Guillaume Delcourt

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Guillaume Delcourt
Portrait de Delcourt en tenue de ville d'enseigne de vaisseau[1] (lithographie par Ghémar[2], 1854).
Fonctions
Ingénieur en chef du port d'Anvers
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 72 ans)
Anvers, Belgique
Nom de naissance
Guillaume-Louis Delcourt
Nationalité
Formation
Activité
Père
Napoléon Joseph Delcourt
Mère
Conjoint
Laurence Hortense Joséphine Lambrechts
Autres informations
Membre de
Grade militaire
Conflit
Distinctions
Archives conservées par
La prise de Debokké (Paul Clays)

Guillaume-Louis Delcourt (Bruxelles le - Anvers le ) est un navigateur belge, officier de la Marine royale, ingénieur naval et conseiller maritime du roi Léopold II.

Il fut un des grands acteurs de l’expansion belge dans le monde[4].

Biographie[modifier | modifier le code]

Sa famille et son enfance[modifier | modifier le code]

Les parents de Guillaume Delcourt meurent jeunes, le laissant orphelin étant enfant. Sa mère née Barbara Wittouck (née à Bruxelles le 6 juin 1796 - † Bruxelles, 1830)[5] était la fille du jurisconsulte, Guillaume Wittouck, dont il portait le prénom. Son père Napoléon Joseph Delcourt[6], brasseur, né à Ath, fut blessé durant les combats de l'indépendance belge de 1830[7] et mourut trois ans plus tard à Anvers le .

Sa formation[modifier | modifier le code]

Ayant d’abord envisagé de faire une carrière dans la banque, il commence à se former comme commis dans une institution bancaire mais malgré la perspective brillante qui s’ouvre à lui, il éprouve rapidement du dégoût pour cette carrière tranquille et passe rapidement un examen pour entrer à la section Marine de l’École royale Militaire où il est admis en 1842 comme aspirant de seconde classe[4].

À bord du Macassar[modifier | modifier le code]

Il en sort après deux ans comme aspirant de 1re classe et commence aussitôt à voyager à travers le monde comme capitaine au long cours[4].

Il navigue dès 1845 sur le Macassar à bord duquel il doit affronter de nombreuses avaries en mer de Chine : typhons, tempêtes, échouage…

Il n’en repart pas moins vers Batavia et les mers dangereuses. En route vers Singapour il est en 1847, dans le détroit de Riouw (Riau), attaqué par les pirate. Le Macassar arrive à Singapour ayant perdu 40% de son effectif, décimé par la maladie. Sur la route du retour, lors d'une escale à Samarang, une mutinerie de marins étrangers se forme contre Delcourt, seul officier à bord à ce moment, mais le retour des autres officiers remit de l'ordre et les coupables furent punit. Le retour se fait non sans risquer le naufrage, et le Macassar fait une escale non-prévue mais nécessaire à Port Louis pour reparation et renforçage du navire[4].

En 1848, certains proposent la suppression de la Marine royale belge. Malgré une pétition de Delcourt et de ses camarades, un seul navire resta armé, la goélette Louise-Marie...

À bord de la Louise-Marie[modifier | modifier le code]

Delcourt est l'un des officiers choisi pour l'equipage de la Louise-Marie. D'abord pour des missions en mer du Nord, puis dans les Îles Féroé. Ensuite, il appareille pour le Rio Nunez où le roi Léopold Ier avait créé une colonie où il arrive le . C’est ainsi qu’il participe à la prise de Debokké le . Lors du retour son navire s’ensable et il se trouve en une mauvaise position et doit essuyer des tirs des partisans de Mayoré, mais les Africains restés fidèles aux Belges attaquent à ce moment les troupes de Mayoré et le sauvent[4].

À la suite de son héroïsme[8] lors de cette campagne victorieuse, le roi Léopold Ier le nomme enseigne de vaisseau[4].

Il refait un voyage en 1850 vers le Rio Nunez mais la situation y avait empiré et il part ensuite pour la colonie belge de Santo-Thomas au Guatémala qui périclitait également. Sur place, Delcourt y contemple un spectacle désolant, car le gouvernement n'avait pas soutenu financièrement les efforts de Leopold I.

En 1851, il repart à bord de la Louise-Marie vers le Rio-Nunez ; dans l’île de Gorée, les Belges reçoivent un message du consul de Belgique L. Bols-Wittouck, un cousin de Delcourt, leur demandant de se rendre le plus rapidement au Rio-Nunez où la situation se dégrade[4].

Portrait de Delcourt en civil.

Sa carrière d'ingénieur[modifier | modifier le code]

Après avoir été désigné pour plusieurs navires entre 1855 et 1859 (les malles Topaze et Rubis et le brick Duc de Brabant), il decide de suivre les cours de l'École Supérieure du Génie Maritime dont il obtint le diplôme d'ingénieur[4].

Il est nommé au grade de lieutenant de vaisseau de 1re classe le 1 juillet 1863[4].

