Générique (œuvre)
Un générique est une partie d'un film, d'une émission de radio ou d'une émission de télévision indiquant les personnes physiques ou morales qui ont participé à la création de l'œuvre. Le générique peut apparaître au début de l'œuvre (générique d'ouverture ou générique de début) ou à la fin (générique de fin ou générique de fermeture).
Composition formelle
La première partie du générique présente le plus souvent les acteurs et précise les personnages qu'ils incarnent, elle détaille également l'ensemble du personnel technique ainsi que la musique utilisée.
Les credits apparaissaient autrefois au début du film qui se terminait par un simple carton fin. Par la suite, seul le nom du réalisateur et des principaux acteurs apparaît durant le début du film. Le reste de l'équipe n'apparaît qu'à la fin et le carton fin disparut progressivement.
Au fil des décennies, les génériques de cinéma sont devenus de plus en plus longs. Cela tient principalement à la croissance permanente des budgets de production et à une maturation des techniques de réalisation dans le sens d’une plus grande professionnalisation et une plus grande diversification des différents métiers.
Les intervenants aux divers stades de la réalisation et tout au long de la chaîne de production, de montage et de diffusion sont de plus en plus nombreux : acteurs (le nom des figurants n’apparaît au générique que selon des règles parfois un peu complexes et obscures), mais aussi techniciens de toutes sortes - effets spéciaux, éclairage, photographie, son, décors, maquillage, costumes, scripts, cascades et dressages éventuels, etc. - mais aussi nombreux administratifs devant gérer des équipes toujours plus importantes, chargés de coordination, de repérages, de castings, de relations de presse, musiciens et mille autres corps de métiers encore qui gravitent aujourd’hui de près ou de loin autour d’un tournage de film et qui contribuent chacun à leur mesure à faire tourner l’immense machinerie du cinéma.
Une règle non écrite[réf. nécessaire] veut qu'apparaissent au générique d'un film le « cast & crew » : en plus des auteurs, réalisateurs, metteurs en scène, acteurs et autres dont la contribution est directe, évidente et immédiatement reconnaissable, apparaissent tous ceux dont la contribution a été significative soit à l'écran, soit lors du tournage, ou lors des opérations pré- et post- production, ou encore dans la réalisation et la distribution du produit fini (film et vidéo), voire encore simplement dans le fonctionnement global de l'équipe de tournage pendant tout le temps d'existence - éphémère par nature - de celle-ci, ainsi que toutes les sociétés sous-traitantes ayant participé à ces mêmes opérations.
Par ailleurs, les informations apparaissant au générique sont le plus souvent graphiquement hiérarchisées (taille, gras, capitales, noms groupés ou isolés, etc.) Les détails de la présentation de la contribution des personnes physiques ou morales sont parfois précisés par contrat.
Générique de début et prégénérique
Initialement, le générique de début consistait juste en une présentation formelle (titre, participants...). Il remplissait une fonction explicite d'ordre administratif et juridique (fiche d'identité du film ayant notamment pour but de limiter le piratage) ainsi qu'une fonction implicite de démarcation temporelle de la fiction : l'histoire commençait après le générique de début et s'achevait sur le carton « fin ». Progressivement, les réalisateurs ont transgressé les règles afin de mieux immerger le spectateur dans l'œuvre[1].
Le Vol du grand rapide en 1903 marque une étape importante dans l'histoire du générique qui voit une séquence d'ouverture dans laquelle un homme tire face caméra, introduisant ainsi un rapport d'interactivité avec le spectateur. À partir des années 1910 au cours desquelles le cinéma est considéré désormais comme un art, les interprètes commencent également à avoir leur nom figurer au générique, de même les scénaristes et réalisateurs qui n'hésitant pas à manifester dans ce but. Dans les années 1930, Émile Cohl crée de véritables œuvres d'art dans ses génériques de dessins animés, John P. Fulton introduit des effets spéciaux, donnant ses lettres de noblesse au générique[1].
