François-Jean-Marie Serrand

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François Jean Marie Serrand
Image illustrative de l’article François-Jean-Marie Serrand
François-Jean-Marie Serrand en 1946.
Biographie
Naissance
Billé (France)
Ordination sacerdotale
Décès (à 74 ans)
Saint-Brieuc (France)
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale par
le cardinal Charost
Dernier titre ou fonction Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Blason
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

François-Jean-Marie Serrand, né le à Billé (Ille-et-Vilaine)[1], est un évêque catholique français, évêque de Saint-Brieuc du jusqu’à sa mort à Saint-Brieuc survenue le .

Biographie[modifier | modifier le code]

François Jean Marie Serrand est le fils d’un couple de débitants de Billé : Jean Joseph Serrand et Adélaïde Demorand. Il a pour ascendants paternels directs à la 7e génération le couple André Serrand (1644-1688) et Jeanne James (1644-1683) de Poilley[2]. Le nom Serrand est connu dans la région du Coglais depuis au moins le XVe siècle[3].

Formation[modifier | modifier le code]

Il entre au collège de Vitré le et y fait les études classiques des collèges ecclésiastiques. Il poursuit sa formation au grand séminaire de Rennes à partir du .

Prêtre[modifier | modifier le code]

Il a été ordonné prêtre le pour l'archidiocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo. Vicaire à Paramé, de à , l'abbé Serrand est nommé professeur de philosophie au grand séminaire de Rennes, dont il devient le sous-directeur en . C'est pendant qu'il occupait ce poste, en , qu'Auguste-René-Marie Dubourg, archevêque de Rennes, l'appelle aux fonctions de vicaire général, archidiacre de Rennes, comme successeur du vicaire général Renaut.

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Le chanoine Serrand est mobilisé au début de la campagne. Il est tour à tour aumônier de la 87e division territoriale, puis de la 87e division active. Il est titulaire de cinq citations. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1919.

Évêque[modifier | modifier le code]

Il est nommé évêque de Saint-Brieuc et Tréguier le par le pape Pie XI, en remplacement de Jules-Laurent-Benjamin Morelle, mort le . Il est consacré le suivant par le cardinal Alexis-Armand Charost.

Œuvre[modifier | modifier le code]

François Serrand fut un prélat catholique apprécié[4], mais controversé et écarté à la Libération.

Ce fut un véritable entrepreneur, organisant dès son arrivée dans son diocèse de Saint-Brieuc la construction d’un nouveau grand séminaire, dont il bénit la première pierre le et consacre la chapelle — dans laquelle il sera inhumé — le , suivi immédiatement par la construction d’un petit séminaire à Quintin. Ces nouveaux établissements matérialisent son souci constant du recrutement sacerdotal[5]. Il est choisi par le missionnaire de la Société des missions africaines, Jean-Baptiste Boivin, ancien élève du grand séminaire de Saint-Brieuc, pour le consacrer évêque en .

Dans la continuité de son activité d’enseignement d’avant guerre, Serrand va s’attacher à l’agrandissement des collèges secondaires d’enseignement catholique de Saint-Joseph de Lannion, de Notre-Dame de Guingamp, des Cordeliers et de Campostal. Très impliqué dans la vie de son diocèse, il préside régulièrement des fêtes religieuses locales, organise des kermesses cantonales annuelles et se déplace pour la bénédiction des nouvelles écoles paroissiales. De plus, il est sensible au développement de l’Action catholique, et il fonde plusieurs mouvements spécialisés[6].

Néanmoins, son action donna lieu a deux controverses majeures :

Le , l’Action française est condamnée par Pie XI. Serrand va publier l'allocution pontificale, mais fortement l'atténuer en rappelant « l'esprit de foi si profond » des adhérents de l'Action française[7].

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'évêque de Saint-Brieuc est présenté comme maréchaliste convaincu. Dès le , alors que le mécontentement gagne, il exhorte son clergé à soutenir le maréchal Pétain : « sans arrière-pensée aucune, apportons-lui notre concours le plus total et le plus désintéressé[8] ».

