Henry de Ségogne

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Henry de Ségogne
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Biographie
Naissance
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Henry Marie Joseph de SégogneVoir et modifier les données sur Wikidata
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Distinctions

Henry de Ségogne (né le à Paris et mort dans la même ville le [1]) est un alpiniste (notamment chef de la première expédition française en Himalaya en 1936), haut fonctionnaire (conseil d’État, commissaire général au tourisme) et pionnier de la protection du paysage et du patrimoine culturel en France.

Famille[modifier | modifier le code]

Il est le fils de Georges de Ségogne, avocat au Conseil d'État et à la Cour de cassation, chevalier de la Légion d’honneur en 1921 et de Valentine Hersant, infirmière major pendant la guerre et Croix de guerre 14-18[2]. Son ancêtre Jacques Bonaventure Ségogne, écuyer, seigneur de La Mancellière, était conseiller secrétaire du Roy, maison et couronne de France, vota avec la noblesse à l'assemblée du bailliage de Châteauneuf en Thimerais le [3], et sera élu à l'unanimité 7e commissaire de la noblesse par ses pairs[4].

Il est le frère de Roger Henri de Ségogne, avocat au Conseil d’État, président de l’ordre des avocats au Conseil d’État et à la Cour de cassation, chevalier de la Légion d'honneur[5].

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Henry de Ségogne devient ami d’Antoine de Saint-Exupéry, en toute vraisemblance au lycée Saint-Louis en 1918. En 1920, avec son ami Henry de Ségogne, Saint-Exupéry sera notamment figurant durant plusieurs semaines dans Quo Vadis, un opéra de Jean Nouguès[6],[7]. Ils resteront liés[8].

Henry de Ségogne étudia le droit et sera reçu licencié.

L’alpiniste[modifier | modifier le code]

Alpiniste amateur, membre du Club alpin français, il forme une cordée avec Jacques Lagarde, un spécialiste de la glace, une des meilleures de l'alpinisme français sans guide. Leur première ascension en 1926 du couloir Lagarde - Ségogne dans la face nord de l'aiguille du Plan (massif du Mont-Blanc) est considérée comme un des plus grands exploits de l'entre-deux guerres : voie glaciaire la plus raide remontée avant la technique moderne de l'ancrage (ils utilisent des crampons dix pointes et le piolet pour tailler des marches). Elle n'est répétée que fin décembre 1971 par les guides Walter Cecchinel et Claude Jager, mais avec des techniques révolutionnaires pour l'escalade glaciaire : crampons à pointes avant et surtout le piolet-traction pouvant servir pour l'ancrage.

Henry de Ségogne préside en 1930-1937 le très élitiste Groupe de haute montagne. Il est nommé chef de la première expédition française en Himalaya en 1936 au Karakoram pour gravir le Gasherbrum I (8 068 m), aux côtés notamment de Pierre Allain (meilleur grimpeur de sa génération), Marcel Ichac (fondateur du cinéma de montagne moderne), Jean Leininger, Jean Carle, Louis Neltner, Jean Deudon, Jean Charignon, Jean Arlaud et Jacques Azémar[9]. C'est un échec à cause d'une mousson précoce. L'expédition fait l'objet d'un film documentaire : Karakoram sorti en 1937 et réédité en 1986.

Henry de Ségogne devient ensuite naturellement membre du Comité de l’Himalaya de la Fédération française de la montagne, qui lance la célèbre expédition victorieuse de l’Annapurna en 1950[10].

Tourisme et protection du patrimoine[modifier | modifier le code]

  • Haut fonctionnaire, Henry de Ségogne va se consacrer à la protection du patrimoine et du paysage français. Il est commissaire général au tourisme entre 1942 et 1946. Il fait réaliser en 1945-1946 une étude sur les « villes d’art en ensembles architecturaux à sauvegarder », premier pas vers les futurs secteurs sauvegardés.
  • En 1946-1949, il s’occupe de la réforme des architectes des Bâtiments de France et des conservateurs régionaux.
  • Il devient à Sarlat-la-Canéda, en Dordogne, président de la Société auxiliaire de restauration du patrimoine monumental d'intérêt national. Il donna un principe aux travaux de restauration du secteur sauvegardé de Sarlat-la-Canéda. Il est à l'origine, avec Max Sarradet, du premier projet d'aménagement du centre en 1959. Proche collaborateur du ministre de la Culture, il est le rédacteur de la loi du , dite loi Malraux, sur les secteurs sauvegardés. Cela explique que Sarlat-la-Canéda fut le premier îlot opérationnel afin de servir de « laboratoire » pour les autres secteurs sauvegardés.
  • En , Henry de Ségogne remet au Premier ministre Michel Debré un rapport sur la « sauvegarde du patrimoine esthétique et culturel » qui mènera, cette fois directement à la création des secteurs sauvegardés[11].
  • Pour le Ve Plan (années 1960), il s’occupe notamment des questions du budget du patrimoine[12],[13].
  • De 1963 à 1976, Henry de Ségogne préside la Commission d’études scientifiques pour la sauvegarde de la grotte préhistorique de Lascaux[14].
  • En 1967, Henry de Ségogne fonde la Fédération nationale des associations de sauvegarde des sites et ensembles monumentaux (FNASSEM) afin de sensibiliser l'opinion publique à la nécessité de protéger le patrimoine français[15].
  • De 1964 à 1978, Henry de Ségogne préside l’Union nationale des associations de tourisme (Unat).

