Guerre d'indépendance des États-Unis

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Guerre d'indépendance des États-Unis
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L’Esprit de 1776, d'A.M. Willard
Informations générales
Date 19 avril 1775 - 11 avril 1783
(7 ans, 11 mois et 3 semaines)
Lieu Est de l’Amérique du Nord, Îles Baléares, Mer des Caraïbes, Océan Atlantique, Mer Méditerranée.
Issue

Indépendance des États-Unis

Belligérants
Drapeau des États-Unis Treize colonies,
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau de l'Espagne Royaume d'Espagne
Drapeau des Provinces-Unies Provinces-Unies
République du Vermont
Iroquois Onneiouts
Iroquois Tuscarora
Catawba
Lenapes
Royaume de Mysore
Drapeau de la Grande-Bretagne. Grande-Bretagne
Landgraviat de Hesse-Cassel
Brunswick-Lunebourg
Principauté de Waldeck-Pyrmont
Iroquois Cayugas
Iroquois Mohawks
Iroquois Onondagas
Iroquois Tsonnontouans
Cherokees
Commandants

George Washington
Horatio Gates
Nathanael Greene
Friedrich Wilhelm von Steuben

Gilbert de La Fayette
Vimeur de Rochambeau
François de Grasse
Pierre André de Suffren
Charles Henri d'Estaing


Bernardo de Gálvez
Luis de Córdova y Córdova

William Howe
Thomas Gage
Henry Clinton
Charles Cornwallis
Guy Carleton
John Burgoyne
Francis Rawdon-Hastings
George Brydges Rodney
Richard Howe
Samuel Hood
Joseph Brant


Wilhelm von Knyphausen
Forces en présence
Armée continentale
20 000 hommes
Miliciens et volontaires
230 000 hommes
Armée française
15 000 hommes
Armée espagnole
8 000 hommes
Armée britannique
50 000 Britanniques
50 000 Loyalistes
30 000 Hessois et Allemands
5 000 Indiens
Pertes
25 000 morts
24 000 blessés
24 000 morts
20 000 blessés

Guerre d'indépendance des États-Unis

La guerre d'indépendance des États-Unis opposa les Treize colonies d'Amérique du Nord au Royaume de Grande-Bretagne, de 1775 à 1783.

Les colons américains révoltés étaient nommés par les Britanniques « insurgents » ou encore « Patriots ». La guerre d'indépendance américaine est un des processus de la révolution américaine qui permit aux États-Unis d'accéder à l'autonomie et de construire des institutions républicaines. Évènement fondateur de l'histoire du pays ainsi que, par ricochet, du Canada anglais par l'expulsion de 50 000 loyalistes sur une population de 90 000 francophones du Québec, la guerre entraîna à partir de 1777 d'autres puissances européennes, parmi lesquelles la France, qui joua un rôle important.

La France s'engagea d'abord dans la guerre d'indépendance américaine par la fourniture de matériel et d'aides en faveur des insurgés. Elle s'engagea ensuite officiellement en 1778. L'aide française navale et terrestre et le soutien de ses alliés contribuèrent à la victoire américaine, notamment à la bataille de Yorktown, et se conclut par le traité de Paris de 1783, épisode central des grandes spéculations boursières sous Louis XVI.

Ce traité reconnaît l'indépendance des États-Unis d'Amérique, qui avait été déclarée le 4 juillet 1776 par le Congrès Continental[1]. Plus de 70 000 loyalistes durent quitter le pays après la guerre : la plupart partit au Canada, en Grande-Bretagne ou dans les colonies britanniques des Caraïbes.

Origines de la rupture avec la métropole

Les treize colonies qui entrèrent en rébellion avec leur métropole

Lois controversées

La Guerre de Sept Ans (1756-1763), connue pour ses combats en Amérique du Nord sous le nom de French and Indian War, opposa la Grande-Bretagne à la France et à l'Espagne. Ce conflit vida les caisses de la Couronne britannique. Londres décida alors de faire supporter une partie des frais de guerre aux colons américains[2]. Le Parlement britannique imposa de nouvelles taxes en votant une série de lois qui provoquèrent le mécontentement de ceux-ci (Sugar Act en 1764, Stamp Act en 1765, Townshend Acts en 1767, Tea Act en 1773). Ils refusèrent de payer parce qu'ils n'étaient pas représentés politiquement à la Chambre des communes à Londres, en anglais "no taxation without representation".

Avec la Proclamation royale de 1763, le gouvernement britannique empêcha également les colons des treize colonies d'étendre leurs territoires à l'ouest des monts Appalaches afin, entre autres, d'éviter les conflits avec les Amérindiens[3].

Contentieux économique et social

Les colons américains, en particulier les marchands des ports de la Nouvelle-Angleterre, reprochaient à la Grande-Bretagne sa politique commerciale : le trafic de certaines marchandises comme le thé était réservé aux navires britanniques, en vertu du monopole en vigueur. D'autre part, dans le but d'atrophier l'économie américaine, les Britanniques en vinrent à interdire à leurs colonies de vendre leurs produits à un autre pays que la Grande-Bretagne, car l'on estimait que si les colons avaient le droit de vendre leurs produits comme bon leur semblait et à qui bon leur semblait, les treize colonies américaines regorgeraient d’argent, argent qui ne profiterait pas à la couronne.

Rapport de force avant 1778

Hessois durant la guerre d'indépendance des États-Unis

Loyalistes et patriotes

Dès que les États-Unis d'Amérique se furent proclamés indépendants (), les résidents eurent à décider ce qu'ils voulaient soutenir. Ceux qui étaient favorables à l'indépendance furent appelés « Americans » ou « patriotes » ou encore « Congressistes ». (Le terme d'avant guerre était « Whig » occasionnellement utilisé). Les personnes qui s'opposaient à l'indépendance furent appelées « Loyalistes » ou les « hommes du roi »[N 1]. Le terme a été utilisé des deux côtés, sans ambiguïté. Le Congrès disposait de 40 ou 45 % d'opinions favorables dans la population. Près de 15 ou 20 % de la population[4], les loyalistes, étaient partisans du roi George III durant la guerre. Quelques-uns (particulièrement dans les Carolines) changèrent de camp, et d'autres restèrent neutres. Les loyalistes eurent jusqu'à 50 000 soldats durant les années de guerre pour soutenir l'Empire britannique. Certains historiens affirment que la révolution américaine fut une guerre civile entre loyalistes et patriotes.

