internationale

Jumelage avec le Royaume-Uni

En 1946, le professeur d’anglais du lycée, Robert Piolé, cherche à nouer un partenariat avec un établissement britannique. Ayant lui-même été lecteur à Hastings dans les années 1920, il contacte la Grammar school (devenue ensuite Priory School) de Lewes, dans le Sussex. Là, Mr Donald Auld, un enseignant anglais ayant fait ses études à la Sorbonne et épousé une Française, accepte sa proposition et l’aide à mettre en place le jumelage[62],[63].

L'appariement s’organise ensuite en deux temps : les élèves britanniques arrivent à Blois au moment des vacances de Pâques tandis que leurs correspondants français partent à Lewes en juillet. Afin d’organiser le séjour des jeunes Anglais, qui s’étend sur deux puis, bientôt, trois semaines, les proviseurs successifs d’Augustin-Thierry (MM. Broussaudier, Tison et Ribert) organisent les réceptions, les visites et les excursions qui ponctuent la « quinzaine franco-britannique ». Un grand bal est ainsi organisé dans la salle Gaston d’Orléans du château, qui réunit les notables de la ville, le préfet du Loir-et-Cher et même, parfois, les édiles de Lewes. Une représentation est par ailleurs donnée au théâtre municipal par les élèves du lycée[64].

Jumelage avec l'Allemagne

Quelques années après l’initiative de M. Piolé, un autre partenariat voit le jour grâce au premier assistant allemand du lycée, Manfred Kirchgässner (1922-1995). Ancien soldat de la Wehrmacht fait prisonnier de guerre en Union soviétique, M. Kirchgässner arrive au lycée Augustin-Thierry en 1952. Ayant sympathisé avec le professeur Jean Lescaux, il organise avec lui un appariement après sa nomination comme enseignant au Hochrhein Gymnasium de Waldshut, en 1958[65].

À la suite de cet échange se mettent en place d’autres partenariats entre Blois et Waldshut. Dans un premier temps, le jumelage concerne seulement les anciens combattants et prisonniers de guerre des deux villes. Mais, à partir de 1963, l’accord s’étend aux deux communes, qui se jumellent par la même occasion à Lewes[63],[65].

Le rôle des assistants

Au fil des années, d'autres assistants, venus du monde entier (Allemagne et Autriche ; Commonwealth et États-Unis ; Espagne et Amérique latine ; monde arabe), viennent travailler dans la cité scolaire. Pendant longtemps, ils reçoivent le gîte et le couvert dans l'établissement (d'abord au bâtiment Tilleul puis au niveau de l'infirmerie), mais l'habitude se perd dans les années 1990. Comme Manfred Kirchgässner, nombre de ces jeunes étrangers impriment leur marque à Augustin-Thierry : David Preston s'investit ainsi dans les activités théâtrales tandis que Tim Gribbs participe activement au ciné-club et qu'Eric Haven introduit le cricket dans l'établissement. Surtout, M. Blackmore parvient, par son travail de recherches, à faire inscrire le Lazaret et la villa Lunier à l'Inventaire[66].

La cité scolaire Augustin-Thierry

La lente mise en place de la cité scolaire

Création du Collège d'Enseignement Secondaire

En 1959, le gouvernement du général de Gaulle transforme en profondeur l'Éducation nationale avec la réforme Berthouin. L'obligation scolaire passe de 14 à 16 ans, l'enseignement primaire supérieur est dissous et l'examen d'entrée en classe de Sixième est définitivement supprimé. Dans l'établissement, un « cycle d'observation scolaire » est alors mis en place pour les élèves de Sixième et de Cinquième. En outre, en 1963, une nouvelle réforme donne naissance au « Collège d'enseignement général » (CEG) ou « Collège d'enseignement secondaire » (CES) et, à Blois, le CEG est directement intégré au lycée Augustin-Thierry, ce qui transforme, de facto, celui-ci en cité scolaire. Finalement, en 1975, la loi Haby crée le « collège unique », qui achève le processus de démocratisation de l'enseignement[67].

