Fortifications de Caen

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 30 mai 2014 à 22:11 et modifiée en dernier par FDo64 (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Les fortifications de Caen ont longtemps été un signe de la richesse de la cité, bien qu’elles n’aient pas permis de protéger la ville des agressions extérieures, notamment pendant la guerre de Cent Ans.

Le premier témoignage historique de l'existence de la ville de Caen est une charte de l’abbaye de la Trinité de Fécamp datant de 1025 qui mentionne des églises, un port, des moulins, un marché et d’autres activités, mais la ville était encore ouverte. La ville s'entoure de murs dès la conquête de l'Angleterre[1]. Constituée en réalité de plusieurs ensembles fortifiés, la ville garda longtemps un développement multipolaire. Les remparts furent démantelés au XVIIIe siècle, mais il demeure quelques vestiges disséminés dans la ville.

Plan de fortifications de la ville et du château dessiné vers 1695-1713.

Les ensembles fortifiés

Le château

Vers 1060-1080, la muraille du château de Caen est construite. Ces remparts sont maintes fois réaménagés mais l’emprise du château n’a que peu évolué depuis le XIe siècle. Les accès au château en revanche ont été modifiés au fil des siècles. À l’origine, l’accès se faisait par une tour-porte au nord à proximité immédiate du donjon ; au sud, on trouvait une petite poterne accessible depuis un étroit sentier assez abrupt. Au XIIIe siècle, quand la ville devient française, Philippe-Auguste fait construire une courtine autour du donjon et on supprime partiellement l’entrée nord. Un nouvel accès principal, la Porte des Champs ou de la Pigacière, est alors construit au nord-est de l’enceinte. Elle est précédée au XIVe siècle par une barbacane. À la même époque, une véritable entrée est aménagée au sud avec la construction de la porte Saint-Pierre qui est, un siècle plus tard, au XVe siècle, également dotée d’une barbacane. L’enceinte, hérissée de tours, est entourée de fossés que l’on peut encore voir aujourd’hui. Les murailles de la ville se rattachent à l'enceinte du château au niveau de la tour Puchot à l'Ouest et de la tour Mathilde à l'est. Ces deux tours ont été construites au début du XIIIe siècle.

Vue panoramique de l’entrée du château de Caen.

Bourg-le-Roi

La Tour Leroy sur les bords de l’Odon avant la couverture de la rivière en 1860.

Sous Guillaume le Conquérant, la cité au pied du château est également clôturée. D'après les chartes de l'abbaye aux Hommes, créée à cette même époque, les travaux commencent après la conquête de l’Angleterre et sont terminés en 1077. Dans l'une des premières chartes de Saint-Étienne, il est fait notion du bourg « à partir du mur vers l'ouest »[1]. A d'autres endroits, il ne doit s'agir sûrement que d'une levée de terre semble-t-il précédée d'un fossé, puisque qu'un texte de 1083 mentionne une partie du cimetière Saint-Étienne-le-Vieux comme étant « située à l'extérieur du fossé au roi ». Cet ouvrage était peut-être surmonté d'une palissade en bois. La valeur défensive de l'ensemble est toutefois hypothétique. Il semble plutôt qu'il était destiné à délimiter le Bourg-le-Duc des faubourgs placés sous la juridiction des abbayes. Aucune preuve archéologique ou textuelle ne fait d'ailleurs mention d'ouvrages au nord et au sud du bourg ; peut-être la présence de barrière naturelle (le coteau de Bagatelle au nord et la rivière au sud) semble-t-elle suffisante[2]. Le clos enserre la paroisse de Saint-Sauveur, une grande partie des paroisses Notre-Dame, Saint-Étienne et Saint-Pierre et une portion plus congrue des paroisses Saint-Martin et Saint-Julien, la majeure partie de ces dernières étant placées de fait en position de faubourg.