C'est notamment grâce à Saul Bass que le générique de début est devenu une véritable introduction au film, une « mise en condition du spectateur » et non plus une liste de noms, invitant les projectionnistes à ouvrir le rideau dès le générique. Il a inventé le générique moderne sur le film L'Homme au bras d'or en 1955 (image controversée d'un bras en papier noir découpé comme symbole de l'addiction à la drogue, premier à utiliser une partition de jazz) et a réalisé en particulier de nombreuses séquences d'ouverture pour Alfred Hitchcock, dont celui de Sueurs froides (Vertigo), présentant des spirales tournantes, symbole à la fois du vertige (un des moteurs du film) et du temps. Il est également le créateur de l'animation multicolore — une première à l'époque ( en Technicolor Panavision 70 mm ) — qui constitue l'ouverture du film musical de Robert Wise West Side Story en 1961, ou de la séquence introductive en split screen de Grand Prix de John Frankenheimer en 1966. Dans la lignée de Saul Bass, des graphistes et dessinateurs se distinguent comme Pablo Ferro, Friz Freleng, Kuntzel+Deygas.
Par la suite, des réalisateurs ont introduit un « prégénérique », c'est-à-dire une séquence d'action située avant le générique. On peut citer notamment les prégénériques des James Bond réalisés par Maurice Binder puis Daniel Kleinman (en), montrant le héros à la fin d'une mission en général sans rapport avec le film en lui-même.
Certains films n'ont pas de générique de début. C'est par exemple le cas d’Apocalypse Now dont le titre n'apparaît que comme un graffiti tard dans le film.
Pour la sortie de Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir en 1977, George Lucas s'était mis à dos la Directors Guild of America, à laquelle il était affilié, car le générique de début (un texte introduisant l'histoire, sur fond de noir spatial) ne contenait pas les noms des participants au film. Cependant l'affaire avait été classée sans suite puisque ce syndicat ne croyait pas en l'avenir du film. Trois ans plus tard, pour L'Empire contre-attaque, ce même syndicat est revenu à la charge pour les mêmes motifs et George Lucas a été obligé de leur payer une amende de 250 000 dollars[2]. Il démissionna par la suite de la DGA[2], afin de ne pas avoir à changer son mode de fonctionnement pour les films suivants.
Aujourd'hui, le générique de début est le plus souvent délaissé pour une question de rythme ou réduit en simple complément du générique de fin.
Génériques finaux particuliers
Bien que le générique de fin se présente le plus souvent comme de simples cartons ou un texte déroulant, certains films en présentent néanmoins des versions plus originales.
Inclusion d'un bêtisier
Certains génériques de fin incluent un bêtisier du film.
- les films de Jackie Chan
- Les Visiteurs
- Les Anges gardiens
- Bruce tout-puissant
Par clin d'œil, des films d'animations ont imaginé de faux bêtisiers pour leurs génériques de fin :
Inclusion de scènes supplémentaires
inclusion de scènes supplémentaires qui complètent voire donnent un autre éclairage à l'intrigue
- L'Agence tous risques : deux acteurs de la série originale (Dirk Benedict et Dwight Schultz) font un caméo pour donner la réplique à leurs double.
- L'Arme fatale 3 : scène sur le thème du running gag « explosion d'un immeuble ».
- Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre : scène supplémentaire où Numérobis tente désespérément d'expliquer la blague du Phare à On à une jeune et jolie égyptienne.
- Avengers : une première scène en début de générique qui laisse apparaître Thanos[3]. Une autre scène à la fin du générique, sans dialogue, montrant l'équipe épuisée, autour d'une table dans un fast-food.
- Bienvenue à Zombieland : Bill Murray cite Jean-Paul Sartre en reprenant une réplique du film Caddyshack[4].
- Brice de Nice : plusieurs petites scènes avec différents personnages. Marius et son coupe-ongle, Brice qui imite Robert De Niro.
- Captain America: First Avenger : Nick Fury rend visite à Steve Rogers et lui apporte une mission : sauver le monde. S'ensuit une courte bande-annonce pour le film The Avengers.
- Captain America : Le Soldat de l'hiver : le Baron Strucker montre comment il a utilisé le sceptre de Loki pour créer des êtres aux pouvoirs spéciaux. Bucky, toujours vivant, lit son histoire au National Air and Space Museum.
- La Cité de la peur : scène sur le thème de « et pendant ce temps à Veracruz ».
- Fast and Furious 5 : l'agent Hobbs apprend que Letty Ortiz (présumée morte depuis Fast and Furious 4) serait encore en vie.
- Fast and Furious 6 : retour sur la mort de Han (dans Fast and Furious: Tokyo Drift), où l'on voit en plus le conducteur de la Mercedes qui cause l'accident : c'est Jason Statham, qui téléphone à Dom juste après.
- Furtif : clignotement de l'œil de l'IA que l'on croyait morte (un grand classique dans ce genre de film).
- Harry Potter et la chambre des secrets : La photo (animée) d'un Gilderoy Lockart amnésique sur son dernier livre intitulé "Qui suis-je ?", à vendre dans un magasin du Chemin de Traverse.