En quelques années, les effectifs de l'établissement explosent et des baraquements en bois doivent être installés en urgence dans le parc pour accueillir les nouvelles recrues. Surtout, un manque de professeurs ne tarde pas à se faire sentir. Pour mettre fin à la pénurie d'enseignants, l'État recrute donc, dans la précipitation, un grand nombre d'instituteurs et d'étudiants licenciés ou non qui reçoivent le nom de « professeurs d'enseignement général de collège » (PEGC). Assez mal considérés par leurs collègues, ces nouveaux professeurs se voient attribuer un statut hybride : ils doivent dispenser 24 heures de cours hebdomadaires (contre 18 pour les certifiés et 15 pour les agrégés), sont moins bien rémunérés et doivent généralement encadrer les classes les plus difficiles. Parmi ces nouveaux enseignants, un grand nom se joint à Augustin-Thierry : celui du poète André Duclos (1932)[68].

Ouverture de la Section technique

Avant la Deuxième Guerre mondiale, les autorités du collège avaient cherché à adjoindre à l'établissement une section technique conduisant au Certificat d'aptitude professionnelle (CAP) mais l'idée avait échoué, en partie à cause de l'opposition du Rectorat. La Libération et les réformes éducatives du Gouvernement provisoire ramènent le projet à la vie. L'ouverture des « classes nouvelles » permet en effet de créer une option technique au lycée. Malgré l'opposition de l'Inspection académique, qui refuse de mélanger travaux manuels et intellectuels, le Conseil général de Loir-et-Cher octroie à la cité scolaire plusieurs millions de francs qui lui permettent de construire deux ateliers (l'un pour le travail du bois et l'autre pour celui du fer). À partir de la Quatrième, les élèves peuvent ainsi suivre des cours de dessin industriel, de technologie ou de mathématiques appliquées[69].

Mu par ce premier succès, M. Maj, le professeur de dessin industriel, organise avec ses élèves des voyages à travers l'Europe dans le but d'y étudier les techniques de production en vigueur à l'étranger. Avec sa classe, il part, chaque mois de juillet, découvrir les aciéries suédoises, le laminage et le tréfilage de la Ruhr, l'industrie des métaux ferreux italienne, etc[70].

Après plusieurs années d'existence semi-clandestine et l'obtention, par une poignée d'élèves, du baccalauréat mathématiques et techniques (futur bac E), l'Éducation nationale finit par donner son aval à la création d'une section technique à Augustin-Thierry. En 1963, le proviseur reçoit ainsi un courrier qui lui apprend « qu'à titre exceptionnel, et vu la structure du site [de l'établissement], les sections d'enseignement technique court et long en projet de création à Blois seront intégrées au lycée ». Une section professionnelle est alors bâtie entre les rues des Flandres et Honoré-de-Balzac, sur les 4 hectares de l'ancienne ferme départementale : elle abrite aujourd'hui les ateliers du bâtiment Vinci. Inaugurée en 1964, cette section professionnelle accueille à l'origine 80 élèves et prépare d'abord au CAP et au bac E[71].

Agrandissements des locaux

Avec la démocratisation de l'enseignement et l'arrivée massive de nouveaux élèves, l'établissement doit se doter de bâtiments supplémentaires. L'année 1962 voit ainsi l'apparition des premiers édifices parallélépipédiques dans le parc de la cité scolaire. Un nouvel internat, situé en face du stade des lions, le long de la voie ferrée, est alors construit et prend le nom de « bâtiment N ». Vers 1964, cet internat est toutefois déménagé dans un autre édifice, situé le long de la rue Honoré-de-Balzac, et appelé « bâtiment Michelet ». Dans le même temps, de nouvelles cuisines et un nouveau réfectoire doté d'une capacité de 1 000 places sont installés à proximité du bâtiment des pensionnaires[72].

Surtout, deux grands édifices sont construits parallèlement à l'avenue Châteaudun pour accueillir de nouvelles classes : les actuels bâtiments Descartes et Curie. Forts de 4 étages qui s'organisent tous autour d'un long couloir central, ces édifices abritent chacun une soixantaine de salles de facture moderne. Leur conception est cependant rapidement critiquée dans la mesure où aucun d'eux n'est doté d'ascenseur, ce qui limite l'accès des personnes à mobilité réduite à l'établissement. L'isolation phonique et thermique des deux bâtiments est en outre réduite alors que le chauffage central reste longtemps défectueux. Enfin, le nombre limité d'ouvertures (3 escaliers d'accès et deux portes donnant vers l'extérieur au rez-de-chaussée) réduit considérablement la fluidité des déplacements, ce qui ne manque pas de donner lieu à des bousculades au moment des inter-classe[72].

