Gustave Flourens

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Gustave Flourens
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Cimetière du Père-Lachaise, Tombe de Marie-Jean-Pierre Flourens et son fils aîné Gustave Flourens (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Gustave Flourens est un universitaire, publiciste, militaire et homme politique français né le à Paris. Personnalité de la Commune de Paris, il est tué par les soldats versaillais le à Rueil-Malmaison.

Origines[modifier | modifier le code]

Il est le fils du physiologiste Pierre Flourens, professeur au Collège de France, secrétaire perpétuel avec François Arago de l'Académie des sciences, député en 1838-1839 et le frère aîné d'Émile Flourens, futur ministre des affaires étrangères de la Troisième République.

Gustave Flourens adolescent, avec son plus jeune frère Pierre Abel, daguerréotype par Derussy, vers 1849

Carrière[modifier | modifier le code]

Professeur au Collège de France à 25 ans en 1863, il est chargé de traiter l’Histoire des races humaines où ses opinions anti-religieuses et anti-bonapartistes le font interdire de cours après une année d'exercice[1]. Il publiera alors ses leçons sous le titre d’Histoire de l'Homme. Il y aspire alors à l'instauration d'une République universelle, qu'il voit comme la composante d'une lutte millénaire entre la culture aryenne, athée, et la culture sémitique, mystique[2]. Il enseigne notamment que la supériorité physique, intellectuelle et morale des Aryens blonds aux yeux bleus les destine à dominer ou à déplacer les peuples inférieurs noirs, bruns et jaunes[2].

Vie politique[modifier | modifier le code]

En exil en Belgique en 1865, il rejoint les partisans des minorités agissantes, proches du courant blanquiste[2] , puis installé à Istambul et Athènes, il prend fait et cause pour les Crétois insurgés contre l'Empire ottoman[1] et sollicite en leur faveur les gens d'opinion avancée dans toute l'Europe dont Victor Hugo, l'ancien concurrent malheureux de son père à l'Académie française. En 1866, il participe à l'insurrection crétoise avec le grade de capitaine. Il est nommé ambassadeur de Crète auprès du gouvernement grec qui, cédant aux pressions du gouvernement français, l'expulse vers la France.

Opposant politique au Second Empire et désormais propagandiste des théories socialistes, il est emprisonné pendant trois mois en 1869. Il devient chroniqueur militaire du journal La Marseillaise d'Henri Rochefort, et se bat en duel contre Paul de Cassagnac, qui le blesse au ventre. Accusé de prendre part dans une tentative de complot contre Napoléon III, il est en détention provisoire avec son ami Maurice Garreau en janvier 1870[3],[4]. Après l'arrestation de Rochefort en , il s'enfuit en Hollande puis en Angleterre, où il devient un familier de Karl Marx[1]. En , la haute-Cour siégeant à Blois le condamne à six ans de prison par contumace.

Franc-maçon et membre de sociétés de libre pensée depuis 1865, il participe de leur activité depuis son exil, écrivant dans La Libre Pensée du  : « L'ennemi c'est Dieu. Le commencement de la sagesse c'est la haine de Dieu […], cet épouvantable mensonge qui, depuis six mille ans, énerve, abrutit, asservit la pauvre Humanité »[5].

Il rentre en France après la proclamation de la République le 4 septembre 1870, il est élu chef d'un bataillon de la Garde nationale de Belleville et est l'un des organisateurs du soulèvement du 31 octobre 1870 contre la politique jugée trop tiède du gouvernement de la Défense nationale et en faveur de l'élection d'une Commune à Paris. Emprisonné, il est libéré par des hommes de la Garde nationale commandés par son ami Amilcare Cipriani dans la nuit du 21 au . Caché dans Paris, il écrit un ouvrage sur la situation politique de la France depuis l'été 1870, Paris Livré, qui paraît le 3 avril 1871. Il participe au soulèvement des Parisiens le 18 mars 1871 et est élu à la Commune par le 19e arrondissement, nommé général et chargé de la défense du Paris révolutionnaire. Partisan de la désastreuse offensive des communards contre Versailles, il est sabré mortellement le à Rueil, alors qu'il était désarmé, par le capitaine de gendarmerie Desmarets, futur juge de paix à La Garnache en Vendée et protégé du comte de Baudry d'Asson.