Forces américaines

Au départ, les insurgés n'avaient qu'une petite armée de 5 000 hommes[5] et l'essentiel des forces reposait sur des milices : en 1775, le général Gage disposait d'une armée d'environ trois mille cinq cents hommes dans le Massachusetts[6], alors que l'armée britannique pouvait aligner au plus quarante-neuf mille hommes, en dehors des milices[7].

Tout le monde n'étant pas favorable à la guerre, créer une armée était difficile. Dans un premier temps, cette armée ne consista qu'en des milices des États américains ; mais ces dernières, composées de vétérans de la French and Indian War aussi bien que de fermiers et autres volontaires, s'entraînaient une à deux fois par semaine sous le commandement d'ex-officiers de l'armée britannique. Le refus du Congrès de l'aider frustrait Washington. Ses hommes avaient désespérément besoin de tentes, de chaussures, de nourriture, de fusils et de munitions.

Former une véritable armée était le premier objectif de George Washington. Les Britanniques pensaient que les forces américaines n'étaient que des rebelles désorganisés. Une victoire décisive et les Américains se rendraient. Au contraire, le seul but de Washington était de survivre, de remporter quelques petites victoires et d'éviter une lourde défaite.

Le congrès continental nomma George Washington commandant en chef de l'armée continentale (qui deviendra après guerre l'United States Army). Washington avait été, de longues années durant, officier de la milice de Virginie, opérant notamment lors de la Guerre de Sept Ans, contre les Français du Canada. Il avait été impliqué dans « l'incident » (selon les Anglais et Américains) de Fort Duquesne, que la Cour de France a considéré comme une traîtrise majeure. Ce qui expliquera, vingt ans plus tard, le peu d'empressement initial de Versailles pour aider les Insurgents. Bien que plus de 250 000 hommes[8] servissent du côté américain, l'armée ne dépassa jamais quatre-vingt-dix mille hommes, et Washington n'en commanda directement pas plus de 17 000[N 2]. De plus, cette armée américaine était moins bien organisée que l'armée britannique : moins disciplinée, elle subit de nombreuses désertions et la solde restait aléatoire[9].

Forces britanniques

Sort des soldats allemands à l'issue de la Guerre d'indépendance :
- bleu : morts d'accidents ou de maladie : 6 354
- vert : établis sur place (Canada et États-Unis) : 4 972
- orange : tués au combat : 1 200
- rouge : revenus en Europe : 17 313

L'armée britannique disposait en Amérique du Nord d'environ cinquante mille soldats, auxquels s'ajoutaient trente mille mercenaires allemands loués par leurs souverains[5] (les Hessiens) et des colons américains loyalistes.

Noirs et Amérindiens

Les Afro-américains, qu'ils fussent esclaves ou libres, participèrent à la guerre dans les deux camps, loyaliste et insurgé. Des Noirs s'engagèrent dans les milices américaines alors que cette pratique inquiétait les planteurs du sud qui refusaient que les esclaves fussent armés. On estime que 5 000 Noirs combattirent aux côtés des insurgés[10]. En novembre 1775, le gouverneur de Virginie Lord Dunmore promit l'affranchissement à tous les esclaves qui seraient soldats dans l'armée britannique. En 1779, Sir Henry Clinton édicta une loi similaire pour la région de New York. La plupart des esclaves servirent comme plantons, mécaniciens, ouvriers ou éclaireurs. Plus de la moitié moururent dans les épidémies de variole qui frappèrent les armées britanniques. En dépit des promesses de certains gouverneurs britanniques, la majorité des esclaves ne furent pas affranchis[11]. Du côté des troupes insurgées, on recense de nombreux cas d'affranchissement[12].

La plupart des Amérindiens (Native Americans) venant de l'est du Mississippi ont été touchés par la guerre, et plusieurs communautés ont été divisées sur le rôle qu'elles avaient à jouer dans ce conflit. Bien que quelques tribus aient été en bons termes avec les Américains, la plupart des Amérindiens s'opposaient aux États-Unis, depuis que leurs propres terres étaient menacées par les accords d'expansion américaine. On estime que 13 000 guerriers ont combattu au côté des Britanniques; le groupe le plus important, la Confédération Iroquoise, en représentait 1 500[13].

Opérations dans les colonies du Nord (1775-1777)

Débuts heureux des indépendantistes

Les débuts du conflit furent heureux pour les indépendantistes. Leurs milices battirent à Lexington () un détachement britannique. Le général Thomas Gage fut assiégé dans Boston. Le Congrès confia à Washington la tâche difficile d'organiser les bandes de miliciens et de les mettre en état de vaincre les troupes aguerries de la Grande-Bretagne.

Les indépendantistes américains firent une expédition dans les colonies du nord, la Province du Québec de l'époque, espérant convaincre les Canadiens de se joindre à eux. Les Américains occupèrent Montréal; mais leur chef Montgomery ayant été tué devant Québec, Carleton mit fin aux opérations terrestres de la campagne américaine au Canada en décembre 1775. Carleton après la bataille navale de Valcourt ne poursuivit pas Arnold et fut remplacé par Burgoyne l'année suivante.

Des Canadiens avec les Américains

Cette incursion donna aux Américains le soutien de deux régiments de Canadiens, le Congress Own Regiment de Moses Hazen et de Clément Gosselin et le régiment de James Livingston, un Écossais vivant au Canada depuis 1744. Selon Baby, Tachereau et Jenkins, des pro-britanniques, sept cent quarante-sept Canadiens prirent les armes pour soutenir les Américains au tout début du conflit, soit deux ans avant l’arrivée de Lafayette en 1777. Les partisans pro-indépendantistes étaient disséminés dans toutes les paroisses du territoire de la province. Les régiments canadiens étaient avec Livingston à la Porte Saint-Jean pour aider Arnold et Montgomery. À l'Ouest, des habitants de Vincennes aidèrent à la prise de la ville par Clark. Le régiment de James Livingston participa à la bataille de Saratoga et protégea West Point de la traîtrise de Benedict Arnold en 1780 en tirant sur le vaisseau Vulture.

