François Sommer

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François Sommer
Naissance
Mouzon (Ardennes)
Décès (à 68 ans)
Paris
Nationalité Drapeau de la France Français
Profession
Autres activités
Distinctions
Ascendants
Alfred Sommer (1847-1917)
Roger Sommer (1877-1965)
Jeanne Debenath (1882-1939)
Conjoint
Geneviève Chauvière
Paule Darrigrand
Jacqueline Le Roy des Barres
Famille
Pierre Sommer (1909-2002)
Raymond Sommer (1906-1950)

Compléments

  • Fondateur du Parc national de Manda, au Tchad (1965)

François Sommer est né le à Mouzon (Ardennes) et mort le à Paris. Industriel et résistant français, il s'investit également dans la chasse et fonde en 1950 l'Association nationale des chasseurs de grand gibier, qui est à l'origine des premiers plans de chasse (1954) ou les arrêtés ministériels autorisant le tir d'été du brocard (1956).

François Sommer est également à l'origine de la création de la Fondation François Sommer pour la chasse et la nature, du musée de la chasse et de la nature et du parc de Bel-Val dans les Ardennes.

Biographie

Les premières années

Roger Sommer dans un biplan Farman

Son enfance dans les Ardennes développe en lui le goût de la nature et des grands espaces. Il est l'ainé des enfants Sommer, et partage avec ses frères Pierre et Raymond, une passion pour le sport et l'aventure[1].

Auprès de son père, Roger Sommer qui fut l'un des pionniers de l'aviation, il goûte très jeune à l'aventure. En 1910, à l'âge de six ans, François Sommer effectue son baptême de l'air avec son père[2].

L'aventure aérienne et la découverte de l'Afrique

En 1924, il convainc son père de louer l'ancien territoire de chasse de Bel-val, qui fait près de 1000 hectares dans le massif forestier des Dieulets et ne compte plus alors que deux ou trois couples de chevreuil[3]. En 1934, il traverse l'Afrique du Nord au Sud à bord d'un petit avion Fairchild 24 de tourisme. Il épouse Paule Darrigrand, le [4].

L'engagement dans la guerre et la résistance militaire

Navigateur dans la 34e escadre de bombardement

Fichier:AMIOT 143 M 06763 copie.jpg
Bombardiers Amiot 143

Devenu un aviateur expérimenté, il se distingue brillamment pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est mobilisé au Bourget en septembre 1939 et est affecté à la 34e escadre de bombardement, avec le grade de sergent-chef, le [5]. Le 13 mai à l'aube, les lignes de défense autour de Sedan sont attaquées par mille cinq cents avions des 1er et 2e Fliegerkorps de la Luftwaffe. Les chasseurs et bombardiers viennent en appui de l'infanterie composée de dix mille hommes, trois cents chars et trois mille véhicules. La 34e escadre est versée dans le groupement de bombardement N°9 (GB 9) et se retrouve en première ligne, basée à Montdidier et à Roye en Picardie. François Sommer se retrouve aux commandes d'un vieux bombardier Amiot 143, de 1934, avec un équipage de quatre hommes. Le lieutenant Gaston Palewski, directeur de cabinet de Paul Reynaud qui a demandé à rejoindre une unité combattante, se retrouve ainsi à ses côtés[6].

Il effectue de nombreuses missions et est honoré de deux citations à l’ordre de la division[5]. Le II/34 effectue sa dernière mission de guerre le sur Château-Thierry. Deux jours plus tard, l'ordre d'évacuation vers le Maroc est donné afin d'éviter que les avions ne tombent au main des allemands. Replié à Meknès, la GB 9 se voit attribuer une citation à l'ordre de l'armée par le général Joseph Vuillemin, commandant en chef des forces aériennes. Après l'armistice du 22 juin, François Sommer est démobilisé le et regagne la France et retrouve son épouse dans les Ardennes[6].

