Fort de Charlemont

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Fort de Charlemont
Image illustrative de l’article Fort de Charlemont
Le fort de Charlemont vu de Givet

Type d’ouvrage place forte
Construction 1555
Utilisation Contrôle du cours de la Meuse
Appartient à Commune de Givet
Coordonnées 50° 08′ 09″ nord, 4° 48′ 13″ est
Géolocalisation sur la carte : Ardennes
(Voir situation sur carte : Ardennes)
Fort de Charlemont
Géolocalisation sur la carte : Champagne-Ardenne
(Voir situation sur carte : Champagne-Ardenne)
Fort de Charlemont
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Fort de Charlemont

Le fort de Charlemont est une place forte française située près de la frontière belge sur la Meuse. Elle domine la ville de Givet et contrôlait la vallée de la Meuse.

Sa construction a été décidée par Charles Quint en 1555, ayant obtenue la cession de Givet par les évêques de Liège.

Historique

En 1554, le roi de France Henri II lance trois armées contre les Pays-Bas espagnols et met le pays à feu et à sang. Une des armées dirigée par le duc de Nevers a pris Givet pour base de départ. Charles Quint demande au général Martin Van Rossem de diriger son armée sur Givet et d'en chasser l'armée française. À la suite de cette incursion, Charles Quint décide de construire un fort pour protéger Givet.

En octobre 1554, Charles de Berlaymont, gouverneur du comté de Namur, envoie à Givet un ingénieur italien, Donato Buoni Pellizuolli, et Jacques Du Brœucq pour choisir le meilleur site.

Le nom même de la forteresse (qui signifie le mont de Charles) vient de celui de l'empereur Charles Quint qui a fait acheter cette région (le Comté d'Agimont-Givet) par sa sœur Marie de Hongrie, afin de contrôler le couloir de la vallée de la Meuse.

Le fort, construit en période de guerre, aurait nécessité, à partir de l'année 1555, 3 000 ouvriers aidés de 20 000 fantassins et de 3 000 cavaliers.

En juillet 1555, l'armée française revient à l'assaut de la ville. Les canons tirent depuis le fort en construction. Guillaume d'Orange, nommé commandant de l'armée, tire de ces combats la conclusion qu'il faut agrandir le fort vers l'ouest. L'extension comprend des bastions à orillons protégeant des casemates ouvertes reprenant le plan du fort de Philippeville. L'extension est achevée en 1563-1564 sous la direction de l'ingénieur Jacques Van Oyen, neveu de l'ingénieur Sébastien Van Oyen, concepteur de Philippeville.

À la fin du XVIe siècle, jusqu'en 1675, les Espagnols construisent une seconde enceinte :

à l'est : une tenaille devant les hauts bastions construits par Pellizuolli,
à l'ouest : deux ouvrages à cornes devant les bastions de Trélon,
au nord : trois demi-lunes.

En 1680, le fort et la ville de Givet sont remis au roi de France Louis XIV, en exécution de la Paix de Ryswick.

À la fin du XVIIe siècle, Vauban complexifie et améliore les défenses de Givet et de Charlemont, cernant la ville de murailles.
Le fort fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [1].

Lors de la bataille de France, le fort accueille des pièces de 75 mm du 18e régiment d'artillerie divisionnaire et de 155 mm du 218e régiment d'artillerie lourde divisionnaire, appuyant ainsi le 116e régiment d'infanterie (le secteur relève de la 22e division d'infanterie) qui défend la Meuse[2]. Ce qui vaut au fort d'être bombardé le après-midi par les Allemands, trois des six pièces d'artillerie de 155 mm qu'il abrite sont détruites[3]. Le fort venait de s'opposer à une tentative de franchissement de la Meuse par une avant-garde de la 32. Infanterie-Division de Franz Böhme, dont le passage du fleuve doit être repoussé au lendemain[3]. Le lendemain le fort s'active ainsi à nouveau contre les attaques de la division allemande pour traverser la Meuse, causant de grand torts aux assaillants, si bien qu'Adolf Strauß (chef du II. Armee-Korps dont dépend la division allemande) réclame en milieu de matinée l'intervention de la Luftwaffe à l'encontre du fort[2]. Son artillerie qui n'a pas été détruite par celle de l'adversaire ou ce bombardement, évacue alors, privant l'infanterie de son support[2]. La revue allemande Signal de l'époque décrit « Les pièces de ces forts [de Givet], très mobiles, avaient jusque là, sensiblement retardé le passage des troupes allemandes [...] Seuls quelques mortiers sont encore en action. Leur feu ne suffit plus à contenir le flot de l'attaque allemande »[4]. Les Allemands, qui sont parvenus à traverser et progresser au nord et au sud de Givet, menacent la 22e DI qui se retire alors du fleuve, et au soir la défense du fort est en partie évacuée, celle demeurant est confiée au lieutenant Charpentier du 116e RI[2].