Nommé ingénieur des constructions maritimes en 1865, il s’emploie à développer les installations portuaires d’Anvers. Il devient conseiller maritime de Léopold II et conseille le roi sur le matériel maritime nécessaire à Henry Morton Stanley pour son expédition[4]. Il dressa également les plans du sternwheeler Ville de Bruxelles destiné à Léopoldville[4].

Le 13 juin 1872, alors ingénieur de 1ère classe, Delcourt est nommé ingénieur en chef de 2ème classe des constructions maritimes par Léopold II[9].

Il est désigné president de la commission de réception du matériel de la Marine d'Anvers le 3 mars 1885. Il démissionne le 31 octobre suivant et fut promu ingénieur en chef, directeur des constructions maritimes[4].

Il était membre de la Société Royale de Géographie d'Anvers[10].

Son épouse, Laurence Lambrechts, fille de Pierre Joseph Lambrechts, médecin et bourgmestre de Hoboken.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Guillaume Louis Delcourt, épouse à Hoboken le , Laurence Hortense Joséphine Lambrechts[11], née à Hoboken le , fille de Pierre Joseph Lambrechts, médecin et bourgmestre de Hoboken, membre du parti Libéral, et de Rosalie Therèse Joséphine van de Raey décédée à Hoboken le .

Il descend des lignages de Bruxelles (Serhuyghs[12], Sleeus[13], t'Serroelofs[14], Roodenbeke[15], Coudenbergh[16]) du chef de sa mère Barbara Wittouck.

Ses écrits[modifier | modifier le code]

Archives manuscrites (sous forme de journal de bord) et correspondance reposent au Musée de l’Armée à Bruxelles au Cinquantenaire[4].

Publications[modifier | modifier le code]

  • 1872 : « Cours de navigation » (polycopié)[17].
  • 1875 : « Précis du cours de construction et armement maritimes », Institut supérieur du commerce, Anvers[17].
  • 1876 : « Notice sur la vie et les travaux d'Auguste-Joseph-Ghislain-Aintoine Stessels, capitaine-lieutenant de vaisseau » (comme membre de la commission directrice des Annales des Travaux publics)[17],[18].
  • 1879 : « Rapport sur l'amélioration des canaux, leur exploitation par réseaux »[17].
  • 1879 : « Analyse de l'ouvrage de M. Finet »[17].
  • 1880 : Il collabora au « Rapport sur les moyens d'étendre les débouchées de la Belgique dans les pays d'outre-mer »[17].
  • 1881 : « Les moyens d'étendre les débouchées de la Belgique dans les pays d'outre-mer », Bulletin de la Société de Géographie d'Anvers, pp. 40-66[17].
  • 1886 : « Rapport sur les bâtiments de tous genres, materiel, etc. » (comme membre rapporteur du jury du groupe VII des classes 70, 71 et 72 de l'exposition universelle d'Anvers de 1885)[17].
  • 1886 : « Sauvetage maritime, éclairage et balisage des cotres, sauvetage pour incendies et autres accidents »[17].
  • 1887 : « Notice sur le Stern-Wheel Ville de Bruxelles », Bulletin de la Société de Géographie d'Anvers[17].
  • 1894 : « Notice sur le gaz à l'eau »[17].

Honneurs[modifier | modifier le code]

Drapeau de la Belgique Belgique[modifier | modifier le code]

