Commanderie Saint-Jean d'Angers
| Destination initiale |
Hôpital |
|---|---|
| Destination actuelle |
Musée |
| Style | |
| Construction |
1175 |
| Occupant |
Hôtel-Dieu d'Angers (jusqu'en ) |
| Propriétaire | |
| Patrimonialité |  Classé MH () |
| Commune |
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| Coordonnées |
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La commanderie Saint-Jean d'Angers est un monument d'Angers (Maine-et-Loire). La commanderie abritait un hôpital et jusqu'en 1870 l'Hôtel-Dieu d'Angers, l'un des plus anciens hôpitaux de France encore existant[1].
La commanderie Saint-Jean fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840[2].
Historique[modifier | modifier le code]
En 1175, Étienne de Marsay, sénéchal d'Anjou, fonde à Angers au bord de la Maine un hôtel-Dieu : l'hôpital Saint-Jean. Il répond ainsi à la demande d'Henri II Plantagenêt, roi d'Angleterre et comte d'Anjou, désireux d'expier l'assassinat de Thomas Becket.
L'hôpital est de fondation laïque mais dirigé par des ecclésiastiques. il est fondé sur des terrains donnés par l'abbaye du Ronceray[3]. En 1183, l'abbesse de Ronceray concède au sénéchal le droit de nommer quatre prêtes ou chapelains pour l'administration spirituelle de l’elemosinaria ou aumônerie[4]. Sa fondation ne peut être antérieur à 1174, date d'entrée en fonction du sénéchal de Marsay, c'est donc entre 1174 et 1188 que date la fondation de la commanderie[5] mais dans la bulle du pape Alexandre III datée de 1181, il est déjà fait allusion à la salle des malades[6]. Entre 1188 et 1208 l'histoire de l'hôpital est mal connue. Entre ces dates se place la mainmise des Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem avec l'aide de Richard Cœur de Lion, l'adoption de la règle de l'Ordre et l'élection d'un prieur ou commandeur entre 1198 et 1207. Il y aurait eu une tentative de reprise par l'abbaye de Ronceray en 1200 ainsi que deux arbitrages pontificales en 1205 et 1208 qui ne seront approuvés par une compositio qu'en 1232, date à laquelle des achats de terrains vont constituer le domaine foncier de la commanderie[7]. À partir de cette date, il est alors sous la responsabilité du commandeur hospitalier aidé par huit frères prêtres et de vingt laïques (dix hommes et dix femmes) ; l'hôpital servait aussi de maternité[8]. Les statuts furent confirmés par le pape en 1267.
Les statuts du XIIIe siècle, gardés sur parchemin, stipulent « qu’ici sont admis les pauvres, à l’exclusion des incurables, des contagieux, des dangereux déjà condamnés, des simulateurs, comme les faux estropiés ou les tout jeunes enfants[8]. » À l'arrivée du malade, celui-ci frappe au portail de la rue Gay-Lussac, traverse le cloître puis se dirige vers la chapelle, pour se confesser ou recevoir les derniers sacrements[8].
Mais au XVIIe siècle, la situation se dégrade et les bourgeois d'Angers décident d'en prendre la charge. Le des Filles de la charité de Saint Vincent de Paul, emmenées par Louise de Marillac, assurent le soin aux malades. Une apothicairerie, en partie conservée aujourd'hui, y est installée. En 1645, le personnel comptait dix religieux, huit filles de la charité, un médecin, un apothicaire, un chirurgien, quarante-six serviteurs et vingt lavandières[9].
Du XVIIe au XIXe siècle, il peut accueillir jusqu'à 500 malades. Il abrite une école de charité créé par l'architecte Louis François vers 1824. Mais avec la construction de l'hôpital Sainte-Marguerite, il perd sa fonction hospitalière. Désaffecté et vendu à la ville d'Angers en 1865, l'hôpital Saint-Jean est pour l'essentiel converti en musée archéologique en 1874, accueillant de nombreux éléments lapidaires, le puits de l'ancien hôtel de ville de la place Louis-Imbach s'élève dans la cour ainsi que l'avion du pionnier René Gasnier. Des travaux de restauration interviennent jusque dans les années 1920. Dans le même temps, des bâtiments de toutes périodes sont détruits pour faire place à une rénovation du quartier[10]. À nouveau désaffecté, il accueille depuis 1967 la tapisserie du Chant du monde et devient le musée Jean-Lurçat et de la Tapisserie contemporaine.
Description[modifier | modifier le code]
L'hôpital Saint-Jean est un témoignage médiéval du style architectural du gothique angevin.
Bâtiment du commandeur[modifier | modifier le code]
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En 1184, la commanderie, dont le bâtiment du commandeur couvert d'ardoise avec escalier de pierre et salle du chapitre, était composée de plusieurs bâtiments protégés par un mur d'enclos[11],[12]. Vers 1203-1205, la commanderie est composée de trente religieux, religieuses et frères laïcs, reconnue en 1267 par le pape Clément IV[13].
Salle des malades[modifier | modifier le code]
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La salle des malades de 60 m sur 22,50 m est attestée dès 1188 mais son voûtement date de début XIIIe siècle. Des ogives soutiennent des voûtes qui lui donnent un aspect gothique angevin ou gothique plantagenêt.
Elle est composée de trois nefs séparées par deux filles de colonnes. La salle était cloisonnée d'un mur peu élevé séparant la nef centrale en deux, un dortoir des hommes de 110 lits séparés par des cloisons de bois et un dortoir de 112 lits pour les femmes lui aussi séparé par des cloisons de bois[14].
