Glaciation de Riss

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Glaciation de Riss
Équivalent alpin Riss
Équivalent nordique saalien
Équivalent russe Russie centrale (Средне-русский надгоризонт), voir Dniepr (ru)
Équivalent sibérien Bakhta (Бахтинский надгоризонт)
DébutFin
370 000 ans 130 000 ans

Extension maximale de la glaciation de Riss (en bleu) dans les Alpes ; violet : Würm.

La glaciation de Riss est l'avant-dernier grand âge glaciaire de la période du Quaternaire dans les Alpes, selon la chronologie traditionnelle basée sur la stratigraphie[1]. Elle s'est étendue entre 300 000 (ou 374 000) et 130 000 ans environ et a été nommée d'après la rivière Riß, dans le sud de l'Allemagne. Elle correspond aux stades isotopiques 6 à 8[2] (ou 6 à 10)[3] et est contemporaine des glaciations du Saalien pour la Baltique et de l'Illinoien pour l'Amérique du Nord.

À cette époque, l'Afrique est peuplée par Homo sapiens, l'Europe par l'Homme de Néandertal, et l'Asie orientale par l'Homme de Denisova.

Mal défini sur le plan chronologique et regroupant plusieurs phases de poussées et de recul des glaces, le terme de glaciation de Riss tend actuellement à être remplacé par les notations de chronologie isotopique ou par des datations absolues[4].

Le Riss suit l'interglaciaire Mindel-Riss et précède l'interglaciaire Riss-Würm et la glaciation de Würm. Il a atteint son extension maximale peu avant qu'il se termine, après avoir connu un interglaciaire entre 243 000 ans et 191 000 ans, entrecoupé d'une rechute des températures vers 225 000 ans. Dans la région de Berne, le premier interstade permet notamment le développement de l'épicéa, le deuxième du bouleau et du mélèze[5].

Historique[modifier | modifier le code]

Évolution des températures, du CO2 et des poussières pendant les 450 000 dernières années (données recueillies à Vostok dans l'Antarctique)

La glaciation de Riss doit son nom à Albrecht Penck et Eduard Brückner, qui ont décrit les périodes glaciaires dans leur livre Die Alpen im Eiszeitalter (Les Alpes à l'âge de glace) entre 1901 et 1909. Pour ce faire, ils ont analysé l'étagement des terrasses alluviales des affluents du Danube et ont décrit le stratotype pour chaque étage. Pour le Riss, la localité type est Biberach an der Riß où se trouvent les vieilles moraines du glacier du Rhin. Ce paysage caractéristique permet de retrouver les traces des glaciers. En général, les moraines externes sont attribuées au Riss tandis que les moraines internes appartiennent au Würm. Comme la glaciation du Riss a été plus étendue que celle du Würm, ses traces sont plus facilement observables dans les régions qui n'ont été englacées que lors du Riss (par exemple, la Dombes) tandis que dans les régions plus internes, elles ont été effacées par les glaciations ultérieures.

Toutefois, certains auteurs estiment que son avancée est restée limitée dans l'avant-pays bernois et que c'est au stade isotopique 18, il y a 780 000 ans, que le glacier du Rhône a connu sa dernière avancée majeure capable de surpasser celle du Würm[6].

Tableau de séquence stratigraphique du Pléistocène proposé par van der Vlerk et F. Forschlütz en 1950[7],[8],[9],[10]
Subdivisions lithostratigraphiques Équivalent alpin Équivalent nordique Climat Chronologie isotopique Biozone des mammifères[11],[12]
Tubantien Würmien Vistulien Froid SIO 4-2 ou SIO 5d-2 MNQ 26
Éémien Interglaciaire Riss-Würm Éémien Chaud SIO 5e MNQ 25
Drenthien Glaciation de Riss Saalien Froid SIO 10-6 ou SIO 8-6 MNQ 22-24
Needien Interglaciaire Mindel-Riss Holsteinien Chaud SIO 11 MNQ 22
Taxandrien Glaciation de Mindel Elstérien (ou « Günz II ») Froid SIO 10 ou SIO 12 MNQ 22
Cromérien Interglaciaire de Günz I et II Cromérien Chaud SIO 22-13 MNQ 21
Ménapien[Note 1] Glaciation de Günz Ménapien et Bavélien Froid SIO 20-16 ou SIO 31-23 MNQ 20
Waalien Interglaciaire Donau-Günz Waalien Chaud MNQ 19
- Glaciation de Donau Éburonien Froid SIO 28-26
Tiglien Interglaciaire Biber-Donau Tiglien Chaud
Amstélien (nl) Glaciation de Biber Prétiglien Froid SIO 68-66 ou SIO 50-40 MNQ 18

Description[modifier | modifier le code]

Bloc erratique de Saint-Fons près de Lyon.

Lors de leur plus grande extension, les glaciers alpins ont créé un vaste inlandsis avec une couche de glace dépassant les 1 000 m d'épaisseur dans les vallées. Le glacier du Rhône, renforcé par ses affluents, recouvrait tout le Valais et se séparait en deux lobes au niveau du lac Léman en venant buter contre le Jura et sa calotte. L'un d'eux recouvrait le plateau suisse et s'unissait aux glaciers de l'Aar et du Rhin, l'autre descendait jusqu'à Lyon, gonflé par les glaces des montagnes de Savoie, et bloquait le cours de la Saône causant la formation d'un immense lac qui remontait jusqu'à Dijon. De son côté, le glacier du Rhin rejoignait la calotte de la Forêt-Noire et poussait jusqu'à la vallée du Danube qu'il bloquait au niveau de Sigmaringen créant un lac qui se déversait dans le Neckar. Les glaciers de l'Inn et de l'Adige (350 km de long) avaient aussi une taille importante.