- Les Gardiens de la Galaxie : dans les ruines de l'échoppe du collectionneur, apparition de Howard the Duck.
- Iron Man : Tony Stark est contacté par Nick Fury.
- Iron Man 2 : dans le désert du Nouveau-Mexique, un agent SHIELD arrive auprès d'un cratère au milieu duquel se dresse le marteau de Thor.
- Iron Man 3 : Tony Stark termine de raconter l'histoire qui faisait la voix off du film. On découvre qu'il est allongé sur le divan du Docteur Bruce Banner, qui s'est endormi.
- Kiki la petite sorcière : Les parents de Kiki reçoivent des nouvelles de Kiki sous la forme d'une lettre ; le vélo volant s'envole.
- Les Looney Tunes passent à l'action : morceau de poursuite entre Daffy et des brutes toons dans un casino.
- Louise Michel de Benoît Delépine et Gustave Kervern : Après le générique de fin, on voit Albert Dupontel dans le rôle d'un tueur serbe psychopathe, pour remplacer Michel (Bouli Lanners).
- Pirates des Caraïbes, la malédiction du Black Pearl : le singe (Jack) redevient maudit en reprenant une pièce.
- Pirates des Caraïbes : Le Secret du coffre maudit : le chien est sur le trône regardant la tribu indigène se prosterner devant lui.
- Pirates des Caraïbes 3 : Jusqu'au bout du monde : dix ans après, le Hollandais Volant revient.
- Pirates des Caraïbes : La Fontaine de jouvence : Angélica qui fut abandonnée par Jack sur l'Ile retrouve échoué sur la plage la poupée de Jack qui permet de lui faire subir d'affreuses souffrances.
- RRRrrrr!!! : le préveneur de nuit se lance dans la peinture rupestre.
- Le Secret de la pyramide : réapparition du défunt professeur Rathe, sous un autre nom.
- Sexcrimes : des scènes supplémentaires qui ont eu lieu au cours du film mais n'ont pas été montrées (comme coupées au montage)
- Space Movie : au cours de la pause thé à bord de l'USS Surprise, un personnage d'un autre film du même réalisateur, Qui peut sauver le Far West ?, fait son apparition.
- Thor : le Dr Selvig rencontre Nick Fury, alors que Loki réapparaît.
- Transformers de Michael Bay : interview des parents du héros, et fuite en direction de l'espace d'un méchant qui a survécu.
- Les Trois Frères : les trois frères continuent la discussion qui lançait le générique de fin, et tirent au sort le cœur de la belle Marie.
- Very Bad Trip : des photos de la soirée que les héros du film ont oublié.
- X-Men : L'Affrontement final : réapparition du défunt Professeur X sous une autre forme et évocation du personnage de Moira.
- X-Men Origins: Wolverine : dans un bar au Japon, dialogue entre Wolverine et une serveuse. Apparemment il y a plusieurs scènes post-générique, différentes selon la salle qui projette le film[5].
Inclusion de crédits fantaisistes
- La Menace fantôme : le personnage de Jabba the Hutt est joué par lui-même (alors que c'est un acteur de synthèse pour un personnage fictif)
- La Cité de la peur : apparition entre autres de crédits pour Spiderman (Peter Parker), Batman (Bruce Wayne), Tom Cruz ou bien un certain Ça en fait (du monde hein ?) accompagné naturellement par le Tulle à vue (Kim Onku)
- Didier : dans la partie consacrée au dressage des animaux, on peut noter les enculeurs de mouche (tout le monde)
- Brice de Nice : ajout de petites phrases "à la Brice" au milieu des crédits (Bricewish, tenue du casseur, ...)
- Fatal : remerciements à des personnes fictives
- Dans les films de la série Y a-t-il un flic..., des noms et fonctions fantaisistes sont mélangés au reste dans le générique de fin.
- Dans les films de la série Hot shots, des recettes de cuisine sont mélangés au reste dans le générique de fin.
Autres
Dans Irréversible de Gaspar Noé, l'histoire est présentée de manière antichronologique et adoptant cette logique d'un point de vue formel, le film commence donc par un générique se déroulant du bas vers le haut (à l'inverse du sens habituel). Se7en et Bon Cop, Bad Cop sont d'autres exemples de film dont le générique final se déroule du bas vers le haut.
