Guillaume de Roquefeuil

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Guillaume de Roquefeuil
Fonctions
Lieutenant du roi
Seigneurie de Montpellier
-
Lieutenant du roi
Seigneurie de Montpellier
-
Ambassadeur
Jacques Ier d'Aragon
Titre de noblesse
Seigneur (Alpera)
à partir du
Biographie
Décès
Date inconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
MurcieVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Mère
Ricarde [de Bonvoisin]
Fratrie
Raymond III de Roquefeuil (frère consanguin)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Jean, Raymond
Autres informations
Conflit

Guilhem ou Guillaume de Roquefeuil, en espagnol Guillermo, Guillem ou Guillén de Rocafull, mort en Murcie, est un noble seigneur du XIIIe siècle, probablement issu de la famille de Roquefeuil-Anduze.

Au service du Roi d'Aragon, Jacques Ier, il participe à la signature du traité de Corbeil (1258) et à l'écrasement de la révolte mudéjar, en Murcie (1264-1266).

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

La date de naissance de Guillaume, que l'on trouve sous la forme occitane, Guilhem, et espagnole, Guillén/Guillem de Rocafull, n'est pas connue en l'état actuel des connaissances. Elle pourrait être placée dans la première moitié du XIIIe siècle.

Il pourrait être le fils, peut être naturel, d'Arnaud Ier de Roquefeuil[1]. Le Grand armorial de France (GAF, 1952) le signale comme « bâtard de Roquefeuil, sgr de Versols et de Bonvoisin (fils d'Arnaud, sgr de Roquefeuil et d'Anduze) »[2]. Il serait ainsi le frère de Raymond III, héritier d'Arnaud Ier[1].

L'érudit espagnol Francisco Cascales (en) (c. 1559-1642) considérait qu'il avait des liens familiaux étroits avec le roi Jacques Ier d'Aragon[3]. L'historien Pierre Guichard (1983) mentionne que les « Rocafull, [sont] apparentés aux derniers seigneurs de Montpellier et donc, par alliance, à la maison d'Aragon »[4].

Au service du roi d'Aragon[modifier | modifier le code]

Guillaume est au service du roi d'Aragon, Jacques Ier.

Il est nommé lieutenant du roi — dit aussi baile de Montpellier[4] — de la seigneurie de Montpellier (le GAF utilise l'expression « Gouverneur de Montpellier »[2]), alors possession aragonaise[1], de 1252 à 1259[5]. Lorsque Raimond Gaucelm de Lunel meurt, en 1263, le roi demande à Guillaume de Roquefeuil de reprendre la lieutenance et de recouvrir les dettes de la seigneurie[5]. Guillaume achète tous les droits et revenus de Montpellier, pour deux ans[5]. À l'issu de la période, le contrat est prolongé à nouveau pour un an[5].

En 1258, il est le représentant du Roi auprès de la France lors du traité de Corbeil qui fixe la frontière entre l'Aragon et la France. Il appose son sceau le 5 des ides de mars sur le texte (voir ci-après « Sceau »)[6].

Le , il est envoyé à la cour de Savoie, afin d'organiser le mariage de l'Infant Jaime, second fils du roi Jacques Ier, avec Béatrice Contesson, fille du comte Amédée IV ( )[7],[8]. Toutefois, cette union n'abouti pas[8], les fiançailles sont rompus le . Le , il est de nouveau mandaté pour négocier la même union, mais sans que des suites soient données[8]. Béatrice Contesson finit par épouser un noble de la région qui meurt peu de temps après, puis l'Infant Manuel à l'automne 1275[8]. Le médiéviste Kinkade (2019) considère que Guillaume a pu contribuer à cette union[8].

Reconquête de la Murcie[modifier | modifier le code]

Il fait partie des principaux chevaliers qui participent à la reconquête du royaume de Murcie, aux côté du roi Jacques Ier[3], en 1264[4]. Il intervient ainsi dans l'écrasement du soulèvement mudéjar, qui se déroule entre 1264 et 1266[9],[10].

Guillaume obtient, le , le château et la ville d'Alpera (actuelle province d'Albacete)[11],[9],[10]. La famille semble s'installer à cette date en Castille[9]. L'historien Pretel Marín (2010) indique cependant que l'on ne sait pas précisément si Guillaume a reconquis Alpera et aurait réclamé sa part par la suite, ou s'il s'agit d'une concession en raison de ses services[10]. Il semble en tout cas n'avoir pas conservé ses droits bien longtemps, le roi lui ayant retiré la garde de ce territoire frontalier[10]. Kinkade (2019) considère qu'il les obtient en raison de ses services[8].

Il semble avoir obtenu aussi la seigneurie[4] d'Abanilla[3].

Il aurait été légitimé, par Lettres Patentes du roi d’Aragon, en 1263[2]. Louis de La Roque (1860) indiquait qu'il a reçu, le , une lettre du Roi d'Aragon lui « reconnaissant son ancienne noblesse »[12]. Josef Smets (2001) mentionne une « lettre envoyée de Lérida en mai 1273 », le roi Jacques Ier le promut « au grade de lieutenant royal et grand-amiral du royaume de Murcie, tout en lui offrant en même temps les seigneuries de Cournonsec, de Mireval et de Grémian dans le Bas-Languedoc »[13].

Testaments et succession[modifier | modifier le code]

Guillaume fait rédiger un testament et un codicille, par le notaire Bernard de Bernis, en 1265[14]. Il teste, à nouveau en 1273[1]. Il en fait rédiger un autre, qu'il qualifie de « dernier testament », le [14]. Il le fait amender en [14].

Guillaume semble mourir avant l'année 1281, pour Kinkade (2019)[8].

