Forêt en France

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Image satellitale (août 2002), la forêt apparaît en vert foncé

Selon l'inventaire forestier national (2006-2011)[1] la forêt en France métropolitaine couvre 16,3 millions d'hectares. Cela correspond à 29,7 % du territoire [2] .

Dans les départements d'outre-mer, les chiffres diffèrent selon les sources (Ministère de l'Agriculture, DAAF) mais on peut avancer ces chiffres[3] : la Guyane compte près de 83 000 km2 de forêt amazonienne, soit 96 % de sa superficie ; La Réunion : 1 370 km2[4] de forêts (53 % de sa superficie) ; la Martinique : 490 km2 de forêts (46 % de sa superficie) ; Mayotte : 140 km2 de forêts (37 % de sa superficie) ; la Guadeloupe : 640 km2 de forêts (39 % de sa superficie).

Au total, la France métropolitaine et les DROM comptent donc 246 640 km2 de forêts diverses, soit 36,76 % de la superficie totale du pays (environ 670 922 km2).

En métropole, depuis le XIXe siècle et après une longue période de régression, la surface forestière regagne du terrain (+ 6 millions d'hectares en un siècle[5]), mais alors que le bocage a beaucoup régressé et que la récolte de bois augmentait (passée de 24 millions de mètres cubes en 1908 à 54 millions de mètres cubes en 2009[5]). L'effort de reboisement a bénéficié d'un contexte d'intensification de l'agriculture et de déprise agricole en basse montagne. Malgré le développement urbain et des infrastructures, l'abandon de la traction hippomobile, la délocalisation de certaines productions et l'industrialisation ont libéré des surfaces importantes de terres agricoles.

Cette forêt a souffert des tempêtes des 26 et 27 décembre 1999, qui ont abattu l'équivalent de sept années de récolte[6] et de la tempête de janvier 2009[7].

La forêt française représente 10 % de la surface boisée européenne (4ème position derrière la Suède, la Finlande et l'Espagne respectivement dotées de 27, 22 et 18 millions d'hectares environ (selon la FAO).

Histoire

La forêt française est pour partie la continuité d'une forêt qui s'est étendue et contractée au rythme des dernières glaciations, avec préservation de nombreuses espèces dans ce qu'on a appelé des refuges glaciaires. Il y 10 000 ans environ, avec le recul des glaciers formés par la dernière ère glaciaire, la forêt a recolonisé l'Europe. Les hommes préhistoriques, puis les gaulois, en ont déboisé une partie.

Au Néolithique, probablement à l'aide du feu, de haches de pierre et de mâchoires de castor, les hommes semblent avoir commencé par défricher les zones moins boisées pour y étendre peu à peu leurs champs, prairies et pacages de sous-bois.

Il y a environ 2000 ans, quand Jules César entre en Gaule pour de nouvelles conquêtes, il trouve la mythique forêt charbonnière au nord et à l'est, mais aussi une Gaule pour moitié fortement déboisée et occupée par l'agriculture.

La romanisation oppose forêt et civilisation. La silva (forêt) est le domaine du sauvage, alors que l'ager (espace ouvert et remodelé, cultivé par l'Homme) est du côté de la culture. On devient peu à peu propriétaire de la terre cultivée alors que la nature est res nullius, et que les bois et forêts restent hors de la cité, souvent classés comme locus neminis (« lieu n'appartenant à personne » et donc à tous). Le Gaulois consommait gibier, glands, châtaignes et fruits des bois, là où le Romain et le Gallo-Romain apportent le pain, le vin, et l'huile issus des cultures, cantonnant la forêt et la friche au saltus (espace inculte et sauvage) qu'il faut maîtriser.

Les mots forestis, silva, foresta apparaissent sous la plume des mérovingiens latinisés, dans les diplômes de Childebert II (v. 570-595) et de Sigebert III (v. 631-656). La silva forestis est alors domaine réservé aux chasses et coupes de bois du roi, les premiers forestieri étant les agents royaux chargés de la garder et l'administrer.

