Forteresse de Khotin

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Forteresse de Khotin
Image illustrative de l’article Forteresse de Khotin
La forteresse de Khotin
Nom local Хотинська фортеця
Début construction 1325
Propriétaire initial Voïvodes moldaves
Coordonnées 48° 31′ 19″ nord, 26° 29′ 54″ est
Pays Drapeau de l'Ukraine Ukraine
Région historique Oblast de Tchernivtsi
Localité Khotin
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
(Voir situation sur carte : Ukraine)
Forteresse de Khotin

La forteresse de Khotin (en ukrainien : Хотинська фортеця, Khotynska fortetsia ; en polonais : twierdza w Chocimiu ; en roumain : Cetatea Hotin) est une fortification de la ville de Khotin, en Ukraine. Elle est située sur la rive droite (sud) du Dniestr, dans l'oblast de Tchernivtsi.

Histoire

Avant la forteresse il y eut d'abord un fort en bois, construit au IXe siècle par les Iasses, qui commerçaient par le gué du Dniestr avec la Rus' de Kiev, alors gouvernée par le prince Vladimir Sviatoslavich, qui en construisit un autre en face, sur le rive gauche (nord). Ces deux forts en bois, Iasse et Russe, gardaient le gué situé sur d'importantes routes commerciales reliant la mer Baltique à la mer Noire, Kiev à la Hongrie et les basses terres de Polésie au plateaux moldaves et à la Podolie.

À la fin du XIe siècle, le fortin appartenait au voïvodat volokh d'Onut (aujourd'hui simple village du rayon de Zastavna, à l'ouest de Khotin), qui dans les années 1140, était vassal de la principauté de Halych, puis, en 1199 du royaume de Galicie-Volhynie[1]. Entre 1250 et 1264, le prince Daniel de Galicie et son fils Lev aident les voïvodes moldaves d'Onut à reconstruire la forteresse : ils y ajoutèrent un mur de pierre d'un demi-mètre et un fossé de 6 mètres de profondeur. Dans la partie nord de la forteresse, furent ajoutés de nouveaux bâtiments. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, elle fut reconstruite par les voïvodes moldaves de Baia, vassaux cette fois de la Hongrie.

La première forteresse en pierre fut construite en 1325 par ces mêmes voïvodes moldaves vassaux de la Hongrie, grâce à l'argent apporté par les marchands génois de la mer Noire. La fortification était située sur un promontoire rocheux, surplombant la rive droite du Dniestr. Elle était construite pour défendre le gué et la ville de Hotin. La première construction en pierre était plutôt petite. Elle était située sous la tour Nord d'aujourd'hui. Au fil des siècles, cette forteresse subit de multiples modifications et fut endommagée par de nombreux sièges[2].

Après l'indépendance de la Moldavie, en 1359, des améliorations furent réalisées dans les années 1380 puis 1460. Sous le règne de l'un de ses voïvodes, Étienne III le Grand, la Moldavie agrandit la forteresse et éleva des murs de 40 mètres de hauteur et 5 à 6 mètres d'épaisseur. Étienne le Grand ajouta aussi les trois autres tours et éleva le plancher de la cour intérieure de 10 mètres. La cour fut divisée en deux parties séparées pour les bêtes et l'armée, tandis que princes et officiers se tenaient dans les étages. De profonds souterrains furent aussi creusés, servant de baraquements et d'entrepôt. Après cette reconstruction, la forteresse acquit la structure que l'on peut voir maintenant. De 1359 à 1632, elle servit de point d'appui stratégique aux voïvodes moldaves.

En 1476, la garnison du fort tint tête à l'armée ottomane du sultan Mehmed II. En revanche, elle fut prise par les forces polono-lituaniennes sous la direction du Hetman Jean Tarnowski en 1538. Les canonnades de l'Union de Pologne-Lituanie affaiblirent les murs de la forteresse, détruisirent les trois tours et une partie du mur ouest. Après avoir été rendue aux voïvodes moldaves, la citadelle fut rénovée de 1540 à 1544. Au XVIe siècle, en 1563, Dimitri Wiśniowiecki avec 500 Cosaques zaporogues prit à nouveau brièvement la forteresse.

