Harald Welzer

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Harald Welzer
Portrait de Harald Welzer
Harald Welzer en 2015.
Biographie
Naissance
Bissendorf (d)
Nationalité Allemande
Thématique
Formation Université Gottfried-Wilhelm-Leibniz de HanovreVoir et modifier les données sur Wikidata
Profession Professeur, sociologue et psychologueVoir et modifier les données sur Wikidata
Employeur Université Gottfried-Wilhelm-Leibniz de Hanovre et université de Flensbourg (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Harald Welzer (né le à Bissendorf (Wedemark), près de Hanovre en Allemagne) est un sociologue et socio-psychologue allemand.

Biographie[modifier | modifier le code]

Harald Welzer a étudié la sociologie, les sciences politiques et la littérature à l'Université de Hanovre. Il y a obtenu son doctorat en sociologie en 1988 et été agrégé en 1993 en psychologie sociale et en sociologie en 2001. De 1988 à 1993 il était professeur adjoint au Département d'histoire, de philosophie et de sciences sociales de l'Université de Hanovre. Par la suite, il a travaillé comme professeur de psychologie sociale. Dans les années 1994 à 1998, Welzer fut directeur de l'Institut de Psychologie de l'Université de Hanovre. Depuis , Harald Welzer est professeur honoraire à l'Université de Flensburg.

En outre, Welzer est également membre de l'Université Emory (Atlanta / USA). Il enseigne aussi à l'Université de Saint-Gall en Suisse et est membre de nombreux conseils d'administration et d'académies scientifiques consultatives. L'objet de ses recherches et de son enseignement est la violence de groupe et également l'étude des impacts climatiques sur le mode de vie actuel des sociétés occidentales.

Welzer a été à la tête de différents projets du Programme de recherche interdisciplinaire sur le climat et la culture à l'Institut de la mémoire à Essen. Il est également professeur de psychologie sociale à l'Université Witten / Herdecke.

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Grand-Père n'était pas un nazi[1]

Ce livre étudie comment, dans les années 2000, on parlait de l'époque nazie au sein des familles allemandes. Il part de 48 entretiens familiaux et de 142 interviews individuels, sur des histoires vécues du passé national-socialiste et transmises entre les générations. La « mémoire communicative » existant entre proches est plus émotionnelle que la « mémoire culturelle », celle des discours officiels et de l'enseignement. Cette « mémoire communicative » est le ciment des membres d'un groupe familial, sur ce que fut le passé proche de celui-ci et est réactivée dans et par la loyauté de ses membres. Dans les familles se transmettent les images du passé national-socialiste mais différentes de celles, romantiques et enjolivées, diffusées dans les écoles. La mémoire familiale tient compte de la souffrance liée à la guerre, la terreur, la captivité des proches. La réussite de l'information et de l'éducation sur les crimes du passé inspire aux petits-enfants le besoin de donner à leurs grands-parents et parents une place telle dans les horreurs du national-socialisme qu'elle ne fait rejaillir sur eux aucune atrocité. Ces récits sont transmis dans la famille allemande de manière telle qu'il n'y ait pas de « nazi » en son sein.

  • Les Exécuteurs. Des hommes normaux aux meurtriers de masse [2].

Adolf Eichmann récusait l'idée qu'il avait agi monstrueusement, en dehors des catégories morales de la communauté humaine. De même les exécuteurs rwandais, serbes ou croates. Pourtant ces meurtriers de masse avaient bâti un système de responsabilité morale dans lequel le meurtre de masse était une évidence nécessaire. Dans un dispositif social quelconque, Harald Welzer montre qu'il suffit qu'une seule coordonnée, l'appartenance sociale ou ethnique, se décale pour que tout le cadre de référence bascule, et que s'établisse une réalité autre que l'antérieure. Une redéfinition radicale de ce qui fait partie de l'univers d'obligation générale s'établit. Une distinction inéluctable et absolue s'établit entre "appartenants" et "non-appartenants" . Une pratique d'exclusion s'établit et conduit à la spoliation, à la déportation et à la violence. Avec une régularité terrifiante le déplacement devient un « nettoyage » puis une extermination pure et simple des "non-appartenants". Ceci est commun à toutes les sociétés meurtrières, par ailleurs extrêmement différentes.

  • Soldats. Combattre, tuer, mourir: Procès-verbaux de récits de soldats allemands[3]est une étude réalisée avec Sönke Neitzel par Harald Welzer sur les documents et enregistrements conservés en Grande-Bretagne et rendus accessibles depuis 1996. Ces documents résultent des écoutes secrètes systématiques de milliers de prisonniers allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Les transcriptions des enregistrements représentent 48 000 pages [4],[5] de conversations entre soldats sur l'expérience quotidienne de ceux-ci pendant la guerre et leur attitude face à des situations telles que les massacres de masse de civils, les coulages de navires de commerce par les sous-marins, l'abattage des avions. L'analyse permet à Welzer et Neitzel d'étudier un aspect de la Banalité du mal tel que ce concept avait été développé par Hannah Arendt, mais sur un plan plus sociologique en partant d'expériences multiples et non du seul Adolf Eichmann.
  • Dans son ouvrage "Klimakriege" [6] (guerres climatiques) Welzer décrit les changements climatiques comme une menace encore sous-estimée de la vie des hommes en société. L'effondrement de l'ordre politique et social dans de nombreuses parties du monde, va conduire, selon lui, à une " guerre permanente ". Cela ne pourra être évité que si les populations aisées des pays industrialisés changent leur mode de consommation actuel. La violence extrême de ces conflits instaure des espaces d'actions pour lesquelles aucun cadre référentiel n'est fourni par les expériences vécues dans le monde fort paisible de l'hémisphère occidental depuis la seconde guerre mondiale [7].