Les transformations des années 1960-1970

Une politisation grandissante

Après la Deuxième Guerre mondiale, la population scolaire de l'établissement se politise progressivement. En 1959, le lycée Augustin-Thierry connaît ainsi ses premiers soubresauts, à l'occasion de la tentative du gouvernement de permettre le financement de l'enseignement privé sous contrat par l'État (loi Debré). Par la suite, d'autres grandes causes mobilisent élèves et enseignants : d'abord la guerre d'Algérie (1954-1962), qui provoque quelques conflits dans l'enceinte scolaire, puis la guerre du Vietnam (1964-1975), plus lointaine[73].

Ce sont cependant les événements de mai 1968 qui secouent le plus la cité scolaire. Le 16 mai, une grève éclate dans l'établissement, à laquelle ne tardent pas à se joindre les jeunes filles du lycée Dessaignes, situé non loin d'Augustin-Thierry. À vrai dire, l'action ne donne lieu à aucun débordement, tant la direction de la cité scolaire est appréciée des usagers. Mais elle aboutit à une multitude de réunions, qui rassemblent adolescents et adultes avant d'être peu à peu désertées par les élèves. Côté professeurs, on s'interroge ainsi sur le rôle de formateur-sélecteur que la société a confié aux enseignants et qui choque les esprits les plus avancés[73].

L'après mai 1968

Les événements de mai 1968 amènent une transformation profonde du mode de fonctionnement des établissements scolaires. Sous l'impulsion du ministre de l'Éducation nationale Edgar Faure, parents et adolescents prennent une place plus importante au sein des écoles. Ils sont ainsi davantage écoutés grâce à l'élection de délégués de classe et de représentants des familles qui siègent dans les différents conseils des établissements. Ils voient par ailleurs leurs liens avec l'école facilités par la mise en place des carnets de correspondance[74].

Le système d'évaluation des élèves évolue lui-aussi. Pour ne pas décourager les apprenants, certains enseignants choisissent d'abandonner la notation de 0 à 20 et la remplacent par une notation allant de A à E ou de A à R. D'autres décident même d'abandonner toute notation au profit de simples appréciations, jugées moins agressives que les notes. Cependant, ces évolutions sont loin de faire l'unanimité et on revient peu à peu à une notation plus traditionnelle. Le classement des élèves est par contre totalement abandonné[74] et, avec lui, les traditionnelles remises de prix, qui avaient, jusque-là, lieu, chaque année, dans la salle des États généraux du château de Blois[55].

Dans le même temps, une plus grande permissivité s'instaure dans les comportements et les tenues vestimentaires. Les grilles de l'établissement s'ouvrent, ce qui donne lieu à des allées et venues incessantes, et la cigarette fait son entrée officielle dans l'enceinte scolaire[N 7]. Les tenues se font moins soignées mais aussi plus diverses : nombre de garçons arborent désormais les cheveux longs tandis que les filles, qui ont fait leur entrée à Augustin-Thierry au début des années 1960, gagnent progressivement le droit de porter jeans et pantalons[75].

Mixité, égalité, sexualité

Longtemps établissement exclusivement masculin, la cité scolaire Augustin-Thierry ouvre ses portes aux jeunes filles en 1963. Cependant, la féminisation ne se fait qu’à partir des petites classes et il faut attendre plusieurs années pour que tous les niveaux et toutes les sections du collège et du lycée connaissent une véritable mixité. Surtout, la réforme se fait en catimini, sans que rien ne soit d’abord prévu, dans les infrastructures, pour accueillir les nouvelles arrivantes. De fait, dans un premier temps, celles-ci ne bénéficient ni de toilettes ni de vestiaires spécifiques, ce qui n’est pas sans poser quelques difficultés[76].