Autres responsabilités[modifier | modifier le code]

  • Henry de Ségogne préside la Commission de contrôle des films entre 1961 et 1970.
  • Henry de Ségogne dirige la collection "Trésors touristiques de la France", chez l’éditeur Pierre Fanlac (Périgueux) (ceci en 1972 notamment).

Fonctions[modifier | modifier le code]

  • Attaché auxiliaire au secrétariat de la Première Présidence le . Attaché titulaire le , sous-chef du secrétariat le , chef adjoint le , chef du secrétariat le . Conseiller référendaire de 2e classe le , chargé de mission au cabinet du ministre du Travail André Février le . Plusieurs fois désigné comme surarbitre dans des conflits sociaux en 1937, membre du comité chargé de la préparation et du contrôle du Radio-Journal de France le . Honoraire le , à la suite de sa nomination de maître des requêtes au Conseil d’État le [2].
  • Directeur du cabinet du délégué général à l’équipement national François Lehideux en 1941[2].
  • Commissaire général au Tourisme de 1942 à 1946, conseiller d’État en service ordinaire, affecté à la section de l’Intérieur, le [2].
  • Conseiller d’État honoraire le [2].
  • Président du Conseil d’Architecture et d’Urbanisme en 1961, à l’origine de la procédure des secteurs sauvegardés, directeur de la Société auxiliaire de restauration du patrimoine immobilier (SARPI) en 1961, président de la commission de la sauvegarde du patrimoine touristique du Conseil supérieur du tourisme en 1964, de l’Union nationale des associations de tourisme en 1964, de la Fédération nationale de sauvegarde des sites et ensembles monumentaux en 1967, du Conseil supérieur des monuments historiques, de la Commission de contrôle des films de 1961 à 1970 et de la Société des autoroutes Rhône-Alpes de 1971 à 1974[2].

Écrits d’Henry de Ségogne[modifier | modifier le code]

Livres[modifier | modifier le code]

  • Henry Bregeault, Eduard de Gigord, Jacques et Tom de Lépiney, Dr André Migot, René Richard, Henry de Ségogne, La Catena del Monte Bianco, Ed. Istituto geografico De Agostini, Novara, 1929.
  • Jean Escarra, Henry de Ségogne, Louis Neltner et Jean Charignon, Karakoram, Expédition française à l'Himalaya en 1936, Paris, Flammarion, 1938.
  • Abbayes cisterciennes, textes de la marquise de Maille, photographies d’Henry de Ségogne, 1943.
  • Le massif du Mont-Blanc - Vallées et sommets, photographies de Henri Laugnalet, éditions Henri Laugnalet, Marseille, 1947.
  • Sous la direction de Henry de Ségogne, Les Curiosités touristiques de la France : Seine-et-Marne, Paris, Recherches et créations publicitaires, vers 1950.
  • Sous la direction de Henry de Ségogne et Jean Couzy, Les alpinistes célèbres, Mazenod, . Près de cinquante ans plus tard, il compte encore parmi les ouvrages référents (Revue Vertical n° 21, )[16].
  • Henry de Ségogne a rédigé les préfaces de nombreux ouvrages.

Articles[modifier | modifier le code]

  • Revue Icare no 69, Saint-Exupéry : Première époque 1900-1930, Tome 1, été-automne 1974, article d’Henry de Ségogne « Les Jeunes années » et Tome 5, « Ce dément d’Hitler ».

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marcel Ichac, Henry de Ségogne 1901-1979, revue du GHM, 1979.
  • Frédéric Thiriez, Dictionnaire amoureux de la montagne, 2016.
  • Lucien Devies (directeur de la rédaction), La Montagne et Alpinisme (revue du Club alpin français et du Groupe de haute montagne), 1955, p. 259.
  • Bernard Bonnelle, Toucher le ciel : Antoine de Saint Exupéry et Henri de Ségogne, l'amitié malgré tout, 2021.
  • Sylvain Jouty et Hubert Odier, Dictionnaire de la montagne, édition Arthaud, 1999.
  • Benoît Nenert, Walter Cecchinel, itinéraire(s) d'un outsider, édition Du Fournel, 2021.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]