Au début du XIIIe siècle, il est plausible que l'octroi de privilèges communaux soit accompagné d'un renforcement des structures défensives de la cité. Bien qu'aucune source écrite n'accrédite cette thèse, il est probable que les murs est et ouest prennent leur caractère militaire à cette époque. Il ne s'agit probablement que d'une palissade en bois percée de portes. La mention de la porte au Berger en 1245 serait la première référence à ces fortifications. Ce n'est toutefois qu'après la prise de la ville par les Anglais en 1346 que sont entrepris la construction d'une enceinte en pierre, le roi Philippe de Valois donnant des lettres patentes pour que les Caennais reconstruisent les murailles à leur frais[3]. Charles le Sage autorise l'abbesse de la Trinité en 1358 à prélever un impôt supplémentaire afin de financer les travaux de renforcement. Le murs, d'une épaisseur de 6 à 7 pieds[4], sont surmontés d'un chemin de ronde et flanqués de 32 tours rondes ou carrées, avec plate-forme pour l'artillerie ; le tout étant protégé par des fossés ou par des cours d'eau. Les différents ouvrages sont construits entre 1346 et 1363. Au nord, le nouveau mur précédé d'un fossé abrupte, creusé au pied du coteau, se prolonge jusqu'au douve du château dont il est séparé par un mur. Au sud, les « petits murs », larges d'environ 2,10 m[5], sont élevés le long de l'Odon et une muraille est érigée entre le pont Saint-Pierre et le mur oriental à l'emplacement de l'actuel chevet de l'église Saint-Pierre. Le mur oriental est également reconstruit, comme l'atteste une source datant de 1409, et précédé d'un fossé. À l'ouest, un nouveau mur est également dressé, légèrement plus proche de l'église Saint-Étienne-le-Vieux que les ouvrages en terre qui l'ont précédé.

Endommagés lors des sièges de la ville en 1417 et en 1450, cet ensemble d'ouvrage est reconstruit. Après la reprise en main de la ville par les Français, le système défensif est remanié par la construction de deux tours rondes protégeant l'angle nord-ouest (tour Chastimoine) et le flanc nord (tour de Silly) de la ville. L'enceinte prend alors sa forme définitive. Les murs semblent avoir été construits rapidement. Des fouilles menées sur le rempart nord en 1970 ont démontré que ce dernier reposait sur des fondations très peu profondes. L'emploi de ces méthodes de construction peu appliquées expliquerait la rapide détérioration des murailles qui durent être reprises dès le XVIe siècle[6].

Au XVIe siècle, des travaux d'entretien et de réfection sont menés. À la fin des années 1570, la Porte Millet et la Porte au Berger sont réparées. Dans les années 1580, la porte de Bayeux est rénovée et un corps-de-garde est construit pour la protéger. Dans les années 1590, c'est la Porte Saint-Julien qui fait l'objet de travaux[7].

L’île Saint-Jean

Plan de Caen daté de 1705

Le nouveau duc de Normandie Robert Courteheuse, fils du Duc Guillaume fait creuser au début du XIIe siècle un canal entre la Noë (petit bras d’eau) et l'Orne. Il fait aussi construire une première muraille à partir de 1102[8]. Afin que la nouvelle rivière artificielle soit toujours en eau, il fait détourner une partie du cours de l’Orne grâce à la construction d’un barrage nommé la Chaussée Ferrée. Saint-Jean devient ainsi une île. Mais ces cours d'eaux peuvent être traversés à gué pendant l'été. Ainsi en 1343, en prévision d'une attaque de la ville par les Anglais, une palissade en bois est élevée le long des rivières. Cette enceinte n'empêche pas la prise de la ville par Édouard III. C'est alors qu'est prise la décision d'ériger une ligne de remparts autour de l'ilot. Elle part de la tour au Landais (en face de la tour Leroy, longe le bras de l'Orne jusqu'au sud (actuel quai Vendeuvre) puis repart vers l'ouest vers le canal Robert pour finalement rejoindre les petits près[9]. L'enceinte est relevée après les sièges de 1417 et 1450.

Au Moyen Âge, le port de Caen est aménagé sur les berges de l'Odon, côté Saint-Jean. Il est protégé par la tour Leroy, sur la rive gauche, et par la tour aux Landais, sur la rive droite, reliées entre elle par une chaîne empêchant des navires hostiles de remonter le cours de la rivière.

Les abbayes

L'abbaye aux Hommes et l'abbaye aux Dames sont fondées au milieu du XIe siècle par le couple ducal. Elles sont probablement entourées d'un mur marquant les limites de leurs propriétés et les protégeant des pillards. Toutes les deux ont juridiction sur les faubourgs qui les environnent ; ainsi sont formés le Bourg-l’Abbé autour de Saint-Étienne et le Bourg-l’Abbesse autour de la Trinité et de Saint-Gilles. Pendant la Guerre de Cent Ans, la ville est prise et dévastée à plusieurs reprises ; les abbayes subissent également les assauts des belligérants. L'abbaye aux Dames reçoit en 1359 l'autorisation de collecter une taxe afin de renforcer leurs défenses[10]. L'abbaye aux Hommes est également fortifiée. En février 1433, Henri VIII d'Angleterre, qui occupe la ville depuis 1417, ordonne l'abaissement des murs des bourgs abbatiaux. Les murailles sont en fait conservées, mais les fossés de l'abbaye aux Dames sont comblés[11].