Le droit du défrichement peine à s'exprimer alors qu'existe souvent un droit coutumier ;

  • droit d'affouage (ramassage du bois mort, cassé ou de chablis pour le feu) ;
  • droit de marronnage (coupe de perches destinés aux piquets et outils) ;
  • droit de panage et droit de glandée permettaient d'amener des porcs dans une chênaie (et / ou de ramasser des glands) ;

Ces droits sont néanmoins encadrés et surveillés.

Alors que les historiens ont souvent imaginé, du XVIIe siècle au XIXe siècle, que la France était couverte d'un épais manteau de bois et de marais, la paléoécologie, la paléontologie récente, l'archéozoologie, l'anthracologie (étude des charbons de bois), la carpologie (étude des paléosemences) et la palynologie (étude des pollens fossiles) ont réuni une grande quantité de preuves indiquant que les arbres ont très rapidement recolonisé les limons et roches libérés des glaces, mais aussi qu'ils ont dû reculer de zones que la mer réoccupait, et que la forêt n'était pas une immense étendue dense et homogène, mais une immense mosaïque de forêts denses aux grands arbres, des landes plus ou moins ouvertes, de prairies naturelles entretenues par de vastes troupeaux de grands herbivores, de bois épars, clairs et d'un complexe de zones humides (lacis de tresses et méandres de cours d'eau, mares, étangs, lacs, tourbières) notamment entretenues et ouvertes à la lumière par les barrages de castors et leur œuvre de recépage constant.

Les défrichements n'ont pas cessé jusqu'au XIXe siècle. Au XXe siècle, alors que le charbon et les importations de bois exotiques permettent d'économiser le bois local, la forêt recommence à gagner du terrain, mais surtout en moyenne montagne, sur des landes délaissées par l'agriculture et en boisements parfois très artificiels.

Essences principales

Au XIXe siècle[Quand ?], les résineux occupaient 24 % des surfaces des forêts relevant du régime forestier (des collectivités ou domaniales) et les feuillus 76 %[8].

En France métropolitaine, en 2011, le volume sur pied est de 2,5 milliards de mètres cubes. Les feuillus en représentent 64 % (1594 millions de mètres cubes) et les conifères 36 % (880 millions de mètres cubes).

Hors outre-mer, le volume se répartit entre :

Pour plus de précisions, consulter le site de l'inventaire forestier, rubrique « La forêt en chiffres et en cartes»

Les peupleraies occupent environ 190 000 ha.

La diversité de la forêt française métropolitaine s'explique par une position bioclimatique à l'intersection des trois principales tendances climatiques européennes (méditerranéenne, continentale et océanique), un fort gradient altitudinal, du niveau de la mer jusqu'à la limite supérieure de la forêt et, une diversité de sols importante.

Les forêts tropicales des départements et territoires d'outre-mer, notamment en Guyane française (la forêt équatoriale y couvre huit millions d'hectares environ), ne comportent pas d'essence principale. Il s'agit d'un mélange de très nombreuses espèces (plusieurs centaines d'espèces par hectare en Guyane).

Cartographie, régions forestières puis sylvoécorégions

On trouve d'anciennes cartes de forêts (civiles et/ou militaires) et des cartes des chasses royales dans les archives nationales, départementales, et de l'ONF (anciens sommiers des forêts, etc.).

Quand l'Inventaire forestier national (IFN) a été créé, on a divisé la France métropolitaine en « 309 régions forestières nationales » (zones jugées homogènes pour leur types de forêts et/ou de paysages, sur le modèle des petites régions agricoles. Elles étaient le cadre administratif des DRA et SRA pour l'ONF et des Schémas régionaux de gestion sylvicole (SRGS) pour la forêt privée.

Il était difficile de renseigner ou mettre à jour les indicateurs de la forêt sur un aussi grand nombre de régions forestières. Certaines régions très peu boisées présentaient des problèmes de statistiques non significatives.

Un nouveau découpage a donc été commandé par l'État[9]. L'IFN a alors découpé le territoire en sylvoécorégions (ou « SER ») plus grandes que les régions forestières, mais également dessinées sur la base de critères bioclimatiques et écologiques.

