Henri Ier de Germanie

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Henri Ier de Germanie
Illustration.
Portrait imaginaire d'Henri Ier de Germanie par Ottokar Walter (1904).
Titre
Duc de Saxe

(24 ans)
Prédécesseur Otton Ier de Saxe
Successeur Otton Ier du Saint-Empire
Roi de Francie Orientale

(17 ans)
Prédécesseur Conrad Ier de Germanie
Successeur Otton Ier du Saint-Empire
Biographie
Dynastie Ottoniens
Date de naissance
Lieu de naissance Memleben
Date de décès
Lieu de décès Memleben
Père Otton Ier de Saxe
Mère Edwige de Babenberg (en)
Conjoint (1) Hateburge de Alstadt
(2) Mathilde de Ringelheim
Enfants (1) Thankmar
(2) Gerberge
(2) Otton
(2) Hedwige
(2) Henri
(2) Brunon

Henri Ier de Saxe ou Henri Ier de Germanie[1] (en allemand : Heinrich der Finkler ou Heinrich der Vogler ; en latin : Henricus Auceps), dit « Henri Ier l'Oiseleur » parce que passionné de chasse au faucon, est né en 876 et mort le à Memleben (Thuringe). Duc de Saxe depuis 912, roi de Francie orientale (Germanie) de 919 à sa mort en 936, Henri est un ascendant des deux dynasties destinées à régner sur les territoires de l'Allemagne et de la France actuelles une grande partie du IIe millénaire, puisqu'il est le père d'Otton Ier[2] († 973), premier empereur germanique, mais aussi le grand-père, du côté maternel, d'Hugues Capet. Il est par ailleurs l'un des arrière-grands-pères de Louis V, le dernier roi carolingien.

Famille[modifier | modifier le code]

Henri est le fils du duc de saxe Otton Ier (v. 851 - ) et de la duchesse Edwige de Babenberg (en) (v. 856 - ), fille du marquis Henri de Babenberg et d'Ingeltrude, elle-même peut-être arrière-petite-fille de Charlemagne[3]. Sa grand-mère paternelle est peut-être une descendante de Charlemagne[4], mais aussi du roi Widukind de Saxe. Ce dernier est peut-être également le trisaïeul de son père, grand-père de Ludolf de Saxe[réf. nécessaire] et le réel fondateur de la dynastie des Ottoniens. Mais certains généalogistes et historiens pensent que le père du duc Ludolf de Saxe, grand-père d'Henri Ier de Germanie est un certain Bruno, dont on ne connaît pas les origines[5],[6].

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Charlemagne
(748 † 814)
empereur
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pépin d'Italie
(777 † 810)
roi d'Italie
 
Louis le Pieux
(778 † 840)
empereur
 
Unroch
 
 
 
Henri
comte en
Oberrheingau
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Bruno
 
Billung
prince (franc ?)
 

Aeda
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Adelais
 
Gisèle
(v.820 † 874)
 
Évrard
(v.810 † 866)
duc de Frioul
 
 
 
Poppo
cte en Saalgau
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ludolph
(† 866)
duc de Saxe
 
 
 
Oda
(† 913)
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Ingeltrude
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Ingeltrude
 
Henri
(† 866)
m. Neustrie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Bruno
(† 880)
duc de Saxe
 
Otton Ier
(† 912)
duc de Saxe
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Hedwige
(† 903)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Henri Ier
(876 † 936)
roi de Germanie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Héritant du duché de Saxe, son père succède à son frère Bruno mort au cours d'une bataille le . Choisi pour succéder à Louis l'Enfant, il décline cette offre et soutient l'élection de Conrad Ier de Germanie. Ce dernier le reconnaît en tant que duc de Saxe et son autorité s'étend à la Thuringe en 908.

Le , la diète d'empire de Fritzlar consacre Henri comme roi des Romains sous le nom de Henri Ier de Germanie. Ce fut Heriger archevêque de Mayence qui en fit la cérémonie[7]. Le roi Conrad Ier, qui est mort en décembre 918 sans descendance masculine, a chargé son frère, le margrave (devenu duc à la mort de Conrad) Eberhard de Franconie de remettre le sceptre à Henri, car de son point de vue, seul Henri était en position d'apaiser les dissensions entre les Francs et les Saxons. Il le sentait capable de rattacher la Bavière ducale à la Souabe méridionale, ainsi que l'Alsace à la Francie orientale, et ainsi de préserver l'unité du royaume. Eberhard et à sa suite, le duc Bouchard Ier de Souabe, appuient l'élection de Henri, mais le duc Arnulf Ier de Bavière s'y oppose dans un premier temps, parce que Henri a mené en 921 une armée en Bavière. Henri est ainsi le premier Saxon à succéder aux Carolingiens sur le trône de Francie orientale. Son élection met un terme à la longue et amère rivalité qui oppose Francs et Saxons, et marque la naissance du Saint-Empire romain médiéval, qui ne sera dissous qu’en 1806 par Napoléon Ier.