Les nouvelles fortifications (Petits Près)

Porte Neuve, construite vers 1590 et détruite en 1798

Les deux ensembles fortifiés de Bourg-le-Roi et de Saint-Jean ne forment pas un ensemble cohérent. Entre les deux agglomérations, un morceau de campagne, les Petits Prés, pénètre jusqu'au cœur de la ville. Pour remédier à cet état de fait, une courtine est construite à partir de 1590 pour relier la porte Saint-Étienne et l'île de la Cercle, appelée ensuite le Champ de foire[3]. Ce rempart s'appuie sur deux bastions élevés l’un près de la porte Saint-Étienne, appelé bastion des Jésuites à partir du XVIIe siècle, l’autre dans la Cercle des Jacobins, nommé bastion de la Foire. Une porte percée dans la courtine, dite porte neuve ou des Près, permettait d'entrée dans la ville depuis la Prairie. Le quartier de la place Royale peut alors être aménagé à l’emplacement des Petits Près entre cette courtine et les enceintes de Bourg-le Roi et de l’île Saint-Jean. Cet espace offre ainsi l’avantage de combler le vide entre la paroisse Notre-Dame et la paroisse Saint-Jean en permettant de sécuriser par la même occasion la chaussée Saint-Jacques, voie de circulation permettant de désengorger le Pont Saint-Pierre. La partie des murailles située désormais à l’intérieur de l’espace urbain devient alors obsolète.

Destruction des enceintes

En 1432, les Anglais envisagent de détruire certaines fortifications autour de Saint-Étienne et la Trinité puis se ravisent[3].

La destructions des fortifications commence à la fin du XVIIe siècle par les Petits murs, rendus obsolètes par la construction de la courtine. La Tour Saint-Jacques et la Porte des Jacobins sont ainsi détruites pour ouvrir la rue de Bernières. Les tours sont utilisées comme prison[12].

Mais le mouvement s'accélère dans la seconde partie du XVIIIe siècle quand les édiles et les officiers royaux conçoivent de grands plans d’urbanisme pour aérer la cité médiévale. Malgré le rapport du maréchal de camp Louis Le Bègue Duportail qui préconise la remise en état des fortifications, celles-ci sont démolies progressivement[13]. En 1716, les murs le long des quais entre la tour aux Landais et le pont Saint-Pierre sont abattus ; de l’autre côté de cette tour, les murs soutenus par des terrasses sont arasés et le terrain pavé afin d’élargir la rue des quais[14]. Afin d’aménager la place Saint-Pierre et d’améliorer la circulation générale, notamment sur l'axe Paris – Cherbourg, on détruit le Châtelet en 1755 et la Porte Millet, au sud de l'île Saint-Jean, au début des années 1760. Dans les années 1750 encore, l’intendant de la Généralité de Caen, François-Jean Orceau de Fontette, fait raser une partie des remparts vers le Coignet aux Brebis, extrémité ouest de la place Saint-Sauveur, pour aménager la place Fontette et ouvrir une nouvelle voie d’accès à la ville par l’ouest à travers les jardins de l’Abbaye aux Hommes, la rue Guillaume le Conquérant. La porte Saint-Étienne est détruite en 1758[15]. La tour Chastimoine est détruite à la fin des années 1780 pour construire le nouveau Palais de Justice. En 1782, la porte au Berger est démolie[13]. En 1783, la Porte de Bayeux est démolie pour créer la place Saint-Martin et en 1785, la porte Saint-Julien disparait[13]. En 1786, on comble les Fossés Saint-Julien pour les aménager en promenade[N 1]. Les fortifications des deux abbayes sont également démantelées. On aménage les jardins de l’Abbaye aux Hommes en remblayant le terrain pour créer une grande esplanade.