Dans ce contexte d’ouverture et de libéralisation des mœurs (accentuée par le vote de la loi Neuwirth en 1967 et de la loi Veil en 1975), la nécessité de faire de l’éducation sexuelle dans l’établissement s’accentue. Après 1968, le Foyer socio-éducatif et les infirmières organisent ainsi des séances d’information sexuelle où interviennent conjointement des membres du Planning familial (d’inspiration féministe) et du Centre d’Information conjugale (d’obédience catholique). Dès le départ, ces réunions sont ouvertes aux élèves du lycée Dessaignes, encore majoritairement féminin[77].

Une nouvelle façon d'enseigner

La salle de lecture du CDI du lycée en 2013.

Des enseignants face à la « révolution technologique »

Au fil des années, de nouveaux outils font leur apparition dans l’enseignement. Laboratoire de langues, diapositives, magnétophones et même télévision, magnétoscopes et micro-ordinateurs font ainsi irruption dans le quotidien d’enseignants qui se sentent parfois dépassés face à toutes ces innovations. Bon an, mal an, cette « révolution technologique » aboutit toutefois à un lent renouvellement de la pédagogie dans la plupart des disciplines[78].

Un autre outil, plus consensuel celui-là, fait son apparition à Augustin-Thierry en 1974 : le Centre de documentation et d’information (CDI). Situé au rez-de-chaussée du bâtiment Descartes[78], celui-ci succède aux bibliothèques disciplinaires gérées par certains professeurs (comme la bibliothèque d’anglais montée par les professeurs Mayault et Billeau au lendemain de la guerre)[55].

Du « tout littéraire » au « tout scientifique » ?

Alors que les humanités (lettres, langues et histoire) ont longtemps dominé l’enseignement, à Augustin-Thierry comme ailleurs en France, la réforme Haby de 1975 diminue leur importance pour laisser davantage de place aux mathématiques et aux sciences dans le cursus des élèves. Chez certains professeurs, cette évolution, pourtant liée aux transformations de la société, est vécue comme un signe de mépris pour les sciences humaines, d’autant que le proviseur de l’époque, M. Morbois, fait preuve de beaucoup de zèle dans son application. Toujours est-il qu’avec la mise en avant de la série scientifique (préparant aux bacs C, D et E puis simplement S), les bacs blancs font leur retour dans l’établissement et, avec eux, le bachotage tant vilipendé pendant mai 1968[79].

Parallèlement à ces évolutions, une section bilingue franco-allemande est créée à Augustin-Thierry au milieu des années 1970. Nombre d’élèves de la cité scolaire provenant de l’actuelle école élémentaire Raphaël-Périé (liée à l’École normale puis à l’IUFM de Blois) où des cours d’allemand sont dispensés aux enfants, il est décidé de les regrouper dans une section particulière pour assurer une continuité dans leur éducation. Fortement réputée, la section bilingue d'Augustin-Thierry ouvre bientôt ses portes aux bons élèves du reste de l’établissement. Ainsi transformée en section élitiste, elle est finalement dissoute après quelques années d’existence[80].

L'âge d'or de la section professionnelle

Les premiers professeurs de la section professionnelle proviennent majoritairement du monde de l’industrie, mais les choses changent progressivement à partir de 1975 et de la mise en place du concours du CAPET. Encadrés par un chef de travaux (le premier étant M. Pesson), les enseignants de la section assurent longtemps 32 à 36 heures de cours hebdomadaires mais, grâce à la réforme de 1973, leur temps de travail dans l’établissement est réduit à 21 heures afin de les mettre sur un pied d’égalité avec les professeurs de la voie générale[81].

Fortement attractive, la filière professionnelle d’Augustin-Thierry accueille près de 900 élèves au milieu des années 1980 alors qu’elle en recevait dix fois moins à sa création. Surtout, elle s’ouvre, dès 1974, à l’enseignement supérieur avec la création d’un BTS Automatisme et, en 1982, d’un BTS Maintenance. L’établissement noue alors plusieurs partenariats avec le monde de l’entreprise (UAP, EDF)[82].

Entre relatif déclin et renouveau

Couverture du livret de rentrée 1996-1997. Dessin de J. Marmande (1996).

