Haplogroupe N (Y-ADN)

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Distribution de l'haplogroupe N (ADN-Y).
Tentative de reconstitution des routes de migration préhistoriques pour les porteurs de l'haplogroupe N du chromosome Y[1].

En génétique humaine, l’haplogroupe N (LLY22G) est un haplogroupe du chromosome Y répandu surtout dans le nord de l'Eurasie. Il serait apparu il y a plus de 20 000 ans.

Origines[modifier | modifier le code]

On estime[2],[3],[4] que l'haplogroupe NO-M214 (son ancêtre le plus direct avec l'haplogroupe O-M175) est apparu entre 36 800 et 44 700 BP.

L'haplogroupe N-M231 serait apparu en Asie du Sud-Est il y a environ 19 400 ans (±4 800 ans) et il aurait recolonisé le nord de l'Eurasie après la dernière période glaciaire. Les mâles portant ce gène ont apparemment migré vers le nord alors que le climat se réchauffait à l'Holocène, traversant successivement la Chine puis la Mongolie, avant de se concentrer dans des régions aussi éloignées que la Fennoscandie et les Pays baltes[5]. La rareté de l'haplogroupe N-M231 chez les Amérindiens indique que la migration a eu lieu après la submersion de la Béringie[6], il y a environ 11 000 ans.

L'haplogroupe N est prépondérant dans le nord-est de la Chine durant le Néolithique il y a environ 6 500 ans, puis décroit graduellement jusqu'à l'Âge du bronze il y a 2 700 ans dans cette région.

Les résultats de paléogénétique suggèrent que la diffusion des langues ouraliennes en Eurasie vers 4 500 AP s'est produite à partir de la population de Iakoutie de la fin du Néolithique – âge du bronze dans un mouvement vers l'ouest. La population iakoute de cette période possède toutes les sub-clades de l'haplogroupe N que l'on retrouve dans les populations ouraliennes[7]. Tous les hommes étudiés (2023) de la population iakoute de cette période sont de l'haplogroupe N. Celle-ci semble affiliée génétiquement à toutes les populations de langues ouraliennes anciennes et contemporaines[7].

Distribution[modifier | modifier le code]

Les sous-clades N3 et N2a sont les plus fréquents de l'haplogroupe N. Ils ont divergé il y a environ 18 000 ans[8].

L'une des caractéristiques génétiques les plus remarquables des populations de la Baltique orientale est un haplogroupe N3a à haute fréquence, une caractéristique partagée principalement avec les groupes de langue finno-ougrienne en Europe et plusieurs populations dans toute la Sibérie. L’expansion rapide des personnes porteuses de ces lignées a probablement eu lieu au cours des 5 000 dernières années[9]. La période de transition de l'âge du bronze à l'âge du fer coïncide également avec l'arrivée hypothétique des langues ouraliennes (finnoises) les plus occidentales dans la Baltique orientale. Les chercheurs observent que plus d'un tiers des hommes estoniens modernes partagent l’haplogroupe N3a - commun dans d'autres populations de langue ouralienne vivant beaucoup plus à l'est - qui est introuvable aux époques antérieures à l'âge du fer dans la Baltique orientale[9].

En Europe la diffusion du sous-clade N3a3-VL29 représente environ un tiers des Estoniens, Lettons et Lituaniens. Elle est également présente chez les Saami, les populations de Carélie et les Finnois. L'âge de dispersion de la plupart des sous-clades vers 5 000 ans coïncide avec le réchauffement climatique dans le nord de l'Eurasie. La diffusion de l'haplogroupe N dans l'Ouest de l'Eurasie semble liée à l'expansion des locuteurs de langues finno-ougriennes[8].

Sous clade N1a1 (M46/Page70/Tat, L395/M2080)[modifier | modifier le code]

Sous clade N1a1a (M178)[modifier | modifier le code]

Le sous-groupe N-M178 est défini par la présence des marqueurs M178 et P298. La fréquence moyenne du N-M178* est plus élevée en Europe du Nord qu'en Sibérie, atteignant environ 60 % chez les Finlandais et environ 40 % chez les Lettons, les Lituaniens et 35 % chez les Estoniens (Derenko 2007 et Lappalainen 2008).

