Hermann Rauschning

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Hermann Rauschning
Biographie
Naissance
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 94 ans)
PortlandVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Hermann Adolf Reinhold RauschningVoir et modifier les données sur Wikidata
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Parti politique
Arme
Grade militaire
Conflit

Hermann Rauschning, né le à Thorn (aujourd'hui Toruń, en Pologne) et mort le à Portland, Oregon, est un essayiste et homme politique allemand, membre du Parti national-socialiste des travailleurs allemands de 1932 à 1934.

Président du sénat de la Ville libre de Dantzig, il démissionne en , devient un opposant au régime nazi et doit fuir l'Allemagne. Exilé en Suisse, en France, puis aux États-Unis, il écrit plusieurs ouvrages dans lesquels il dénonce la nature nihiliste du régime nazi. Il est surtout célèbre par son livre Hitler m'a dit (Paris, 1939), qu'il présente comme un recueil de confidences de Hitler, présentation qui est contestée depuis 1972.

Biographie[modifier | modifier le code]

Descendant d'une famille de propriétaires terriens de Prusse-Orientale, appartenant à l'aristocratie militaire des Junkers, il intègre le corps des Cadets prussiens. Il est blessé au cours de la Première Guerre mondiale. Riche propriétaire, agronome compétent, il devient président de l'Association des agriculteurs de la Ville libre de Dantzig. Le il est initié en franc-maçonnerie dans la loge Zum Tempel der Eintracht de Pozen[1]. Pensant que le national-socialisme était le seul moyen de sortir l'Allemagne de la situation qu'elle connaissait alors, il adhère au NSDAP, puis est élu à la présidence du sénat de Dantzig.

Mais quand le parti nazi exige de lui qu'il mette en œuvre la Gleichschaltung, fasse arrêter les prêtres catholiques s'opposant au régime, applique la législation discriminatoire à l'égard des Juifs et supprime les autres partis politiques, il refuse et démissionne du parti. Aux élections d', il soutient le constitutionnalisme, et doit abandonner ses exploitations agricoles et finalement quitter Dantzig, où l'influence nazie se fait de plus en plus pressante.

Il fuit d'abord en 1936 en Suisse, émigre en France en 1938 et part l'année suivante au Royaume-Uni.

L'été 1939 à Zurich, l'agent de presse et éditeur Emery Reves persuade Rauschning de noter ses rencontres avec Adolf Hitler avec autant de citations directes que possible[2]. Le livre, paru d'abord en français à Paris en décembre 1939 sous le titre Hitler m'a dit, puis dans de nombreuses langues, est un best-seller. Selon sa préface, les propos qu'il prête à Hitler ont été tenus au milieu de ses fidèles :

« Les conversations que je rapporte sont rigoureusement authentiques. Elles se sont tenues dans la dernière année qui a précédé la prise du pouvoir, ainsi qu’en 1933 et en 1934, après l’avènement du national-socialisme. J’en ai transcrit la plus grande partie alors que j’étais encore sous l’impression immédiate des paroles que je venais d’entendre, de sorte que, dans une très large mesure, elles possèdent la valeur d’une reproduction littérale. Hitler s’exprime ici librement au milieu de ses fidèles. »

En 1941, Rauschning achète finalement une exploitation agricole à Portland, dans l'Oregon, qu'il ne devait plus quitter.

Hitler m'a dit, une source discréditée[modifier | modifier le code]

L'authenticité des propos attribués à Hitler par Hermann Rauschning dans Hitler m'a dit (de) n'est plus que rarement admise. L'historien britannique Ian Kershaw juge notamment : « Je n'ai pas une seule fois cité le Hitler m'a dit de Hermann Rauschning, ouvrage dont l'authenticité apparaît désormais si mince que mieux vaut carrément l'oublier[3] ». Après Theodor Schieder[4], Wolfgang Hänel[5], Fritz Tobias (de)[6] et Eckhard Jesse (de)[7] ont mis en évidence le peu de crédibilité de l'intimité avec Hitler revendiquée par Rauschning. Celui-ci n'aurait en fait rencontré Hitler que quatre fois, jamais seul à seul, n'aurait donc pu recueillir de telles confidences notamment politiques, et aurait puisé son inspiration essentiellement dans la littérature de l'époque. Son témoignage est en particulier jugé invraisemblable à propos des convictions cachées de Hitler à l'encontre de la religion chrétienne[8].