Des élèves devenus célèbres

Comme avant guerre, la cité scolaire Augustin-Thierry continue à former des élèves qui se font, par la suite, un nom dans la société française. Dans les années 1960, le lycée accueille ainsi Bernard Boucault, qui devient ensuite haut fonctionnaire et préfet de police de la ville de Paris[83]. Vers la même époque, le collège reçoit quant à lui le futur auteur de littérature de jeunesse Philippe Barbeau, qui ne se fait pas remarquer pour ses bons résultats, si l'on en croit ses propres déclarations[84].

Dans les années 1970, un autre grand nom se joint à l'établissement : le futur compositeur Cyril Morin, qui se fait notamment connaître par son travail sur la musique de la série à succès Borgia[85].

Finalement, les années 1980 voient la future championne du monde de natation et médaillée d'argent aux Jeux olympiques de Sydney Roxana Maracineanu effectuer ses deux premières années de collège à Augustin-Thierry[86].

Le tournant des années 1990

La cité scolaire Augustin-Thierry atteint son apogée à la fin des années 1980, moment où elle accueille près de 2 500 élèves et étudiants. À l’époque, l’établissement maintient encore sa vieille tradition théâtrale, à travers la mise en place de comédies musicales, dirigées par Marc Jollet et une poignée d’autres professeurs volontaires (Pierre Rebours, Lucette Cathenod, Laurence Fameau, etc.). Chaque année, de nombreux voyages scolaires sont par ailleurs réalisés à travers l’Europe et, à partir de 1988, un partenariat est même lié entre Augustin-Thierry et le lycée de Thames, en Nouvelle-Zélande, grâce au don posthume d’un riche mécène, Mr R. Nutter.

Les choses se compliquent après l’ouverture du lycée François-Villon, à Beaugency, en 1993 et surtout du lycée Camille-Claudel, à Blois, en 1990. Les effectifs d’Augustin-Thierry sont alors considérablement réduits par la nouvelle carte scolaire tandis que la section professionnelle perd une partie de son attrait avec la tertiarisation croissante de la société. Dans le même temps, certains des projets qui faisaient la renommée d’Augustin-Thierry, comme la comédie musicale, sont progressivement abandonnés, faute de relève, du côté enseignant, et de motivation, côté élèves.

Évolution des effectifs de la cité scolaire (rentrées 1977-1978 à 1992-1993)
La courbe rouge représente les effectifs de la cité scolaire ; la courbe bleu, l'enseignement général ; la courbe verte, l'enseignement technologique ;
la courbe jaune, la section professionnelle ; la courbe violette, les BTS. Source : livret du lycée 1993-1994, p. 14.

L'établissement aujourd'hui

Un certain renouveau se fait cependant jour. Au fil des années, de nouvelles options sont ouvertes dans l’établissement : arabe (vers 1985), sections européennes (allemand en 1997, anglais en 1998 et espagnol en 2005), sciences de l'ingénieur, cinéma audiovisuel (2002), etc. Une section binationale franco-espagnole (« Bachibac ») est ouverte dans l'établissement à la rentrée 2013[87]. Parallèlement, de nouvelles activités artistiques et culturelles se développent dans la cité scolaire : « récréations musicales » en décembre, initiation aux arts du cirque[88],[89] et atelier d'apiculture[90] au collège, retour du théâtre en seconde, participation au jury du prix Emmanuel-Roblès avec le CDI, diffusion de films via « Culture Lycée », etc.

Enfin, de nouveaux partenariats sont noués avec des établissements étrangers : l’Heerenlanden college de Leerdam, aux Pays-Bas, le Cardinal Newman College de Preston, au Royaume-Uni (en 2002)[91], le Corvey Gymnasium de Hambourg, en Allemagne[92], l'I.E.S. Zaidín-Vergeles de Grenade, en Espagne (en 2012)[93] et la Suwon Academy of World Languages de Suwon, en Corée du Sud (en 2011)[94].

Photo de l'écrivain Philippe Barbeau par Nicole Dufour (2013).

Évocations de l'établissement dans la littérature

Plusieurs auteurs ont évoqué le collège et le lycée Augustin-Thierry dans leurs ouvrages.