Les destructions continuent tout au long du XIXe siècle jusque dans la première partie du XXe siècle. En , la porte des Près est démolie[16]. Sur l’ancienne courtine, est créé l’actuel Boulevard Bertrand. Puis en août 1819, c'est au tour de la porte de la Basse rue d'être démolie ; c'est la dernière porte à avoir été détruite[17]. En 1821, les vestiges de l'enceinte de l'Abbaye aux Dames sont également démolies[N 2] En 1830, les Tours du Massacre et Malguéant sont également démantelées. En 1922, le Canal Robert est comblé.

Lors de la destruction de l'hospice Saint-Louis au début des années 1920, un pan des murailles demeurant entre l'actuelle place Maréchal-Foch et la place du 36e Régiment d'infanterie est démoli afin de lotir le quartier Saint-Louis. La tour Ès-Morts et la tour Devers-les-Près font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques en 1921 et sont conservées. Mais en 1926, la tour Devers-les-Morts, dans un état de délabrement trop avancé, est radiée de la liste des monuments historiques. La tour Ès-Morts quant à elle est détruite pendant les bombardements de la bataille de Caen.

Les vestiges

On peut encore retrouver des traces des différentes enceintes dans le tissu urbain d’aujourd’hui.

Pour l'ensemble des points mentionnés sur cette page : voir sur OpenStreetMap (aide), Bing Cartes (aide) ou télécharger au format KML (aide).
Nom Géolocalisation Observations Image
Château de Caen 49° 11′ 11″ nord, 0° 21′ 48″ ouest Château médiéval. La totalité des constructions et vestiges fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [18].
Porte des Champs
Porte des Champs
Mur et tour dans une cour de la rue de Geôle[19] 49° 11′ 09″ nord, 0° 21′ 58″ ouest
rue Gémare
rue Gémare
Mur et tour dans la cour de la clinique de la Miséricorde 49° 11′ 08″ nord, 0° 22′ 01″ ouest Mur et tour dans la cour de la clinique de la Miséricorde
Tour Leroy 49° 11′ 03″ nord, 0° 21′ 33″ ouest La tour Leroy fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [20].
Tour Leroy
Tour Leroy
Tour Saint-Julien 49° 11′ 03″ nord, 0° 22′ 08″ ouest Tour inscrite dans le mur du Collège Pasteur avec les anciennes murailles de la ville qui délimite le sud des fossés Saint-Julien. inscrit fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [21].
Tour Saint-Julien
Tour Saint-Julien
Soubassements d'une tour accolée à l'abside de l'église Saint-Pierre 49° 11′ 02″ nord, 0° 21′ 37″ ouest
Mur de Bourg-le-Roi au pied de l'église Saint-Pierre
Mur de Bourg-le-Roi au pied de l'église Saint-Pierre
Anciennes murailles de la ville au pied de l’église Saint-Étienne-le-Vieux 49° 10′ 52″ nord, 0° 22′ 11″ ouest À l’origine le sol dans ce secteur était plus bas, puisqu’il a été remblayé au XVIIIe siècle.
Mur de Bourg-le-Roi longeant l’église Saint-Étienne-le-Vieux
Mur de Bourg-le-Roi longeant l’église Saint-Étienne-le-Vieux
Tour Puchot 49° 10′ 48″ nord, 0° 22′ 23″ ouest Tour du XIVe siècle, vestige du système défensif de l'abbaye aux Hommes. La tour fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [22].
Tour Puchot (rue du Carel)
Tour Puchot (rue du Carel)
Vestiges du mur de l'abbaye aux Hommes, rue du Carel 49° 10′ 48″ nord, 0° 22′ 21″ ouest
Vestiges des remparts de l'abbaye aux Hommes, rue du Carel.
Vestiges des remparts de l'abbaye aux Hommes, rue du Carel.
Tour Guillaume 49° 10′ 54″ nord, 0° 22′ 29″ ouest Tour du XIVe siècle de l’enceinte de l’abbaye aux Hommes dans la cour du Palais Ducal, rue Lebailly. La tour fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [22].
Tour Guillaume (rue Lebailly)
Tour Guillaume (rue Lebailly)
Les fossés Saint-Julien aujourd’hui
Odomymes

La trace des fortifications peut également être retrouvée dans le nom des rues :

  • rue Porte-au-Berger ;
  • rue Porte-Millet ;
  • rue de la Chaussée-Ferrée ;
  • fossés Saint-Julien ;
  • rue des Fossés-du-Château ;
  • promenade du Fort, référence au bastion des Jésuites.