Ces nouveaux "territoires" sylvogéographiques sont aussi censés faciliter l'observation des impacts du changement climatique et faciliter la réalisation de guides pour le choix des essences. En 2009, l'IFN a produit ce nouveau découpage du territoire métropolitain en 86 sylvoécorégions[10] (avec en plus 5 zones d'alluvions récentes liées aux grands fleuves français). Des tableaux des correspondances entre SER et régions forestières sont disponibles[11], avec une première version de la carte à l’échelle du 1/100 0000 et des cartes d'aides à la reconnaissance des stations forestières[12]. Une version au 1/200 000 est en préparation.

La cartographie et sa mise à jour sont aujourd'hui principalement assurées par l'Inventaire forestier national (IFN) et l'IGN pour la métropole.

Récemment, deux nouvelles couches d’information SIG ont été insérées dans le Géoportail, sur la base d'un référentiel forêt plus détaillé.

D'une part la carte forestière v1 (IFN), est faite à partir de photographies infrarouge aériennes (campagnes 1987 → 2004), avec une nomenclature départementale initiale variant de 12 à 60 postes environ. La plus petite surface considérée et représentée est 2,25 hectares. La carte est distribuée sous la forme d'une couche SIG nationale en six postes :

D'autre part le carte forestière v2(IFN-IGN), accessible par le module de cartographie dynamique de l'IFN[13] ou par le site Géoportail, avec possibilité de combiner cette donnée à d'autres données métiers (sur les territoires agricoles ou péri-urbains, etc.), pour 28 départements couverts en 2011 en "version V2" (et dix nouveaux départements sont prévus par an). Elle est compatible avec la couche végétation multi-thèmes de la BD Topo® du RGE de l'IGN. La nomenclature nationale fondée sur la couverture du sol, la densité du couvert sont prises en compte pour toutes les entités semi-naturelles de plus de 0,5 hectare, avec leur composition en essences (via une trentaine de postes) :

La propriété de la forêt en France

Répartition du volume sur pied en France.

Les trois quarts de la forêt française sont des propriétés privées. 10% sont domaniales (propriété de l'État). Le reste est la propriété de collectivités locales, principalement les communes mais aussi les départements et les régions.

Ces forêts publiques sont gérées par l'Office national des forêts.

La forêt privée

La surface de la forêt privée est la plus importante en métropole avec 120 070 km2 (un peu plus de 12 millions d’ha), soit presque 3/4 de la surface forestière (75 %), et 71 % du volume sur pied (1,7 milliard de mètres cubes)[1].

Elle est très fractionnée : 3,5 millions de propriétaires possèdent en moyenne 2,6 ha, dont 2,6 millions ont moins de 1 Modèle:Ha. Ce morcellement est le résultat du partage des héritages comme le permet le code civil napoléonien. Le bocage et les arbres isolés ont beaucoup reculé mais le boisement de rente (ou parfois spontané) sur les secteurs de déprise agricole augmente, notamment en montagne et moyenne montagne[14].

Pour donner une cohérence à la gestion de cet ensemble, le bois étant une ressource naturelle importante, les Centres régionaux de la propriété forestière (CRPF) ont été créés en août 1963. Ces établissements publics à caractère administratif fournissent des conseils techniques et juridiques, et veillent à ce que les Plans simples de gestion (PSG) soient écrits et mis en œuvre[réf. nécessaire]. Un PSG est un document où le propriétaire forestier liste les actions qu’il entend mener dans son bois pour une période donnée (dix ans minimum, vingt ans maximum). Le PSG est agréé par le CRPF si les actions prévues sont conformes au Schéma Régional de Gestion Sylvicole. Un propriétaire peut être contrôlé à tout moment par la Direction départementale de l'Agriculture et de la Forêt chargée de veiller au respect des PSG. Si ce n’est pas le cas, le propriétaire s’expose à des amendes.

La forêt privée est beaucoup moins importante dans les collectivités d'outre-mer, voire marginale comme en Guyane où les forêts cédées par l'État aux particuliers le sont essentiellement en vue de valorisation agricole.

Les forêts publiques

Les forêts domaniales

Répartition par classes de diamètre en forêt domaniale

En métropole, les forêts domaniales ont généralement des origines anciennes (forêts royales, de chasses et de rentes, du clergé, ou anciens domaines de chasse ou seigneuriaux, souvent héritées de biens saisis à l'époque de la Révolution).

