Giovinezza (hymne étudiant)

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Il Commiato (Les Adieux), connu par son refrain sous le nom usuel de Giovinezza (Jeunesse) est un célèbre hymne de la Goliardia de Turin écrit par le poète italien Nino Oxilia en 1909 et mis en musique par Giuseppe Blanc.

Histoire[modifier | modifier le code]

Cet hymne fut rédigé précisément en qualité d'Inno dei Laureandi in Giurisprudenza dell'Università di Torino (Hymne des lauréats en jurisprudence de l'université de Turin). Très apprécié par les goliards turinois, ceux-ci le firent imprimer à leur frais à 150 exemplaires[1]. Son succès a vite dépassé le milieu universitaire. Des musiques militaires italiennes l'ajoutèrent à leur répertoire et l'interprétèrent lors de concerts publics où se mêlaient airs patriotiques et musiques distractives, comme le faisaient à l'époque les musiques militaires de divers pays[2].

L'air fut réutilisé avec d'autres paroles pour un hymne écrit pour les Arditi (commandos italiens) durant la Grande Guerre à laquelle l'Italie participa du au .

Cette pratique de reprendre un air connu pour y placer de nouvelles paroles était jadis courante, pas seulement en Italie. En France, par exemple, elle était habituelle dans les goguettes et on connaît un grand nombre de chants écrits sur l'air de La Marseillaise.

Nino Oxilia et Giuseppe Blanc participèrent à la Grande Guerre. Oxilia fut tué le au Monte Tomba. Blanc survécut, devint fasciste et composa de la musique pour ce mouvement.

La notoriété de la chanson goliarde Giovinezza a fait que son titre, son air et son refrain seront par la suite récupérés par le mouvement fasciste italien. Tout d'abord, en 1919-1921, avec l'hymne des Squadristi écrit par Marcello Manni, où, entre autres, le refrain d'origine :

Giovinezza, giovinezza,
primavera di bellezza
per la vita, nell'asprezza
il tuo canto squilla e va !
Jeunesse, jeunesse
printemps de beauté
dans la vie âpre
ton chant résonne et s'en va.

sera remplacé par :

Giovinezza, giovinezza,
primavera di bellezza :
nel Fascismo è la salvezza
della nostra libertà
Jeunesse, jeunesse
printemps de beauté
dans le Fascisme est le salut
de notre liberté

Avec de nouvelles paroles, toujours à la gloire du fascisme, cela donnera de 1924 à 1943 Giovinezza, hymne officiel du Parti national fasciste italien, rédigé par Salvator Gotta.

La célébrité de ce dernier hymne propagé par les autorités italiennes fascistes a le plus souvent fait oublier la chanson originale apolitique et qui célèbre avec nostalgie la fin des études et de la jeunesse.

Paroles[modifier | modifier le code]

Partition de Giovinezza
Son finiti i tempi lieti
degli studi e degli amori;
o compagni in alto i cuori,
il passato salutiam.


È la vita una battaglia
è il cammino irto d'inganni;
ma siam forti, abbiam vent'anni,
l'avvenir non temiam.


Giovinezza, giovinezza
primavera di bellezza,
della vita nell'asprezza
il tuo canto squilla e va.


Stretti stretti sotto braccio
d'una piccola sdegnosa,
trecce bionde, labbra rosa,
occhi azzurri come il mar.


Ricordate in primavera
i crepuscoli vermigli
tra le verdi ombre dei tigli
i fantastici vagar.


Giovinezza, giovinezza
primavera di bellezza,
della vita nell'asprezza
il tuo canto squilla e va.


Salve, nostra adolescenza,
te commossi salutiamo,
per la vita ce ne andiamo,
il tuo riso cesserà.


Ma se un dì udremo un grido
dei fratelli non redenti
alla morte sorridenti
il nemico ci vedrà.


Giovinezza, giovinezza
primavera di bellezza,
della vita nell'asprezza
il tuo canto squilla e va.
Ils sont finis les jours joyeux
des études et des amours
ô compagnons haut les cœurs
saluons le passé.


La vie est un combat
est le chemin est semé d'embûches
mais nous sommes forts, nous avons vingt ans
l'avenir est à nous.


Jeunesse, jeunesse
printemps de beauté
dans la vie âpre
ton chant résonne et s'en va.


Très serrée sous son bras
une petite dédaigneuse
tresses blondes, lèvres roses
yeux aussi bleus que la mer.


Rappelez-vous au printemps
les crépuscules pourpres
parmi les ombres vertes des tilleuls
les fantastiques errances.


Jeunesse, jeunesse
printemps de beauté
dans la vie âpre
ton chant résonne et s'en va.


Salut à notre adolescence
nous saluons ton départ
par la vie nous allons
ton visage va s'effacer.


Mais si le cri nous appelle
des frères d'au delà des frontières[3]
à la mort allant en souriant
l'ennemi nous verra.


Jeunesse, jeunesse
printemps de beauté
dans la vie âpre
ton chant résonne et s'en va.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Waldimaro Fiorentino, L'Operetta italiana (L'Opérette italienne), Edizioni Catinaccio Bolzano, Bolzano 2006, page 95.
  2. Source : article Giovinezza (inno) du Wikipédia italien.
  3. dei fratelli non redenti (des frères non redenti) : cette expression utilisée ici désigne précisément les populations de langue italienne vivant dans des territoires situés hors du royaume d'Italie et revendiqués comme italiens par une partie de l'opinion publique italienne et des politiques italiens. En particulier le Alto Adige (Haut Adige), à l'époque autrichien et rattaché depuis à l'Italie. Benito Mussolini ajoutera dans ces prétentions d'annexion territoriale à l'Italie le comté de Nice et la Corse.

Articles connexes[modifier | modifier le code]