Les portes et tours

Les portes

Plan de l'abbaye aux Hommes, extrait du Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, par Eugène Viollet-Le-Duc, 1856
Le Châtelet par Georges Bouet

Les quatre premières portes de la ville sont la porte Milet (mentionnée en 1175), la porte du marché, la porte Calibourg (mentionnée en 1247) et la porte au Berger[23].

Plusieurs portes permettaient d’entrée dans la ville :

  • Porte du Pont de Darnetal ou Pont Saint-Pierre (fortifié par le Châtelet),
  • Porte de la Boucherie ou Notre-Dame (dans l’actuelle rue de Strasbourg),
  • Porte Saint-Étienne (à proximité de l’église Saint-Étienne-le-Vieux),
  • Porte Arthur ou au Duc,
  • Porte Saint-Martin, du Marché, de Bayeux, Pémagnie[N 3] (vers le Bessin ou la Bretagne) ou Baudry (sur l’actuelle place Saint-Martin)[N 4],
  • Porte Saint-Julien, Calibort[N 5] ou Vilaine,
  • Porte au Berger,
  • Porte du Bac, Saint-Malo ou Saint-Gilles (donnant accès au port),
  • Porte Millet (entre l’île Saint-Jean et Vaucelles),
  • Porte des Prés (sur la courtine construite en 1590, du côté ouest de l’actuelle place Gambetta).

Plusieurs portes, de moindre importance, furent provisoirement construites sur les enceintes de la ville :

  • Porte du Moulin (au bout de la rue Hamon sur l’actuel boulevard Maréchal-Leclerc),
  • Porte des Jacobins (vers le théâtre)
  • Porte de l’île Renaud (vers la Porte Saint-Étienne)
  • Porte des Mineurs (vers l’actuelle clinique de la Miséricorde, anciennement couvent des Cordeliers).

Les tours

Les enceintes étaient hérissées d’une vingtaine de tours dont on connait le nom des principales :

  • Tour Leroy
  • Tour aux Landais, reliée à la précédente par une chaîne pour protéger l’accès au port
  • Tour Lebaski à l’extrémité de la rue Neuve-Saint-Jean
  • Tour au Massacre ou Machart, vers l’angle sud-ouest de la place d’armes
  • Tour Malguéant ou des Moulins de l’Hôtel-Dieu de Caen à proximité de la Porte Millet
  • Tour-ès-Morts, vers l’angle entre la promenade de Sévigné et le cours de Gaulle (rue Paul Toutain)
  • Tour Anzeray
  • Tour Pendant
  • Tour Saint-Jacques
  • Tour de la Boucherie ou Meritain
  • Tour Lourirette
  • Tour Chastimoine
  • Tour Silly ou des Cordeliers
  • Tour Puchot, à l’angle nord-ouest du Château pour protéger la Porte Saint-Julien
  • Tour de la Reine Mathilde, à l’angle sud-est du Château de Caen

La tour Machard

Tour Machart au début du 19e (François-Gabriel-Théodore Basset de Jolimont)

La tour aurait été construite vers 1350 quand l'île Saint-Jean est entourée d'une véritable muraille après le siège de 1346. Elle occupait l'angle sud-est de l'enceinte. Elle surplombait le confluent de la Petite Orne et du bief du moulin de l’Hôtel-Dieu. C’était la première tour que l'on rencontrait en remontant l'Orne pour entrer dans le port de Caen[24]. Selon Pierre-Daniel Huet, une chaîne tendue entre la tour et la rive gauche de la rivière permettait d’arrêter les navires avant de leur faire payer les taxes[25].

C’était une tour circulaire à laquelle était adjointe une annexe rectangulaire. Une niche ornée d'une statue décorée ce petit bâtiment. Cette statue, dessinée par Georges Bouet en 1842, représentait un personnage vêtu d'une robe longue portant un manteau à capuchon sur les épaules et une épée à la ceinture[24]. Selon François-Gabriel-Théodore Basset de Jolimont, c’était une représentation de la Vierge ou d'un saint protecteur. Selon Pierre-Daniel Huet et Georges Huard, il s'agissait plutôt de Renaud Machard, bailli de Caen de 1341 à 1353. Les autres noms connus de la tour, au Maréchal ou du Massacre, seraient des déformations du nom ce représentant du roi[25].

Au XVIIe siècle, la tour sert episodiquement de prison[12].