Il existe quelques exceptions dans l'Est et le Nord du pays avec notamment les forêts de guerre reconstituées après la Première Guerre mondiale sur d'anciens champs, forts et villages de la « zone rouge » (la plus marquée par les séquelles de guerre de la période 1914-1918)

Surfaces  : Selon le premier « bilan patrimonial »[15] des forêts domaniales, les forêt domaniales françaises couvrent 16 490 km2, soit 3,1 % du territoire métropolitain français (en 2006) et 10,1 % du total enforesté (en métropole, en 2000) et 13,2 % du volume sur pied.

Les 1 699 000 ha de forêt domaniale de France métropolitaine sont répartis en 1 426 forêts.

85 % de ces massifs sont boisés.

La surface moyenne de ces forêts était en 2006 de 1 190 ha (un peu moins de 12 km2), mais 70 % de la surface totale était constituée de massifs de 10 à 100 km2, les forêts de plus de 2 000 ha couvrant 60 % de la surface domaniale totale.

La forêt d'Orléans est le plus grand massif géré d'un seul tenant (si l'on ne tient pas compte de sa fragmentation par les routes) avec 350 km2 (34 600 ha). Le plus vaste complexe de massifs forestiers publics se trouve dans le Nord des Vosges avec 430 km2.

Ressource en bois Il existe une certaine incertitude dans la mesure, mais l'IFN) donnait en 2011 :

  • 263 millions de mètres cubes de bois sur pied (183 m3/ha en moyenne) ;
  • 32,4 millions de mètres carrés de surface terrière (22,4 m2/ha en moyenne) ;
  • 924 millions de tiges (643 tiges/ha en moyenne).

Gouvernance

La gestion forestière, la fiscalité des forêts, la protection foncière des forêts, le travail en forêt, les ventes de bois, etc. sont cadrées par la lois.

La gestion est publique, communale ou privée.

Aux échelles plus locales, d'autres cadrages existent, qui s'appliquent au niveau national, ou régional, ou sur des périmètres particuliers (Parcs naturels, réserves, Natura 2000, etc.). Les uns concernent toutes les forêts (publiques ou privées). C'est le cas par exemple des récents PPRDF et avant eux des ORF (Orientations forestières régionales) ou des ORGFH. Les autres ne s'appliquent qu'au public ou au privé ; ils sont décrits ci-dessous

Gestion de la forêt publique

La gestion des forêts publiques a pour certains aspects beaucoup varié dans le temps, mais depuis Colbert et son ordonnance de 1669 « sur le fait des Eaux et Forêts », une certaine continuité a été maintenue dans l'administration des forêts publiques, avec quelques difficultés lorsque les défrichements ont repris dans les décennies qui ont suivi le partage des biens communaux après la révolution française.

Aujourd'hui, l'ONF dispose de moyens techniques et financiers fixés par un « Contrat État-ONF » périodiquement renouvelé.

L'ONF est également certifié ISO 14001 et s'est engagé dans la démarche de certification (PEFC).

Depuis la fin du XXe siècle, la planification de cette gestion est organisée sur 4 bases :

  1. une réglementation nationale : loi d'orientation forestière (LOF) du 9 juillet 2001, son décret no 2003-941 du 30 septembre 2003 et la circulaire C 2005-5018 du 3 mai 2005.
  2. des Orientations régionales forestières (ou ORF), devant notamment être élaborées en partenariat avec les conseils régionaux qui produisent aussi d'autres documents d'aménagement du territoire SRADDT, SRCE, SRCAE, etc.) ;
  3. des documents directeurs d'échelle régionale :
    - directives régionales d'aménagement (instituées par la LOF elles se substituent aux anciennes « DILAM »[16] et ne doivent pas être confondues avec les DRA de collectivités territoriales (issues de la LOADDT)
    - des schémas régionaux d'aménagement (SRA, qui concernent les autres forêts relevant du régime forestier, et qui remplacent les anciennes ORLAM[17] ;
  4. des documents cadre locaux (à l'échelle des massifs, voire d'unités de gestion) dits aménagements forestiers (AF) et des règlements types de gestion (RTG)