Ses deux fils, Jean et Raymond, se partagent l'héritage lors d'un arbitrage rendu à Tolède le .

Famille[modifier | modifier le code]

Guillaume de Roquefeuil semble avoir épousé femme Ricarde [de Bonvoisin], dont sont issus[15] :

Sceau[modifier | modifier le code]

Armes de Raymond de Roquefeuil : d'azur, à la cordelière d'or.
Sceau de Guillaume de Roquefeuil, datant de 1258, Archives nationales n°3441

Le sceau de Guillaume de Roquefeuille, ayant servi au traité de Corbeil du 5 des ides de mars () 1258, est conservé aux Archives nationales[6]. Le sceau se trouve entre ceux de saint Louis et du roi d'Aragon .

Il porte l'inscription : S' GVILLELMI : DE ROCOFOLIO (Sigillum Guillelmi de Rocofolio)[6]. Le sceau est constitué des armes de ce dernier, représentées par un Écu arrondi, chargé d'une cordelière passée en sautoir[6].

Les armes de son frère, Raymond III de Roquefeuil, figurant dans la cinquième grande salle des croisades au château de Versailles, sont représentées ainsi (voir illustration) d'azur, à la cordelière d'or[16]. Les armes de la famille de Roquefeuil sont De gueules, à la cordelière d'or passée en sautoir.[17]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Barrau 1853, p. 679.
  2. a b c d et e Henri Jougla de Morenas et Raoul de Warren, Grand armorial de France. t. 6 - Richaudeau-Zylof de Steenbourg (sept volumes), (lire en ligne), pp. 58-59.
  3. a b et c (es) Juan Torres Fontes, La cultura murciana en el reinado de Alfonso X, Murcia, , 89 p. (lire en ligne [PDF]), p. 79.
  4. a b c et d Pierre Guichard, « Participation des Méridionaux à la Reconquista dans le royaume de Valence », Cahiers de Fanjeaux, no 18,‎ , p. 115-131 (lire en ligne).
  5. a b c et d Hideyuki Katsura, « L'administration financière de la seigneurie de Montpellier sous le règne de Jacques Ier le Conquérant », dans Sánchez Martínez (ed.), Fiscalidad real y finanzas urbanas en la Cataluña medieval, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, , 397 p. (ISBN 978-8-40007-805-8, lire en ligne), p. 13-53.
  6. a b c et d « Guillaume de Roquefeuille - sceau », sur Sigilla : base numérique des sceaux conservés en France (consulté en ).
  7. (es) Gladys Lizabe, « La presencia de Beatriz "Contesson" de Saboya en el epistolario de Don Juan Manuel, su hijo », Revista Melibea, vol. 12, no 2,‎ , p. 85-106 (lire en ligne [PDF]).
  8. a b c d e f et g (en) Richard P. Kinkade, Dawn of a Dynasty: The Life and Times of Infante Manuel of Castile, University of Toronto Press, , 536 p. (ISBN 978-1487504601), p. 182, 228-229, 237.
  9. a b c d et e « Ramón de Rocafull », sur de l'Académie royale d'histoire - dbe.rah.es (consulté en ).
  10. a b c et d (es) Aurelio Pretel Marín, « Poblamiento e hidráulica en Alpera y su entorno: de la alquería islámica a la villa cristiana », Al-Basit: Revista de estudios albacetenses, no 55,‎ , p. 5-46 (ISSN 0212-8632, lire en ligne).
  11. a et b Vázquez Campos, Adelantados y lucha por el poder en el reino de Murcia, Editorial Zumaque, (ISBN 978-84-96806-77-1).
  12. Louis de La Roque, Armorial de la noblesse de Languedoc : généralité de Montpellier. t.1, Montpellier, (lire en ligne), p. 441.
  13. Josef Smets, « 1766, la fin d’une lignée de seigneurs languedociens, les Roquefeuil », Études héraultaises, nos 30-32-32,‎ (lire en ligne [PDF]).
  14. a b et c Figuière 2023, p. 60.
  15. Barrau 1853, p. 679-680.
  16. Alphonse Léon de Delley de Blancmesnil, Notice sur quelques anciens titres, suivie de considérations sur les salles des croisades au Musée de Versailles, Paris, Delaroque aîné, (BNF 30318675, lire en ligne), p. 533-534.
  17. Henri Jougla de Morenas et Raoul de Warren, Grand armorial de France. t. VI de Richaudeau-Zylof de Steenbourg (sept volumes), Société du Grand armorial de France, 1934-1952 (lire en ligne [PDF]), p. 58, no 29.793.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Études récentes[modifier | modifier le code]

  • Pierre Clerc, Dictionnaire de Bibliographie héraultaise, Tome 2, Les nouvelles presses du Languedoc, 2006.
  • Philippe Figuière, « Le testament de Guilhem de Roquefeuil (1274), redécouvert aux Archives Nationales de Madrid », Études héraultaises, no 61,‎ , p. 61 à 80 (lire en ligne).
  • Travaux de Hideyuki Katsura (thèse sur La seigneurie de montpellier au 12e et 13e siècles, 1996, et publications connexes).
  • Hubert de Vergnette de Lamotte, Filiations languedociennes, Tome 3, Mémoires et documents, 2006, (ISBN 2-914611-49-8).

Ouvrages anciens[modifier | modifier le code]

  • Hippolyte de Barrau, Documens historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue dans les temps anciens et modernes, N. Ratery, (lire en ligne).
  • « Roquefeuil », paragraphe « I. Guillaume de Roquefeuil », dans Louis Moreri, Claude-Pierre Goujet, Etienne-François, Le Grand dictionnaire historique, ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane, tome 9, Libraires associés, Paris, 1759, p. 355 [lire en ligne].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]