Grignan-les-adhémar

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Grignan-les-adhémar
Image illustrative de l’article Grignan-les-adhémar
Vignes et lavande en Tricastin.

Désignation(s) Grignan-les-adhémar
Appellation(s) principale(s) grignan-les-adhémar
Type d'appellation(s) AOC
Reconnue depuis
Pays Drapeau de la France France
Rhône-Alpes
Région parente Vignoble de la vallée du Rhône
Localisation Drôme (Drôme provençale)
Saison deux saisons sèches (une brève en hiver, une très longue et accentuée en été), deux saisons pluvieuses, en automne (pluies abondantes et brutales) et au printemps.
Climat méditerranéen sous influence du mistral
Sol Molasses marneuses et sableuses et terrasses du quaternaire
Cépages dominants cépages rouges
Grenache (min. 10 % - max. 80 %), syrah (min. 20 % - max. 80 %), marselan, carignan, cinsault et mourvèdre
cépages blancs
marsanne, roussanne, bourboulenc, clairette, grenache blanc et viognier.
Vins produits rouge (72 %), blanc (10 %) et rosé (18 %)
Production 60 000 hl

Le grignan-les-adhémar[1] est l'une des AOC faisant partie du vignoble de la vallée du Rhône. Son terroir s'étend au sud de Montélimar sur les garrigues et les contreforts du Tricastin. Grignan-les-adhémar est depuis 2010 la nouvelle appellation des « coteaux du Tricastin ».

Histoire[modifier | modifier le code]

Antiquité[modifier | modifier le code]

À l’époque augustéenne, dans la Provincia, est fondée la « Colonia Julia Augusta Tricastinorum »[2].

Sur ordre de Vespasien, en 77, le territoire d’Orange, alors cité du Tricastin, est cadastré[3]. Le cadastre B, le plus complet, couvre la partie septentrionale d’Orange, c’est-à-dire l’actuel Tricastin. Sur certaines parcelles, l’inscription TRIC RED (tricastinis redditarei publicae) signale les terres et les vignes que les autorités rendirent aux Tricastini.

Les quatre tonneaux de Saint-Pierre-de-Colonzelle.

La plus importante unité viti-vinicole de l'antiquité, la villa du Mollard a été mise au jour au sud de Donzère. Elle s’étendait sur deux hectares. L’entrepôt des vins de 70 x 15 m contenait deux travées abritant 204 dolia. L’exploitation a été datée entre 50 et 80 de notre ère.

Il ne fait aucun doute que tout ou partie de sa production fut expédiée par le Rhône en tonneaux, à l’exemple de la scène représentée sur la stèle de Colonzelle (Ier siècle) toute proche. Située sur le porche d’un prieuré clunisien, elle représente le levage de quatre tonneaux et leur embarquement sur un navire marchand.

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Tombeaux de Dom Mayeul et Dom Odilon, son successeur à Cluny, dans l'église de Souvigny.

En 680, l’abbé Lambert de Fontenelle quitte sa charge pour devenir archevêque de Lyon. Huit ans plus tard, le prélat fonde à Donzère un monastère qui replante l’antique vignoble[4].

Le Xe siècle va être celui de Cluny. En 954, l’abbaye reçoit des Adhémar des « villae », avec leurs vignes, champs et bois, situées dans le Tricastin. En 958, Conrad le Pacifique cède à Cluny l’abbaye de Saint-Amand de Clansayes, près de Montségur-sur-Lauzon. Cette donation est confirmée, un an plus tard, par le roi Lothaire.

En 993, tandis que la « villa Sancti Restituti » (Saint-Restitut) augmente la manse viticole du siège épiscopal du Tricastrinus, le comte Lambert d’Adhémar donne à dom Maïeul, abbé de Cluny, des « villæ » avec leurs vignes dans le terroir du Tricastin.

Raymond de Turenne, par Girolamo di Benvenuto, fresque de l’Ospedale Santa-Maria della Scala à Sienne.
Étiquette Coteaux du Tricastin.

Au XIIe siècle, les Princes d’Orange édifient le château de Suze-la-Rousse ; ce château est aujourd’hui le siège de l’Université du vin.