La résistance intérieure avec Ceux de la Libération

De retour en France occupée, il rejoint en novembre 1940, le réseau de la résistance "Ceux de la Libération" (CDLL), l'un des huit grands mouvements de la Résistance intérieure que viennent de créer Maurice Ripoche et Jacques Ballet. Il devient l'un des responsables de ce mouvement, avec Maurice Ripoche, Jacques Ballet et Gilbert Médéric-Védy. Leur action permet d'obtenir des plans allemands et des informations sur les déplacements de troupes ennemis[5]. En fin d'année 1942, François Sommer est recherché par la Gestapo, il décide de rejoindre les Forces aériennes françaises libres en passant en Angleterre, en compagnie de Jacques Ballet en convoyant avec eux un sergent mitrailleur américain. La traversée des Pyrénées est très difficile avec le renforcement des patrouilles allemandes et une météo difficile. Les trois hommes franchissent le Val d'Aran, sous la neige à l'aube du . Deux jours plus tard, ils sont arrêtés en Catalogne par la garde civile, et se font passer pour des citoyens canadiens pour obtenir leur libération. Après un mois d'incarcération difficile à Lérida, ils sont libérés et dirigés sur Madrid, ou l'ambassade britannique leur fournit un sauf-conduit pour Londres, qu'ils rejoignent par un convoi partant de Gibraltar[5],[6].

Navigateur dans le groupe de bombardement Lorraine

Douglas Boston du groupe de bombardement Lorraine, Vitry-en-Artois, Octobre 1944

Dès son arrivée à Londres, en mars, François Sommer se présente au bureau de recrutement de la Royal Air Force, et se rajeunit de huit ans pour être admis à voler. Il est affecté aux forces aériennes françaises libres et intégré au groupe de bombardement Lorraine qui est officiellement reconstitué comme une unité française rattachée à la Royal Air Force et immatriculé Squadron n°342, le . Son entrainement commence aussitôt sur le terrain de West Raynham (Norfolk), où il est affecté à un bombardier bimoteur d'assaut, le Douglas A-20 Havoc avec l’appellation "Boston", donnée par la Royal Air Force qui correspond à une commande initiale de la France[6].

François Sommer devient navigateur[7] au sein de l'équipage du "C" pour Charlie, Ville de Cherbourg. Il effectue avec ses compagnons d'arme quatre-vingt-trois missions de bombardement de jour et de nuit, sans aucune perte pour l'équipage, et devient l'avion le plus titré de l'escadre."Charlie" bombarde le dépôt de locomotives de la gare de Tourcoing, sans toucher la ville, ou encore lance le raid de bombes fumigènes sur les plages du débarquement en Normandie à l'aube du . Après la participation aux combats en Normandie, les missions vont se déployer en Hollande puis en Allemagne, et l'escadre quitte sa base d'Hartford Bridge, pour Vitry-en-Artois, dans la Pas-de-Calais, le . Cet engagement lui vaut à tout l'équipage d’être nommé Compagnon de la Libération, le "Lorraine" reçoit la Croix de la Libération et survole les champs-Elysées en formation de croix de Lorraine, le [6].

Chef de cabinet dans l'état-major de l'armée de l'air

En octobre 1944, il est nommé lieutenant et chef de cabinet du général de division aérienne Martial Valin, chef d'état-major de l'armée de l'air (et ancien commandant des Forces aériennes françaises libres). Ce travail qui consiste surtout à gérer les départs des personnels excédentaires avec la fin de la guerre ne lui apporte peu de satisfactions, hormis l'estime et l'amitié d'hommes politiques qui fonderont la Ve République.

Le chef d'entreprise

François Sommer est démobilisé le avec le grade de capitaine après cinq années et deux mois d'active. Il retourne dans les Ardennes, pour retrouver les ateliers de la petite entreprise familiale de feutre créée en 1807, et gérée tant bien que mal pendant l'occupation par son père Roger. Les ateliers Sommer sortent relativement intacts de la guerre. L'usine, épargnée en 1940, a été bombardée entre le 31 août et le 7 septembre 1944, détruisant 45% des installations. Ils comptent 250 ouvriers qui travaillent, dans des conditions pénibles et avec des procédés traditionnels, le feutre et le simili-cuir, à base de déchets de cuir et de latex. L'entreprise produit des semelles de pantoufles, et de la "thibaude", doublure de tapis ou de moquette qui confère une épaisseur et un moelleux. En 1947, Roger Sommer, soixante-dix ans, associe ses fils François et Pierre au capital et à la direction des usines Sommer, en transformant la société en "SARL Roger Sommer et fils"[8].

