Garâa Sejnane

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Garâa Sejnane
Image illustrative de l’article Garâa Sejnane
Bassin versant de la Garâa Sejnane

Pays Drapeau de la Tunisie Tunisie
Villes principales Sejnane
Coordonnées 37° 05′ 07″ nord, 9° 12′ 25″ est
Superficie approximative 12 km2
Cours d'eau Oued Sejnane
Géolocalisation sur la carte : Tunisie
(Voir situation sur carte : Tunisie)
Garâa Sejnane

La Garâa Sejnane ou Garâa Sejenane est une zone humide bordant l'oued Sejnane, dans les Mogods, au nord-est de la Tunisie. Elle appartient à l'ensemble « Kabylies–Numidie–Kroumirie » qui est un point chaud de biodiversité.

Description géomorphologique[modifier | modifier le code]

Vue de l'oued Sejnane, la rivière bordant la plaine.

La Garâa Sejnane est une dépression, de cinq kilomètres de large sur trois kilomètres de hauteur, située à une altitude de 110 mètres[1].

Alimentée par des oueds venant des montagnes environnantes, appartenant à la chaîne des Mogods, elle se transforme en marécage dès l'automne. Elle se serait formée à la fin du Néogène, par dépôt de matériaux arrachés aux Mogods. Lors du Quaternaire, les dépôts les plus grossiers auraient été emportés vers la basse vallée ; seuls des matériaux fins y subsistent[2].

Importance écologique[modifier | modifier le code]

En 1951, la Garâa Sejnane est décrite comme un lac temporaire de trois kilomètres sur six bordée par une communauté végétale de cent mètres de large, l’Isoetetum velatae, et occupé en son centre par un marais à Schoenoplectus lacustris.

C'est désormais une zone drainée, cultivée et pâturée[3]. Malgré sa dégradation, cette zone humide comporte quinze espèces rares ou très rares et fortement menacées, parmi lesquelles trois nouvelles espèces pour la Tunisie : Pilularia minuta, espèce en danger selon l'UICN, Crassula vaillantii et Nitella gracilis[3]. Elle constitue l'unique localité connue en Tunisie des espèces suivantes : Mibora minima, Nitella gracilis, Persicaria amphibia et Rumex tunetanus, endémique et gravement menacée d'extinction, qui y a été retrouvée en 2010[4].

Les autres espèces patrimoniales sont Baldellia ranunculoides, Bellis prostrata, Elatine macropoda, Glyceria spicata, Illecebrum verticillatum, Ludwigia palustris, Lythrum borysthenicum, Solenopsis bicolor[5], mais également Hypericum afrum, Lysimachia tyrrhenia (= Anagallis crassifolia), Osmunda regalis et Ranunculus hederaceus[3]. Plusieurs espèces, mentionnées et/ou collectées avant 1960, ont disparu du site (certaines sont d'ailleurs considérées comme éteintes au niveau du pays) : Alternanthera sessilis, Butomus umbellatus, Myriophyllum alterniflorum, Nymphaea alba, Potamogeton lucens, Ricciocarpus natans, Utricularia gibba et Utricularia vulgaris[1].

Huit espèces de charophytes y ont été inventoriées : Chara braunii, Chara connivens, Chara oedophylla, Chara vulgaris, Nitella capillaris, Nitella gracilis (non revu depuis 1926), Nitella opaca et Tolypella glomerata (non revu depuis 1970). Elles renforcent encore l'intérêt de cette zone humide[1],[6].

Cela met en évidence l'importance d'une gestion conservatoire de cette zone[3].

Importance économique[modifier | modifier le code]

Cette zone humide a vu en quelques décennies l'agriculture se développer par le drainage des terres[3]. Avant la révolution de 2011, le gouvernement prévoyait d'accroître la surface exploitée dans la région de Nefza et de Sejnane de 4 000 hectares[7].