C'est le cas de l'historien Augustin Thierry lui-même qui raconte, dans sa « Préface » des Récits des temps mérovingiens (1840), comment il dévora, dans les locaux du Bourg-Moyen, Les Martyrs de Chateaubriand en 1810. La lecture de cette œuvre le marqua tellement qu'il ne put s'empêcher d'en déclamer les lignes (« Pharamond ! Pharamond ! Nous avons combattu avec l'épée ! ») dans la salle capitulaire de l'école. Par la suite, l'ouvrage de Chateaubriand n'eut de cesse d'inspirer l'historien, qui fut profondément influencé par le courant romantique[95].

L'ancien collège apparaît également dans l'œuvre de l'écrivain régionaliste Hubert-Fillay. Ce dernier décrit avec nostalgie son adolescence au collège dans Jeunesse !… Souvenirs blésois (1934)[96]. L'auteur décrit par ailleurs, dans La Grand'pitié de la ville de Blois (1940), le destruction de l'établissement et les ruines qui lui succédèrent[97].

Enfin, l'auteur de littérature jeunesse Philippe Barbeau évoque à plusieurs reprises le lycée Augustin-Thierry et les professeurs (comme MM. Duclos, Dimanche[N 8] ou Carbonnel) qui l'ont marqué durant son adolescence, dans les années 1960. C'est particulièrement le cas dans son roman autobiographique Je lui ai promis (La Promesse) de 2013[98] et dans le souvenir « De voix en aiguille » paru dans le recueil Un Amour d'enfance en 2007[99].

Association Amicale des Anciens Élèves du Collège et du Lycée Augustin-Thierry

L'Association Amicale des Anciens Élèves du Collège et du Lycée Augustin-Thierry est l'une des plus anciennes de France : elle existe depuis 1872 et précède, de quelques mois, le renommage du collège de Blois en collège Augustin-Thierry[100]. La première assemblée générale de l'Association se déroule le  : elle adopte alors ses statuts et nomme présidents honoraires le sénateur Amédée Thierry et le général Juste Frédéric Riffault. Deux jours plus tard, l'Association se réunit à nouveau et élit pour président Louis de La Saussaye[101].

Depuis cette date, l'Association se donne pour mission de favoriser le rayonnement de la cité scolaire et de marquer sa solidarité morale, voire financière, avec les élèves de l'établissement[102].

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Histoire de l'établissement

Ouvrages anciens

  • Alfred de Martonne, Les grandes Écoles et le collège de Blois, Blois, Archives municipales de Blois, , 72 p.
  • R. Porcher, Histoire ď'un centenaire ou Notice biographique sur Jean Boutault, sous-doyen du chapitre de Blois, 1738-1836, Paris, A. Picard, , 140 p.
  • Président Rolland, « Compte rendu aux chambres assemblées, concernant le Collège que les Jésuites occupoient à Blois » dans Recueil de plusieurs des ouvrages de monsieur le président Rolland, imprimerie P. G. Simon & N. H. Nyon, Paris, 1783, p. 424-428 (Lire en ligne)

Ouvrages modernes

  • Annie Cosperec, « L'Actuel Lycée Augustin-Thierry : le prieuré et la villa Saint-Lazare, l'hospice Lunier », Mélanges offerts à Claude Leymarios, C.D.P.A. 41,‎ , p. 71-77
  • Jean-Yves Denis et alii, Le Collège - Le Lycée Augustin-Thierry : Grande et petite histoire, Blois, Association des Anciens Élèves du Collège et du Lycée Augustin-Thierry, , 110 p. (ASIN B007JKQO86) Document utilisé pour la rédaction de l’article

Autres documents en lien avec l'histoire de l'établissement

  • Chanoine Jules Gallerand, « Le jansénisme en Blésois. Le conflit entre le P. de Brisacier et Jean Callaghan (1651-1653) », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 55, no 154,‎ , p. 29-47 (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Collectif, « Philippe Barbeau », Griffon, no 194,‎

Histoire et dictionnaire de Blois

  • Annie Cosperec, Blois, la forme d'une ville, L'Inventaire-Cahiers du patrimoine / Imprimerie nationale, (ISBN 2110813229) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Yves Denis, Histoire de Blois et de sa région, Privat, (ASIN B007X19URS) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Pascal Nourrisson, Blois : Le dictionnaire des noms de rues, C.L.D. éditions, (ISBN 2854434331)