En 1985, l'historien Wolkgang Koch, citant approbativement les conclusions de Henry Ashby Turner selon lesquelles on doit accorder peu de confiance au livre I Paid Hitler, publié sous le nom de Fritz Thyssen mais écrit par Emery Reves, ajoute que le même Emery Reves aida Hermann Rauschning à écrire le livre Hitler m'a dit[9].

La Révolution du nihilisme, une longue postérité[modifier | modifier le code]

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • (de) Die Revolution des Nihilismus - Kulisse und Wirklichkeit im dritten Reich, Zürich, Europa Verlag, 1938 (3te Auflage).
  • La Révolution du nihilisme, Gallimard, 1939 (Catalogue BnF).
  • Hitler m'a dit, Paris, éd. Coopération, . Seconde édition par les éditions Somogy en Suisse en 1940[10]. Réédité par les éditions Somogy en 1945 (3e trimestre) avec une introduction de Wladimir d'Ormesson d'. Réédité avec un avant-propos (de 1979) de Raoul Girardet, Hachette, 2005, (ISBN 2012792391)
  • Préface à Les dix commandements : récits sur la guerre de Hitler contre la loi morale par Thomas Mann, Rebecca West, Franz Werfel, John Erskine, Bruno Frank, Jules Romains, André Maurois etc., Paris, Albin Michel, 1946.
  • Le Temps du délire, Paris, éd. Egloff, 1948 (traduction de Die Zeit des Deliriums, Amstutz, Herdeg & Co., 1947, Zürich, 1947).
  • L'Allemagne entre l'ouest et l'est - la révolution européenne, Julliard, 1952.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. de la Croix 2014, p. 146, note 1.
  2. Broszat 1986, p. 249-251.
  3. Voir Ian Kershaw, Hitler, tome I, Flammarion, 2000, p. 11.
  4. (de) Hermann Rauschning « Gespräche mit Hitler » als Geschichtsquelle (Opladen, Westdeutscher Verlag, 1972)
  5. Wolfgang Hänel, Hermann Rauschnings "Gespräche mit Hitler : eine Geschichtsfälschung", Ingolstadt, 1984, 136 p.
  6. « Auch Fälschungen haben lange Beine. Des Senatspräsidenten Rauschnings „Gespräche mit Hitler“ », Karl Corino, Gefälscht! Betrug in Politik, Literature, Wissenschaft, Kunst und Musik, Greno, 1988 (ISBN 3-89190-525-4), p. 91–105
  7. « Hermann Rauschning. Der fragwuerdige Kronzeuge », Ronald Smelser et al. Die braune Elite II: 21 weitere biographische Skizzen, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1993.
  8. Richard Steigmann-Gall, The Holy Reich: Nazi Conceptions of Christianity, 1919-1945, Cambridge University Press, 2003, 294 p. (ISBN 978-0521823715) p. 28-29.
  9. H. W. Koch, « 1933 : The Legality of Hitler's Assumption of Power », in H.W. Koch, ed., Aspects of the Third Reich, New York, St. Martin's Press, 1985, p. 39 et 55, cité par Samuel W. Mitcham, Jr., Why Hitler, the Genesis of the Nazi Reich, Praeger, Westport and London, 1996 p. 137
  10. Voir Avertissement de Raoul Girardet à l'édition de 1979, reproduit dans l'édition de 2005, p. 29.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (de) Martin Broszat, « Enthüllung ? Die Rauschning-Kontroverse », dans Hermann Graml et Klaus-Dietmar Henke, Nach Hitler: der schwierige Umgang mit unserer Geschichte : Beiträge von Martin Broszat, Oldenbourg, , 326 p. (ISBN 978-3486538816) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Arnaud de la Croix, Hitler et la franc-maçonnerie, Paris, Tallandier, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (de) Pia Nordblom, « Wider die These von der bewussten Fälschung. Bemerkungen zu den Gesprächen mit Hitler », dans Jürgen Hensel et Pia Nordblom (éd.), Hermann Rauschning. Materialen und Beiträge zu einer politischen Biographie, Varsovie, Fondation Friedrich Ebert,  ; 2e édition : Osnabrück, Fibre Verlag, 2003. (Sur la question de l'authenticité, véracité de Hitler m'a dit. Conseillé dans la note précédant la réédition française de 2005.)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]