Premier mort parmi les membres de la Commune, il est inhumé auprès de son père au cimetière du Père-Lachaise à Paris dans la 66e division et sa tombe devient, au cours des années suivantes, le premier lieu de rassemblement pour commémorer la révolution parisienne vaincue.

Une unité militaire de la Commune fut baptisée en son honneur les « Vengeurs de Flourens ».

William Butcher, vernien américain, suggère que le personnage du Captaine Nemo, de par ses idées et ses actes en Crète, est inspiré de Gustave Flourens[6]. Malgré les transformations éditoriales de Hetzel, Leonidas Kallivretakis conteste en partie ce point de vue[7].

Hommages[modifier | modifier le code]

Des rues portent son nom à La Rochelle (Charente-Maritime), au Mans (Sarthe), à Suresnes (Hauts-de-Seine), à Nanterre (Hauts-de-Seine), à Vierzon (Cher) et à Evry-Courcouronnes (Essonne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Léonidas Kallivretakis, Gustave Flourens (1838-1871) et la Grèce (thèse de 3e cycle ès études grecques), Paris, université Paris-IV, , 506 + 28 (SUDOC 006517390).
  • Leonidas Kallivretakis, "Jules Verne's Captain Nemo and French Revolutionary Gustave Flourens: A Hidden Character Model?". The Historical Review , 2004, p 207–244.
  • Alain Dalotel, « Un héros de Belleville, le communard Gustave Flourens », Gavroche, no 115, janv-févr 2001.
  • Éric Lebouteiller, « Gustave Flourens (1838-1871), le « Chevalier de la révolution » », La Commune, bulletin des Amies et Amis de la Commune, no 60, 2014.
  • Jacqueline Brossollet, « Gustave Flourens », sur universalis.fr.
  • Robert Tombs, Paris, bivouac des Révolutions : La Commune de 1871, Libertalia, , 480 p. (ISBN 9782918059448).
  • Michel Pinault, Gustave Flourens : un intellectuel révolutionnaire du Second Empire à la Commune de 1871, L'Harmattan, 2023, 528 p.[8]

Notices biographiques[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Jean-Louis Robert, « Gustave Flourens (1838-1871) Itinéraire d’un romantique révolutionnaire (28) », sur humanite.fr, .
  2. a b et c Tombs 2014, p. 215.
  3. Michel Cordillot, « GARREAU Maurice - Maitron », sur maitron.fr, (consulté le )
  4. Recueil mensuel de législation, de jurisprudence et de doctrine sur les matiéres rentrant dans les attributions des commissaires de police, Journal des commissaires de police, (lire en ligne)
  5. Jacqueline Lalouette, La Libre Pensée en France, 1848-1940, Albin Michel, , 640 p. (ISBN 978-2226130129, lire en ligne)
  6. Joel W. Hedgpeth, « The Annotated Jules Verne: Twenty Thousand Leagues Under the Sea. Walter James Miller », The Quarterly Review of Biology, vol. 52, no 4,‎ , p. 389–390 (ISSN 0033-5770 et 1539-7718, DOI 10.1086/410130, lire en ligne, consulté le )
  7. Leonidas Kallivretakis, « Jules Verne's Captain Nemo and French Revolutionary Gustave Flourens:A Hidden Character Model? », The Historical Review/La Revue Historique, vol. 1,‎ , p. 207 (ISSN 1791-7603 et 1790-3572, DOI 10.12681/hr.177, lire en ligne, consulté le )
  8. Compte-rendu par Michèle Audin, Un révolutionnaire inconnu, La vie des idées (11 janvier 2024).