Articles connexes

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Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Acheté au sieur de Pré, un huguenot ennemi des Jésuites, le terrain est situé au pied du coteau de Bretonnerie, le long de l'Arrou, dans un espace aujourd'hui circonscrit entre le square Victor-Hugo et les rues du Pont-du-Gast, Gallois et Monsabré (Cosperec 1994, p. 238).
  2. Au milieu du XVIIIe siècle, les revenus du collège sont en effet loin d'être négligeables. Ils se composent comme suit :
    • Une rente de 1 500 livres accordée par Henri III, au lieu de six sols par minot sur le sel ;
    • Une prébende préceptoriale héritée de l'ordonnance d'Orléans de 1560 ;
    • Une rente de 1 200 livres accordée par Louis XIV sur les deniers de la subvention ;
    • Une rente de 300 livres assignées, depuis 1684, sur le Trésor royal au lieu de 70 rottées de bois précédemment accordées ;
    • Une rente de 175 livres assignée sur les Aydes et gabelles depuis 1721 et à laquelle s'ajoute une autre rente de 7 000 livres tirée des mêmes impôts et destinée au principal du collège ;
    • Une rente de 80 livres 16 sols sur les tailles complétée par une rente de 4 040 livres en faveur du principal.
    • D'autres petites rentes, dont la principale atteint 300 livres, pour un capital de 6 000 tiré de la communauté des marchands merciers, grossiers, quincaillers, ferroniers, épiciers, droguistes toiliers et lingers de la ville de Blois.
    Les jésuites perçoivent également des revenus à Cellettes et à Dhuizon. Ils possèdent encore le lieu-dit de la Pinsonnière, qu'ils ont acheté pour 2 000 livres en 1663, ainsi que l'étang de Pigelée, que leur a offert la ville (Denis et alii 1986, p. 16).
  3. Plus précisément, ils sont 4 en seconde, 6 en troisième et 16 en quatrième et en cinquième (Denis et alii 1986, p. 17).
  4. Pour limiter cette hémorragie, le futur maire de Blois Jules Guéritte fait voter, en 1885, le vœu d'interdire l'entrée au conseil municipal aux anciens élèves des écoles privées (Denis et alii 1986, p. 29 et Denis 1988, p. 263).
  5. Parmi ces nouvelles recrues, on peut citer le cas du jeune Pierre Gripari, futur auteur des Contes de la rue Broca, qui effectue sa rentrée de Seconde au collège Augustin-Thierry. Voir Anne Martin-Conrad, Pierre Gripari, L'Âge d'Homme, Lausanne, 2001 (ISBN 2825114278), p. 14 et 94.
  6. Pour plus d'information concernant le professeur Jahan voir Claudine Cardon-Hamet, « Yves Jahan » sur le site Déportés politiques à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942.
  7. Il faut attendre la loi Évin de 1991 pour que le tabac soit à nouveau banni de la cité scolaire.
  8. Peintre amateur, Pierre Dimanche a laissé plusieurs œuvres, dont certaines sont aujourd'hui exposées à l'hôtel de France et de Guise, situé à Blois. Voir « Entrez dans nos hôtels, de l'art vous y attend » dans La Nouvelle République du 05/11/2012.