Les Ottoniens.

Biographie[modifier | modifier le code]

Réorganisation du royaume[modifier | modifier le code]

Henri Ier de Saxe apprend qu’il est roi alors qu’il chasse.

Après la mort de Louis IV l'Enfant († 911), et l'éviction des Carolingiens, le titre royal passe d'abord à Conrad en 911, puis à Henri l'Oiseleur en 919.

Rassemblant une partie des territoires jadis rassemblés par Charlemagne, la Francia orientalis, le royaume est alors la proie d'une grande anarchie. Dans le duché de Saxe, à la mort de son père en 912, Henri doit affronter ses voisins du sud de la Franconie. Longtemps principal opposant au roi Conrad Ier, mort le , Henri s'est réconcilié avec Conrad peu avant la mort du roi de Germanie[8]. Il est élu le par une assemblée réunie à Fritzlar, ressemblant aux trois états établis longtemps après en France, selon Voltaire[9]. La tradition dit qu'on le nomme « l'Oiseleur » parce que les députés qui lui annoncent son élection le trouvent un faucon sur le poing. Étant à la chasse au gibier à plumes, il est courroucé de leur intrusion qui fait s'envoler tout le gibier qu'il convoitait. Mais comme les princes s'agenouillent pour lui apprendre la nouvelle, il estime que la chasse n'avait pas été aussi mauvaise.

Successeur du roi Conrad Ier de Franconie, Henri Ier de Saxe fonde la dynastie des Ottoniens et reprend à son compte la politique des Carolingiens. Henri rompt avec la tradition établie par ses prédécesseurs : en effet, il refuse d'être sacré roi par l'archevêque de Mayence, s'en déclarant indigne. Il souhaite en réalité marquer ainsi son indépendance vis-à-vis des autorités religieuses[8].

Henri Ier de Germanie est soucieux au contraire d'obtenir le soutien des autres ducs, notamment par des concessions : une courte guerre avec le duc de Bavière Arnulf s'achève ainsi par la reconnaissance de la capacité de ce dernier à nommer les évêques dans son duché. Cette politique conciliante ne l'empêche pas, par des alliances, de remplacer les vassaux rebelles par des membres de sa famille[8]. Il rétablit ainsi l’autorité royale en Souabe.

Vitrail représentant Henri Ier de Germanie, à la mairie de Quedlinbourg.

Il est reconnu roi de Lotharingie en 925, plaçant définitivement ces territoires dans l'orbite germanique. En 928, il fait duc de Lorraine Gislebert, un grand de la région, et lui donne sa fille[8]. Son deuxième fils Henri Ier devient le duc de Bavière.

Les vassaux, les arrière-vassaux, se soumettent, s'engageant à fournir des milices, et les grains pour les faire subsister. Il modifie le statut des villes, des bourgs dépeuplés que les Hongrois, les Bohêmes, les Moraves, les Vikings, avaient dévastés. Il bâtit Brandebourg-sur-la-Havel, Meissen, Sleswick, Gotha, Herford, Goslar, Quedlinbourg. De même, il dote l'Allemagne de ses premières chartes municipales.

Il rétablit les abbayes d’Herford et de Corvey ruinées, mais, peu religieux, il écarte des fonctions publiques les ecclésiastiques.

Lutte contre les invasions[modifier | modifier le code]

Henri Ier de Germanie.

Henri Ier de Germanie met provisoirement un terme aux invasions venues de l’est. Les Wendes, les slaves Abodrites, les Vélètes, leurs voisins, sont même repoussés des bords de l’Elbe et d’autres territoires. Il envahit en 924 la Bohême mais le jeune duc Venceslas Ier propose de payer un tribut plutôt que de voir ravager ses États[réf. souhaitée].

Son prédécesseur, Conrad Ier de Franconie payant un tribut aux Hongrois, Henri l’Oiseleur le paie toujours au début de son règne. En 933, des députés des Hongrois viennent demander leur tribut au roi de la Francie orientale, Henri leur donne un chien galeux[10]. C’était une punition des chevaliers allemands, quand ils avaient commis des crimes, de porter un chien l’espace d’une lieue. Les Hongrois en représailles pénètrent en Allemagne avec deux redoutables armées, dont l'une s'établit sur la Sala à Mersebourg, tandis que l'autre ravage la Thuringe. La victoire remportée sur cette dernière par Henri à Riade lui confère un prestige considérable. Sa position se renforce également grâce aux victoires remportées sur les Slaves, puis les Danois (annexion du Schleswig en 934). Henri porte les frontières de son royaume au-delà de l'Elbe[8].

L’empire après son règne.

Henri Ier de Germanie s'occupe aussi de restaurer l'autorité monarchique sur l'ensemble des ducs de Germanie et il intervient aussi en Bohême. Il fait fortifier des villes pour tenir en bride les ennemis de la Germanie. Il crée les margraviats de Schleswig, de Brandebourg, de Misnie, d'Autriche, de Styrie. Il y établit des marquis pour garder les marches du Royaume. Henri lève le neuvième homme dans quelques provinces, et les met en garnison dans ces villes[réf. souhaitée]. Il exerce la noblesse par des joutes et des tournois. Il réorganise totalement l'armée.