Les types de forêts

Forêt de jeunes pins (2009), Saint-Trojan (Oléron)

Types de forêt et de sylviculture : Il s'agit souvent de futaie régulière (72 % de la « surface disponible pour la production », contre 49 % pour l'ensemble des forêts métropolitaines) de plaines et vallons composées d'arbres jeunes. Ces forêts sont plutôt à dominante feuillues (sur 62 % de la surface disponible pour la production, soit légèrement moins que pour la moyenne française qui est de 64 %. Un quart de la forêt domaniale pousse cependant au-dessus de 1 000 mètres d’altitude sur des sols plutôt pauvres et acides, et sur des pentes plus difficiles à exploiter (ce qui est plus que la moyenne nationale (12 % de la forêts françaises publique et privée), sur un territoire équivalent à 8 % du territoire métropolitain français.

Essences dominantes[1]: Elles varient fortement selon les régions et l'altitude. Pour la France (forêt domaniale), le Chêne (sessile ou pédonculé) arrive en tête (avec un tiers (26 %) de la surface productive, le chêne sessile dominant (19 % contre 7 % de pédonculé). Viennent ensuite le hêtre (21 %), le sapin pectiné (8 %), puis le pin sylvestre (7 %), le charme (5 %), l'épicéa commun (5 %) et le pin maritime (4 %). Avec les modifications climatiques induites par l'effet de serre, ces proportions, et la répartition des essences pourraient changer.

Économie : Ces forêts ont produit 971 000 m2 de bois par an[1], en surface terrière, vendu à 75 % sur pied et provenant à 45 % des 4 régions les plus boisées (Lorraine, Centre, Alsace et Champagne-Ardenne). La chasse apporte un revenu complémentaire atteignant souvent 50 % du revenu annuel de la forêt, avec une population de sangliers et de cervidés qui a fortement augmenté à la suite de l'agrainage et aux plans de chasse, au point de poser des problèmes d'équilibre sylvocynégétique. 8 500 cerfs et 36 100 chevreuils sont officiellement prélevés par an, ce qui n'est pas assez de l'avis de certains[Qui ?] pour éviter des dégâts trop importants sur les arbres. 64 % de la forêt domaniale est facilement exploitable (soit 930 000 ha sur 456 000 ha)[1].

État environnemental, menaces : Ces forêts sont théoriquement non cessibles et protégées par leur statut, mais nombre d'entre elles ont été coupées par des routes, autoroutes, voies ferrées depuis le milieu du XXe siècle. Localement des défoliateurs ou des scolytes posent problème, souvent dans les années suivant une canicule ou forte sécheresse. Les incendies de forêts sont une source de préoccupation forte sur les littoraux, méditerranéens surtout. La forêt domaniale est souvent pauvre en bois mort et doit faire face localement à une forte pression du public que l'ONF a pour mission d'accueillir. Sauf dans quelques zones touchées par la tempête ou réserves naturelles biologiques domaniales, les très vieux arbres et le gros bois mort sont très rares. Les zones à haute naturalité, proche de ce que pourrait être en France une forêt primaire sont réduites à quelques zones relictuelles, en zone montagneuse.

Les pluies acides semblent avoir fortement diminué leurs impacts. Les tempêtes ont fait de gros dégâts dans un tiers des forêts avec 19 690 000 m3 de chablis lors des deux tempêtes de décembre 1999 (plus de 7 % de la ressource totale a été couchée par le vent).

Une partie des boisements est très artificielle (enrésinement des années 1960-1970). Avec 30 160 km de routes forestières en forêts domaniales (sans compter les routes qui longent leurs lisières, non sans impacts) la densité est de 1,8 km de routes pour 100 ha de forêts (chiffres 2006), avec :

  • 16 % de routes bitumées ;
  • 43 % de routes empierrées ;
  • 41 % de routes sur sol plus ou moins naturel.

Enfin, on trouve de vastes forêts domaniales outre-mer. En particulier en Guyane, 7,5 millions d'hectares d'un seul tenant forment une immense forêt domaniale. Cette forêt est peu exploitée : environ 60 000 m3 an de grumes.

