Hôtel de Soubise

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Hôtel de Soubise
L'hôtel de Soubise, siège des Archives nationales
Présentation
Partie de
Archives nationales (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Destination initiale
Destination actuelle
Styles
Rococo, architecture gothique, architecture baroque française (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Architecte
Construction
de 1371 à 1859
Occupants
Propriétaire
État français
Patrimonialité
Monuments historiques
Site web
Localisation
Pays
France
Commune
Paris
Adresse
Coordonnées
Carte

L'hôtel de Soubise, anciennement hôtel de Clisson puis hôtel de Guise, est un majestueux hôtel particulier parisien situé au coin de l'actuelle rue des Francs-Bourgeois et de la rue des Archives dans le 3e arrondissement de Paris (quartier du Marais). Il est le siège du musée des Archives nationales dont il abrite les salles d'exposition.

Historique

L'hôtel de Clisson et l'hôtel de Guise

Derniers vestiges de l'hôtel de Clisson: la porte et deux tourelles (XIVe siècle)

En 1371, Olivier de Clisson, Connétable de France (l'équivalent d'un « ministre de la Défense » sous Charles VI), entreprend la construction d'un hôtel particulier sur les terrains qu'il vient d'acquérir à l'extérieur des remparts de Philippe Auguste. De ce premier hôtel n'est conservé aujourd'hui que la porte fortifiée avec ses tourelles donnant sur la rue des Archives, seul vestige encore visible de l'architecture privée du XIVe siècle à Paris.

Entre 1420 et 1435, l'hôtel est confisqué par les occupants anglais, et devient la résidence de Thomas de Lancastre (1388-1421), duc de Clarence, puis de Jean de Lancastre (1389-1435), duc de Bedford.

En 1553, propriété de la famille d'Albret, l'hôtel de Clisson est acquis par François de Lorraine, Duc de Guise et sa femme Anne d'Este, petite fille de Louis XII. Ils s’empressent d’agrandir l'hôtel en achetant les terrains avoisinants. Très délabré, le bâtiment exige d'importants travaux de reconstruction. La famille de Guise confie les travaux au célèbre artiste italien, Francesco Primaticcio, dit Le Primatice. Malheureusement, les célèbres peintures de la chapelle, réalisées d'après ses dessins par Nicolò dell'Abbate, n'ont pas été conservées. De cet édifice subsistent seulement aujourd'hui les baies en plein cintre ouvrant sur le côté nord de la chapelle, ainsi que les murs de l'ancienne salle des garde, connus pour avoir accueilli les « ligueurs » du parti catholique pendant la guerre de religion. C'est probablement dans cette pièce que s'est décidé le massacre de la Saint-Barthélemy en 1572.

Au XVIIe siècle, l'hôtel devient avec Marie de Guise une joyeuse place parisienne : des fêtes royales y sont données, que Corneille et Marc-Antoine Charpentier parmi d'autres honorent de leur présence. Marie de Guise meurt en 1688, sans enfant, elle-même étant la dernière héritière de la famille. La succession est épineuse, et l'héritage est attribué à deux proches parents, les filles de la princesse Palatine : la princesse de Condé et la duchesse de Hanovre.

L'hôtel de Soubise

En 1700, les deux princesses vendent l'hôtel de Guise à François de Rohan-Soubise et Anne de Rohan-Chabot, sa femme, pour la somme de 326 000 livres (soit 5,4 millions d'euros de 2007[1]). Le prince tirait la majeure partie de son immense fortune des faveurs directes que Louis XIV prodigua à sa femme. En 1705, François de Rohan-Soubise et sa femme choisissent le jeune architecte Pierre-Alexis Delamair, sur les conseils de leur fils Armand Gaston, futur cardinal de Rohan, pour rénover l'hôtel. Sur le terrain adjacent à celui de ses parents, Armand-Gaston se fait construire son propre hôtel, l'hôtel de Rohan, par le même architecte.

L'hôtel de Soubise connait alors une période de splendeur. Le prince Hercule Mériadec de Rohan-Soubise hérite en 1712 du palais et l'occupe jusqu'à son décès en 1749. Son petit-fils, Charles de Rohan-Soubise, lui succède et jouit des lieux jusqu'en 1787. Pourtant, depuis 1761, la seconde fille de Charles (Armande-Victoire Joseph de Guéménée) et son gendre (Henri-Louis Marie, prince de Guéménée) possèdent la nue-propriété du palais. L'hôtel de Soubise est alors saisi après l'émigration de la princesse de Guéménée.