Située au bout du terrain de l'Hôtel-Dieu, elle servait d'amphithéâtre à l’école de médecine au début du XIXe siècle. Elle est détruite en 1830 au moment du réaménagement du quartier Singer, consécutif au déménagement de l’hôpital dans l'ancienne abbaye aux Dames, afin de percer la rue Neuve-du-Port et la place d'Armes[24]. Des vestiges de cette tour furent en effet mis au jour en 1890 lors de creusement de canalisation dans la rue Neuve-du-Port[26].

Lieux de garnison

Jusqu'au XVIIIe siècle, la ville ne disposait pas de lieux fixes pour abriter les garnisons de soldats. En fonction des besoins les soldats étaient logés chez l'habitant, ce qui n'était pas sans provoquer des tensions. Ainsi en 1514, les lansquenets à la solde de Louis XI provoquèrent un soulèvement populaire[27]. On mentionne encore en 1752 l'Auberge de la place royale qui sert épisodiquement de casernement pour les troupes de passage[28]. Enfin depuis le début du XVIIe siècle, les troupes étaient logés dans les loges de la foire quand celles-ni étaient inoccupées[29].

Les premières casernes sont construites en France sous le règne de Louis XIV. À Caen, il faut attendre la régence de Louis XV. Deux autres casernes sont aménagées au XIXe siècle dans des lieux existants et une dernière caserne est construite au début du XXe siècle au sud de la ville.

Caserne Hamelin

Pont de Vaucelles et caserne Hamelin vers 1902

La première pierre de la caserne de Vaucelles est posée par l’intendant Guynet le [14] dans la partie ouest de la petite île au sud de la porte Millet qui prend plus tard le nom d'île des Casernes. Mais les travaux sont tout de suite interrompus. Les travaux reprennent finalement en 1742[30]. En 1785, on décide d'agrandir la caserne sur des terrains achetés à l'Hôpital général[31] ; Louis XVI en pose la première pierre le [32]. Guillaume-Martin Couture, architecte du roi, mène les travaux avant que l'adjudication ne soit résiliée par arrêt du Conseil le [30]. Après une période d'interruption, les travaux reprennent en 1833 sur des plans différent de ceux dressés à l'origine[30] et l'extension est achevée en 1835[2].

Dans la nuit du , elle est touchée de plein fouet par les bombardements aériens ; dans la soirée du 18 juin, ce qui restait debout est anéanti par les tirs allemands de bombes SD1 et SD2[33]. Les derniers vestiges sont définitivement abattus en 1946[2].

Quartier Lorge

Après la dispersion des sœurs, l'armée s'installe dans l'ancien couvent de la Visitation de Caen. En 1818, la caserne est transformée en dépôt de remonte. Dans les années 1830, des écuries sont construites dans les anciens jardin surplombant l'ancien monastère.

Caserne Lefèvre

Vers 1877, un premier bâtiment de casernement est construit au nord de l'enceinte du château de Caen pour abriter le 36e régiment d'infanterie de ligne. Un nouveau bâtiment est construit pour loger, outre le 36e RI, définitivement fixé à Caen en 1901, un bataillon du 5e RI en 1905 et les compagnies du 129e RI après 1908. Les bâtiments de cantonnement érigés à l'emplacement du donjon sont conçus selon les stéréotypes de l'architecture militaire de l'époque :

  • un rez-de-chaussée avec les lavabos, les cantines et les bureaux des sous-officiers ;
  • deux étages où logent les troupes dans des chambrées de 25-28 hommes ;
  • des combles dans lesquels on installe les réservistes pendant leur période d'instruction ;
  • les niveaux supérieurs étant desservis par quatre escaliers, un par compagnie.

La caserne est occupée par les forces d'occupation allemandes entre 1940 et 1944. Endommagés pendant la bataille de Caen, les bâtiments de la caserne sont détruits lors du réaménagement du château, définitivement remilitarisé à la même époque.

Caserne de Beaulieu

Cette caserne était située à la Maladrerie en face de l'entrée de la prison (actuel centre pénitentiaire de Caen).