De petites extractions de sable et d'argile sont exploitées par les habitants eux-mêmes[1]. L'argile est employée par les femmes pour réaliser des poteries traditionnelles[8], activité économique importante pour la région[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Amina Daoud-Bouattour, Serge D. Muller, Hafawa Ferchichi, Zeineb Ghrabi-Gammar, Laïla Rhazi, Amor Mokhtar Gammar, Mohamed Raouf Karray, Ingeborg Soulié-Märsche, Hanene Zouaïdia, Gérard de Bélair, Patrick Grillas et Semia Ben Saad-Limam, « Recent discovery of the small pillwort (Pilularia minuta Durieu, Marsileaceae) in Tunisia: Hope for an endangered emblematic species of Mediterranean temporary pools? », Comptes Rendus Biologies, vol. 332,‎ , p. 886–897 (ISSN 1631-0691, DOI 10.1016/j.crvi.2009.07.004, lire en ligne, consulté le ).
  • Myriam Errais-Borges, « La céramique Qallaline, trésor du patrimoine culturel tunisien », dans Pierre-Noël Denieuil, De la colonie à l'État-nation : constructions identitaires au Maghreb, Paris, L'Harmattan, (ISBN 978-2-336-00895-0, lire en ligne).
  • (en) Hafawa Ferchichi-Ben Jamaa, Serge D. Muller, Amina Daoud-Bouattour, Zeineb Ghrabi-Gammar, Laïla Rhazi, Ingeborg Soulie et Mounira Ouali, « Vegetation structures and conservation of Mediterranean temporary wetlands : Mogods region (northern Tunisia) », Comptes Rendus Biologies, no 333,‎ , p. 265–279 (ISSN 1631-0691, lire en ligne, consulté le ).
  • Zeineb Ghrabi-Gammar, Amina Daoud-Bouattour, Hafawa Ferchichi, Amor Mokhtar Gammar, Serge D. Muller, Laïla Rhazi et Semia Ben Saad-Limam, « Flore vasculaire rare, endémique et menacée des zones humides de Tunisie », Revue d'écologie, Paris, Société nationale de protection de la nature et d'acclimatation de France, vol. 64, no 1,‎ , p. 19-40 (lire en ligne).
  • Moktar Lamari et Hildegard Schürings, Forces féminines et dynamiques rurales en Tunisie : contributions socio-économiques et espoirs des jeunes filles du monde rural, Paris, L'Harmattan, , 255 p. (ISBN 2-7384-8724-6, lire en ligne).
  • Édouard Le Floc'h, Loutfy Boulos et Errol Véla, Catalogue synonymique commenté de la flore de Tunisie, Tunis, Ministère de l’Environnement et du Développement durable, , 500 p. (lire en ligne).
  • Alain Miossec, « Observations morphologiques, sur le bassin de l'Oued Sejenane (Tunisie septentrionale) », Méditerranée, vol. 29, no 29,‎ , p. 55-72 (ISSN 0025-8296, lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Serge D. Muller, Amina Daoud-Bouattour, Hafawa Ferchichi, Zeineb Gammar-Ghrabi, Semia Ben Saad-Limam et Ingeborg Soulié-Märsche, « Garâa Sejenane (northern Tunisia): an unknown and threatened biological richness », European Pond Conservation Network Newsletter, vol. 1,‎ , p. 7-8 (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Serge D. Muller, Laïla Rhazi et Ingeborg Soulié-Märsche, « Diversity and distribution of Characeae in the Maghreb (Algeria, Morocco, Tunisia) », Cryptogamie, Algologie, vol. 38, no 3,‎ , p. 201-251 (ISSN 0181-1568).
  • Maya Rouissi, Serge D. Muller, Imtinen Ben Haj Jilani, Zeineb Ghrabi-Gammar, Laila Rhazi, Laure Paradis, Marion Bottollier-Curtet, Éric Gerbaud et Amina Daoud-Bouattour, « Conservation issues of an exceptional freshwater Mediterranean wetland in Northwest Tunisia: Garâa Sejenane Rouissi », Revue d'écologie, Paris, Société nationale de protection de la nature et d'acclimatation de France, vol. 71, no 3,‎ , p. 222-238 (lire en ligne, consulté le ).
  • Harald Siebenmorgen, Au pays d'une tradition millénaire : la poterie modelée des femmes de Sejnane, Karlsruhe, Badisches Landesmuseum, , 168 p. (ISBN 978-3-88190-391-2, lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]