Les Américains reprirent Boston le , à la suite de la fortification de Dorchester Heights.

Puis Washington dirigea son armée sur New York, où il avait prévu que se ferait la retraite britannique après la chute de Boston. Un des objectifs des Britanniques était de repousser les attaques des villes côtières pour que les renforts venus par la mer puissent arriver.

Le ministère britannique n'avait pas cru d'abord à une résistance si énergique[N 3]. Les colonies, mises au ban des nations par la métropole, prirent alors une mesure à laquelle presque personne n'avait songé au commencement de la lutte.

Congrès à Philadelphie, 1776

Washington Crossing the Delaware par Emanuel Leutze, 1851.

Après que la Virginie se fut dotée d'une déclaration des droits, en juin 1776, Thomas Jefferson fut chargé de préparer l'ébauche d'une déclaration d'indépendance.

Le document, qui représente l’un des textes fondamentaux du pays, fut approuvé le par le Congrès après remaniement[1]. La proclamation d'indépendance des treize colonies conduisit à une confédération où chaque État conserva sa liberté et sa souveraineté, et qui rompit irrévocablement avec la Grande-Bretagne.

Les volontaires américains, sans munitions, sans ressources, ne purent d'abord tenir tête aux régiments expérimentés qu'on envoyait contre eux. En juin 1776, le général Howe prit New York et Rhode Island avec 20 000 tuniques rouges. Pendant plusieurs mois, Howe et Washington se battirent pour l'État de New York et finalement, Washington, obligé de battre en retraite par le New Jersey jusqu'au-delà du Delaware, eut la douleur de voir un grand nombre de ses soldats l'abandonner.

De là, il fit une tentative imprévue et d'une audace remarquable. À Noël 1776, l'armée continentale avait besoin d'une victoire. Il franchit le fleuve malgré la glace pendant la nuit du , surprit à Trenton un corps de mille Allemands commandés par Johann Rall, tua celui-ci et fit prisonniers ses soldats[N 4].

Ce succès, qui dégageait Philadelphie, releva le moral de la population. De nouveaux miliciens accoururent de la Pennsylvanie, et Washington, reprenant l'offensive, força Charles Cornwallis à se replier jusqu'à Brunswick.

L'armée de Washington eut une autre victoire lors de la bataille de Princeton le . Ces succès redonnèrent confiance aux insurgés et entraînèrent l'enrôlement de nouveaux volontaires dans l'armée continentale.

Un nouveau plan

Le Congrès, rassuré sur le sort de Philadelphie, était rentré dans cette ville le . L'arrivée de volontaires européens[N 5] apportait plutôt aux Américains un secours moral qu'une aide effective[N 6]. Ils étaient de beaucoup inférieurs en nombre à leurs adversaires mais l'habileté des chefs et l'opiniâtreté des soldats suppléèrent à cette infériorité numérique.

La tactique de la Grande-Bretagne était d'isoler la Nouvelle-Angleterre des autres régions en s'emparant de la vallée de l'Hudson. Le général Burgoyne était censé envoyer des troupes vers le sud depuis le Canada, en passant par le Lac Champlain et en reprenant le Fort Ticonderoga. Le colonel St Leger devait se détacher de l'armée de Burgoyne avec ses troupes en suivant la rivière Mohawk afin de diviser les défenses américaines. Le Général Howe était censé rejoindre Burgoyne et St Leger à Albany en remontant la rivière Hudson vers le nord[14]. Ce plan ne fut jamais concrétisé car le général Howe préféra envahir la Pennsylvanie et capturer Philadelphie, et la diversion de St Leger échoua.

Howe débarque dans le Maryland, 1777

Dès le mois de juin 1777, on apprit que sir William Howe, parti de New York, se dirigeait avec seize mille hommes sur les côtes de la Pennsylvanie. Il débarqua ses troupes dans le Maryland, et Washington s'avança au-devant de lui avec onze mille hommes.

Les Américains perdent la bataille de Brandywine

Les deux armées ne tardèrent pas à se rencontrer sur les bords de la Brandywine, et le 11 septembre elles se livrèrent un combat que les généraux américains perdirent. Howe battit Washington mais ne put le capturer lors de la bataille de Brandywine.

Le Congrès évacue Philadelphie

Sir William Howe entra à Philadelphie et le Congrès se transporta à Lancaster.

D'un autre côté, le général Horatio Gates avait succédé à Arthur Saint Clair dans le commandement des troupes qui avaient abandonné le siège de Fort Ticonderoga au début de la campagne. Il rejoignit les généraux Arnold et Morgan, qui avaient dû abandonner le Canada, et résolut de s'opposer à la marche hardie du général Burgoyne.

Les Britanniques sont battus le 19 septembre et le 7 octobre à Saratoga

Le général Burgoyne, qui avait remplacé Carleton, avait besoin de renforts. Il se rendit dans le Vermont pour voir ce qu'il y trouverait. Il attendit les Américains sur les hauteurs de Bemis Heights. Une bataille opiniâtre s'y livra le 19 septembre[N 7]. Les Britanniques furent battus, sans perdre toutefois leur position. L'armée y subit une défaite par les troupes de la Nouvelle-Angleterre à la bataille de Bennington le 16 aout. Puis ses hommes, coupés de leur retraite, durent marcher vers Albany. En chemin ils rencontrèrent une force continentale le 7 octobre menée par Horatio Gates. Cette armée attendait sur la rive près de Saratoga.

Burgoyne est obligé de capituler

Une succession de batailles conduisit à la reddition finale de Burgoyne. La victoire de Saratoga marqua un tournant dans la guerre d'Indépendance. Ce fut le plus beau succès des Américains depuis le commencement de la lutte: une artillerie nombreuse, des armes et dix mille prisonniers tombèrent en leur pouvoir.

