Hippiatrie

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L'hippiatrie est la science relative à la santé du cheval, incluant la connaissance des maladies des équidés et les traitements à leur appliquer. Le terme d'« hippiatrie » est surtout réservé à la science antique et médiévale des soins aux chevaux, comportant entre autres des rituels, des saignées, des références à la théorie des humeurs et des formules magiques. Désormais, on parle de médecine équine.

Histoire

Le cheval est, incontestablement, l'animal sur lequel le plus grand nombre de traités de soin ont été écrits, ce qui s'explique aisément par son importance historique, tant militaire qu'utilitaire. Le savoir relatif au ferrage des chevaux, notamment, est en étroite relation avec l'hippiatrie[1].

Kikkuli

Le premier traité connu est celui du hittite Kikkuli, L'Art de soigner et d'entraîner les chevaux, et ces textes intègrent autant de connaissances médicales que relatives à l'équitation ou à l'hippologie.

Textes grecs

Les textes hippiatriques grecs conservés sont formés en grande partie à partir d’extraits, répartis par matières, d’œuvres aujourd’hui perdues. En d’autres termes, il s’agit d’une collection où l’on classe les différents textes de chaque auteur. Les auteurs de base étaient sept : Apsyrtos, Hiéroclès, Hippocrate [l'hippiatre], Pélagonius, Théomnestos, Eumèlos de Thèbes et Anatolios[2]. Situer la période d’activité des sept auteurs cités plus haut, qui sont à l’origine du Corpus hippiatricorum graecorum, semblait être un problème résolu depuis les travaux de G. Björck[3]. Néanmoins, on est revenus dernièrement sur la période d'activité d’Apsyrtos que G. Björck situait entre 150 et 250 ap. J.-C. La datation d'Apsyrtos est d’autant plus importante qu’elle constitue la pierre angulaire à partir de laquelle est établie celle de la plupart des autres hippiatres[4]. Ce n’est que l’identification d’un des correspondants d’Apsyrtos qui a incité à reconsidérer les propositions de G. Björck. En effet, Apsyrtos s’adresse dans une lettre à un certain Ursus. Or, cet Ursus est, selon toute vraisemblance, Flavius Ursus, consul prior en 338.

Les textes des auteurs-hippiatres circulaient au départ indépendamment jusqu’à ce qu’on en réunisse une partie dans une collection hippiatrique qu’on appelle le Corpus hippiatricorum graecorum. Ce rassemblement des textes a eu lieu à une date inconnue. La majorité de ces œuvres, mais aussi cette première opération de rassemblement, ne nous sont pas parvenues. Seules sont connues actuellement quatre recensions dérivées de cette collection hippiatrique primitive[2].

Moyen âge

À l'époque médiévale, le cheval est, avec le faucon, l'animal auquel est témoigné le plus d'attention, probablement en raison de son statut aristocratique[5]. L'hippiatrie médiévale est surtout connue par des indices indirects, les ossements de chevaux révélant peu de traitements par l'homme. Au contraire, les traités présentent des dessins d'outils vétérinaires servant, par exemple, à réaliser des saignées, et qui ont servi à identifier ces objets retrouvés par les archéologues[6]. Elle est très influencée par le savoir hérité des Grecs et des Arabes. En particulier, « l'hippiatrie arabe a toujours émerveillé les passionnés du cheval et les historiens de la médecine vétérinaire ». L’œuvre majeure en est « El Nâceri », datée de 1333[7].

Avant le XIIe siècle, l'hippiatrie fait beaucoup appel à des formules magiques et possède de nombreuses réminiscences païennes[8]. Une œuvre majeure du savoir hippiatrique médiévale est De medicina Equorum, rédigé par Jordanus Rufus[9] à la cour de Frédéric II et probablement vers 1250[10]. Il influence le savoir relatif aux chevaux durant des siècles[9] et inspire tous les traités postérieurs, comme ceux de Laurentius Rusius et de Guillaume de Villiers[8].

Notes et références

  1. Mousnier 2005, p. 13-14
  2. a et b S. Lazaris, Art et science vétérinaire à Byzance : formes et fonctions de l’image hippiatrique, Turnhout, 2010 (Bibliologia 29), p. 7-35
  3. G. Björck, Apsyrtus, Julius Africanus et l’hippiatrie grecque, Upsala – Leipzig, 1944 (Uppsala Universitets Årsskrift 4), p. 7-12
  4. S. Lazaris, « Essor de la production littéraire hippiatrique et développement de la cavalerie : contribution à l’histoire du cheval dans l’Antiquité tardive », dans Actes du colloque international sur la médecine vétérinaire dans l’Antiquité, Brest, 9-11 sept. 2004, éd. M.-Th. Cam, Rennes, 2007 (Histoire), p. 87-108
  5. Mousnier 2005, p. 11
  6. Mousnier 2005, p. 12
  7. Association d'histoire des sociétés rurales, Université de Caen. Centre de recherche d'histoire quantitative, Histoire & sociétés rurales, Volume 14, Numéros 27 à 28, 2007, p. 198
  8. a et b Mousnier 2005, p. 45
  9. a et b Rufus et Prévot 1991, p. présentation éditeur
  10. Mousnier 2005, p. 21

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Abū Bakr Ibn Badr al-Dīn al-Bayṭār et Nicolas Perron, Le Nâcérî: la perfection des deux arts, ou traité complet d'hippologie et d'hippiatrie arabes, Bouchard-Huzard, , 1037 p.
  • Yvonne Poulle-Drieux, L'hippiatrie dans l'occident latin: du XIIIe au XVe siècle, Droz, , 167 p.
  • H.-J. Sévilla, L'art vétérinaire antique: considérations sur l'hippiatrie grecque, École d'Alfort,
  • Anne-Marie Blondeau et Paul Pelliot, Matériaux pour l'étude de l'hippologie et de l'hippiatrie tibétaines à partir des manuscrits de Touen-houang, vol. 2 de Hautes études orientales, Librairie Droz, , 427 p. (ISBN 2600033025 et 9782600033022)
  • Francis Richard, Un traité persan d'hippiatrie portant la date de 555 H., Association pour l'avancement des études iraniennes, , 7 p.
  • Jordanus Rufus et Brigitte Prévot, La science du cheval au Moyen âge: le Traité d'hippiatrie, vol. 2 de Sapience, Paris, Klincksieck, , 304 p.
  • Mireille Mousnier, Les animaux malades en Europe occidentale (VIe-XIXe siècle): actes des XXVes Journées internationales d'histoire de l'abbaye de Flaran, 12, 13, 14 septembre 2003, vol. 25 de Flaran, Auch, Presses Univ. du Mirail, , 278 p. (ISBN 285816794X et 9782858167944)
  • Anne-Marie Doyen-Higuet, L'Épitomé de la Collection d'hippiatrie grecque: histoire du texte, édition critique, traduction et notes, vol. 54 de Publications de l'Institut orientaliste de Louvain, Université catholique de Louvain et Institut orientaliste, , 242 p. (ISBN 9042915773 et 9789042915770)
  • Stavros Lazaris, Art et science vétérinaire à Byzance : Formes et fonctions de l’image hippiatrique, Turnhout, Brepols, (ISBN 978-2-503-53446-6) [1]
  • Stavros Lazaris (dir.), Le cheval dans les sociétés antiques et médiévales. Actes des Journées internationales d'étude (Strasbourg, 6-7 novembre 2009), Turnhout, (ISBN 978-2-503-54440-3, lire en ligne)