Drapeau du Portugal Portugal[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Charles Maroy, La colonie belge du Rio Nunez et l'expédition franco-belge de Bokié en 1849, in: Bulletin d'Études et d'Informations de l'École supérieure du Commerce, Anvers, sept.-oct., 1930.
  • Antoine Demougeot, « Histoire du Nunez », dans : Bulletin du Comité d'Études Historiques et Scientifiques de l'A.O.F., volume 21, n°. 2, 1938, pp. 177-289 (surtout Chapitre IV, Les Belges au Nunez.)
  • Jacques-Robert Leconte, Les tentatives d'expansion coloniale sous le règne de Leopold Ier, Anvers, 1946.
  • Louis Leconte, Les ancêtres de notre Force navale, Bruxelles, 1952, pp. 8, 49, 141, 144, 145, 159, 161, 165, 167, 170, 172, 175, 179, 180, 183–186, 189, 191, 192, 195, 196, 255, 544, 568, 584, 585, 608-619, 623, 625.
  • André Lederer, Histoire de la navigation au Congo, Tervuren, 1965.
  • René Massinon, « L'entreprise du Rio-Nunez », in : Académie Royale des Sciences d'Outre-Mer, Bulletin des Séances, Bruxelles, 1965, pp. 304–353.
  • L'expansion belge sous Léopold Ier, 1831-1865, Bruxelles : Académie royale des sciences d'outremer, 1965.
  • André Lederer, « Guillaume Delcourt, conseiller maritime de Leopold II », dans : Biographie belge d’Outremer, Bruxelles, 1973, tome VII, col. 165-175.
  • Huguette De Clerck, Le cauchemar guatémaltèque: les Belges au Vera-Paz de 1842 à 1858, s.l. s.n., 200
  • Emile Sinkel, Ma vie de marin, tome I, Bruxelles chez M.J. Poot et compagnie, 1872, pp. 163, 222, 237, 239, 258, 262.
  • Emile Sinkel, Ma vie de marin, tome II, Bruxelles chez M.J. Poot et compagnie, 1874, pp. 163, 204, 258, 262.
  • Bulletin de la Société Royale de Géographie d'Anvers, tome XII, 1er fascicule, Anvers, 1887, p.84
  • Bulletin de la Société Royale de Géographie d'Anvers, tome XI, 1er fascicule, Anvers, 1886, pp. 366-367.
  • Patrick Lefevre, « Les voyages de la Marine royale belge au Sénégal, en Gambie et en basse Guinée », dans : Revue belge d'histoire militaire, Bruxelles, décembre 1978, XXII - 8, pp. 653, 661.
  • Louis Leconte, La Marine de guerre belge (1830-1940), Collection Historique "Notre Passé", Bruxelles, 1945, p.60.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. [1]
  2. Il existe un autre exemplaire de cette lithographie de Ghémar au Musée Royal de l'Armée, et dont une reproduction photographique a été publiée dans : Louis Leconte, Les ancêtres de notre Force Navale, Bruxelles, 1952, p. 186. et dans : Patrick Lefevre, « Les voyages de la Marine royale belge au Sénégal, en Gambie et en basse Guinée », Revue belge d'histoire militaire, Bruxelles, décembre 1978, XXII - 8, p. 661.
  3. « https://archives.africamuseum.be/agents/people/63 »
  4. a b c d e f g h i j k l m n o et p André Lederer, « Guillaume Delcourt, conseiller maritime de Leopold II », in : Biographie belge d’Outremer, Bruxelles, 1973, tome VII, col. 165-175.
  5. Bruxelles, acte de décès no 1849, décédée le 17 juin 1830 : "Barbara Wittouck, op de Kole Merkt, wonende in de Steenstraat, echtgenote van Josephus Delcourt, brouwer". Op verklaring van de echtgenoot en van Petrus Bols, boekhandelaar.
  6. Napoléon Joseph Delcourt, né à Ath, le 12 décembre 1804, brasseur, décédé à Anvers le 30 juin 1833, fils d’Isidore Joseph Delcourt, brasseur à Ath, et de Marie Louise Jouret, épousa à Bruxelles le 9 juillet 1823 (acte 429), Barbara Wittouck, née à Bruxelles le 6 juin 1796, décédée à Bruxelles le 17 juin 1830, fille du jurisconsulte Guillaume Wittouck et d'Anne-Marie Cools.
  7. Auguste de Wargny, Supplément aux esquisses historiques de la première époque de la Révolution de la Belgique en 1830. Du 25 août au 29 septembre – espace de 35 jours, Bruxelles, chez J.-P. Meline, libraire-éditeur, 1831, p. 29 : "Tableau no 5, blessés guéris : no 528, Delcourt, Napoléon, 26 ans, brasseur, né à Ath, domicilié à Bruxelles".
  8. Louis Leconte, La Marine de guerre belge (1830-1940), Bruxelles, La Renaissance du Livre, coll. « "Notre Passé" », , 127 p., chap. 5 (« Le service Ostende-Douvres. L'affaire du Rio-Nunez. »), p. 60 :

    « L'aspirant Delcourt, qui avait aussi été héroïque, jouit d'un avancement au choix »

  9. Le Moniteur Belge, vol. 122, 42ème année (lire en ligne), p. 1721 :

    « Par un arrêté royal du 13 juin 1872, M. Delcourt, ingénieur de 1ère classe, a été nommé ingénieur en chef de 2ème classe des constructions maritimes. »

  10. Bulletin de la Société Royale de Géographie d'Anvers, tome XI, 1er fascicule, Anvers, 1886, p.10. Lire en ligne
  11. Dont descendances, familles François et van Dievoet.
  12. SERHUYGHS : Du chef de Wouter PIPENPOY, échevin du lignage SERHUYGHS en 1301, 1314, 1316, 1318, 1322 (Filation 1, Walckiers, p. 30), et du chef de Jean PIPENPOY, échevin du lignage SERHUYGHS en 1504 (Filiation 7, Walckiers p. 43).
  13. Sleeus, du chef de Franco uter CROMMERCAMMEN (filiation 39, Walckiers, p. 118, et voir filiation 77, I)
  14. T’SERROELOFS, du chef de Jan MENNEN (Voir filiation 53, Walckiers, p. 133)
  15. ROODENBEKE, du chef de Gielis MENNEN (Filiation 77, Walckiers p. 176) et du chef de Ghysbrecht PIPENPOY, échevin du lignage ROODENBEKE en 1380, 1388 (Filation 84, Walckiers, p. 186)
  16. COUDENBERGH : du chef de Jan van den HANE dit VILAIN (Filiation 65, Walckiers, p 1
  17. a b c d e f g h i j et k Louis Leconte, Les ancêtres de notre Force Navale, Bruxelles, 1952, pp. 608-611 (Biographie de Delcourt)
  18. Une copie de cette notice a été présentée à la Société Royale de Géographie d'Anvers par Guillaume Delcourt. Voir "Circulaire de la Société Royale de Géographie d'Anvers", Anvers, 1878, p.193. Lire en ligne

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]