Les ennemis européens de la Grande-Bretagne prirent conscience que la guerre pourrait finir à la faveur des continentaux[réf. nécessaire]. La France de Louis XVI, suivie de l'Espagne et des Provinces-Unies s'engagèrent alors du côté des Américains.

Washington reprend l’offensive

Cependant Washington reprenait l'offensive. Au moment où les Britanniques le croyaient en pleine retraite à la suite de sa défaite de Brandywine, il les rejoignit par une route détournée et les attaqua avec vigueur dans leurs lignes. Un brouillard mit le désordre dans ses corps d'armée et lui ravit une victoire qu'on eût pu penser certaine. Il fut forcé à la retraite après avoir infligé à l'ennemi des pertes bien supérieures aux siennes à la bataille de Germantown ().

Défense du fort Redbank par le capitaine de Mauduit du Plessis

C'est à cette époque que le capitaine de Mauduit du Plessis, volontaire, défendit le fort RedBank. Il était à la tête de quatre cents hommes et se battait contre le colonel Donop (en), à la tête d'un régiment hessois qui ne comptait pas moins de seize cents soldats. Ce dernier perdit à l'occasion la vie et son régiment fut en partie détruit. Les Américains durent pourtant abandonner la place, ainsi que le fort Mifflin.

Continuation et résumé des opérations

Fin 1777, le général Howe força Washington à quitter Philadelphie. Au cours de l'hiver 1777-1778, qui s'avéra le plus cruel de l'époque révolutionnaire, Washington et son armée campaient dans Valley Forge, dans le sud-est de la Pennsylvanie. Washington et ses hommes firent preuve d'une endurance surhumaine, mais le manque de vêtements appropriés, la malnutrition, la maladie, notamment la fièvre typhoïde, eurent raison du quart des soldats. S'ils restaient, c'était pour George Washington qu'ils adoraient et pour qui ils seraient et sont morts ; c'est ce que rapporte le colonel John Brocks.

Engagement des ennemis européens de la Grande-Bretagne (1777-1783)

Devant l'enlisement militaire, les insurgés américains cherchèrent des soutiens étrangers : ils firent appel aux Canadiens français. Ceux-ci, en raison de l'acte de Québec et du souvenir de la Conquête et des exactions britanniques ainsi que leur perception du fait que cette guerre était une querelle familiale entre Britanniques, refusèrent d'apporter leur aide et demeurèrent neutres dans cette guerre, car ils ne prirent pas plus les armes pour la Grande-Bretagne. La défaite britannique de Saratoga en 1777 encouragea la France à entrer en guerre contre la Grande-Bretagne. Dès le 6 février 1778, la France passa une alliance et un traité d'amitié avec les insurgés américains et le théâtre de la guerre s'ouvre avec le Combat de la Martinique (1779)[réf. nécessaire]. En 1779, l'Espagne rejoignit l'alliance conformément au pacte de famille entre les Bourbons sans pour autant reconnaître l'indépendance des Treize Colonies. Puis, en 1780, les Pays-Bas s'allièrent à la France et à l'Espagne.

L’engagement français

Bataille de Philadelphie : l'avancée des insurgés et des Français

La marche vers Valley Forge, passage glorifié de l'Histoire américaine et correspondant à cet épisode historique (1777-1778). Peinture de William B. T. Trego, effectuée en 1883.

Clinton, menacé d'être encerclé dans Philadelphie par l'armée de Washington et par la flotte du comte d'Estaing, se replia sur New York, où il ne rentra toutefois qu'après avoir essuyé un échec à Monmouth ().

Diversion dans le Sud

Pour diviser les forces qui le poursuivaient, il envoya le colonel Campbell en Géorgie, et la guerre s'étendit alors aux colonies du Sud.

C'est ensuite l'Espagne, puis les Provinces-Unies qui s'opposèrent à la puissance britannique, faisant basculer le rapport de force. En 1779, la France persuada l'Espagne et les Provinces Unies, deux autres ennemies de la Grande-Bretagne, à cause des colonies, d'aider les Américains. Le gouverneur de la Louisiane, le général Bernado de Galvez prit les forteresses de Natchez et de Bâton-Rouge, le long du Mississippi. De là, il attaqua Mobile et Pensacola dans l'ouest de la Floride. Ces victoires empêchèrent les Britanniques d'attaquer depuis le sud-ouest. Les Britanniques durent se battre sur plusieurs fronts et furent contraints ainsi d'éparpiller leurs ressources militaires. L'aide européenne arriva au moment où les Américains en avaient désespérément besoin.

Exactions des Britanniques en Caroline et en Géorgie

Le général britannique Prevost vint rejoindre Campbell, et le chef des milices américaines, Benjamin Lincoln fut forcé de leur abandonner, avec la Géorgie, toute la Caroline du Sud. Les Britanniques faisaient de ce côté une guerre d'extermination qui soulevait contre eux les populations, aussi le général Lincoln put-il bientôt reprendre l'offensive et forcer l'ennemi à lever le siège de Charleston (mars 1779).

En même temps, sir H. Clinton envoyait des détachements sur les côtes de la Virginie et de la Nouvelle-Angleterre pour tout ravager. Ce général concentra ses troupes sur le bord de l'Hudson et vint attaquer les forts de Verplanck (en) et de Stoney-Point (en). Cette dernière place fut prise, puis reprise par Wayne. Le lieutenant-colonel de Fleury se précipita le premier dans les retranchements qu'il avait fait construire et saisit le drapeau britannique. Les Américains accordèrent la vie sauve à la garnison britannique, bien qu'elle eût commis d'horribles massacres. Washington dut pourtant abandonner ce poste après en avoir enlevé les munitions et en avoir détruit les défenses.

Savannah et Charlestown

Les Britanniques pensaient que les sudistes étaient plus loyaux. Ainsi, en 1778, ils décidèrent de déplacer la guerre au Sud en l'attaquant. Les Britanniques savaient qu'ils n'avaient connu que des petits succès au Nord pendant trois ans et que la victoire serait difficile. Ils espéraient ainsi davantage de succès. Ils promirent de plus à beaucoup d'esclaves noirs la liberté s'ils rejoignaient l'armée. En réalité, les officiers britanniques les vendirent comme esclaves en Inde.