Sous la Révolution, l'hôtel de Soubise est détourné de ses usages princiers, et utilisé pour mille tâches qui le mettent dans un triste état. Les créanciers souhaitant éviter la confiscation du domaine par l’État, parviennent à faire radier la princesse de Guéménée de la liste des émigrés le 16 prairial an VIII. Le 7 fructidor an XII, un arrêté préfectoral lui reconnaît formellement la propriété des hôtels de Soubise et de Rohan. Ces hôtels seront vendus par la suite à un spéculateur après la mort de la princesse.

En 1808, les deux hôtels sont acquis par l’État. Napoléon Ier affecte l'hôtel de Soubise aux Archives impériales et l'hôtel de Rohan à l'Imprimerie impériale.

De 1846 à 1866, l'École des chartes s'y installe.

Les Archives nationales à l'hôtel de Soubise

Au cours du XIXe siècle, les Archives nationales font bâtir une série de dépôts pour répondre à l'accroissement des fonds. Ils sont édifiés en deux temps : de 1838 à 1848 par les architectes Édouard Dubois et Charles Lelong, et de 1859 à 1880 par Hubert Janniard puis Edmond Guillaume.

La première construction appelée aujourd'hui « dépôts Louis-Philippe » est bâtie dans le prolongement est de l'hôtel de Soubise. L'aménagement intérieur répond à un souci naissant de bonne conservation. La galerie du parlement constitue le point d'orgue du nouveau dépôt destiné à accueillir les archives judiciaires de l’État. Sur les rayonnages de bois, plus de 12 000 volumes sur parchemin reliés en peau rassemblent le fonds du Parlement de Paris.

À peine la construction de l'« aile Louis-Philippe » achevée, l'institution est à nouveau à l'étroit. Sous la direction de Léon de Laborde, une deuxième phase de travaux est lancée en 1859. Cette nouvelle construction prolonge le pavillon d'angle de l'aile Louis-Philippe et est appelée aujourd'hui « dépôt Napoléon III ». Ce nouveau bâtiment tente de répondre aux exigences des archivistes en termes de fonctionnalité et de conservation et est ainsi équipé de rayonnages du sol au plafond. Au centre de l'enfilade des magasins est installée la « salle du trésor des Chartes », rassemblant l'ensemble des titres relatifs aux intérêts domaniaux et diplomatiques de la Couronne.

En 1866, le caractère symbolique de la salle est renforcée par l'intégration de l'armoire de fer. La réalisation de ce coffre-fort avait été ordonnée par l'Assemblée nationale constituante en 1790 afin de mettre à l'abri du feu et du vol les documents les plus précieux. Au XIXe siècle, cette armoire devient le conservatoire des pièces jugées les plus emblématiques de l'histoire de France. Depuis 1996, l'armoire de fer accueille l'ensemble des textes constitutionnels de la France. Elle renferme également des pièces aussi inestimables que le mètre-étalon et le kilogramme-étalon de 1799, le journal de Louis XVI, le Serment du jeu de paume et le texte de la loi du 20 juin 1936 instituant les congés payés.

Au milieu du XIXe siècle, en parallèle à la construction des nouveaux bâtiments, sont entrepris des travaux de rénovation de l'hôtel. L'ancien escalier est détruit et remplacé par un escalier rectiligne destiné à relier le vestibule de l'hôtel aux Grands dépôts.

Le musée des Archives nationales occupe certaines salles de l'hôtel de Soubise depuis sa création, en 1867.

Architecture

En 1705, afin de donner au palais une entrée prestigieuse, Pierre-Alexis Delamair change l'orientation de l'hôtel se Soubise en plaquant une nouvelle façade de style classique contre l'ancienne aile sud et construit une cour d'honneur à colonnade ouvrant par une demi-lune sur l'actuelle rue des Francs-Bourgeois. Il se charge également de la campagne de décors sculptés qui ornent encore aujourd'hui la façade et demande à Robert Le Lorrain de réaliser les statues représentant les quatre saisons sur la façade au premier étage. Enfin, il réorganise l'intérieur de l'hôtel en séparant appartements de parade et appartements privés en enfilade.

