Gymnopédies (Satie)

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Gymnopédies
Liste des œuvres d'Erik Satie
Trois Gymnopédies
Image illustrative de l’article Gymnopédies (Satie)
Erik Satie en 1920.

Genre Musique classique, valse lente, musique impressionniste, musique symbolique, musique d'ambiance
Musique Erik Satie
Durée approximative 15 minutes
Dates de composition 1888

Les Gymnopédies ou Trois Gymnopédies sont une série de trois variantes de valses lentes impressionnistes pour piano solo, composées par Erik Satie et publiées en 1888 à Paris. Elles sont inspirées du roman historique Salammbô (1862) de Gustave Flaubert et des Gymnopédies, danses rituelles exécutées à Sparte lors de fêtes religieuses du temps de la Grèce antique[1],[2]. Elles sont parmi ses compositions les plus célèbres avec les Gnossiennes.

Musique[modifier | modifier le code]

Partition de la première gymnopédie

Les Gymnopédies sont des pièces légères mais atypiques qui bravent délibérément de nombreuses règles de la musique classique[Lesquelles ?] (Erik Satie joue toute sa vie à se rebeller et à défier les règles académiques[3][réf. nécessaire] établies de l'art et de la musique classique[4],[5]). Les trois compositions sont écrites selon un rythme à
et sont des variantes d'un thème et d'une structure similaires.

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Première gymnopédie « Lent et douloureux »
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Deuxième gymnopédie « Lent et triste »
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Troisième gymnopédie « Lent et grave »
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La première Gymnopédie utilise un mode mixolydien[réf. souhaitée] (ou hypoionien[6]).

Les Gymnopédies sont des pièces éthérées, aériennes, vaporeuses, nostalgiques, minimalistes, abstraites, sereines, et mystérieuses, qui inspirent la rêverie mélancolique[réf. nécessaire], parfois considérées comme des précurseurs de l'ambient (ou musique d'ambiance). Brian Eno, pionnier de ce mouvement musical, cite Erik Satie comme une de ses influences majeures. Satie lui-même a créé le terme « musique d’ameublement » pour définir certaines de ses œuvres, signifiant par là qu'elles pouvaient fort bien convenir comme fond sonore, mais ce terme a été créé en 1917 et Satie ne l'a jamais appliqué aux Gymnopédies. Dans la seconde moitié du XXe siècle, les Gymnopédies ont cependant souvent été décrites comme faisant partie de la « musique d’ameublement » de Satie, sans doute en raison des interprétations musicales de John Cage[7].

Composition et publication[modifier | modifier le code]

C'est après avoir lu Salammbô de Gustave Flaubert que Satie a l'idée de pièces pour piano inspirées par les danses de l'antiquité grecque[1]. La série entre dans la catégorie des œuvres de sa période Montmartroise. Les pièces furent publiées pour la première fois par son père Alfred Satie, mais ne connurent une vraie popularité qu'à partir de 1910, quand la jeune génération de compositeurs et d'interprètes français de l'époque découvrit sa musique.

Choix du mot « Gymnopédies »[modifier | modifier le code]

Satie a choisi le terme de « gymnopédies » qui désigne une danse pratiquée par de jeunes danseurs nus à Sparte. La danse est mentionnée notamment par Xénophon dans les Helléniques, Platon dans les Lois et Plutarque dans son Traité de la musique. La thématique grecque antique parcourt toute l'œuvre de Satie, depuis les Gnossiennes jusqu'à La Mort de Socrate. Selon Jean-Joël Barbier, le mot fut peut être choisi en allusion aux notions d'ascétisme et d'austérité qui se réfèrent à tout ce qui est en relation avec la civilisation spartiate, deux notions proches de l'esthétique d'Érik Satie[8]. Satie s'inspire entre autres également de la poésie de son ami poète JP Contamine de Latour (1867-1926), auteur des Antiques :

Jeunes filles au bord de la mer, par Pierre Puvis de Chavannes, 1879, Musée d'Orsay (représentation artistique symboliste qui a peut-être inspiré Satie pour l'ambiance qu'il souhaitait évoquer dans ses Gymnopédies)

Oblique et coupant l'ombre un torrent éclatant
Ruisselait en flots d'or sur la dalle polie
Où les atomes d'ambre au feu se miroitant
Mêlaient leur sarabande à la gymnopédie

Orchestrations de Debussy[modifier | modifier le code]

Fin 1896, la popularité et la situation financière de Satie étaient au plus bas. Claude Debussy, dont la réputation grandissait à cette époque, décida de faire un effort pour attirer l'attention du public sur le travail de son ami en orchestrant les Gymnopédies.

Selon Debussy, la 2e gymnopédie ne se prêtait pas à une orchestration, il se consacra donc à la 3e et à la 1re, en inversant leur numérotation :

Première gymnopédie (version originale pour piano de Satie) → 3e gymnopédie (orchestration de Debussy)
Troisième gymnopédie (version originale pour piano de Satie) → 1re gymnopédie (orchestration de Debussy)

La première représentation des deux versions orchestrales de Debussy eut lieu en et les partitions furent publiées en 1898.