Quartier Claude Decaen

Ancienne caserne Claude Decaen (actuel pôle de vie Rive droite)

En , la municipalité entame des démarches afin de créer à Caen une école d'artillerie. Le 21 juillet, le ministère de la Défense expose ses conditions en vue d'ouvrir un nouvel établissement dans la ville : la municipalité doit participer financièrement à la hauteur de 10 % et doit approvisionner la future caserne en eau. Le 3 novembre, le conseil municipal se soumet à ses exigences. Cinq ans plus tard, elle acquiert un terrain de 27 ha au lieu-dit de la Guérinière, situé alors sur la commune de Cormelles-le-Royal, dans le but de l'aménager en champ de manœuvres. Puis le projet est abandonné pendant plusieurs décennies. Il est repris en 1909 seulement. On choisit un terrain situé sur les hauteurs de Vaucelles au sud du boulevard Leroy qui marquait alors la limite méridionale de l'espace urbanisé. L'accord entre la ville et les différents ministères est finalement signé en [34]. En 1913-1914, une nouvelle voie, baptisée avenue Albert Ier le , est tracé dans le prolongement de la rue du belvédère afin de relier la nouvelle caserne au reste de la ville[35]. Les travaux de la caserne d'artillerie elle-même sont à peine achevés quand la Première Guerre mondiale éclate. La caserne, occupée par le 43e régiment d’artillerie, est ensuite rebaptisée quartier Claude Decaen en l'honneur de Claude Théodore Decaen. Après la bataille de Caen, il abrite des réfugiés pendant la reconstruction de la ville[36]. Après le départ du régiment, la plupart des bâtiments et le mur d'enceinte sont détruits ; seul l'ancien poste de commandement est conservé[37]. Une zone d'aménagement concertée, la ZAC Claude Decaen, a été créée en 1988[38] afin de construire des logements, une maison de retraite, une clinique[39], ainsi que la caserne Le Flem[40],[41]. Un jardin public a été aménagé autour du seul bâtiment qui a été conservé (pôle de vie Rive droite depuis février 2013[42]).

Notes

  1. En 1798, Victor-Dufour plante les premiers tilleuls et Bénard, jardinier à Vaucelles, ainsi que les “hoquetons” de la ville achèvent son œuvre en 1803.
  2. Extrait de la délibération du Conseil municipal de Caen datant du 28 septembre 1821 : « Le conseil a vu avec satisfaction que tous les plans et projets ont été si bien combinés que l’église de Sainte-Trinité sera rendue tout entière au culte divin, et en qu’en même temps ce monument, remarquable sous le rapport des arts et vénérable par les souvenirs historiques qui s’y rattachent, sera dégagé des masures et constructions inutiles qui en obstruent la vue et l’accès ».
  3. L’orthographe de cette rue différa au cours des siècles et il existe une myriade d’orthographes différentes : Pesmegnie, Paistmaignie, Pestmaisnie, Pestmesnie, Pesmegnie, Pamesine et Pemesgnie. Ce serait le nom d’une famille qui avait son hôtel particulier à l’angle de la place Saint-Sauveur et de la rue Pémagnie.
  4. Elle se trouvait au débouché de la rue Pémagnie dans l’actuelle place Saint-Martin. Toutefois, l’axe actuelle de la rue, dans la perspective de la gare Saint-Martin, ne date que des années 1880-1890 ; on peut retrouver des traces de la première opération d’alignement grâce à la série d’immeubles de facture classique du côté paire de la rue jusqu’au n° 10, alors que côté impair on retrouve l’ancien tracé de la rue au niveau des n°13 et 15.
  5. Calibourg, orthographié aussi Calibort, est l’ancien nom du Faubourg Saint-Julien; on retrouve aujourd’hui encore une rue Calibourg, entre la rue des Cordeliers et la rue de Geôle.