Le générique de Monty Python : Sacré Graal ! annonce dès le départ la couleur de ce qui va suivre : les noms des acteurs et de l'équipe technique défilent en même temps qu'une fausse publicité pour la Suède, qui devient de plus en plus intempestive jusqu'à ce qu'un message annonce que les responsables du générique ont été licenciés ; le générique finit alors dans un style latino-américain flamboyant
Créateurs et typologie
- Saul Bass est réputé comme l'un des meilleurs créateurs de génériques pour le cinéma. Il est notamment célèbre comme créateur de la typographie cinétique moderne, avec La mort aux trousses d'Alfred Hitchcock (1959) ainsi que l'ouverture multicolore et le générique de West Side Story de Robert Wise (1961).
- Laurent Brett est un réalisateur français de générique de film. Il est notamment le réalisateur de générique fétiche de Florent Emilio Siri.
Génériques marquants
- L'Heure du loup d'Ingmar Bergman : titre au milieu du film[6].
- La Mort en prime (Repo-man) d'Alex Cox : Le générique de fin défile à l'envers, du haut vers le bas.
- Seven de David Fincher : le générique de fin, réalisé par Kyle Cooper, défile du haut vers le bas, à l'envers par rapport au sens habituel.
- Sacha Guitry (La Poison), Jean-Luc Godard (Le Mépris), François Truffaut (Fahrenheit 451) ... ont parfois choisi d'avoir des génériques exclusivement parlés.
- Jean-Pierre Jeunet
- Delicatessen : les noms sont inscrits sur des objets en rapport avec la fonction de la personne.
- Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain : le générique montre des images de type super 8 mettant en scène le personnage principal enfant, dont les gestes sont en rapport avec la fonction de la personne citée.
- Monty Python : Sacré Graal ! : au bout de quelques cartons, le générique se trouve sous-titré, sans grand rapport avec le texte à l'écran, puis le générique inclut des références à différents lamas, puis informe que des collaborateurs ont été renvoyés ...
- Francis Ford Coppola, Apocalypse Now : le générique de fin de la version commerciale de 1979, est la destruction des décors filmée en infrarouge pour signifier le bombardement de la base du colonel Kurtz.
- La Panthère rose de Blake Edwards (1963) : le générique initial est réalisé en dessin animé. Son succès entraina la création d'une série autonome de dessins animés.
- Arrête-moi si tu peux de Steven Spielberg, dont le générique de début est un film d'animation réalisé par les artistes français Kuntzel+Deygas.
- Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry : le générique de début apparaît 17 minutes après le début du film.
- Zelig de Woody Allen : le film dure 79 minutes, dont près de 10 minutes de générique final. Les effets spéciaux du film, alors purement analogiques, puis ultérieurement banalisés par le numérique avec Forrest Gump, avaient demandés la collaboration d'un nombre inhabituel de participants.
Annexes
Bibliographie
- Laurence Moinereau, Le générique de film. De la lettre à la figure, Rennes: Presses universitaires de Rennes 2009.
- Nicole de Mourgues, Le Générique de film, préface de Christian Metz, éd. Méridiens Klincksieck, 1994. ISBN 2-86563-318-7
- Georg Stanitzek, Reading the Title Sequence (Vorspann, Générique), trans. Noelle Aplevich, in Cinema Journal 48,4 (Summer 2009), pp.44-58.
- Alexandre Tylski, Le générique de cinéma. Histoire et fonction d'un fragment hybride, Toulouse: Presses universitaires du Mirail 2008.
Notes et références
- Alexandre Tylski, « Les génériques : Pourquoi les films commencent-ils au début ? », émission Pendant les travaux, le cinéma reste ouvert sur France Inter, 2 août 2012
- (en) « Biography for George Lucas (I) », sur akas.imdb.com (consulté le )
- http://lestoilesheroiques.fr/2012/04/avengers-scene-apres-generique-bonus-pendant-generique.html
- http://moviesb.com/mcconnaughy-to-bacon-all-the-deleted-zombieland-cameos/
- http://www.digitalspy.co.uk/movies/a154141/wolverine-given-multiple-endings.html
- Alexandre Tylski, Le Générique de cinéma : Histoire et fonction d'un fragment hybride, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, (ISBN 978-2-8107-0018-9, lire en ligne), p. 44
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Site dédié au générique de film - Histoire, analyses, ITVs, filmographies et bibliographies, par cadrage.net
- Site dédié au générique de film - Une collection en ligne des génériques les plus originaux et impressionnants
- Site dédié aux bonus cachés pendant et après les génériques - Base de donnée française participative des scènes cachées après le générique des films