Gérard Chevrier

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Gérard Chevrier
Fonctions
Évêque de Sisteron
Diocèse de Sisteron
à partir de
Prévôt
Prévôté de Saint Laurent d'Oulx
jusqu'en
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Date inconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Entre le et le Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieu inconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
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Gérard Chevrier, en latin Gerardus Capriarius ou Gerardus Capriarius, également transcrit par Géraud Chabrier, de même sens, mort entre 1074 et 1082, est évêque de Sisteron de 1060 à sa mort. Il est vers 1040/42, l'un des réformateurs de la prévôté de Saint Laurent d'Oulx.

Très peu de choses, à son propos, sont parvenues jusqu'à nous et surtout au travers de documents de seconde main. Il est néanmoins l'un des évêques de Sisteron parmi les plus importants car il officialise le système, assez rare en France, de « concathédrale », en instituant à Forcalquier, une église cathédrale et un chapitre cathédral concurrents de ceux de Sisteron.

Biographie[modifier | modifier le code]

L'obituaire du chapitre de Forcalquier indique les principales étapes de sa carrière, la date de sa mort et fournit sa version de l'origine du patronyme de Gérard Chevrier[1] : « Eoden die obiit Geraldus Capriarius, episcopus noster et Ulciensis canonicus. Iste fuit de fondatoribus Ulciensis monasterii et factus Sistaricensis episcopus, immensa beneficia contulit ecclesie Sancti Marii, sicut in cartis hujus ecclesie habetur, et dictus est Caprarius quia primum pauper et capras 'custodibat', ut Ulciences canonici dicunt[2]. » (« Ce même jour Gérard Chevrier, notre évêque et chanoine d'Oulx a quitté ce monde. Il fit partie des fondateurs du monastère d'Oulx et fut fait évêque de Sisteron, il conféra à l'église Saint Marius d'immenses privilèges comme le démontrent les archives de cette église, il est appelé Chevrier car il était pauvre dans ses débuts et gardait des chèvres, ainsi que le racontent les chanoines d'Oulx »).

Le deuxième document qui atteste son identité avec le prêtre Gérard de la donation de Ponce de Bardonnèche qui est l'un des documents fondateurs de la prévôté de Saint Laurent d'Oulx[Collino 1], est une donation, faite par Guillaume et Rorgon, leurs épouses et leurs enfants cèdent à ce même établissement les droits qu'ils exercent sur l'église Saint Jean-Baptiste de Salbertrand et dans laquelle Gérard, évêque de Sisteron, et Cunibert (it), évêque de Turin menacent d'excommunier et de vouer aux flammes de l'enfer tout homme ou toute femme qui tenteront de s'opposer ou de casser cet arrangement[Collino 2].

Géraud Chabrier fait partie du clergé qui appliqua la réforme grégorienne visant à assainir les mœurs du clergé et mettre fin au détournement de ses biens. Lié à Cunibert, évêque de Turin, il est nommé en 1058 pour achever la réforme de la congrégation de Saint-Laurent d'Oulx[var. 1].

Il est ensuite appelé par le concile d'Avignon à prendre en charge le diocèse de Sisteron, qui est dépourvu de titulaire depuis plusieurs années et qui est géré par des laïcs avec l'accord tacite du chapitre cathédral. En effet, après la mort de Pierre Ier († v. /42), issu de la famille des Nice-Orange, son frère, Rambaud de Nice, entretient la vacance du siège[3].

Gérard se rend à Rome recevoir la bénédiction du pape et des documents confirmant son autorité[var. 2]. Cependant, il ne peut prendre possession de sa fonction à Sisteron et ne peut même pas traverser la ville[var. 3] ; il est également rejeté partout dans son diocèse, sauf à Forcalquier où se trouvait un chapitre canonial. C'est là qu'il s'installe, pour reprendre en main l'administration de son évêché[var. 4]. Il élève la collégiale Saint-Mary au rang de cocathédrale, institution unique en Occident, et abaisse ainsi Sisteron[var. 5]

Il rencontre également des difficultés dans la réforme de l'abbaye de Cruis qu'il donne aux moines de l'abbaye de Saint-Victor afin qu'ils y implantent leurs pratiques. Mais les moines de Cruis font appel au pape, qui prend l'abbaye sous sa protection en 1074, menaçant même Géraud Chabrier[var. 6]. Finalement, l'efficacité de son action est peut-être restée limitée[var. 7]

Varano (2011)[var. 8], à la suite de la Gallia christiana novissima - GCN[4], relève que la date de sa mort n'est pas connue. Elle se place entre ce dernier acte de mention de 1074, et les auteurs considèrent qu'il a pu vivre au-delà, peut-être jusqu'en 1082 (Obituaire de Saint-Mary). La GCN indique que le jour de sa mort, selon l'Obituaire de Saint-Mary, se place le et que son corps est inhumé à Forcalquier[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  • (it) Giovanni Collino, Le carte della Prevostura d'Oulx, raccolte e riordinati cronologicamente fino al 1300, Pignerol, Chiantore-Mascarelli, , 411 p. (OCLC ocm05281369, lire en ligne) :
  1. Charte 2, page 3
  2. Charte 17, pages 17-18
  • Mariacristina Varano, Espace religieux et espace politique en pays provençal au Moyen Âge (IXe – XIIIe siècles). L'exemple de Forcalquier et de sa région], Aix-en-Provence, UNIVERSITÉ AIX - MARSEILLE I – Université de Provence Département d’Histoire de l’Art et Archéologie (UFR Civilisations et Humanités), , 1139 p. (lire en ligne) :
  1. p. 262.
  2. p. 264.
  3. p. 266.
  4. p. 267.
  5. p. 268.
  6. p. 285.
  7. p. 286-287.
  8. p. 298.
  • Autres notes et références
  1. L'éditeur de l'obituaire indique pour sa part ses réserves quant à la proposition étymologique : «l'étymologie de son nom [...] vaut ce que valent en général les étymologies que l'on trouve dans les livres du Moyen Âge, c'est-à-dire peu de chose», p.61.
  2. (fr)« Joseph Roman (éditeur scientifique), Obituaire du Chapitre de Saint-Mary de Forcalquier : 1074-1593, Digne, Impr. Chaspoul, Constans et Vve Barbaroux pour le compte de la Société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence,  », sur Bibliothèque Nationale de France (consulté le )
  3. Jean-Hervé Foulon, Mariacristina Varano, « Réforme et épiscopat en Provence. Étude comparée des cas de Gap et de Sisteron au milieu du XIe siècle », Cahiers de Fanjeaux, no 48,‎ , p. 311-342, dont page 319 (lire en ligne).
  4. a et b GCN, p. 689-690.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Joseph-Hyacinthe Albanès, complété, annoté et publié par le chanoine Ulysse Chevalier, Gallia christiana novissima. Histoire des archevêchés, évêques et abbayes de France d'après les documents authentiques recueillis dans les registres du Vatican et les archives locales — Tome premier : Aix, Apt, Fréjus, Gap, Riez et Sisteron, Montbéliard, (lire en ligne), p. 694-695.
  • Eliana Magnani (Vita Regularis. Ordnungen und Deutungen religiosen Leben im Mittelalter), Monastères et aristocratie en Provence - milieu Xe - début XIIe siècle , Lit Verlag, (lire en ligne), chap. 10.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]