Les forêts militaires

Un certain nombre de forêts sont également la propriété de l'État au titre du Ministère de la Défense. Ces forêts ne sont en conséquence pas nécessairement gérées par l'ONF.

Les forêts communales et des collectivités locales

Appartenant essentiellement aux communes (11 000 communes, sur 36 000 au total sont propriétaires de forêts, soit près d'une commune sur trois) alors que l'État possède 1 514 forêts domaniales. Des départements, régions et d'autres établissements publics possèdent aussi des forêts.

Elles couvrent 25 090 km2, soit 15,6 % de la forêt française, et comptent 426 millions de mètres cubes, soit 17,7 % du volume sur pied français[1]. Ces forêts, comme celle de l'ONF et certaines forêts privées accueillent une partie des 15 millions de français s'adonnant à la randonnée, en solo ou au sein d'associations.

Il existe une Fédération nationale des communes forestières[18], qui a signé en 2003 une nouvelle charte de la forêt communale matérialisant ses objectifs et engagements partenariaux. Cette fédération exprime périodiquement des revendications à l'état, y compris pour défendre l'ONF qui est un des partenaires privilégié de ces communes[19]. la Fncofor a fait des propositions sur la forêt lors du Grenelle de l'environnement et a signé avec les autres représentants de la forêt un texte commun avec France nature environnement, centré autour d'un consensus sur l'objectif et la méthode pour « Produire plus de bois tout en préservant mieux la biodiversité » à travers une « démarche territoriale concertée dans le respect de la gestion multifonctionnelle des forêts. » La Fncofor a travaillé avec France Forêts dans un programme visant à proposer des projets pilotes de recherche forestière pour optimiser la captation du carbone, espérant « aussi à terme toucher les dividendes d’une politique de gestion durable qui permet de protéger la ressource en eau et les sols en forêt »[20].

Les forêts des départements d'outre-mer

Les forêts publiques couvrent des surfaces restreintes dans les départements insulaires (150 km2 en Martinique, 380 km2 en Guadeloupe, 990 km2 à la Réunion), qui doivent faire l'objet de mesures de protection. En Guyane française, la forêt publique couvre 75 000 km2 dont environ 4 000 km2 seulement font l'objet d'un plan d'aménagement pour la production ou la conservation. Cette dernière abrite 98 % de la faune vertébrée et 96 % des plantes vasculaires spécifiques à la France.

Évolution de la forêt française

Après avoir longtemps régressé, la forêt métropolitaine s'étend depuis le début du XIXe siècle, en particulier grâce au boisement des Landes.

Elle poursuit son retour ou son extension dans la plupart des régions avec une dynamique suivie par le programme Dynafor de l'INRA (Dynamiques forestières dans l'espace rural (UMR Dynafor[21]).

Quelques chiffres-clés :

  • alors qu’elle couvrait encore la quasi-totalité du territoire autour de l’an 400 (Jules César parle dans "la Guerre des Gaules" de la « Gaule chevelue »), la forêt française ne compte plus que 8 à 9 millions d'hectares au milieu du XIXe siècle : cela correspond à l'expansion maximale des terres agricoles et de la population rurale, avant le début de l'exode rural ;
  • 11 millions d'hectares en 1950 : la forêt a gagné un peu, mais l'absence de mécanisation et le maintien de fortes densités agricoles limite le mouvement de déprise agricole et d'abandon ;
  • 16,3 millions d'hectares en moyenne 2009[1] : la mécanisation a entraîné une rétractation de l'agriculture sur les portions potentiellement les plus productives ou facilement mécanisables. Certaines régions anciennement peu boisées ont vu une forte augmentation des superficies : Bretagne. D'autres correspondent à de grands massifs traditionnels qui continuent à croître : Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d'Azur.

À l'exception du massif landais (artificiel), les forêts ont déserté la façade maritime française, en raison surtout des prélèvements destinés à la construction navale qui des années 1000 jusqu'à il y a deux siècles, ont fait disparaître la majorité des forêts de la façade occidentale de l'Hexagone. La construction d'un navire de guerre en bois nécessitait l'utilisation d'au moins un millier d'arbres. Les deux guerres mondiales ont considérablement modifié les forêts par exploitation (mur de l'Atlantique notamment), installation de défenses, mitraillages. L'exploitation minière a consommé beaucoup de bois.

