Fortunée Briquet

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Fortunée Briquet
Gravure de Charles-Étienne Gaucher d’après Marie-Thérèse de Noireterre (1801)
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 32 ans)
NiortVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Marguerite UrsuIe Fortunée BernierVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Conjoint
Hilaire-Alexandre Briquet (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Œuvres principales

Marguerite-Ursule-Fortunée Bernier, dite Briquet, née le à Niort où elle est morte le , est une femme de lettres[1] française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fortunée Bernier reçoit une éducation soignée, à Niort dans un milieu de notaire[2]. À 15 ans, elle épouse Hilaire-Alexandre Briquet, prêtre défroqué et professeur à l’École centrale de Niort, qui avait fait insérer ses premiers écrits dans l’Almanach des Muses. Ils ont un fils, le futur historien Apollin Briquet. Elle adhère aux idées républicaines. En 1808, elle arrête ses travaux d’écriture et se sépare de son mari[3]. Elle meurt à l’âge de 32 ans.

Poésie[modifier | modifier le code]

Dès l’âge de 16 ans, elle publie des poésies et des calendriers en l’honneur des femmes[3]. À Paris, elle fréquente le salon de Fanny de Beauharnais et d’Anne-Marie du Boccage. Ses œuvres sont publiés dans l’Almanach des Muses et la Bibliothèque française de Charles de Pougens.

En 1800, une Ode sur les vertus civiles lui ouvre les portes de la Société des belles-lettres et des salons de Paris. Fanny de Beauharnais, la tante de Joséphine, avait donné le signal des applaudissements pour son poème l’Île de la Félicité :

Muse et Grâce à la fois ! un jour que sera-t-elle ?
Les talents n’ont point d’âge, elle naît immortelle.

Parurent ensuite les Odes sur la mort de Dolomieu, une ode à Denis Lebrun, la Vertu est la base des républiques, et son Mémoire sur Klopstock, sa vie et ses ouvrages, qui la fit admettre à l’Athénée des arts de Paris.

De ses vers séduisans telle est la destinée,
Qu’amour les change en fleurs pour en faire un bouquet :
Dont aussitôt sa mère ornée
Va se mirer
C’est alors que le Dieu, se servant de briquet
Fait feu sur Vénus Fortunée

Dictionnaire[modifier | modifier le code]

La plus importante des œuvres de Fortunée Briquet est le Dictionnaire historique, littéraire et bibliographique des Françaises et des étrangères naturalisées en France, publié en 1804, qu’elle dédie à Napoléon[4]. Le titre complet est Dictionnaire historique, littéraire et bibliographique des Françaises et des étrangères naturalisées en France, connues par leurs écrits ou par la protection qu’elles ont accordée aux gens de lettres, depuis l’établissement de la Monarchie jusqu’à nos jours.

Ce dictionnaire est une compilation de 564 notices de femmes francophones entre le VIe siècle et le Consulat, dont 330 autrices entre 1700 et 1804. C'est une source essentielle d’informations sur les femmes liées au monde des lettres (mécènes, autrices, salonnières)[3]. Chaque biographie est complétée par une bibliographie.

Redécouvert au moment du Bicentenaire de la Révolution[2] et intégré dans le Dictionnaire des femmes de l'ancienne France de la SIEFAR[5], le Dictionnaire est ré-édité en mars 2016[6]. Il est avec le dictionnaire de Louise de Kéralio entrepris entre 1786 et 1789, une preuve de l’activité littéraire des femmes au cours du XVIIIe siècle. Des recherches systématiques effectuées dans les années 2000, recensent 531 noms, ce qui contredit la thèse de l’historien Robert Darnton selon lequel la production littéraire du XVIIIe siècle serait essentiellement masculine[7].

Citation[modifier | modifier le code]

« Aucun siècle n’a commencé avec un aussi grand nombre de femmes de lettres ; aucun siècle n’aura vu l’éducation des femmes plus soignée. »

— Fortunée Briquet, 1804

Publications[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Nicole Pellegrin, Histoires d'historiennes, Université de Saint-Étienne, 2006, p.11.
  2. a et b « Marguerite-Ursule-Fortunée Bernier — SiefarWikiFr », sur siefar.org (consulté le )
  3. a b et c Dictionnaire universel des Créatrices 2013, p. 646
  4. Patrice Bret, « Madame d’Arconville, femme de sciences au temps des Lumières », Pour la science, vol. 402,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Catégorie:Dictionnaire Fortunée Briquet — SiefarWikiFr », sur siefar.org (consulté le )
  6. Fortunée Briquet et Nicole Pellegrin (préface), Dictionnaire historique des Françaises connues par leurs écrits, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, , 404 p. (ISBN 978-2-86820-925-2, lire en ligne)
  7. Adeline Gargam, Les femmes savantes : lettrées et cultivées dans la littérature française des Lumières, Paris, Honoré Champion, , 530 p. (ISBN 978-2-7453-2564-8), p. 188

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henri Beauchet-Filleau, Charles de Chergé, Paul Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, Paris, Hachette, 1876, p. 785.
  • Hilaire-Alexandre Briquet, Histoire de la Ville de Niort, Niort, Robin, , p. 52-58
  • (fr + en) Claudine Brelet, Béatrice Didier (dir.), Antoinette Fouque (dir.) et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le Dictionnaire universel des créatrices, t. 1, Éditions des femmes, (ISBN 978-2-7210-0628-8 et 2-7210-0631-2, BNF 43735144), p. 646Voir et modifier les données sur Wikidata
  • Nicole Pellegrin, Le Dictionnaire de Fortunée Briquet (1804) : fabrication et postérité d'une histoire littéraire au féminin, in Martine Reid (dir.), Les femmes dans la critique et l'histoire littéraire, Paris, Champion, 2011, pp. 101-120.
  • Nicole Pellegrin, Entre local et international, botanique, poésie et féminisme: Fortunée Briquet (Niort, 1782-1815), Les Apports de l'histoire des provinces à l'histoire nationale, Versailles, UFUTA, 1995, p.97-110
  • Nicole Pellegrin, Marguerite-Ursule-Fortunée Bernier, SIEFAR, 2002, [lire en ligne]
  • H. Plick, « Fortunée Briquet, 1782-1815 », H. Clouzot, Portraits à la plume, Niort, L. Clouzot,‎

Liens externes[modifier | modifier le code]