Lors de sa guerre en Valdaine[5], le , Raymond de Turenne fait déposer à Valence une plainte contre la ville de Montélimar. Il accuse le Conseil de la Ville d’avoir saisi un convoi lui appartenant. Il réclame l’annulation de cette prise et qu’on lui rende ses dix-neuf mulets chargés de blé, de fromages et de « vin de benne »[6].

Ce « vin de benne » prouvait pourtant que ce convoi avait une origine douteuse. Ce type de vin était obtenu par récupération du jus lors du transport des « tombadou » (bennes à vendange) au seigneur décimateur. Il coulait par saignée – méthode utilisée pour obtenir actuellement des vins rosés – et était recueilli par les paysans grâce à des seaux judicieusement placés. Il était encore appelé « vin couladou ».

Période moderne[modifier | modifier le code]

La marquise de Sévigné, qui vécut longtemps, auprès de sa fille à Grignan, comparait les raisins du terroir à « des grains d’ambre qui vous feraient fort bien tourner la tête si vous en mangiez sans mesure ».

Période contemporaine[modifier | modifier le code]

Reconnus en AO-VDQS le , ces vins bénéficient d’une appellation d’origine contrôlée depuis le 27 juillet 1973.

S'estimant handicapés par la petite taille de leur vignoble et souffrant de la confusion avec la centrale nucléaire du Tricastin, les vignerons du Tricastin ont demandé l'autorisation de rebaptiser "grignan-les-adhémar" leur appellation. Ils l'ont obtenue, à titre exceptionnel, le mercredi . L'AOC existait depuis 1973, tandis que le complexe nucléaire a été implanté à partir de 1974[7].

Situation géographique[modifier | modifier le code]

Vue aérienne du vignoble de grignan-les-adhémar.

Orographie[modifier | modifier le code]

Ce terroir viticole s'étend du pied du Baronnies à la vallée du Rhône. Il est établi sur différents petits massifs et vallées structurant la plaine du Tricastin, partie de la Drôme provençale. Le vignoble fait le lien entre la vallée du Rhône et les collines sédimentaires qui s’adossent au massif des Préalpes du sud..

Géologie[modifier | modifier le code]

Le sous-sol est composé de couches argilo-calcaires ou sablonneuses.

Climat[modifier | modifier le code]

Le climat du Tricastin est un climat que l'on peut qualifier de type méditerranéen avec un net renforcement du mistral en hiver et une sécheresse particulièrement affirmée pendant l'été. Les hivers sont cependant de manière générale plus doux que dans le nord de la Drôme et de l'Ardèche mais plus frais qu'en Provence où l'on peut noter une différence de deux à trois degrés en moyenne. Les températures peuvent donc être très chaudes pendant l'été et les averses brutales, la vallée du Tricastin étant située entre le Piémont Cévenol (Gard - Ardèche) et le Nyonsais-Baronnies (Drôme - Vaucluse)

Au sud du défilé de Donzère, le climat de la vallée du Rhône qui domine dans ce terroir viticole est méso-méditerranéen avec renforcement du mistral et une sécheresse d'été plus affirmée. Les hivers sont plus doux que dans le nord du département. La température moyenne est de 5 °C en janvier et de 23 °C en juillet. Le climat de ce terroir est soumis à un rythme à quatre temps : deux saisons sèches (une brève en hiver, une très longue et accentuée en été), deux saisons pluvieuses, en automne (pluies abondantes et brutales) et au printemps. Sa spécificité est son climat méditerranéen qui constitue un atout :

  • Le mistral assainit le vignoble
  • La saisonnalité des pluies est très marquée
  • Les températures sont très chaudes pendant l'été.
Mois
Janv Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc Année
Températures maximales moyennes (°C) 8 10 15 17 22 26 29 29 24 19 12 9 17,3
Températures minimales moyennes (°C) 2 3 5 7 11 15 17 17 14 11 6 3 9,3
Températures moyennes (°C) 4 6,5 10 12 16,5 20,5 23 23 19 15 9 5,5 13,3
Moyennes mensuelles de précipitations (mm) 41,8 27,5 27,2 60,9 49,9 33,2 33,3 29,1 68,5 92,3 68,7 40,9 573,3
Source : Données climatologiques de Valréas (Vaucluse) 2000-2007

