Francisco Macías Nguema

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Francisco Macías Nguema
Illustration.
Fonctions
Président de la République de Guinée-Équatoriale[1]

(10 ans, 10 mois et 22 jours)
Élection
Réélection (président à vie)
Vice-président Edmundo Bosio Dioco
Miguel Eyegue
Bonifacio Nguema Esono Nchama (indirectement)
Prédécesseur Poste créé
Successeur Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (président du Conseil militaire suprême)
Vice-président du gouvernement autonome de Guinée-Équatoriale

(4 ans, 9 mois et 11 jours)
Président Francisco Franco
Gouverneur Pedro Latorre Alcubierre
Víctor Suances Díaz del Río
Président du gouvernement Bonifacio Ondó Edu
Prédécesseur Poste créé
Successeur Poste aboli
Biographie
Nom de naissance Mez-m Ngueme
Surnom Le coq rouge
Papá Masié
Date de naissance
Lieu de naissance Nsegayong, Guinée espagnole
Date de décès (à 55 ans)
Lieu de décès Malabo, Guinée équatoriale
Nature du décès Exécution par arme à feu
Sépulture Cimetière de Malabo
Nationalité équatoguinéenne
Parti politique Parti uni national des travailleurs (PUNT)
Idée populaire de la Guinée équatoriale (IPGE)
Conjoint 1) Clara Angué Osá
2) Mónica Bindang Ayong
Enfants Avec Mónica Bindang Ayong:
Nsue Masie Nguema Bindang
Entourage Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (neveu)
Religion Athéisme

Francisco Macías Nguema
Présidents de la République de Guinée-Équatoriale

Francisco Macías Nguema, qui africanisa son nom en 1976 en Masie Nguema Biyogo Ñegue Ndong, est un homme d'État équatoguinéen, né à Nsegayong le 1er janvier 1924 (Rio Muni) et exécuté à Malabo le . Premier président de la Guinée équatoriale, il imposa une violente dictature de l’indépendance du pays en 1968 jusqu'à son renversement en 1979.

Macías occupe plusieurs postes de fonctionnaire dans le gouvernement colonial espagnol avant d'être élu le premier président du pays indépendant en 1968. Au cours de sa présidence, il impose un culte de la personnalité, un régime à parti unique sous l'égide de son Parti uni national des travailleurs (PUNT) et se déclare président à vie en 1972. La brutalité de sa dictature, caractérisée par des graves violations des droits de l'homme et une mauvaise gestion économique provoque la fuite de dizaines de milliers de personnes fuyant sa persécution. Il est renversé par un coup d'État en 1979 monté par son neveu et successeur, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Par la suite, il fut jugé et exécuté devant un tribunal militaire.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Francisco Macías Nguema est né à Nsegayong au Rio Muni en Guinée espagnole de parents originaires de la province de Woleu-Ntem au Gabon. Il est issu du clan Esangui de l'ethnie Fang, le groupe majoritaire de la Guinée équatoriale. Sa famille s'installe au Mongomo où il passe son enfance. Il est éduqué dans une école catholique[2].

Débuts de carrière[modifier | modifier le code]

Avant d'être élu en 1964 à la vice-présidence du gouvernement autonome de Guinée équatoriale, après avoir été plusieurs années fonctionnaire des autorités coloniales espagnoles, Francisco Macías Nguema était un grand propriétaire de l'ethnie Fang (à préciser)[3].

En 1961, il prend la tête d’une délégation qui se rend à Madrid pour célébrer Francisco Franco à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de sa prise de pouvoir. Plutôt partisan de la collaboration avec l'Espagne franquiste, il est éloigné des milieux indépendantistes, son discours anti-espagnol n’apparaissant qu'après l'indépendance[2].

De retour dans la capitale espagnole en 1968 dans le cadre des consultations pour l’autonomie, il fait un séjour dans une clinique qui aurait fait état le concernant de « maladies vénériennes et de troubles mentaux ». Il souffrirait d'hallucinations et de paranoïa[2].

Présidence[modifier | modifier le code]

Il devient président de la République en octobre 1968 après l'indépendance du pays. L'échec d'une tentative de coup d'État de son ministre des affaires étrangères, Atanasio Ndong Miyone, marqua le début de la dérive autoritaire du régime. Peu après son accession au pouvoir, son rival malheureux à l'élection présidentielle et ancien président du gouvernement autonome (Bonifacio Ondo Edu) fut incarcéré et exécuté. D'autres membres du gouvernement se suicideront ou seront exécutés après leur arrestation et leur incarcération.