Échec des troupes alliées devant Savannah

Ils capturèrent alors la ville portuaire de Savannah, et de là, ils envahirent la plus grande partie de la Géorgie. En décembre 1778, une armée britannique sous les ordres du général Henry Clinton arriva de Caroline du Sud et encercla l'armée américaine à Charleston. Quand les 5 000 défenseurs se rendirent, les Américains perdirent pratiquement toute leur armée au Sud. Ce fut la plus grande défaite américaine de la guerre.

Le pavillon français eut à partir de 1779 l'empire de la mer dans les Antilles et d'Estaing put se diriger vers les côtes de la Géorgie pour reconquérir cette province en soutenant le général Lincoln. Le siège de Savannah (septembre 1779), attaque infructueuse, fut immédiatement entrepris.

Diversion de Clinton en Géorgie

La diversion tentée par Clinton en Géorgie avait complètement réussi par l'échec de d'Estaing devant Savannah. Ce général profita du moment où Washington était réduit à l'inaction par la misère de son armée pour faire quitter New York à une partie de ses troupes et pour s'emparer de Charleston, dans la Caroline du Sud, où il fit prisonniers 5 000 Américains (mai 1780). Il laissa ensuite dans cette province Lord Cornwallis, qui battit tous ceux que le Congrès chargea de le chasser.

Rochambeau

En juillet, le corps expéditionnaire aux ordres du vicomte de Rochambeau et fort de 6 000 hommes débarqua à Newport. Il était amené sur une escadre de dix vaisseaux aux ordres du chevalier de Ternay. C'est pendant que Washington s'était rapproché de New York pour mieux correspondre avec Rochambeau que le traître Benedict Arnold entama des négociations avec Clinton pour lui livrer West Point, dont Washington lui avait confié la garde[N 8].

Avant de commencer ses opérations, Rochambeau attendait des renforts que le comte de Guichen devait lui amener de France; mais celui-ci avait rencontré dans les Antilles l'amiral Rodney, qui obligea le convoi français à se réfugier en Guadeloupe. Washington ne put qu'envoyer quelques renforts, avec La Fayette, aux patriotes du Sud, et se résigna à remettre à la campagne prochaine l'expédition décisive qu'il concertait avec Rochambeau. De son côté, Cornwallis recevait des troupes qui portaient son armée à 12 000 hommes. La situation des Britanniques paraissait donc aussi prospère que par le passé.

Même les batailles dans le sud pouvaient être utiles aux Américains. Par exemple, la bataille de King's Mountain, à la frontière entre la Caroline du Sud et la Caroline du Nord, en octobre 1780. Le gros des forces britanniques et des 1 000 miliciens furent tués. Les survivants furent presque tous fusillés ou pendus.

Coalition contre la Grande-Bretagne

Une vaste coalition se formait pourtant contre le despotisme maritime de la Grande-Bretagne. Cette nation s'arrogeait le droit de visite sur les bâtiments neutres, sous prétexte qu'ils pouvaient porter des secours et des munitions à ses adversaires. Catherine II de Russie, la première, proclama, en août 1780, la franchise des pavillons, à la condition qu'ils ne couvriraient pas de contrebande de guerre.

Déclaration de guerre aux Provinces-Unies

Pour soutenir ce principe, appelé droit des neutres, elle proposa un plan de neutralité armée qui fut successivement adopté par la Suède et le Danemark, la Prusse, le Portugal, les Deux-Siciles et les Provinces-Unies. Cette dernière nation, en donnant asile à des corsaires américains, avait excité au plus haut degré la fureur des Britanniques. Ils lui déclarèrent la guerre. C'est alors que l'amiral Rodney leur enleva Saint-Eustache. Les Espagnols prirent de leur côté Pensacola, en Floride, tandis que de Grasse ravageait les Antilles britanniques et que Bouillé reprenait Saint-Eustache.

Expédition décisive

Opérations simultanées de Washington et de Rochambeau

Ces victoires permirent à Washington et à Rochambeau d'exécuter enfin une expédition qui fut aussi décisive qu'habilement menée. Pendant l'hiver, l'armée américaine, privée des choses les plus nécessaires, avait supporté les plus rudes épreuves. Quelques régiments de Pennsylvanie et du New-Jersey s'étaient même mutinés. Les partisans américains Marion et Sumter avaient trop peu de troupes pour entreprendre contre Cornwallis autre chose qu'une guerre d'escarmouches.

Le corps de Gates fut battu à Camden (août 1780) et de Kalb y fut tué. Pourtant Daniel Morgan[N 9], à la tête d'un corps de troupes légères, battit Tarleton au Cowpens (). Par une retraite habile, Green amena Cornwallis jusqu'au-delà du Dan, qui sépare la Virginie de la Caroline septentrionale. Il se renforça des milices de Virginie et tomba à l'improviste sur les corps récemment levés par Cornwallis, qu'il jeta dans un désordre tel qu'ils s'entretuèrent et que Cornwallis fit tirer des coups de canon contre ses propres troupes, mêlées aux milices.

Green livra un nouveau combat à Cornwallis[Où ?], le 15 mars, près de Guilford-House, et lui fit éprouver des pertes qui le forcèrent à se replier sur Wilmington. Par une marche habile, il coupa la retraite de la Caroline du Sud au général britannique, et il manœuvra si bien qu'après la sanglante bataille de Eutaw Springs il ne resta plus aux Britanniques en Géorgie et en Caroline que la ville de Savannah et le district de Charleston.

La Fayette en Virginie

Pendant ce temps, La Fayette, chargé d'opérer en Virginie contre des forces quatre fois supérieures en nombre, sacrifia encore une partie de sa fortune pour maintenir ses soldats sous ses ordres, et, joignant la prudence au courage, il sut, par des marches forcées et des retours subits, tellement fatiguer Cornwallis et harceler ses troupes, que le général britannique, après avoir méprisé sa jeunesse, fut forcé de redouter son habileté[N 10].