En 1600, le père de Petru Movilă, Simion Movilă et son frère Ieremia Movilă, voïvodes de Moldavie, se réfugièrent dans la forteresse de Khotin et s'y défendirent vainement contre le voïvode de Valachie, Michel Ier le Brave.

L'armée polonaise assaillit la forteresse en 1615 et l'armée turque en 1620. En septembre et octobre 1621, la coalition moldave (15 000 hommes) et polono-lituanienne (25 000 hommes sous le commandement de Petro Sahaïdatchnyi, 15 000 sous celui de Yatsko Borodavka et les 35 000 Cosaques du hetman Jan Karol Chodkiewicz) tinrent tête à l'armée entière du sultan turc Osman II lors de la Bataille de Khotin. Le 8 octobre 1621, Osman II signa le traité de paix de Khotin fixant la frontière entre l'Union de Pologne-Lituanie et l'Empire ottoman. Bien que la Moldavie fût alors vassale de l'Empire ottoman, elle avait combattu contre le sultan, et la forteresse fut attribuée à l'Union de Pologne-Lituanie pour dix ans, après quoi, une unité de janissaires turcs y fut stationnée à partir de 1632. Polonais et Turcs aussi aménagèrent et agrandirent la forteresse.

Bogdan Khmelnitski prit une fois de plus la forteresse pendant une courte période durant le printemps de 1650. En 1653, lors de la Bataille de Jvanets sur la rive gauche du Dniestr, la garnison ottomane de Khotin prit part à la bataille. En novembre 1672, la forteresse fut perdue par les Turcs, car Jean III Sobieski l'occupa avec une armée polonaise, ukrainienne (cosaques Zaporogues) et moldave. Mais l'Empire ottoman la reprit en décembre, en même temps qu'il annexa la Podolie cédée par l'Union de Pologne-Lituanie.

En 1699, alors que la Podolie revenait à la Pologne, la forteresse fut rendue à la Moldavie après le traité de Karlowitz. Mais en 1718, la forteresse, la ville et le comté de Hotin furent détachés de la Moldavie et annexés par l'Empire ottoman (Raya : marche militaire).

Rendue une dernière fois à la Moldavie en 1776 par les Autrichiens, la forteresse fut annexée par la Russie en 1812, en même temps que toute la Moldavie orientale nommée depuis lors Bessarabie. Elle tomba en ruine et le resta aussi bien sous la monarchie roumaine (1918-1940) que sous les débuts du régime soviétique ; des combats eurent encore lieu dans les parages entre Allemands et Russes durant la Première Guerre mondiale, entre Polonais, Français de l'armée Berthelot et Roumains d'un côté, bolchéviks de l'autre en 1919-1920, et entre Allemands et Soviétiques en et en , durant la Seconde Guerre mondiale.

La forteresse de Khotin fut enfin restaurée par les Soviétiques dans les années 1975-1980. Elle est considérée aujourd'hui comme l'une des sept merveilles d'Ukraine, tout en appartenant également au patrimoine historique de la république de Moldavie, de la Roumanie et de la Pologne.

Culture populaire

La forteresse de Khotin

La forteresse a été utilisée plusieurs fois dans des films de cape et d'épée, et a représenté maintes fois des châteaux français et anglais, servant de décor à des reconstitutions historiques. Plus récemment, la forteresse apparut dans le film russe Tarass Boulba, film basé sur le livre du même nom de Nicolas Gogol.

Voir aussi

Notes et références

  1. Onut était une cité médiévale, aujourd'hui village du raïon de Zastavna, à l'ouest de Khotin.
  2. Gheorghe Postica, Civilizatia veche feudala din Moldova [la civilisation féodale ancienne de Moldavie], Chisinau, Stiinta, 1995, p. 64-77. (ISBN 5-376-01634-X)