L'étage des neiges éternelles commençait alors vers 1 200 mètres d'altitude dans les Alpes occidentales et 800 m[15] dans les Vosges et la Forêt Noire. Les températures étaient nettement plus basses avec une continentalité plus marquée. Dans la région de Zurich, la température moyenne de l'été n'était que de 9 °C, et celle de l'hiver de -21 °C[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La biostratigraphie de la subdivision du Ménapien, comme celles de toutes les couches stratigraphiques appartenant au Pléistocène inférieur identifiées et répertoriées aux Pays-Bas — Cromérien, Bavélien, Waalien, Eburonien, Tiglien, Prétéglien et Reuvérien —, ont été, dans un premier temps, établies par I. M. Van der Vlerk et F. Florschütz, en 1950 et 1953, puis via les analyses paléopalynologiques de Waldo Zagwijn[13] dans les années 1950 jusqu'à la fin des années 1990[14].

Références[modifier | modifier le code]

  1. [Penck & Brückner 1909] (de) Albrecht Friedrich Karl Penck et Eduard Brückner, Die Alpen im Eiszeitalter, Leipzig, Chr. Herm. Tauchnitz, .
  2. [Geyh & Müller 2005] Mebus A. Geyh et Helmut Müller, « Numerical 230Th/U dating and a palynological review of the Holsteinian/Hoxnian Interglacial », Quaternary Science Reviews, no 24,‎ , p. 16-17 (DOI 10.1016/j.quascirev.2005.01.007).
  3. (de) « Stratigraphische Tabellen des Bayerischen Geologischen Landesamtes », Ad-hoc-AG Geologie der Staatlichen Geologischen Dienste (SGD) und der BGR(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur lgb-rlp.de.
  4. [Giret 2009] Alain Giret, Le Quaternaire : climats et environnements, L'Harmattan, , sur books.google.fr (lire en ligne), p. 54.
  5. [Le Tensorer 1998] Jean-Marie Le Tensorer, Le paléolithique en Suisse, , sur books.google.fr (lire en ligne), p. 65.
  6. a et b Christian Schlüchter, « Glaciations » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du ..
  7. [Ehlers, Hughes & Gibbard 2016] (en) Jürgen Ehlers, Philip Hughes et Philip L. Gibbard, « The Course of Ice Age », dans Jürgen Ehlers, Philip Hughes et Philip L. Gibbard, The Ice Age, John Wiley & Sons, , 560 p., sur books.google.fr (lire en ligne).
  8. [Westerhoff, Menkovic & Lang 2011] (en) Wim E. Westerhoff, Armin Menkovic et F.D. de Lang, chap. 2 « A revised lithostratigraphy of Upper Pliocene and Lower Pleistocene fluvial deposits from Rhine, Meuse and Belgian rivers in the Netherlands », dans W.E. Westerhoff, A. Menkovic, F.D. de Lang et al., The Upper Tertiary and Quaternary lithostratigraphy of the Netherlands, (lire en ligne [PDF] sur research.vu.nl), page 23.
  9. [Schuyf 1954] (nl) P. Schuyf, « Tertiaire en Oud-Pleistocene fossielen uit de Westerschelde » [« Fossiles du Tertiaire et du Pléistocène ancien de l'Escaut occidental »], Nederlandse Geologische Vereniging, Grondboor & Hamer, vol. 2, no 15,‎ (lire en ligne [PDF] sur natuurtijdschriften.nl, consulté le ).
  10. [van der Vlerk & Florschütz 1950] (nl) Isaäk Martinus Van der Vlerk et Frans Florschütz, Nederland in het ijstijdvak : de geschiedenis van flora, fauna en klimaat, toen aap en mammoet ons land bewoonden [« Les Pays-Bas à l'ère glaciaire : l'histoire de la flore, de la faune et du climat, quand les singes et les mammouths habitaient notre pays »], Utrecht, éd. De Haan, , 287 p..
  11. [Faure & Guérin 1992] Martine Faure et Claude Guérin, « La grande faune d'Europe occidentale au Pléistocène moyen et supérieur et ses potentialités d'information en préhistoire », Mémoires de la Société géologique de France, no 160,‎ , p. 77-83.
  12. [Auguste 2009] Patrick Auguste, « Biochronologie et grands mammifères au Pléistocène moyen et supérieur en Europe occidentale », Quaternaire, vol. 20, no 4,‎ (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
  13. (en) « Waldo Zagwijn »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur knaw.nl, Académie royale des arts et des sciences néerlandaise (consulté le ).
  14. [Drees 2005] (en) Marc Drees, « An evaluation of the Early Pleistocene chronology of The Netherlands », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 1, no 1,‎ (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté le ).
  15. (de) « Riss-Kaltzeit », Das Lexikon der Erde, sur geodz.com (consulté en ).

Articles connexes[modifier | modifier le code]