Tout à coup, les troupes de Rochambeau quittent leur position de Newport et de Providence, où étaient établis leurs quartiers d'hiver, et s'avancent vers Hartford. Washington arrête quelque temps l'armée coalisée devant l'île de New York. Il fait des reconnaissances devant la place et entretient son adversaire dans cette idée qu'il va diriger tous ses efforts contre cette ville. Mais il n'attendait que la promesse du concours de la flotte pour changer ses dispositions.

La campagne de 1781

La bataille de Chesapeake achève d'isoler l'armée anglaise retranchée à Yorktown.
Vue générale de la capitulation de Yorktown le 19 octobre 1781, avec le blocus de la flotte française.

Le comte de Barras arrive de France sur la Concorde. Il venait remplacer dans son commandement le chevalier de Ternay, et était accompagné du comte de Rochambeau, qui avait été chargé de hâter l'envoi des renforts et des secours promis.

Ces renforts n'arrivent pas; mais en revanche on apprend que la flotte de l'amiral de Grasse, après avoir pris Tobago et tenu Rodney en échec, s'avance avec 3 000 hommes tirés des colonies sous les ordres du marquis de Saint-Simon, pour forcer la baie de Chesapeake défendue par Graves, et bloquer dans Yorktown le marquis Cornwallis, que La Fayette poursuit dans sa marche rétrograde.

Les camps sont levés devant New York, et tandis que le comte de Barras, malgré son ancienneté de grade, va se mettre avec un noble désintéressement sous les ordres de de Grasse, les généraux alliés se dirigent à marche forcée vers la Virginie. C'est vers Yorktown que, pleins de confiance désormais dans le nombre et la bravoure de leurs troupes, ils font converger tous leurs efforts. L'armée est divisée en deux corps. L'un suit la voie de terre et, par Philadelphie et Baltimore, arrive bientôt à Williamsburg pour donner la main aux troupes de Saint-Simon et de La Fayette. Un autre corps, sous les ordres de Custine, s'embarque à Head-of-Elk, touche à Annapolis, et, sous la direction de Choisy et du duc de Lauzun, prend position devant Glocester. De son côté le comte de Grasse occupait la baie de Chesapeake et coupait aux Britanniques toute communication par eau.

Quelques jours suffirent pour tracer la première et la seconde parallèle. Deux redoutes arrêtaient les travaux des alliés. On décida de leur donner l'assaut. La Fayette avec une colonne de milices américaines fut chargé de s'emparer de celle de droite, tandis que Christian, comte de Forbach, marquis de Deux-Ponts, colonel commandant le régiment royal Deux-Ponts, montait à l'assaut de celle de gauche. Les troupes alliées rivalisèrent d'ardeur. En quelques minutes ces obstacles furent enlevés.

En vain Cornwallis, reconnaissant que la résistance était désormais impossible, essaya-t-il de forcer le passage du York River en abandonnant ses canons et ses bagages. Sa tentative ne réussit pas et il dut capituler. La garnison fut faite prisonnière de guerre. Les vaisseaux britanniques furent le partage de la flotte française, tandis que plus de 150 canons ou mortiers, la caisse militaire et des armes de toute sorte furent remis aux Américains ().

Les insurgés furent victorieux en 1781 à Yorktown, sous le commandement de George Washington ce qui permit aux Français d'approvisionner les insurgés en armes et en argent. Les Européens fournirent aussi des corps expéditionnaires et des escadres. La France s'engagea car elle avait de la rancune à l'égard de la Grande-Bretagne.

Campagne de 1782

La guerre d'indépendance américaine se présenta comme une occasion d'effacer l'affront de sa défaite dans les guerres indiennes et de la perte de ses colonies en Amérique du Nord. La Grande-Bretagne n'a pas capitulé uniquement à cause de la défaite de Yorktown. La France avait tout fait pour l'obliger à disperser ses forces. Elle avait attaqué les Britanniques en Inde, colonie précieuse s'il en était, source de la fortune des Pitt. Elle avait également attaqué Malte, conquis Minorque (qui était la grande base navale britannique de Méditerranée, avant Malte), assiégeait Gibraltar qui était sur le point de tomber. La France encerclait les Antilles britanniques, et elle faisait manœuvrer depuis des mois 60 000 hommes en Bretagne, prêts à débarquer en Grande-Bretagne quasiment vidée de troupes. Des vaisseaux français croisaient, pavillon haut, au large de Southampton, provoquant une panique à la bourse de Londres. Le soutien financier des Insurgents, par les canaux espagnols d'abord, puis directement, n'est pas, pour la France, la seule cause du coût exorbitant de l'indépendance américaine.[réf. nécessaire] Le coût de la guerre, pour la Grande-Bretagne, devenait également très lourd.

Signature du traité de Paris, 1783. La délégation britannique refusa de poser.

La dette de la Grande-Bretagne était considérablement accrue. Lord North dut quitter la direction des affaires pour céder la place à un ministère whig qui demanda la paix au cabinet de Versailles. La France, qui n'était pas moins épuisée, accepta ces propositions. Les préliminaires furent arrêtés à Paris, le , entre les plénipotentiaires des puissances belligérantes, au nombre desquels étaient pour les États-Unis Benjamin Franklin, John Adams, John Jay, et Henry Laurens. Le traité définitif fut signé le . Les Britanniques furent vaincus et durent reconnaître l'autonomie des États-Unis en 1783, en signant le traité de Paris, le 3 septembre 1783.

Cette nouvelle fut rapidement portée en Amérique. Le , Lauzun partit de Wilmington Page d'aide sur l'homonymie pour ramener dans leur patrie les derniers soldats français. Ainsi l'indépendance des États-Unis était fondée, et le monde comptait une nation de plus.

Pertes humaines

Les forces régulières des États-Unis ont estimé leurs pertes à 4 435 morts et 6 188 blessés aux combats[15]. .