En 1953, il succède à son père à la tête de l'entreprise devenue Société Anonyme avec 250 salariés. François Sommer crée les marques Tapiflex et Tapisom, et celle l'alliance des textiles et des plastiques. L'entreprise lance des campagnes de publicité, des démonstrations au salon des arts ménagers et s'organise pour la vente adaptée à la grande distribution. En 1962, l'entreprise ouvre une nouvelle usine dans la zone industrielle de Sedan et crée une société de distribution en Allemagne qui devient rapidement le deuxième marché de l'entreprise. La société dépasse les limites du marché national et devient une entreprise européenne, une référence dans le domaine des revêtements de sol[8]. En 1965, l'entreprise devient Sommer SA, elle fait un chiffre d'affaires de 237,5 millions de francs, avec 1916 employés[9].

Ouvert sur les questions sociales, François Sommer est l’un des tous premiers patrons à appliquer l'ordonnance facultative du sur l'intéressement aux résultats de l'entreprise puis celle du sur la participation[10].

Voyage, protection de la nature et chasses

Après la guerre, il reprend ses voyages. L’Afrique reste l'une de ses terres de prédilection. Dans les années cinquante, afin de lutter contre une chasse intensive et meurtrière, il propose la création de la réserve de Manda, au Tchad, qui deviendra parc national grâce à ses interventions. Dans une perspective semblable, il entreprend de faire du parc de Bel-Val dans les Ardennes, une réserve de la faune française en y acclimatant des animaux sauvages[11]. Ce goût passionné de la nature est partagé par son épouse Jacqueline Sommer (1913-1993). Non contente d’accompagner son mari dans ses lointaines expéditions de chasse, elle fonde "l'Association sportive de la chasse photographique française" et organise, en 1963, le premier festival international de films de chasse et de nature[12].

Les dernières années

François Sommer est probablement atteint d'un cancer du foie, qui s'avère rapidement inopérable, malgré des traitements à l'hôpital américain de Neuilly, en décembre 1972. Il meurt à son domicile parisien du Quai d'Orsay, le . Ses obsèques eurent lieu dans l'église de Mouzon. Il fut ensuite inhumé peu après dans le cimetière de Belval-Bois-des-Dames. Cette épitaphe est gravée sur sa tombe: « François Sommer, Compagnon de la Libération, a cherché à développer l’esprit social chez les hommes et s’est consacré à la mise en valeur de la nature vivante et sauvage. »[13].

Opinions de François Sommer

L'entreprise sociale par l'engagement politique

Venu tard aux affaires, François Sommer s’y révèle un chef d’entreprise avisé et précurseur. En 1953, il succède à son père à la tête de la manufacture de feutres de Mouzon, créée en 1887 par son grand-père Alfred Sommer. Sous son impulsion, cette petite industrie se développe vigoureusement et devient la première société mondiale dans le domaine des revêtements de sol. Ouvert aux questions sociales, François Sommer est l'un des tout premiers à instituer l'intéressement de ses employés au résultat de l'entreprise. Ces initiatives ont été diversement appréciées à l'époque, tant du côté organisations patronales que du côté syndicat de salariés[14]. Il crée avec son frère Pierre Sommer (1909-2002) la fondation François et Pierre Sommer, fondation d'entreprise dédiée à l'action sociale en faveur des anciens salariés de la société Sommer et de leurs descendants dans le berceau historique de l'entreprise à Mouzon[15].

L'encadrement de la chasse

François Sommer est conscient de la mutation de la société française : de majoritairement rurale qu’elle était au début du siècle, elle devient citadine ce qui modifie consécutivement les rapports de l’homme à la nature. Son action est particulièrement marquante dans le domaine de la réglementation de la chasse. Il inspire des réformes favorisant l’essor du grand gibier en France : évolution des méthodes de repeuplement, création de chasses pilotes, délimitation de territoires cynégétiques, adaptation des dates d'ouverture et de fermeture à chaque gibier, etc.. Il suggère également pour la chasse, etpour la pêche, de créer une direction indépendante de l'administration des forêts[16]. Il milite plus généralement auprès des pouvoirs publics pour la création d’un ministère de l'Environnement[13].