L’importance historique, paysagère et environnementale du site en font un site d'importance patrimoniale majeur pour le département des Ardennes.

Histoire récente

  • Le fort a été utilisé par les militaires (à partir de 1962) comme Centre d’entraînement Commando ; Le CEC avait repris les traditions du 9e régiment de zouaves. Les parcours nommés PAR comportaient des parcours d'aguerrissement, d’escalade, d’évasion, de combat urbain et autres.
  • À la suite de la réorganisation de la Défense voulu par le président Nicolas Sarkozy, le fort Charlemont a été cédé par les militaires à la commune en juillet 2009.

Valorisation patrimoniale

Dès 1999, la ville de Givet a - avec un objectif de développement du tourisme - travaillé à la mise en valeur du fort, avec notamment un projet d'éclairage (à la suite d'un projet dit « Vallée des Lumières ») proposé pour marquer l’an 2000. Ce plan d'éclairage destiné à illuminer la fortification la nuit a dû faire l'objet d'études environnementales affinées en raison d'un risque de pollution lumineuse pouvant dégrader l'environnement nocturne et mettre en péril des espèces menacées et/ou protégées
Le projet a pris du retard. Il a été relancé en 2001 après validation d'un plan de financement. Le travaux ont débuté - hors de la réserve naturelle et de la zone Natura 2000 - en avril 2006. À ce stade, l'objectif est d'éclairer la nuit (jusqu'au milieu de la nuit) une partie des remparts (de la citadelle, de la porte de France, du bastion faisant face à la Meuse). Les visites touristiques individuelles ne sont actuellement plus autorisées[5].

Intérêt environnemental

Fort de Charlemont

Comme de nombreux bâtiments et sites militaires anciens (n'ayant pas fait l'objet d'apports de nitrates, phosphates et pesticides agricoles), ce site offre un intérêt écologique et écopaysager.
L'intérieur du fort a été mal inventorié en raison de son caractère fermé et militaire, mais les habitats et espèces inventoriées à sa périphérie en font un site remarquable.


À ce titre, ce site peut être considéré comme un des éléments importants de la déclinaison régionale de la trame verte et bleue nationale.

Voir aussi

Bibliographie

  • Sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Le guide du Patrimoine: Champagne-Ardenne - p. 189-190 - Hachette - Paris - 1995 - (ISBN 978-2010209871)
  • Revue historique de l'Armée, numéro 2 (consacré au territoire ardennais), édité par le Ministère des Armées, Paris, 1961.
  • Philippe Seydoux, Gentilhommières et Maisons fortes en Champagne : Marne et Ardennes, t. 1, Éditions de La Morande, , 320 p. (ISBN 2-902091-30-3), p. 183.

Articles connexes

Liens externes

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Notes et références

  1. Notice no PA00078444, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. a b c et d Jean-Yves Mary, Le Corridor des Panzers, t. I, Bayeux, Heimdal, , p. 336-339
  3. a et b Jean-Yves Mary, Le Corridor des Panzers, t. I, Bayeux, Heimdal, , p. 260
  4. Revue Signal, cité par Jean-Yves Mary, Le Corridor des Panzers, t. I, Bayeux, Heimdal, , p. 337
  5. site de la communauté de commune sur les sites touristiques, précisant que le Fort de Charlemont ne se visite plus depuis le départ des militaires
  6. hectare
  7. ZNIEFF portant le N° régional : 01960002 ; et le numéro national : 210002014
  8. ZNIEFF portant le N° régional : 01960000 ; numéro national : 210002012
  9. décret n°99-154
  10. ONF, 2004, Document d’objectifs Natura 2000 – 2004-2009 « Pelouses, rochers et buxaie de la pointe de Givet »
  11. Plan de gestion de la réserve naturelle nationale de la pointe de Givet
  12. Voir page 7 du document du CSRPN (réunion du 21 juin 2006 sur les impacts environnementaux
  13. Biotop, 2006, comptage des Chiroptères dans le Fort de Charlemont, non publié, mais cité par un document intitulé Notice d’impact environnemental Projet de mise en lumière du Fort de Charlemont