Chronologie des événements

Bataille de Bunker Hill, 1775
  • 1775 :
    • 17 juin : La bataille de Bunker Hill est la première véritable bataille de la guerre d'Indépendance. Si les insurgés connurent la défaite, leur défense héroïque et les pertes limitées qu’ils connurent contribuèrent à renforcer leur moral.
Bataille de Princeton, 1777
    • En juin, la bannière étoilée sert d'emblème aux armées américaines ;
    • Le général britannique Howe s'empare de Philadelphie ;
    • En octobre, la défaite des Britanniques à Saratoga encourage les Français à déclarer la guerre à la Grande-Bretagne au début de l'année suivante.
    • Décembre, l'armée américaine à Valley Forge.
  • 1778 :
    • 6 février : signature d'un traité d'amitié, d'alliance et de commerce entre les français et les américains ; ces derniers peuvent alors compter sur des renforts terrestres et surtout sur la flotte de guerre française.
Reddition du Britannique Cornwallis après la bataille de Yorktown, 1781
  • 1779 :
    • En septembre et en octobre, le Siège de Savannah par une force franco-américaine échoue complètement. La ville de Savannah, capitale de Géorgie, la dernière des treize colonies originales, reste sous l'influence britannique et loyaliste jusqu'en 1782.

Après la Révolution

Coût de la guerre

En France : Les dépenses directes de guerre sont évaluées à 1,8 / 2 millions de livres[16]. La France prêta 12 millions de livres aux Américains, et en donna 12 autres millions[16]. Elle consentit à une avance de 6 millions de livres pour la reconstruction du pays[16]. Le déficit budgétaire en France dû à cette guerre d'indépendance américaine ne fut cependant pas aussi déterminant qu'on le pense dans la convocation des États généraux et la révolution française. Le coût de cette guerre pour le royaume de France reste en effet très faible par rapport au reste des déficits du pays.

La Révolution américaine : un modèle ?

La Révolution américaine a influencé les autres pays et fait partie des Révolutions atlantiques de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. L'organisation du pouvoir américain a instauré la stabilité et l'équité des pouvoirs exécutif, législatif et juridique, lesquels étaient assignés de tâches particulières mais qui restaient régies par le chef d'État et son Premier ministre. La révolte des « patriotes du Cap » (Afrique du Sud actuelle) contre l'administration coloniale s'inspira de la Révolution américaine[17]. Les généraux français qui appuyaient les indépendantistes, et qui avaient vu le succès de cette révolution, ramenèrent eux aussi des idées qui ont pu avoir un impact sur la Révolution française.

Historiographie

La Révolution américaine fut d'abord vue par les contemporains comme la confrontation entre les colons et la couronne britannique. Pendant la guerre froide, les historiens français exceptionnalistes considéraient que la Révolution américaine était imparfaite parce qu'elle n'était pas sociale[18]. De leur côté, les exceptionnalistes américains soulignaient l'échec final de la Révolution française (établissement du Premier Empire, Restauration monarchique) et mettaient en avant l'antériorité du soulèvement américain. Dans les années 1970, l'historiographie de la Révolution américaine se renouvelle grâce aux études d'Edward Countryman, Alfred Young ou Gary Nash. Elle s'attache à élargir le sujet en s'intéressant à l'histoire sociale et non plus seulement aux événements. Elle met en valeur, au travers de nombreuses monographies, le rôle des Noirs, des femmes ou encore de la foule[19] ; on peut comparer la démarche à celle de l'école des Annales en France. Dans les années 1980, les discussions historiographiques opposaient les historiens libéraux ou républicanistes. Depuis quelques années, les historiens et le grand public reviennent à l'étude des grands personnages de la Révolution américaine, en particulier des plus conservateurs[19].

Descendants des combattants de la Guerre d'indépendance

Notes et références

Notes

  1. N.B. le mot « Tory » était rarement employé.
  2. Dans Encyclopedia of the American Revolution, p. 264, l'historien avance le chiffre maximal de 17 000 soldats américains. Pour Christopher Duffy (The Military Experience in the Age of Reason, 1715–1789, p. 17), l'effectif maximum devait être de treize mille insurgés.
  3. Pour la vaincre, il acheta aux princes allemands, qui étaient sous sa dépendance depuis la guerre de Sept Ans, une armée de 17 000 mercenaires.
  4. Les soldats passèrent la rivière Delaware, marchèrent et attaquèrent par surprise les mercenaires hessiens. Neuf cents d'entre eux furent tués et les autres (8 100) rejoignirent le camp américain.
  5. On trouve parmi les volontaires français qui accompagnèrent La Fayette, le précédèrent ou le suivirent de très près : de Mauroy et Charles-François du Buysson, qui l'avaient accompagné dans sa fuite de France à bord du vaisseau La Victoire ; de Gimat (en), son aide de camp intime, Pontgibaud, qui fut aussi son aide de camp ; Armand de la Rouerie, plus connu sous le nom de « colonel Armand », de Fleury, le héros de Stony-Point (en), Mauduit du Plessis, le héros de Redbank, Thomas Conway, de Ternant, de La Colombe, Touzard, le major Pierre Charles L'Enfant et d'autres. Enfin, parmi les étrangers : Pulaski et Kosciusko, qui ont tous deux joué des rôles importants dans les révolutions de Pologne ; de Steuben, officier prussien, arrivé au début 1778, et qui organisa la discipline et les manœuvres dans l'armée américaine.
  6. Le , le général Washington écrivait au Gouverneur Morris, à Philadelphie : « La prodigalité avec laquelle on a distribué les grades aux étrangers amènera certainement l'un de ces maux : de rendre notre avancement militaire méprisable, ou d'ajouter à nos charges actuelles en encourageant les dessus d'eux des étrangers qui n'ont d'autres Titres qu'un orgueil et une ambition effrénés... » Mémoires de Gouverneur Morris, I, 135. Paris, 1842.
  7. On trouva sur le champ de bataille le cadavre d'une femme qui avait été tuée dans les rangs des milices américaines; ses armes étaient encore disposées pour le combat et ses mains étaient pleines de cartouches. (Fait rapporté par le capitaine Anbury, des troupes royales; Voyages, Londres, 1789, I, 437; Paris, I, 311).
  8. On sait comment le complot fut découvert et comment le major John André, de l'armée britannique, périt victime de ses relations avec le traître.
  9. La Chesnais a communiqué à Thomas Balch une lettre manuscrite trouvée dans les papiers de Blanchard et signée Daniel Morgan. Elle donne une relation authentique de cette affaire. Elle est datée du camp de Craincreek, le , et est adressée au général Nathanael Greene.
  10. «La nation était loin d'être prête pour les éventualités. Un esprit de lassitude et d'égoïsme régnait dans le peuple. L'armée, mal disciplinée et mal payée, était très-inquiète. Les milices de Pennsylvanie et de New-Jersey s'étaient révoltées au commencement de l'année. Le gouvernement était encore impuissant, la Confédération faible, le Congrès inerte, quoique existant toujours. Quand on lit que ce corps était prêt à livrer le Mississippi à l'Espagne, bien plus, à abandonner la reconnaissance expresse de l'indépendance de l'Amérique, comme le préliminaire indispensable des négociations avec la Grande-Bretagne, quand on lit cela, on peut bien se figurer qu'il y avait quelques préparatifs pour se soumettre aux exigences du moment. Le baron allemand de Steuben, qui rassemblait des troupes en Virginie au moment de l'invasion, fut rejoint après par La Fayette, dont les troupes avaient été habillées pendant la marche aux frais de celui-ci. Sur mer, la flotte française était occupée à défendre les côtes contre les envahisseurs. Il semble que les étrangers étaient les seuls défenseurs de la Virginie et de l'Amérique.» Manual of United States History, de Samuel Eliot. Boston, 1856, 258.