L'apothicairerie du XVIIe siècle qui se trouve maintenant dans la salle des malades.
Cloîtres[modifier | modifier le code]
À chacune des extrémités de la salle, il y avait un cloître, celui en façade, le grand cloître ou cloître des gardiennes, il ne reste plus qu'une galerie. En 1188, il était encadré par le réfectoire et la cuisine ainsi que d'un petit logement qui ont disparu. Il existait aussi un lavabos de forme hexagonale, dont il reste la base, qui était à l'origine le seul point d'eau de la commanderie[15].
Le petit cloître faisait la liaison entre la maison du commandeur, la chapelle et la salle des malades. Le cloître est composé d'arcades en plein cintre retombant sur des colonnettes géminées et prenant appui sur le mur de la salle des malades[16]. Il existe un puits au centre de ce cloître.
Chapelle dédiée à saint Jean[modifier | modifier le code]
La chapelle attenante au petit cloître et à la salle des malades est toujours en état. Elle date du XIIe siècle. Des détails architecturaux montrent que la chapelle est postérieur à la construction de la salle des malades[17]. Elle est toujours meublée de son mobilier mais elle est fermée au public.
Grenier à grains[modifier | modifier le code]
Les greniers à grains, surnommés les « greniers Saint-Jean », réserve alimentaire de l'ancien hôpital Saint-Jean.
Ils sont construits sur une partie du cimetière Saint-Laurent. Dans la donation, la « roche de l’aumônerie », désigne peut-être l'effleurement de schiste dans lequel est creusées les caves à la fin du XIIe siècle sous l’administration des Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
Le bâtiment est à deux niveaux, les caves formées de deux vaisseaux voûtés d’arêtes séparés par d’énormes piliers carrés, sont ouverts au nord de plain-pied sur l’enclos. À l’étage, les greniers sont divisés en trois parties séparés par des arcs en plein cintre retombent sur des colonnes jumelées qui datent du XIIe siècle. Les façades en schiste avec pour seules ouvertures de longues meurtrières. L’entrée se situait sur la façade orientale en tuffeau percée d’une série de baies jumelées se poursuivant sur le pignon nord. Il y avait un plancher ménageant une aire de stockage supplémentaire. Une galerie conduisait des greniers à une tour-moulin. Le moulin ruiné a été remplacé en 1824 par une école de charité construite par l’architecte Louis François[18].
Le décor très soigné et les nombreuses baies des greniers surprennent pour un simple bâtiment à provisions.
Le musée Jean Lurçat[modifier | modifier le code]
En 1966, après la mort de Jean Lurçat, la Ville d'Angers acquiert le Chant du monde auprès de sa femme Simone Lurçat pour faire écho au plus grand ensemble de tapisseries médiévales connu, la tapisserie de l'Apocalypse. L'œuvre est installée dans la salle des malades de la commanderie Saint-Jean d'Angers, qui deviendra le musée Jean-Lurçat et de la Tapisserie contemporaine.
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Viollet-le-Duc 1868, p. 104.
- Notice no PA00108887, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Mussat 1964, p. 78.
- Urseau 1922, p. 371.
- Urseau 1922, p. 372.
- Urseau 1922, p. 379.
- Mussat 1964, p. 79.
- Cet hôpital qui remonte au Moyen Âge
- Hôpital Saint-Jean
- Hôtel-Dieu, dit hôpital Saint-Jean l'Evangéliste, actuellement musée Jean Lurçat et de la Tapisserie contemporaine
- Favreau 2006, p. 447-538.
- Visites priorales de 1620 et 1665.
- Chobard, p. 3.
- Chobard, p. 6
- Chobard, p. 7
- Urseau 1992, p. 374.
- Urseau 1992, p. 373.
- Les greniers Saint-Jean une perle héritée du Moyen-Âge
Sources[modifier | modifier le code]
- « Hôtel-Dieu, dit hôpital Saint-Jean l'Evangéliste, actuellement musée Jean Lurçat et de la Tapisserie contemporaine » (consulté le )
- Sylvain Bertoldi, « Angers. Les greniers Saint-Jean : une perle héritée du Moyen-Âge » (consulté le )
- Frédéric Chobard, « L'hôpital Saint-Jean, Angers » (consulté le )
- Robert Favreau, « L’enquête pontificale de 1373 sur l'ordre de L'Hôpital dans le grand prieuré d'Aquitaine », dans Bibliothèque de l’École des chartes vol.164, no 2, Paris, (lire en ligne), p. 447-538
- André Mussat, « L'hôpital Saint-Jean à Angers », dans Congrès archéologique de France. 122e session. Anjou. 1964, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 78-87
- Benoit Robert, « Angers. Cet hôpital qui remonte au Moyen Âge » (consulté le )
- Pascal Thomeret, « L'hôpital Saint-Jean » (consulté le )
- Charles Urseau, « La grande salle de l'hôpital Saint-Jean d'Angers », dans Bulletin Monumental, t. 81, (lire en ligne), p. 369-379
- Eugène Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, vol. 6, Paris, Édition Bance, (lire en ligne)
Annexes[modifier | modifier le code]
Articles connexes[modifier | modifier le code]
- Prieuré hospitalier d'Angers
- Greniers Saint-Jean d'Angers
- Histoire d'Angers
- Musée Jean-Lurçat et de la Tapisserie contemporaine
Liens externes[modifier | modifier le code]
- Ressource relative à l'architecture :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- « Hôpital Saint-Jean » sur le site officiel du Conseil général de Maine-et-Loire
- Ville d'Angers : Laissez-vous conter l'hôpital Saint-Jean