Miroslava Derenko et ses collègues ont noté qu'il existe deux sous-groupes au sein de cet haplogroupe, tous deux présents en Sibérie et en Europe du Nord, avec des histoires différentes. Celui qu'ils ont appelé N3a1 s'est d'abord développé en Sibérie méridionale et s'est étendu au nord de l'Europe. Pendant ce temps, le sous-groupe plus jeune, qu'ils ont appelé N3a2, est originaire du sud de la Sibérie (probablement de la région du lac Baïkal) (Derenko 2007).

Haplogroupes du chromosome Y (Y-ADN)

Plus récent ancêtre patrilinéaire commun
A
BT
 B CT
DE CF
 D E C F
 G H IJK
IJ K
I J LT K2
I1 L T  MS  P  NO
M S Q R N O
R1 R2
R1a R1b

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. D'après H Shi, X Qi, H Zhong, Y Peng, X Zhang et al., « Genetic Evidence of an East Asian Origin and Paleolithic Northward Migration of Y-chromosome Haplogroup N », PLoS ONE, vol. 8, no 6,‎ , e66102 (PMID 23840409, PMCID 3688714, DOI 10.1371/journal.pone.0066102, Bibcode 2013PLoSO...866102S, lire en ligne)
  2. Cf. « arbre génétique des haplogroupes du chromosome Y », sur YFull, v6.05.11 au 25 septembre 2018.
  3. D'après Monika Karmin, Lauri Saag, Mário Vicente et al., « A recent bottleneck of Y chromosome diversity coincides with a global change in culture », Genome Research, vol. 25, no 4,‎ , p. 459–466 (DOI 10.1101/gr.186684.114)
  4. D'après G. David Poznik, Yali Xue,, Fernando L. Mendez et al., « Punctuated bursts in human male demography inferred from 1,244 worldwide Y-chromosome sequences. », Nature Genetics, vol. 48, no 6,‎ , p. 593–599 (DOI 10.1038/ng.3559).
  5. Rootsi 2006.
  6. Chiaroni, Underhill et Cavalli-Sforza 2009.
  7. a et b (en) Tian Chen Zeng, Leonid A. Vyazov, Alexander Kim et al., Postglacial genomes from foragers across Northern Eurasia reveal prehistoric mobility associated with the spread of the Uralic and Yeniseian languages, biorxiv.org, 4 octobre 2023, doi.org/10.1101/2023.10.01.560332
  8. a et b (en) Anne-Mai Ilumäe et al., Human Y Chromosome Haplogroup N: A Non-trivial Time-Resolved Phylogeography that Cuts across Language Families, AJHG, volume 99, numéro 1, p.163-173, 7 juillet 2016
  9. a et b (en) Lehti Saag, Margot Laneman, Liivi Varul et Martin Malve, « The Arrival of Siberian Ancestry Connecting the Eastern Baltic to Uralic Speakers further East », Current Biology, vol. 29, no 10,‎ , p. 1701–1711.e16 (ISSN 0960-9822, DOI 10.1016/j.cub.2019.04.026, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Siiri Rootsi et al., « A counter-clockwise northern route of the Y-chromosome haplogroup N from Southeast Asia towards Europe », European Journal of Human Genetics, vol. 15, no 2,‎ , p. 204–211 (PMID 17149388, DOI 10.1038/sj.ejhg.5201748)
  • (en) Miroslava Derenko, Boris Malyarchuk, Galina Denisova, Marcin Wozniak, Tomasz Grzybowski, Irina Dambueva et Ilia Zakharov, « Y-chromosome haplogroup N dispersals from south Siberia to Europe », Journal of Human Genetics, vol. 52, no 9,‎ , p. 763–70 (PMID 17703276, DOI 10.1007/s10038-007-0179-5)
  • (en) T. Lappalainen, V. Laitinen, E. Salmela, P. Andersen, K. Huoponen, M.-L. Savontaus et P. Lahermo, « Migration Waves to the Baltic Sea Region », Annals of Human Genetics, vol. 72, no 3,‎ , p. 337–48 (PMID 18294359, DOI 10.1111/j.1469-1809.2007.00429.x)
  • (en) Jacques Chiaroni, Peter A. Underhill et Luca L. Cavalli-Sforza, « Y chromosome diversity, human expansion, drift, and cultural evolution », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 106, no 48,‎ , p. 20174–20179 (PMID 19920170, PMCID 2787129, DOI 10.1073/pnas.0910803106, Bibcode 2009PNAS..10620174C)