Vignoble[modifier | modifier le code]

Présentation[modifier | modifier le code]

Les communes pouvant produire cette AOC sont : Allan (Drôme), La Baume-de-Transit, Béconne, Chamaret, Chantemerle-lès-Grignan, Châteauneuf-du-Rhône, Clansayes, Colonzelle, Donzère, Grignan, La Garde-Adhémar, Les Granges-Gontardes, Malataverne, Montségur-sur-Lauzon, Réauville, La Roche-Saint-Secret, Roussas, Salles-sous-Bois, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Saint-Restitut, Solérieux et Valaurie.

Terroirs et vins[modifier | modifier le code]

AOC Tricastin Hautes Terres.

Sur des sols calcaires, les vins se caractérisent par l'intensité de leurs arômes, ainsi que par leur élégance, leur rondeur et leur puissance. Ceux où domine l'argile donnent des vins plus structurés et d'une couleur soutenue. La présence de sable apporte plus de légèreté qui prédominera, celle de galets permet d'obtenir des vins plus complexes marqués par leur structure tannique et dégageant des arômes puissants.

Encépagement[modifier | modifier le code]

Les cépages autorisés sont grenache, syrah, carignan, cinsault, marselan, marsanne, roussanne, viognier grenache blanc et clairette.

La spécificité du vignoble de l'appellation d'origine contrôlée grignan-les-adhémar réside dans sa forte proportion de syrah par rapport aux autres appellations de la vallée du Rhône méridionale.

Les millésimes[modifier | modifier le code]

Ils correspondent à ceux du vignoble de la vallée du Rhône. Ils sont notés : année exceptionnelle Article de qualité, grande année Bon article, bonne année ***, année moyenne **, année médiocre *.

Millésimes 2000
2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000
Caractéristiques Article de qualité *** *** Bon article Article de qualité Bon article Bon article *** Bon article Bon article
Millésimes 1990
1999 1998 1997 1996 1995 1994 1993 1992 1991 1990
Caractéristiques *** *** ** *** Bon article ** ** ** *** Article de qualité
Millésimes 1980
1989 1988 1987 1986 1985 1984 1983 1982 1981 1980
Caractéristiques Article de qualité Article de qualité Bon article *** Article de qualité ** Bon article *** Bon article Article de qualité
Millésimes 1970
1979 1978 1977 1976 1975 1974 1973 1972 1971 1970
Caractéristiques Bon article Article de qualité Bon article ** *** Bon article *** ** ** Article de qualité
Millésimes 1960
1969 1968 1967 1966 1965 1964 1963 1962 1961 1960
Caractéristiques ** * Article de qualité Article de qualité *** *** ** ** *** Article de qualité
Millésimes 1950
1959 1958 1957 1956 1955 1954 1953 1952 1951 1950
Caractéristiques Bon article Bon article Article de qualité Bon article Bon article *** Bon article Article de qualité ** Article de qualité
Millésimes 1940
1949 1948 1947 1946 1945 1944 1943 1942 1941 1940
Caractéristiques Article de qualité Article de qualité Article de qualité Bon article Article de qualité ** Article de qualité Bon article ** **
Millésimes 1930
1939 1938 1937 1936 1935 1934 1933 1932 1931 1930
Caractéristiques * Bon article Bon article *** ** Article de qualité Article de qualité ** ** **
Millésimes 1920
1929 1928 1927 1926 1925 1924 1923 1922 1921 1920
Caractéristiques Article de qualité Article de qualité ** Bon article ** Bon article Bon article ** Bon article Bon article
Sources : Yves Renouil (sous la direction), Dictionnaire du vin, Éd. Féret et fils, Bordeaux, 1962 ; Alexis Lichine, Encyclopédie des vins et alcools de tous les pays, Éd. Robert Laffont-Bouquins, Paris, 1984, Les millésimes de la vallée du Rhône & Les grands millésimes de la vallée du Rhône

Soit sur 90 ans, 24 années exceptionnelles, 26 grandes années, 16 bonnes années, 22 années moyennes et 2 années médiocres.