François Serrand va, à la fin de l'année 1940, fustiger le marché noir dans ses sermons pour inciter les agriculteurs à livrer leurs grains. À l’été 1942, il appuie l’ouverture de restaurants et de soupes populaires et encourage la mise en place de 250 cantines scolaires communales[9].

En [10], il produit une Note à ses doyens[11] dans laquelle il exige l'obéissance du clergé au Service du travail obligatoire (STO) et s'emporte contre les « dissidents ». Il rejette également la possibilité d'un « double jeu » et d'un soutien occulte de la « dissidence » par Pétain. Non destinée à sa semaine religieuse, elle est repérée par le comité de propagande, éditée par les soins de celle-ci (et rapidement épuisée), et lue à Radio-Vichy. Elle paraît également dans La Gerbe[12], dans le quotidien Aujourd'hui[13] et est relayée dans toute la presse collaboratrice[14]. Cette libelle lui attire les réponses de la presse résistante[15].

À la Libération, plusieurs prélats sont écartés de leurs diocèses en France, à la demande du Gouvernement français et du général de Gaulle, et après de délicates tractations avec Rome. Ils démissionnent de leurs sièges ou de leurs fonctions. Il s'agit de l'archevêque d'Aix-en-Provence, Florent du Bois de La Villerabel; de l'évêque d'Arras, Henri-Édouard Dutoit, de celui de Mende, François-Louis Auvity, de l'évêque auxiliaire de Paris, Roger Beaussart. Serrand est quant à lui maintenu en poste mais se voit nommer un coadjuteur (en clair un successeur), nomination exceptionnelle pour l'époque[16].

Armoiries[modifier | modifier le code]

De gueules, au cœur flamboyant d’or, entouré d’une couronne d’épines d’argent, au chef d’hermines.

Devise[modifier | modifier le code]

« Deus caritas est » (« Dieu est amour »))

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives en ligne d'Ille et Vilaine - Thot - Billé - Naissances 1874 no 34 page 10
  2. Mariage Serrand-James, archives en ligne d'Ille-et-Vilaine, Thot, Poilley, , p. 9.
  3. René Cintré, Les Très Grandes Heures du pays de Fougères au Moyen Âge, Éditions J.M. Pierre, 1994, page ??, citant le registre de la réformation générale des feux de Bretagne en 1426 - Un inventaire réalisé par un Serrand.
  4. Semaine religieuse de Quimper et de Léon, 1923, p. 176.
  5. Notice biographique sur saintbrieuc-treguier.catholique.fr.
  6. Jean-Marie Mayeur et Yves-Marie Hilaire, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, tome 3, date ?, page ?
  7. David Bensoussan, Combat pour une Bretagne catholique et rurale : les droites bretonnes dans l'entre-deux -guerres, éditeur ?, date ?, page ?
  8. Jacques Duquesne, Les Catholiques français sous l'occupation, éditeur ?, date ?, page ?
  9. « Organisation de la riposte » sur almrd22.fr.
  10. Frédéric Le Moigne, « L’épiscopat français contre Maurras et la Résistance », Politique, culture, société, n° 18,‎ , p. 11 (lire en ligne)
  11. Lettre de Mgr Serrand, évêque de Saint-Brieuc, à Messieurs les archiprêtres, doyens, supérieurs d'établissements, (ASIN B0014P89RQ).
  12. ADC 1 B Dissidence, inventaire 51/3, lettre du .
  13. « Lettre de Mgr Serrand, évêque de Saint-Brieux », Aujourd'hui,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  14. Henri Lèbre, « L'Eglise et l'Etat », Le Cri du peuple,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  15. « Le Crime de Vichy », L'Avenir n°9,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  16. cf. André Latreille, De Gaulle : la Libération et l'Église catholique.
  17. « Cote LH/2506/7 », base Léonore, ministère français de la Culture

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]