En 1732, à l'occasion de son remariage avec Marie-Sophie de Courcillon, jeune veuve de 19 ans et fille de Philippe de Courcillon de Dangeau, Hercule Mériadec de Rohan-Soubise, fils héritier de François de Rohan-Soubise, entreprend de mettre au goût du jour les appartements de l'hôtel. Il fait appel au célèbre architecte Germain Boffrand qui complète l'enfilade de salon par un pavillon ovale permettant l'articulation avec les appartements privés de l'aile nord en retour. À partir de 1736, Boffrand porte tous ses efforts sur le décor intérieur de style rocaille, en faisant appel aux meilleurs artistes de son temps, tels de François Boucher, Charles Natoire ou Carle van Loo. Tandis que le rez-de-chaussée est dévolu à Hercule Mériadec et célèbre les vertus des princes de la lignée de Rohan, le premier étage chante quant à lui la beauté et la jeunesse de la princesse de Soubise.

Aujourd'hui, seule une partie des salons a pu être restituée dans sa splendeur, l'autre ayant été détruite et le mobilier d'origine ayant disparu.

Les appartements du prince

On entre dans l'hôtel par un vestibule. Il reste très peu d'éléments de décor original. Deux médaillons à l'antique d'empereurs romains entourés de trophées d'armes, casques et cuirasses se trouvent au-dessus des anciennes portes latérales. Celle de droite donnait au XVIIIe siècle accès aux appartements du prince.

La seconde pièce est une antichambre qui sert désormais de salle d'exposition et qui servait à l'époque de Boffrand de salle d'attente et de réception. En 1902, cette pièce devient la salle de lecture des Archives nationales jusqu'à l'ouverture du Centre d'accueil et de recherche des Archives nationales (CARAN) en 1988. Elle est garnie de boiseries inspirées des projets du sculpteur ornemaniste Jacques-Louis Herpin. Ces boiseries sont aujourd'hui dissimulées derrière des cimaises d'exposition.

On rejoint ensuite la chambre d'apparat du prince dont les bas-reliefs des médaillons ornant les lambris sont attribués aux sculpteurs Lambert-Sigisbert Adam et Jean-Baptiste II Lemoyne. Des motifs héraldiques ornent la corniche. Aujourd'hui, cette pièce sert régulièrement pour des concerts et des journées d'études.

La porte sous tenture de l'alcôve de la chambre d'apparat du prince donne accès au « petit cabinet ». Au début du XVIIIe siècle, cette pièce servait plutôt de garde robe où dormait le valet de chambre du prince. Des camaïeux bleus de François Boucher La chasse et La pêche ornent les médaillons de chaque côté de trois grands placards. Au XIXe siècle, cette pièce sert de bureau aux archivistes puis aux professeurs de l'école des Chartes et enfin au conservateur du musée.

On entre ensuite dans le salon du prince, salon construit et aménagé par Boffrand à partir de 1735. Entre les arcades du salon se trouvent huit grands bas reliefs représentant des allégories des sciences et des arts. Conçu comme un salon « frais », il ouvrait sur les jardins et servait de salon de musique, art dont les Soubise se firent les promoteurs.

Le salon communique avec le grand cabinet du prince dont ne subsiste du décor original que la corniche.

Les appartements de la princesse

Pour accéder aux appartements de la princesse au premier étage, il faut emprunter un grand escalier reconstruit en 1844.

En haut de l'escalier, on accède tout d'abord à la salle des gardes, pièce qui au XVIe siècle permettait aux Guise d'accueillir leur importante clientèle parisienne. Cette pièce fut également un des hauts lieux de rassemblement de la ligue catholique pendant les guerres de religion.

Au XVIIIe siècle, la salle conserve les mêmes proportions mais prend le nom de « grande antichambre », « galerie » ou « grande salle ». Entre 1808 et 1865, la salle des gardes héberge momentanément le Trésor des Chartes. Depuis 1970, cette vaste salle sert à accueillir les expositions temporaires des Archives nationales.

On entre ensuite dans la salle d'assemblée. Cette pièce a conservé un moulage de sa corniche décorée dans les angles de reliefs représentant les quatre parties du monde. La présentation actuelle de la pièce se veut une évocation de l’œuvre fondatrice des premiers directeurs des archives. Des vitrines furent spécialement conçues pour l'inauguration du musée en 1867. C'est dans ces vitrines que sont aujourd'hui présentés des fac-similés de grands documents de l'histoire de France.