La Fondation François Sommer pour la chasse et la nature

Pour promouvoir leurs conceptions, François et Jacqueline Sommer créent, en 1964, la Fondation de la Maison de la chasse et de la nature, institution originale qui est reconnue d’utilité publique. Celle-ci s’est fixée plusieurs buts[17] :

  • Œuvrer pour une pratique de la chasse soucieuse du respect de la nature et particulièrement de la faune sauvage
  • Créer un musée de la chasse et de la nature.
  • Aménager et mettre en valeur un parc de vision à Bel-Val dans les Ardennes, sorte de musée vivant de la faune sauvage

C’est à l’amitié entre les époux Sommer et André Malraux que l’hôtel de Guénégaud doit sa nouvelle vocation. Alarmé par l’état de décrépitude de cet hôtel particulier en ruine, André Malraux alors ministre chargé des Affaires culturelles, cherche un mécène à qui en confier la réhabilitation et l’animation. Acquis par voie d’expropriation par la mairie de Paris, l’hôtel est loué en 1964 pour une durée de 99 ans à la Fondation de la Maison de la chasse et de la nature, à charge pour celle-ci d’en assumer la restauration et l’entretien[17].

La Fondation y installe le musée de la chasse et de la nature : instruments de chasse, trophées et œuvres d’art provenant des acquisitions des époux Sommer auxquelles se sont ajoutés des dépôts d’institutions diverses telles que le musée du Louvre, le musée de l'Armée, la Manufacture nationale de Sèvres ou l'Institut de France[18]… La diversité des collections témoigne de l’universalité de la chasse. Moyen de connaissance de la faune et de la flore, la chasse est également une pratique culturelle. Ainsi, dans ce quartier parisien du Marais, l’hôtel de Guénégaud, auquel s'adjoint aujourd'hui l'hôtel de Mongelas, au travers de ce musée de la chasse et de la nature a vocation à présenter, sous différents aspects, cette activité immémoriale[17].

Ouvrages de François Sommer

  • Pourquoi les bêtes sont-elles sauvages ?, Nouvelles Éditions de la Toison d'or,
  • Le refuge de Noé, Nouvelles Éditions de la Toison d'or,
  • Les Sans-culottes de l'Air, histoire du Groupe Lorraine, Éditions Robert Laffont,
  • (en)Man and beast in Africa, Éditions H.Jenkins,
  • Le safari, la gâchette, Éditions Robert Laffont,
  • La chasse photographique, Éditions Hachette,
  • Au-delà des salaires, Éditions Robert Laffont,
  • La chasse imaginaire, Éditions Robert Laffont, , 318 p.[19]
  • Chasses et gibiers d'Afrique, Éditions Crépin-Leblond et Compagnie,
  • La chasse et l'amour de la nature, Éditions Robert Laffont,

Films documentaires

Décorations

Notes et références

Notes

Références

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Rédaction Le Monde, « Un patronat sportif », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • J. M. Nouvel Obs, « Une expérience pilote », Le Nouvel Observateur,‎ , p. 15 (lire en ligne).
  • Claude Lamotte, « " La Chasse imaginaire " de François Sommer », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • Rédaction Le Monde, « Pionnier de la " participation " M. François Sommer est mort », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera, Les patrons sous l'Occupation, Éditions Odile Jacob, .
  • Dias Nélia, « L'Afrique naturalisée », Cahiers d'études africaines, vol. 39, nos 155-156,‎ , p. 583-594 (lire en ligne).
  • François Chemel, François Sommer, un temps d'avance, Buchet Chastel, .
  • Paul Motte et Alain Renard, Si Sommer m'était conté..., Editions Terres Ardennaises, Document utilisé pour la rédaction de l’article.

Webographie

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Articles connexes