L'orchestration de la deuxième gymnopédie ne fut réalisée que bien des décennies plus tard, par d'autres compositeurs, et n'est guère donnée. Il existerait ainsi une orchestration par Roland-Manuel et une autre par David Leo Diamond[9].

Reprises et postérité[modifier | modifier le code]

Au cinéma[modifier | modifier le code]

Les Gymnopédies sont reprises dans les bandes son de nombreux films au cinéma, dont :

Au théâtre[modifier | modifier le code]

Dans la pièce Conférence en forme de poire d'Olivier Salon et Martin Granger, créée en 2012[10], une conférence sur Érik Satie, accompagnée par la première Gymnopédie au piano, se mélange avec une autre conférence sur l'optimisation des ressources et du temps de travail. Il en résulte notamment des versions de plus en plus « compressées » de la Gymnopédie.

On entend aussi Gymnopédies no 1 dans le one-man show de Gaspard Proust "Tapine".

Dans la bande dessinée[modifier | modifier le code]

Prologue-Gymnopedies (2012) est un recueil de six histoires courtes inspirées par les gymnopédies d'Érik Satie, chacune écrite et dessinée par un mangaka différent :

  • A certain, student, gymnopedies, par Natsujikei Miyazaki
  • A night absent of return, par Murai
  • For a quiet night's sleep, par Yoso Machi
  • Gentle Water, par Kayashima Yuuta
  • Déjà-vu, par Mikami Yuuri
  • Slowly, as if in pain, par Sekine Miyuu

Dans les jeux vidéo[modifier | modifier le code]

La Gymnopédie no 1 est présente dans le jeu vidéo Persona 2: Innocent Sin sorti en 1999. Elle est l'une des musiques que l'on peut entendre dans la Velvet Room. La version PSP reprend cette référence.

La Gymnopédie no 1 est présente dans deux jeux du studio japonais Grasshopper Manufacture. Dans Flower, Sun, and Rain sorti en 2001 sur PlayStation 2 et en 2009 sur Nintendo DS. Ainsi que dans le jeu Killer7 sorti en 2005.

On retrouve la Gymnopédie no 1 dans le jeu vidéo Mother 3 sorti en 2006. Elle est reprise à l'identique (avec le hardware de la GBA) sous le titre Leder's Gymnopedie. Elle est utilisée lors du passage à New Pork City, au moment où Leder raconte son histoire.

On peut entendre la première Gymnopédie jouée au piano par un robot dans le jeu Remember Me sorti en 2013.

On peut entendre une des Gymnopédies dans le jeu vidéo Samsara Room sorti en 2013. Le même studio emploie également la Gymnopédie n°3 durant la deuxième partie du jeu Cube Escape : Seasons.

La Gymnopédie no 1 est entendue à de nombreuses reprises dans le jeu Close your Eyes sorti en 2015 sur la plateforme Steam.

Gymnopédie est une musique jouable dans le jeu Starbound sorti en 2016.

La Gymnopédie no 1 est un des morceaux de musique classique repris par le groupe Ridiculon pour la bande originale du jeu vidéo The End Is Nigh sorti en 2017[11]. Ce morceau est utilisé lors de certains niveaux cachés du jeu[12].

La troisième Gymnopédie est utilisée pour la musique du menu dans le jeu vidéo Symphony.

La Gymnopédie no 1 est également entendue dans le Visual Novel Mahoutsukai no Yoru (Witch of the Holy Night, surnommé Mahoyo par les fans), développé par le studio japonais TYPE-MOON et paru 2012 au Japon. Il est aussi disponible depuis le 14 Décembre 2023 sur la plateforme Steam.

Dans les arts plastiques[modifier | modifier le code]

Les Gymnopédies ont aussi été utilisées pour l'installation L’expédition scintillante de l'artiste contemporain Pierre Huyghe.

En musique électronique[modifier | modifier le code]

La Gymnopédie no 1 a été reprise en 2020 par le musicien français de musique électronique Thylacine[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Vincent Lajoinie, Erik Satie, L'Âge d'Homme, 1985, p. 49
  2. Pierre-Paul Lacas, « Gymnopédie », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  3. « académisme », sur fr.wiktionary.org
  4. « Gymnopédies d'Erik Satie », sur palomavaleva.com
  5. « Les Gymnopédies cinématographiques d'Erik Satie », sur sonore-visuel.fr
  6. « Hypoionien : définition de hypoionien, citations, exemples et usage pour… », sur reverso.net (consulté le ).
  7. (en) Cage’s Place In the Reception of Satie - Matthew Shlomowitz, université de Californie, 1999
  8. Jean-Joël Barbier, Au piano avec Érik Satie, Garamond archimbaud, 1986 p. 35
  9. Source : la Médiathèque de Belgique [source insuffisante]
  10. Conférence en forme de poire - erik-satie.com, 8 octobre 2014
  11. « AS ABOVE - Gymnopédie No.1 (Satie 1888), by Ridiculon », sur Ridiculon (consulté le ).
  12. ZackScottGames, « The End Is Nigh - Gameplay Walkthrough Part 1 - The End (PC) », (consulté le ).
  13. Céline Dekock, « La Gymnopédie n°1 d’Erik Satie reprise en version électronique par Thylacine », sur rtbf.be, (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]