Féminité

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La peinture occidentale représente très peu la féminité, préférant associer l’image de la femme et sa beauté à d’autres idées au travers d’allégories : ici, le Jour, par le peintre Bouguereau. S’éloignant du sujet par des considérations d’esthétisme, l’association de la maternité avec l’idée de Mère-Patrie se substitue également à la représentation de l’être féminin.

La féminité est l’ensemble des caractères morphologiques, psychologiques et comportementaux spécifiques, ou considérés comme spécifiques aux femmes. Ils sont liés au sexe ou au genre, et fortement influencés, voire conditionnés par l’environnement socioculturel[1]. Dans l’usage, la part des caractères socioculturels de la féminité contribue à l’identité sexuelle.

On peut aussi la définir comme l'ensemble des comportements, des attitudes, auxquels on attribue le qualificatif de féminin. Si elle prédomine chez les femmes, elle existe aussi chez les hommes. Son lien au sexe est moins évident qu'il n'y parait.

Pour les hommes, on parle de masculinité ou de virilité.

Définition[modifier | modifier le code]

On dit de plus qu’il y a une part de féminité dans tous les humains quel que soit le sexe. En outre, les femmes étant toutes différentes, on peut définir la féminité comme associé au genre féminin dans une démarche d'essentialisation des femmes soit les femelles adultes humaines.

La féminité est caractérisée par des critères définis culturellement, distinct dans la société occidentale moderne du sexe biologique.

La féminité est centrale dans le jeu de la séduction, et les hommes ou les femmes selon leurs goûts confient être attirés par elle (ou la représentation qu’ils ou elles ont d’elle) dans leurs rencontres. Selon certaines représentations culturelles, les traits qui seraient typiquement féminins sont la douceur, la finesse, la grâce, l’inconstance (dans le comportement, les sentiments et les pensées), la vanité de plaire, la superficialité[2][source insuffisante].

La féminité peut, dans les représentantes courantes et selon les cultures, rassembler un ensemble de traits caractéristiques : pudeur, prudence, etc., mais avec souvent des qualités contraires : audace, volonté de séduire, cruauté, etc. qui font souvent associer à la féminité l’idée de contradiction.

Représentation sociale[modifier | modifier le code]

Pour Sandra Harding, dans The Science Question of Feminism, en 1986[3], la féminité est un symbolisme de genre, qui « renvoie à l'utilisation de métaphores binaires, n'ayant rien à voir avec les différences sexuelles, pour représenter le sexe (par exemple : force/fragilité, violence/douceur) » et dont les stéréotypes sexués sont des représentations. C'est l'un des trois processus concourant à la construction sociale du genre, avec la structuration selon le genre de certaines activités sociales (sexuation), et la construction individuelle de l'identité de genre[4].

Beaucoup d’artistes et de cinéastes hommes traitent le sujet, puisque pouvoir approcher ce qu’est la féminité est souvent rendu au travers d’un mode de représentation. L’article Image de la femme (XIXe) montre l’intérêt des impressionnistes et des néoclassiques pour le sujet féminin, cette fois au travers de sa féminité, mais il s’agit encore de peintres masculins.

Dans les contes de fées qui ont longtemps façonné l’imaginaire des enfants, on ne se demande guère pourquoi la belle-mère ou la sorcière est cruelle.

D’après la thérapeute américaine Maureen Murdock : « Si la psyché d’une femme a reçu sa mère d’une manière négative ou destructrice, elle se sépare de sa nature féminine positive et a beaucoup de difficultés à la récupérer. Beaucoup de femmes ont trouvé chez leur père le côté spontané, nourricier et joyeux de la féminité. La nature de la rupture mère/fille dépend aussi de la manière dont une femme intègre l’archétype de la Mère dans sa psyché, y compris notre Mère la Terre et le point de vue culturel sur la féminité ».

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Stéréotypes publicitaires[modifier | modifier le code]

Grâce, charme, élégance, raffinement, éternelle jeunesse (liée à la crainte du vieillissement), sophistication, archétype de la mère de famille, de la femme comme séductrice, etc. sont, entre autres, des thèmes porteurs pour vendre des produits commerciaux permettant à la femme dite libérée, vue sous l’angle de la consommatrice, de révéler sa féminité. La publicité joue également sur les tabous liés aux modes (poids et gourmandise, sexualité libre, etc.), ce qui peut être perçu moins comme une libération de la féminité que comme l’acceptation des images reçues même si elles sont inversées.

Étude de genre[modifier | modifier le code]

La féminité « hégémonique »[modifier | modifier le code]

R. W. Connell a défini en 1987 dans Gender and Power : Sexuality, the Person and Sexual Politics une « masculinité hégémonique » qui est « la forme culturellement idéalisée » de la masculinité à une époque donnée et dans une aire donnée. Bien qu'elle ait été réticente à utiliser cette expression pour la féminité, les femmes ayant toujours été subordonnées à la masculinité hégémonique, et lui ait préféré celle emphasized feminity (féminité accentuée, mise en avant), cette notion de féminité hégémonique a été reprise par de nombreux sociologues du sport. Ils la définissent comme « la forme culturellement idéalisée de la féminité, forme qui participe à la domination des femmes et qui exerce une domination sur les autres formes de féminité ». Il s'agit d'une représentation stéréotypée de ce qui serait féminin[4].

Critique[modifier | modifier le code]

Associer certaines qualités ou défauts à la féminité peut relever de préjugés. Les jugements laudateurs concernant les comportements féminins, tels que la tempérance, la patience et la douceur, relèvent néanmoins bel et bien de préjugés ou plus précisément d'une forme de sexisme appelé sexisme ambivalent.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Définitions féminité, TLFI (Trésor de la Langue Française Informatisé - dictionnaire en ligne).
  2. À la façon d'un libre penseur du XIXe siècle, Arthur Schopenhauer a d'ailleurs versé dans cette thématique dans son Essai sur les femmes.
  3. Sandra Harding, The Science Question of Feminism, Ithaca, Cornell University Press, 1986, p. 17-18
  4. a et b I. Courcy, S. Laberge, C. Erard, C. Louveau, « Le sport comme espace de construction sociale de la féminité : jugements d'adolescentes et d'adolescents concernant les filles qui pratiquent des sports de tradition masculine », Recherches féministes, 2006, 19 (2), p. 29-61, p.  34-35

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Élisabeth Badinter, Le Conflit - la femme et la mère, Le livre de Poche, 124p. 2011
  • Maureen Murdock, Le Parcours de l’héroïne ou la féminité retrouvée, Dangles, 1993
  • Sigmund Freud, La Féminité, préface de Pascale Molinier, Petite Bibliothèque Payot, 2016.
  • Jeannette Geffriaud Rosso, Études sur la féminité au XVIIe et XVIIIe siècles, Pisa, Libreria Goliardia, 1984.
  • Nathalie Heinich, États de femme. L'identité féminine dans la fiction occidentale, Collection NRF Essais, Gallimard, avril 1996
  • Joan W. Scott, La Citoyenne paradoxale. Les féministes françaises et les droits de l'homme, Albin Michel, 1998
  • Maryse Vaillant, Sexy soit-elle, Les Liens qui libèrent, 2012
Revues
  • Revue Sciences Humaines :
    • « L'ère du postféminisme », no 214, 2010
    • « Femmes, combats et débats », HSS, no 4, 2005
    • « Hommes / femmes, quelles différences ? », no 146, 2004
    • « Nouveaux modèles féminins », no 85, 1998
    • « Masculin-féminin », no 42, 1994

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]