Références

  1. Béatrice Bossard, « Un nouveau proviseur pour Augustin-Thierry », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne)
  2. a b c d et e Denis et alii 1986, p. 11
  3. a b c et d Denis et alii 1986, p. 12
  4. Denis 1988, p. 101-107
  5. Denis et alii 1986, p. 12-13
  6. a et b Denis et alii 1986, p. 13
  7. a et b Denis et alii 1986, p. 14
  8. Chanoine Jules Gallerand, « Le jansénisme en Blésois. Le conflit entre le P. de Brisacier et Jean Callaghan (1651-1653) », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 55, no 154,‎ , p. 29-47 (lire en ligne)
  9. a et b Denis et alii 1986, p. 14-15
  10. Céline Dupré, « CAVELIER DE LA SALLE, RENÉ-ROBERT », Dictionnaire biographique du Canada, University of Toronto / Université Laval,‎ (lire en ligne)
  11. Léon Pouliot, « LALEMANT, JÉRÔME », Dictionnaire biographique du Canada, University of Toronto / Université Laval,‎ (lire en ligne)
  12. André Côté, « LA BRETONNIÈRE, JACQUES-QUINTIN DE », Dictionnaire biographique du Canada, University of Toronto / Université Laval,‎ (lire en ligne)
  13. Collectif, Biographie universelle, ancienne et moderne, vol. 39, Paris, L.G. Michaud, (lire en ligne), p. 528-530
  14. Julie Ladant, Le fermier général Claude Dupin (1686-1769), École nationale des Chartes, (lire en ligne)
  15. Rochambeau, Mémoires militaires, historiques et politiques, t. 1, Paris, Fain, (lire en ligne), p. 1-2
  16. a b et c Denis et alii 1986, p. 15
  17. Cosperec 1994, p. 238-239
  18. Cosperec 1994, p. 238
  19. William V. Bangert: A history of the Society of Jesus, Institute of Jesuit Sources, St Louis (USA), 1972, p.378.
  20. a et b Denis et alii 1986, p. 16-17
  21. Denis 1988, p. 156
  22. Denis et alii 1986, p. 16
  23. a b et c Denis et alii 1986, p. 17
  24. Denis et alii 1986, p. 17-18
  25. a b c d et e Denis et alii 1986, p. 18
  26. Félix Aubert, « Notice bibliographique », Bibliothèque de l'École des Chartes, vol. 51, no 51,‎ , p. 680 (lire en ligne)
  27. Denis et alii 1986, p. 18-19
  28. Denis et alii 1986, p. 19-20
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  31. a b c et d Denis et alii 1986, p. 26
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  33. Denis et alii 1986, p. 29
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  48. a b et c Denis et alii 1986, p. 68-69
  49. Denis et alii 1986, p. 68
  50. Fiche biographique d'Hubert Jarry sur le site du Musée de la Résistance, de la Déportation et de la Libération
  51. a et b Denis et alii 1986, p. 79-80
  52. a b c et d Notice no IA41000031, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  53. a b et c Denis et alii 1986, p. 79
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  63. a et b Bernard Collonniers, « Présentation », sur Association du jumelage Blois - Lewes - Waldshut Tiengen (consulté le )
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  83. Jean-François Minot, « Le préfet de police de Paris a grandi entre Blois et Sologne », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne)
  84. Site personnel de l'écrivain
  85. H. B., « De la salle Dupré à Los Angeles », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne)
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  87. Anne Richoux, « Bachibac ou comment avoir deux bacs en un », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne)
  88. « Le spectacle de cirque a été apprécié », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne)
  89. « Noël pour les enfants hospitalisés », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne)
  90. « Première récolte de miel au collège », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne)
  91. « Jeunes Anglais et Allemands au lycée Augustin-Thierry », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne)
  92. « Austausch Blois 2012 » sur le site du Corvey Gymnasium.
  93. « Élèves espagnols au lycée Augustin-Thierry », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne)
  94. « Les lycéens en direct de la télé coréenne... », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne)
  95. Augustin Thierry, « Préface » dans Récits des temps mérovingiens, Tessier, 1840, p. 21-24 (Lire en ligne)
  96. Hubert-Fillay, Jeunesse !… Souvenirs blésois, Éditions du Jardin de la France, 1934 (ASIN B00183TJBE)
  97. Hubert-Fillay, La Grand'pitié de la ville de Blois, Éditions du Jardin de la France, 1940 (OCLC 493791568)
  98. Philippe Barbeau, Je lui ai promis, Oskar, 2013 (ISBN 979-1021400948)
  99. Philippe Barbeau, « De voix en aiguille » dans Un Amour d'enfance, Bayard, 2007 (ISBN 978-2-7470-2438-9)
  100. Denis et alii 1986, p. 36
  101. Denis et alii 1986, p. 37
  102. Association Amicale des Anciens Élèves du Collège et du Lycée Augustin-Thierry, « Informations diverses », sur http://lyceeaugustinthierr.free.fr/, (consulté le )