Welzer plaide pour une résistance au mode de vie occidental basé sur l'efficacité, la consommation et la croissance à tout prix pour la remplacer par des choix fondés sur le bonheur et la viabilité future. Il critique le mode de vie actuellement pratiqué par notre société de consommation. Il propose plusieurs formes de pensées et d'actions basées sur le bien commun plutôt que sur le profit individuel. Welzer est cofondateur de la Fondation à but non lucratif FUTURZWEI qui a comme but la promotion de modes de vie alternatifs.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (fr) Harald Welzer, Les Exécuteurs. Des hommes normaux aux meurtriers de masse, trad. de l'allemand Bernard Lortholary, Paris, Gallimard, 2007, coll. "Essais", (ISBN 978-2-07-077941-3).
  • (fr) Harald Welzer, Les Guerres du climat. Pourquoi on tue au XXIe siècle, trad. de l'allemand Bernard Lortholary, Paris, Gallimard, 2012.
  • (fr) Harald Welzer, Sabine Moller, Karoline Tschuggnall, "Grand-Père n'était pas un nazi". National-socialisme et Shoah dans la mémoire familiale, trad. de l'allemand Olivier Mannoni, Paris, Gallimard, 2013, coll. "Essais", (ISBN 978-2-07-013589-9).
  • (fr) Sönke Neitzel et Harald Welzer, trad. de l'allemand Olivier Mannoni, Soldats. Combattre, tuer, mourir : procès-verbaux de récits de soldats allemands, Paris, Gallimard, 2013, coll. "Essais", (ISBN 978-2-07-013590-5).
  • (fr) Harald Welzer, Penser par soi-même. Guide de résistance, trad. de l'allemand par Lucie Robin, Paris, Éditions Charles Léopold Mayer, coll. "Dossier pour un débat", 2016.
  • (de) "Klimakriege". Wofür im 21. Jahrhundert getötet wird, S. Fischer, Frankfurt/M. 2008, (ISBN 3-10-089433-2).
  • (de) Täter. Wie aus ganz normalen Menschen Massenmörder werden. Unter Mitarbeit von Michaela Christ. S. Fischer, Frankfurt 2005, (ISBN 3-10-089431-6).
  • (de) mit Sabine Moller & Karoline Tschuggnall: Opa war kein Nazi. Nationalsozialismus und Holocaust im Familiengedächtnis. Unter Mitarbeit von Olaf Jensen und Torsten Koch. Fischer-Taschenbuch-Verlag, Frankfurt 2002, (ISBN 3-596-15515-0).
  • (de) mit Sönke Neitzel: Soldaten. Protokolle vom Kämpfen, Töten und Sterben. S. Fischer, 2011, (ISBN 3-10-089434-0).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Harald Welzer, Sabine Moller, Karoline Tschuggnall, "Grand-Père n'était pas un nazi". National-socialisme et Shoah dans la mémoire familiale, trad. de l'allemand Olivier Mannoni, Paris, Gallimard, 2013, coll. "Essais", (ISBN 978-2-07-013589-9).
  2. Harald Welzer, Les Exécuteurs. Des hommes normaux aux meurtriers de masse, trad. de l'allemand Bernard Lortholary, Paris, Gallimard, 2007, coll. "Essais", (ISBN 978-2-07-077941-3)
  3. Sönke Neitzel et Harald Welzer : "Soldats. Combattre, tuer, mourir: Procès-verbaux de récits de soldats allemands". NRF- essais- Gallimard. 2011. Traduit de l'allemand par Olivier Mannoni. (ISBN 978-2-07-013590-5)
  4. Des camps américains sont conservés un volume double de pages, soit près de 100 000 pages
  5. Sönke Neitzel et Harald Welzer : "Soldats.Combattre, tuer, mourir: Procès-verbaux de récits de soldats allemands". NRF- essais- Gallimard. 2011. Traduit de l'allemand par Olivier Mannoni.p. 507 (ISBN 978-2-07-013590-5)
  6. Klimakriege. Wofür im 21. Jahrhundert getötet wird, S. Fischer, Frankfurt/M. 2008, (ISBN 3-10-089433-2). /En français "Les Guerres du climat, Pourquoi on tue au XXIe siècle, Gallimard, coll. « NRF essais » Paris 2009
  7. Agnès Sinaï dans "Le Monde diplomatique du mois d'août 2015, "les conséquences inattendues d'une sécheresse en Chine"; "Aux origines climatiques des conflits"

Liens externes[modifier | modifier le code]