Références

  1. a et b Desert 1981, p. 27
  2. a b et c Collet 1996, p. 53
  3. a b et c Gilles Henry, Caen au fil des ans, Charles Corlet,
  4. Gaston Lavalley, Caen, son histoire, ses monuments, E. Vallin,
  5. Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, 1933, t. 41, p. 290–292
  6. Ibid., pp. 104-113
  7. Henri Prentout, « La vie et l'œuvre des le Prestre. Maîtres maçons caennais. » dans le Bulletin de la Société des beaux-arts de Caen, Caen, Imprimerie Charles Valin, 1910, 11e volume, pp. 381–397 [lire en ligne]
  8. Louis Gosselin, « L'île Saint-Jean », Le mois à Caen, no 58,‎
  9. Desert 1981, p. 78
  10. Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, Caen, Bigot, années 1930–1931, t. 39, p. 499 [lire en ligne]
  11. Desert 1981, p. 105
  12. a et b Claude Quetel, « Un archétype de l'horreur carcérale : la Tour Chatimoine », Hors-série des Annales de Normandie, 1982, vol. 1, no 2, pp. 515–516
  13. a b et c Robert Patry, Une ville de province : Caen pendant la Révolution de 1789, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1983, pp. 12–13
  14. a et b Journal d’un bourgeois de Caen 1652-1733 [(fr) texte intégral (page consultée le 29 mai 2008)]
  15. Mémoires de l'Académie nationale des sciences, arts et belles-lettres de Caen, Caen, Henri Delesques, 1905, p. 171 [lire en ligne]
  16. Grégoire-Jacques Lange, op. cit., p. 338
  17. Pierre gouhier, Caen, Caennais, qu'en reste-t-il?, Éditions Horvath,
  18. Notice no PA00111127, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  19. « Caen : une muraille du Moyen-âge comme cadeau empoisonné » sur le site de France 3 Basse-Normandie [lire en ligne]
  20. Notice no PA00111194, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  21. Notice no PA00111141, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  22. a et b Notice no PA00111124, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  23. Desert 1981, p. 54
  24. a b et c Bulletin de la société des antiquaires de Nornandie, 1915, t. 30, pp. 415–422
  25. a et b Pierre-Daniel Huet, Les origines de la ville de Caen, revues, corrigées & augmentées, Rouen, Maurry, 1706, pp. 45–46
  26. Bulletin de la société des antiquaires de Nornandie, 1891, t. 15, p. 400
  27. Gervais de La Rue, Mémoires d'antiquités locales et annales militaires, politiques et religieuses de la ville de Caen et de la Basse-Normandie, Caen, Mancel, 1842, vol. 2, p. 353
  28. Georges Besnier, « La garnison de Caen au XVIIIe siècle », Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, 1948-1951, t.51, p. 296
  29. Gervais de La Rue, Essais historiques sur la ville de Caen et son arrondissement, Poisson, Caen, 1820, p. 181
  30. a b et c Guillaume-Stanislas Trébutien, Caen, son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs, Caen, F. Le Blanc-Hardel, 1870 ; Brionne, le Portulan, Manoir de Saint-Pierre-de-Salerne, 1970, p. 206
  31. Paul Dartiguenave,Michel Nicolle,Albert Robert, Les enfants de Saint-Louis, Turquant, Éditions Cheminements, 2009, p. 70 (ISBN 2-844787-85-1)
  32. Mémorial de Philippe Lamare, secrétaire de dom Gouget, bénédictin de l'abbaye de Fontenay, 1774-1788 : la vie provinciale en Normandie au XVIIIe siècle, Caen, L. Jouan, 1905, p. 176 [lire en ligne]
  33. Caen et la Seconde Guerre mondiale
  34. Philippe Lenglart, Le nouveau siècle à Caen, 1870-1914, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1989, pp. 62–63
  35. Ibid., pp. 97–98
  36. « "J'ai travaillé à la caserne Decaen dès 1959" », Ouest-France, édition de Caen, 18 février 2013
  37. « Rive droite : la maison de quartier déménage à la caserne Claude-Decaen » dans Ouest-France, édition de Caen, 31 janvier 2013
  38. Caen dessine son futur / Projet de ville 2000-2010, édition ems Management et société, Caen, 2000, p.83
  39. [PDF]ZAC Claude Decaen
  40. Ouest-France, édition de Caen, 5 mai 2011 [lire en ligne]
  41. Ouest-France, édition de Caen, 29 août 2011 [lire en ligne]
  42. « Le Pôle de vie de la rive droite inauguré joyeusement » dans Ouest-France, édition de Caen, 17 février 2013

Bibliographie

  • Christophe Collet, Caen, cité médiévale : bilan d'histoire et d'archéologie, Caen, Caen Archéologie, (ISBN 2951017502)
  • Gervais de La Rue, Essais historiques sur la ville de Caen et son arrondissement, Caen, (lire en ligne)
  • Gabriel Desert (dir.), Histoire de Caen, Privat,
  • A. Adam, « Une contribution à l'étude des anciennes fortifications de Caen : découverte d'une tour dans le jardin de la préfecture », Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, no LVIII,‎ 1965-1966, p. 433-437

Voir aussi

Liens externes

Articles connexes

Sur les autres projets Wikimedia :