Méthode culturales et réglementaires[modifier | modifier le code]

Le cahier des charges de l'appellation spécifie que l'écartement entre les rangées de vigne doit être supérieur à 2,5 mètres afin d'atteindre une densité de plantation supérieure à 3 300 pieds/hectare[8].

Afin d'atteindre un rendement de 52 hl/ha, il est préconisé une taille courte avec un maximum de 8 yeux francs par cep. Seule la taille longue est admise pour les cépages viognier et syrah plantés avant 1980. Dans les deux cas, il doit y avoir au maximum 50 000 yeux à l’hectare.

Gastronomie[modifier | modifier le code]

AOC Tricastin Cuvée Marquise de Sévignée.
Domaine de Montine, AOC Grignan-les-adhémar.

Les vins rouges (95 % de la production), avec leur robe intense, sont recommandés dans l'accompagnement des viandes rouges, du gibier ou de fromages de caractère. Il est conseillé de les déguster à une température de 16 à 18 °C. Ils se gardent entre 3 et 8 ans. Ils présentent à l'agitation un nez de fruits rouges et d'épices qui évolue avec l'âge vers des arômes d'anis, de réglisse et de cuir. En bouche, ces vins possédant, sont en rondeur et en onctuosité.

Les vins rosés accompagnent agréablement de la charcuterie et des poissons, se gardent 1 à 2 ans et se servent entre 10 et 12 degrés. La robe rosée de ces vins peut se décliner du saumoné au rose soutenu des akènes de cynorrhodon. Leur nez, aux nuances complexes de fruits rouges, évolue vers des notes moelleuses de fruits à noyau et d’amandes, tandis que leur bouche ample et ronde révèle des touches épicées.

Les vins blancs s'accordent bien avec des poissons et peuvent être servis en apéritif. Leur température de service se situe entre 13 et 14 degrés, leur durée de garde est de 1 à 2 ans. Les vins blancs, revêtus d'une élégante robe jaune pâle, proposent une palette florale allant du narcisse au chèvrefeuille en passant par la fleur de vigne. Ils se caractérisent par une bouche ample.

Confrérie des Vignerons du Tricastin[modifier | modifier le code]

Médaille de la Confrérie des Vignerons du Tricastin.

Les membres de la Confrérie des Vignerons, capés et coiffés d'or et d'azur se veulent les héritiers de la confrérie « Saint-Vincent » qui avait été fondée à Donzère au XIVe siècle. Ils se réunissent pour leurs chapitres au château de Grignan, où a été établi le siège de la confrérie. Leur devise a été reprise d'une des maximes de Madame de Sévigné « May d'honneur que d'honneur ».

Fête de la truffe et des vins[modifier | modifier le code]

Depuis 1986, la commune de Saint-Paul-Trois-Châteaux organise chaque année une Fête de la Truffe et des Vins au cours de laquelle se déroulent des dégustations dans le cadre d'un salon des vins, ainsi qu'une intronisation de personnalités par la confrérie. Celles-ci, comme tous les visiteurs, peuvent tout au long de la journée déguster de l'omelette aux truffes[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
  2. Le nom de Tricastinorum fut ensuite déformé en « Trois Châteaux », il se retrouve dans Saint-Paul-Trois-Châteaux.
  3. Sur ces cadastres romains, uniques au monde, étaient affichés publiquement afin que les particuliers restituent les terres publiques ou privées[pas clair] qu’ils s’étaient appropriés.
  4. Donzère devient une dépendance de Tournus à la fin du IXe siècle, les prieurés de la Motte de Galaure, la Garde-Adhémar et du Val des Nymphes lui sont rattachés.
  5. Cf. Tristan, le Bâtard de Beaufort.
  6. Cf. Baron de Coston, Histoire de Montélimar et des principales familles qui ont habité cette ville, T. 1. Montélimar, 1878.
  7. L'AOC Coteaux du Tricastin change de nom - Le Monde.
  8. « Fiche produit », sur inao.gouv.fr,
  9. Fête de la truffe et des vins du Tricastin à Saint-Paul-les-Trois-Châteaux.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]