Friedrich Engels

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Friedrich Engels
Naissance
Décès
Nationalité
Formation
Université de Berlin (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Principaux intérêts
Influencé par
A influencé
Célèbre pour
La méthode d'étude « socialiste scientifique », le communisme primitif et la naissance de l'opposition dominant/dominé.
Père
Friedrich Engels (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Elisabeth Franziska Mauritia van Haar (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Friedrich Engels, né le à Barmen (une ancienne ville devenue aujourd'hui l'un des quartiers de la ville de Wuppertal) et mort le à Londres, est un philosophe et théoricien socialiste allemand, grand ami de Karl Marx. Après la mort de ce dernier, il assure, à partir des brouillons laissés par son auteur, la rédaction définitive et la publication des livres II et III du Capital. Engels a été militant de la Ligue des communistes et de l'Association internationale des travailleurs.

Biographie

Marx et Engels. Monument à Berlin.

D'une situation industrieuse à la situation de la classe laborieuse

Il est issu d'une famille d'industriels, son père ayant fait fortune dans l'industrie du textile. Il quitte le lycée d'Elberfeld pour raisons familiales en 1838. Tout en travaillant comme commis dans une société commerciale à Brême, il commence à étudier la philosophie en profondeur. Il se rapproche particulièrement de la philosophie de Hegel, qui prédomine alors dans la philosophie allemande de l'époque, au détriment de celle de Schopenhauer.

En 1842 il s'installe en Angleterre, à Manchester, et travaille dans une société industrielle où son père a des intérêts. C'est là qu'il écrit en 1845 La situation de la classe laborieuse en Angleterre.

Rencontre et révolution

La même année, Engels contribue au journal Annales franco-allemandes, édité et publié par Karl Marx à Paris. Après leur première rencontre en 1844, ils découvrent qu'ils partagent les mêmes vues et décident de collaborer plus étroitement. Après l'expulsion de Marx hors de France, ils s'installent en Belgique, où la liberté d'expression est plus grande que dans d'autres pays d'Europe.

En juillet 1845, Engels propose à Marx un voyage en Angleterre. Il y rencontre Mary Burns, une ouvrière irlandaise, avec laquelle il vit jusqu’à la mort de celle-ci en 1863. Il s'installe alors avec sa sœur Lizzie Burns, jusqu'à sa mort en 1878. Elle est remplacée comme hôtesse chez Engels par Mary Ellen. C'est probablement Mary Burns qui l'a introduit dans le mouvement chartiste, dont il rencontre quelques dirigeants comme George Julian Harney. Marx et Engels retournent à Bruxelles en janvier 1846, où ils fondent le Comité de Correspondance Communiste. Le but est d'unifier les socialistes des différentes parties de l'Europe. Influencé par les conceptions de Marx, la Ligue des justes, organisation socialiste, se transforme en Ligue des communistes à laquelle Marx et Engels adhèrent.

Sur demande de la Ligue des communistes, Marx commence en 1847 à rédiger un pamphlet basé entre autres sur les Principes du communisme d'Engels. Cet ouvrage, terminé en six semaines, est écrit de manière à rendre les principes communistes accessibles à tous. Il est intitulé Manifeste du Parti communiste, et publié anonymement en février 1848. En raison de la révolution de 1848, Engels et Marx sont expulsés en mars de Belgique. Ils s'installent à Cologne, où ils fondent un nouveau journal, la Neue Rheinische Zeitung (Nouvelle Gazette rhénane). Engels participe activement à la Révolution de 1848, prenant part au soulèvement de Elberfeld. Il combat dans la campagne de Baden contre les Prussiens (juin-juillet 1849) comme aide de camp d'August Willich, le leader d'un Corps Libre dans la révolte du Baden-Palatinat[1].

Mécène et Savant

En 1849, Engels et Marx sont contraints de quitter le pays et partent pour Londres. Les autorités prussiennes pressent le gouvernement britannique d'expulser les deux hommes, mais le Premier Ministre John Russel refuse.