Ayant pourvu à la défense de son royaume, Henri Ier de Germanie veut enfin passer en Italie, à l’exemple de ses prédécesseurs, pour disposer de la couronne impériale. Henri l’Oiseleur, comptant sur ses forces, croit pouvoir profiter des troubles qui agitent Rome ; mais il meurt en chemin au monastère de Memleben dans la Thuringe, en 936[11]. Henri Ier de Germanie a préparé l’élection de son fils aîné Otton, roi de Francie Orientale, pour éviter le partage de son royaume après sa mort. Ce dernier, lors de son couronnement à Aix la Chapelle par l'archevêque de Mayence bénéficie du prestige de son père : lors du banquet, le , il est servi à table par les ducs de Lorraine, de Souabe, de Franconie et de Bavière[12]. Grâce à Henri, inhumé et béatifié dans l’abbaye de Quedlinbourg, la fonction royale a retrouvé en Germanie tout son prestige.

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

Mathilde de Ringelheim.

Henri Ier de Germanie épouse en 906 Hateburge de Alstadt, fille du comte Erwin de Saxe, qui lui donne un fils, Thankmar, lequel est tué le à la bataille d'Eresburg en luttant contre son frère Otton Ier du Saint-Empire. Il se sépare de sa première épouse en 909.

Henri se remarie la même année au château de Wallhausen, près de Sangerhausen avec Mathilde de Ringelheim (Sainte Mathilde de Reingelheim) (890 - ), qui lui donne cinq enfants :

Henri sera l’un des héros du Lohengrin de Richard Wagner (1850).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Cet article est en partie une traduction des articles des Wikipédias en anglais et en allemand.

  1. Sa généalogie sur le site Medieval Lands.
  2. À ne pas confondre avec Otton Ier duc de Saxe.
  3. Foundation for Medieval Genealogy : « Saxony » et « Francony » : selon l'Annalista Saxo (902 et 907) elle est sœur du popponien Adalbert, ancêtre probable des Babenberg. Reginon mentionne la lutte entre Rodolphe et les fils du duc Henri, Adalbert, Adalard et Henri. Ce duc Henri a épousé une Ingeltrude, identifiée par K.A. Eckhardt (Genealogische Funde zur allgemeinen Geschichte, 1963) à une fille d'Évrard de Frioul et de Gisèle, fille de Louis le Pieux. La difficulté de cette proposition est la naissance d'Hedwige est estimée à 850, sachant que son troisième fils est né en 876. Celle d'Ingeltrude ne peut pas être antérieure à 836, année où ses parents passent pour s'être marié : Ingeltrude aurait au maximum quatorze ans à la naissance d'Hedwige.
  4. Aeda, femme du prince Billung et grand-mère maternelle d'Otton Ier est identifiée par Charles F. H. Evans à Adelais, fille du roi Pépin d'Italie, lui-même fils de Charlemagne (Foundation for Medieval Genealogy : « Saxony »). Cependant, Christian Settipani ne donne pas d'alliance à cette princesse (Christian Settipani, La Préhistoire des Capétiens (Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1), Villeneuve-d'Ascq, éd. Patrick van Kerrebrouck, , 545 p. (ISBN 978-2-95015-093-6), p. 211-212).
  5. (en) L. Wolff, Die Gandersheimer Reimchronik des Priesters Eberhard 2e éd. (Altdeutsche Textbibliothek, Tübingen), 9, 1969, lignes 139-144, cité dans D. C. Jackman, Criticism and Critique, sidelights on the Konradiner, Oxford Unit for Prosopographical Research, 1997, p. 146 note 40.
  6. Foundation for Medieval Genealogy : « Saxony ».
  7. Augustin Calmet, Histoire universelle sacrée et profane, Strasbourg, 1735-1747.
  8. a b c d et e Paul Bertrand, Bruno Dumézil, Xavier Hélary, Sylvie Joye, Charles Mériaux et Isabelle Rosé, Pouvoirs, Église et société dans les royaumes de France, de Bourgogne et de Germanie aux Xe et XIe siècles (888-vers 1110), Ellipses, 2008, p. 12.
  9. Œuvres complètes de Voltaire, Annales de l’Empire, Henri l’oiseleur.
  10. Histoire d'Allemagne, tr. par A. Guinefolle, de Heinrich Friedrich T. Kohlrausch, p. 299.
  11. Pfeffel, M. « Nouvel abrégé chronologique de l’histoire et du droit public d’Allemagne », Tome I, Delalain, Paris, 1776. [p.105].
  12. Paul Bertrand, Bruno Dumézil, Xavier Hélary, Sylvie Joye, Charles Mériaux et Isabelle Rosé, op. cit., p. 13.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]