Après l'indépendance, Madrid se retourne contre lui et orchestre un coup d’État qui échoue. En réaction, Macías Nguema se tourne vers le bloc de l'Est et autorise, en échange de soldats pour sa sécurité, l'installation d'une base soviétique sur l’île de Bioko et la livraison d'armes aux indépendantistes angolais. Ses rapports avec les Soviétiques ne sont pas des plus amicaux : exerçant sur eux un constant chantage, il remet en question la concession tous les ans pour obtenir plus d'aide économique[2].

Il se rapproche dans le même temps de la France - qui le soupçonne d’être sujet à de graves troubles mentaux - mais le gouvernement français joue double jeu, négociant avec lui des contrats tout en conseillant discrètement le dictateur gabonais Omar Bongo dans la revendication d’îles équatoguinéennes[Lesquelles ?] au large desquelles des sociétés pétrolières françaises réalisent des prospections[2].

Le , il se proclame président à vie, chef du gouvernement, ministre de la Défense, des Affaires étrangères, de la Justice et des Finances. Les onze ans de dictature de Macías Nguema sont souvent comparés à la présidence d'Idi Amin Dada en Ouganda, ou à celle de Jean-Bedel Bokassa en Centrafrique. La mémoire de cette période de violence et de souffrance pour la majorité du peuple équatoguinéen est encore vive aujourd'hui. Durant sa présidence, un tiers de la population meurt ou choisit l'exil (Cameroun, Gabon, Espagne et France). Il faut cependant atteindre la deuxième moitié des années 1970 pour que la communauté internationale dénonce les violations massives des droits de l'homme sous le régime de Macías Nguema[2].

Le , Teodoro Obiang Nguema Mbasogo[4] (son neveu), avec l'aide d'un groupe de militaires, prend le pouvoir[5]. Macías fuit et s'enferme dans un bunker où il détruit les réserves de change du pays (la monnaie de l'époque était l'ekwele-bikwele, indexée sur la peseta espagnole). Le pays subira alors une crise monétaire grave.

Arrêté, le dictateur est jugé par un tribunal militaire et reconnu coupable de génocide (50 000 morts et 150 000 réfugiés), haute trahison et d'assassinats massifs[6]. La Commission internationale de juristes assista le tribunal pour vérifier la régularité du jugement. Faute de système juridique fiable, le dernier système légal en vigueur dans le pays, le code militaire espagnol, sera appliqué. Il est condamné à mort le 29 septembre et exécuté le jour même par la Garde royale marocaine, faute de volontaires parmi des soldats équatoguinéens.

La dictature de Francisco Macías Nguema reste mal documentée : l'Espagne de Franco censurait toute information provenant de son ancienne colonie et la Guinée équatoriale avait banni la presse étrangère et réprimait les intellectuels[2].

Doctrine[modifier | modifier le code]

Ancien billets de 1000 pesetas de la Guinée équatoriale avec Francisco Macías Nguema comme personnage sur les billets

Francisco Macias Nguema était un fonctionnaire à la poste, avant 1967. Une fois au pouvoir, il adopta une doctrine philatéliste fantaisiste : plus de 1 500 timbres-poste émis, entre 1968 et 1979, alors que le pays était replié sur lui-même. Et les sujets émis sur les timbres, le plus souvent, ne concernaient pas la Guinée équatoriale elle-même. Dans les pays francophones frontaliers du pays, comme au Gabon ou au Cameroun, les habitants, pour plaisanter, qualifiaient souvent le dictateur équato-guinéen de « timbré » à cause des nombreuses émissions de timbres qu'il ordonnait. À partir de 1980, la Guinée équatoriale émettra des tirages raisonnés de timbres-poste.

Dès 1969, il fait représenter son visage sur la pièce de 50 pesetas guinéennes et sur les billets de banque.

Nom[modifier | modifier le code]

  • 1924-1972 : Mez-m Ngueme / Francisco Macías Nguema
  • 1972-1975 : Francisco Macías Nguema Biyogo
  • 1975-1976 : Macías Nguema Biyogo Ñegue Ndong
  • 1976-1979 : Masie Nguema Biyogo Ñegue Ndong

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Il s'autoproclame président à vie le .
  2. a b c d e f et g Michael Pauron, « Ce jour-là : le 12 octobre 1968, le Tigre de Malabo arrive au pouvoir », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  3. (fr) « Les portes de l'Afrique », sur www.vospiresamis.net (consulté le )
  4. (fr) « 3 août 1979 - Renversement de Francisco Macias Nguema en Guinée équatoriale », sur perspective.usherbrooke.ca (consulté le )
  5. « Francisco Macías Nguema (1924-1979) », sur www.universalis.fr (consulté le )
  6. Michel Arseneault, « Quand Teodoro Obiang s'emparaît du pouvoir par un putsch en Guinée équatoriale », Radio France internationale,‎ (lire en ligne)