La production biologique annuelle en volume des arbres vifs s’élève pour la France à 86,4 millions de mètres cubes en moyenne sur la période 2006-2010[1]. Elle est de 51,9 Mm3 pour les feuillus et de 34,5 Mm3 pour les conifères. Attention, il ne s'agit pas de la récolte mais de la production biologique de bois (mortalité non déduite).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (fr) Des arbres et des hommes. Actes du colloque Forêt et société. Lyon. Actes Sud et La Revue Forestière, 1979
  • (fr) Cinotti B., 1996. « Évolution des surfaces boisées en France : proposition de reconstitution depuis le début du XIXe siècle », Revue forestière française, Vol. 48, no 6. Nancy : ENGREF, 547-562.
  • (fr) Lochu S. - Évaluation des quantités de carbone stocké. Rapport à la Mission interministérielle de l’effet de serre, octobre 1998, 94 p.
  • (fr) Bensettiti F. et Trouvilliez J., 2009. Rapport synthétique des résultats de la France sur l'état de conservation des habitats et des espèces conformément à l'article 17 de la directive habitats. Rapport SPN 2009/12, MNHN-DEGB-SPN, Paris, 48 p.
  • (fr) Brosse Jacques, L'aventure des forêts en Occident : de la Préhistoire à nos jours, Paris, J.-C. Lattès, 2000.
  • (fr) Chalvet Martine, Une histoire de la forêt, Paris, Seuil, 2011.
  • (fr) Dereix C.; Galibert A. - L'approche territoriale de la gestion forestière : une plus-value pour la qualité des paysages. ENGREF, 2008
  • (fr) Conseil économique social et environnemental (CESE) ; rapporteurs : Marie L'ESTOILE (DE), Rémy-Louis BUDOC (octobre 2012) La valorisation de la forêt française, avis (66pages) rapport (106 pages) et note de synthèse (documents publiés à la suite d'une autosaisine du CESE)

Notes et références

  1. a b c d e f g et h Selon les cinq dernières campagnes annuelles d'inventaire réalisée par l'inventaire forestier national de 2007 à 2011 La forêt française - Résultats des campagnes d'inventaire 2006 à 2010, Inventaire forestier national, format numérique
  2. env. 55 millions d'hectares pour la métropole
  3. « Les forêts des départements d’Outre-Mer », sur agriculture.gouv.fr, .
  4. « La filière forêt-bois », sur DAAF de La Réunion.
  5. a et b Lettre de l'IF n°31 de mai 2013 (qui fait le point sur la reforestation de la France de 1900 à nous jours
  6. IFN : Tempêtes de décembre 1999
  7. IFN : Tempêtes de janvier 2009
  8. Pourquoi les forêts sont-elles si importantes pour la planète ? Émission le téléphone sonne de France Inter le 7 octobre 2010.
  9. Demande de la Direction Générale des Politiques Agricole, Agro-alimentaire et des Territoires (DGPAAT) du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du Territoire, faite à l'IFN
  10. IFN, Carte des sylvoécorégions françaises (Corse incluse) et poster
  11. IFN, PDF tableaux des correspondances entre sylvoécorégions (SER) et régions forestières, 20 pp
  12. Les outils d’aide à la reconnaissance des stations forestières
  13. IFN, module de cartographie dynamique de l’IFN
  14. Sources : Agreste 2006, PFN
  15. Résumé en 4 pages d'un document de 300 pages
  16. "DILAM" : Directive Locale d’Aménagement des forêts domaniales (remplacée par DRA).
  17. "ORLAM" : Orientation Régionale d’Aménagement des forêts non domaniales relevant du régime forestier (remplacée par SRA)
  18. Site Internet des Communes forestières
  19. Délibération des communes forestières (de janvier 2009)
  20. Article intitulé "Sept ans pour construire des partenariats ", dans le cadre du Bilan 2001-2008 consulté 2009 05 18
  21. http://www.inra.fr/les_recherches/annuaires/environnement/paysage_et_espace/dynafor_dynamiques_forestieres_dans_l_espace_rural Présentation de Dynafor)