La pièce suivante est la chambre d'apparat de la princesse présentée telle qu'elle fut conçue pour la seconde femme d'Hercule Mériadec, la jeune Marie-Sophie de Courcillon. C'est dans cette pièce que s’exerce la volonté de représentation des Soubise, calquée sur l'exemple versaillais. Le décor des boiseries est attribué au sculpteur ornemaniste Jacques Verbeckt. Les médaillons dorés des lambris représentent les amours de Jupiter avec Callisto, Sémélé, Europe et Lo tandis que ceux des angles de la corniche sont consacrées aux figures de Danaé, Léda, Ganymède et Hébé.

Sur les côtés, des groupes en stuc blanc sont sculptés par Nicolas Sébastien Adam. Les dessus-de-porte représentent Les Grâces présidant à l'éducation de l'amour (Boucher, 1738) et Minerve enseignant à une jeune fille l'art de la tapisserie (Trédières, 1737).

On entre ensuite dans la pièce la plus remarquable de l'hôtel , le salon de la princesse, chef d’œuvre de Germain Boffrand et Charles Natoire. Cette pièce ovale en résonance avec celle du rez-de-chaussée a permis à l'architecte de façonner un joyau décoratif. Ses huit ouvertures, 4 fenêtres, 3 glaces et une porte déterminent autant de panneaux verticaux de boiseries blanc et or, surmontées de cartouches. Huit toiles de Natoire sont disposés sur la corniche. Elles sont toutes consacrées au mythe de Psyché dont les épisodes sont contés dans l'ordre chronologiques:  Psyché recueillie par Zéphir, les Nymphes accueillent Psyché avec des fleurs au seuil du palais de l'Amour, Psyché montre ses trésors à ses sœurs, Psyché contemple son époux endormi, Les Nymphes retirent de l'eau le corps inanimé de Psyché, Psyché chez les bergers, Psyché défaille de frayeur devant Vénus, Psyché ravie au ciel par l'Amour.

La petite chambre à coucher de la princesse où celle-ci couchait effectivement est située dans le bâtiment ajouté par Boffrand. Elle communique avec le salon par une porte dissimulée dans la boiserie et avec la chambre de parade par une porte sous tenture. Les quatre dessus-de-porte proviennent d'une salle de compagnie dans les appartements des enfants du prince aujourd'hui détruits dans lesquels figurent par exemple l'amitié de Castor et Pollux (van Loo, 1738). Sont également placés sur les murs plusieurs autres dessus de porte de Boucher, van Loo et Restout provenant d'appartements démolis.

Les deux dernières salles sont la salle du Dais et la salle Empire.

L'ancienne salle du Dais de la princesse a conservé sa corniche armoriée portant les initiales « RH » des Rohan-Soubise. Cette pièce est aujourd'hui consacrée à des présentations temporaires de documents d'archives.

La salle dite « Empire » à quant à elle été créée au XIXe siècle à l'emplacement de plusieurs pièces des appartements privées de la princesse. Meublée en 1882 de placards en chêne à l'instar des rayonnages des Grands dépôts, cette salle d'abord destinée à l'exposition de différents objets historiques, devient galerie permanente d'exposition en 1939 pour les documents du Premier Empire.

Galerie

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Articles connexes

Bibliographie

  • Archives nationales, Hôtel de Soubise et grands dépôts, livret de visite, mai 2012, 35 p.
  • Claire Béchu (dir.), Les Archives nationales, des lieux pour l'histoire de France : bicentenaire d'une installation (1808-2008), Paris, Somogy & Archives nationales, 2008, 384 p. (ISBN 978-2-7572-0187-9)
  • Philippe Béchu & Christian Taillard, Les Hôtels de Soubise et de Rohan, Paris, Somogy, 2004, 488 p. (ISBN-2-85056-796-5)
  • Jean-Pierre Babelon, Du palais de Soubise au CARAN : le siège des Archives nationales, Paris, Archives nationales, 1988, 47 p. (ISBN 2-86000-139-5)
  • Jean-Pierre Babelon, Musée de l'Histoire de France, Histoire et description des bâtiments des Archives nationales, Paris, Imprimerie nationale, 1969, 101 p.

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Références