Références

  1. a et b Wood 2002, p. 56
  2. Wood 2002, p. 17-18
  3. Wood 2002, p. 21-22
  4. Calhoon 1994, p. 247
  5. a et b Marienstras et Wulf 2005, p. 79
  6. Cottret 2003, p. 162
  7. Cottret 2003, p. 418
  8. Sur l'importance numérique des armées, cf. Boatner 1994, p. 264 et 663
  9. Marienstras et Wulf 2005, p. 80
  10. Kaplan 1989, p. 64-69
  11. Kaplan 1989, p. 71-89
  12. Bacharan 2005, p. 117
  13. Merrell 1994, p. 393
  14. (Wood 2002, p. 80)
  15. « Principal wars in which the United States participed - U.S. military personnel serving and casualties », sur Defense Casualty Analysis System, (consulté le )
  16. a b et c Richard 1997, p. 141
  17. Fauvelle-Aymar 2006, p. 224
  18. Marienstras 2006
  19. a et b Wulf et Rossignol 2010
  20. Société des Cincinnati de France

Bibliographie

  • Nicole Bacharan, Faut-il avoir peur de l’Amérique ?, Paris, Éditions du Seuil, (ISBN 2-02-079950-2)
  • Thomas Balch, Les Français en Amérique pendant la guerre de l’Indépendance des États-Unis 1777-1783, [détail des éditions]
  • (en) Mark Mayo Boatner, Encyclopedia of the American Revolution, Stackpole Books, , 3e éd., 1290 p. (ISBN 0-8117-0578-1)
  • (en) Robert M. Calhoon, The Blackwell Encyclopedia of the American Revolution, Wiley, John & Sons, , 850 p. (ISBN 1-55786-547-7), « Loyalism and Neutrality »
  • Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur, Paris, Perrin, , 525 p. (ISBN 2-262-01821-9)
  • (en) Christopher Duffy, The Military Experience in the Age of Reason, 1715–1789, Barnes & Noble, 1re éd. (ISBN 0-7607-0441-4)
  • François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Éditions du Seuil, (ISBN 2-02-048003-4)
  • (en) Sydney Kaplan et Emma Nogrady Kaplan, The Black Presence in the Era of the American Revolution, Amherst, University of the Massachusetts Press,
  • Élise Marienstras et Naomi Wulf, Révoltes et révolutions en Amérique, Atlande, (ISBN 2-35030-015-3)
  • Élise Marienstras, « Révoltes, révolution, radicalisme », Transatlantica,‎ (lire en ligne)
  • (en) James H. Merrell, The Blackwell Encyclopedia of the American Revolution, Wiley, John & Sons, , 850 p. (ISBN 1-55786-547-7), « Indians and the New Republic »
  • Guy Richard, Européens et espaces maritimes au XVIIIe siècle, Paris, Éditions du Temps, (ISBN 2-84274-006-8)
  • (en) Gordon S. Wood, The American Revolution : A History, New York, Modern Library, (ISBN 0-8129-7041-1)
  • Naomi Wulf et Rossignol, « La Révolution américaine : sujet brûlant ou vieille querelle ? », Transatlantica,‎ (lire en ligne)

Compléments

Lectures approfondies

En français
  • Odet-Julien Leboucher, Histoire de la dernière guerre entre la Grande-Bretagne, les États-Unis de l’Amérique, la France, l’Espagne et la Hollande, depuis son commencement en 1775, jusqu’à sa fin en 1783, Paris, Brocas, (lire en ligne)
  • Les Guerres américaines : L'Indépendance, Paris, Éditions Atlas, (ISBN 2-7312-0363-2 (édité erroné), BNF 35872898)
  • Paul et Pierrette Girault de Coursac, Guerre d'Amérique et liberté des mers 1778-1783, F.X. de Guibert,
  • Jean Vincent Couzigou, L'Aigle et le Lys, Muller édition,
    Cet ouvrage retrace les deux conflits pour l'indépendance américaine. Les relations de cette époque entre la France et l'Amérique se nouèrent dans la fraternité d'armes.
En anglais
  • (en) Mark Mayo Boatner, Encyclopedia of the American Revolution, Mechanicsburg, Pa, Stackpole Books, , 3e éd., 1290 p. (ISBN 978-0-8117-0578-3, OCLC 29595553)
  • (en) Christopher Duffy, The Military Experience in the Age of Reason, 1715–1789, New York, Barnes & Noble, (ISBN 978-0-6891-1993-4, OCLC 865554478)
  • (en) Edward Countryman, A People in Revolution : The American Revolution and Political Society in New York, 1760-1790, Baltimore, Johns Hopkins University Press, coll. « Johns Hopkins University studies in historical and political science », , 388 p. (ISBN 978-0-801-82625-2, OCLC 7551670)

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