Afin d'aider financièrement Marx, Engels retourne travailler avec son père à Manchester, avant de repartir pour Londres en 1870. Il s’intéresse particulièrement au féminisme. Il considère par exemple le concept de mariage monogame comme résultant de la domination de l'homme sur la femme.

À partir de 1864, il milite au sein de l'Association internationale des travailleurs (Première Internationale), jusqu’à sa dissolution en 1876. Il publie en 1878 Monsieur E. Dühring bouleverse la science (dont trois chapitres sont extraits pour former un ouvrage sous le titre Socialisme utopique et socialisme scientifique en 1880). Après la mort de Marx en 1883, il réunit ses brouillons pour assurer la publication posthume des livres II et III de l'ouvrage Le Capital. Il assume aussi l'édition et la traduction d'autres écrits de Marx. Il travaille à l'unification des différents partis ouvriers marxistes au sein de la Deuxième Internationale.

Il meurt à Londres en 1895, sans enfant. Il laisse à Laura Marx-Lafargue, épouse de Paul Lafargue, une partie de sa fortune[2].

Marxisme ou « Engelisme » : critiques sur Engels

Par ses écrits, son militantisme communiste, son travail de publication de textes importants de Marx, Friedrich Engels reste pour beaucoup une référence du marxisme.

Cependant, la publication par David Riazanov des manuscrits originaux de Marx a montré que Engels avait modifié les textes de ce dernier avant de les publier, en en altérant parfois le sens[3]. Par ailleurs, Maximilien Rubel accuse Engels d'être l'inventeur du marxisme idéologique[4] et d'avoir ainsi dénaturé la pensée de Marx.

C'est surtout sur la conception du « matérialisme dialectique » qu'Engels est critiqué par des marxistes hétérodoxes et exégètes[5] du XXe siècle comme les membres de l'École de Francfort et Henri Lefebvre, ou encore des marxiens ainsi que Jean-Paul Sartre. En effet, ils considèrent que la conception du matérialisme dialectique est inexistante chez Marx ; elle fut d'ailleurs attaquée par les néo-rousseauistes comme Dühring et par les réformistes de la fin du XIXe comme Eduard Bernstein. Ces accusations envers Engels sur la dénaturation des œuvres théoriques de Marx auraient conduit selon eux au « marxisme idéologique » et au stalinisme. Selon Pascal Charbonnat, ces accusations ne sont aucunement justifiées[6]. Depuis la fin des années 1990, elles tendent cependant à disparaître[7],[8].

Œuvres

Engels et Marx

Engels

Portraits

Notes et références

  1. [1]
  2. Paul Lafargue et Laura Marx-Lafargue Archives de France, Ministère de la culture, 2011
  3. Cela est analysé par exemple dans « Les Œuvres de Marx dans la Bibliothèque de la Pléiade », tome III, pages 1715 à 1717, à propos des Thèses sur Feuerbach.
  4. Maximilien Rubel, Marx critique du marxisme, Payot, (réimpr. 2000).
  5. Charbonnat 2007, p. 531-534
  6. Charbonnat 2007, p. 463-464.
  7. Labica, Delbraccio et al 1997.
  8. Hunt 2009.
  9. Le Manifeste (éd. 1901)lire en ligne sur Gallica
  10. Révolution et Contre-révolution en Allemagne, texte complet traduit en français
  11. Anti-Dühring, Monsieur Eugen Dühring bouleverse la science

Voir aussi

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Bibliographie

  • Tristram Hunt, Engels, Le gentleman révolutionnaire, Flammarion, , 591 p. (ISBN 978-2-08-122481-0).
  • Georges Labica, Mireille Delbraccio et al, Friedrich Engels, Savant et révolutionnaire, PUF, coll. « Actuel Marx confrontation », , 448 p. (ISBN 978-2-13-048146-1).
  • Jean-Jacques Marie, « Quelques remarques sur une biographie d'Engels », Cahiers du mouvement ouvrier, no 45
  • Michel Gandilhon, « (Encore)quelques remarques sur une biographie d'Engels », Cahiers du mouvement ouvrier no 46
  • Pascal Charbonnat, Histoire des philosophies matérialistes, Syllepse, , 650 p.

Articles connexes

Liens externes