Fides quaerens intellectum

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Fides quaerens intellectum (en français : « la foi cherchant l’intelligence ») est une expression latine exprimant succinctement une méthode théologique cherchant à rendre raison de la foi chrétienne par l’intelligence humaine. Formulée pour la première fois au XIe siècle, par saint Anselme de Cantorbéry elle fut souvent reprise par la suite.

Origine et histoire[modifier | modifier le code]

Le philosophe et théologien chrétien Anselme de Cantorbéry (1033-1109), moine bénédictin de l'abbaye du Bec puis évêque de Cantorbéry, utilise pour la première fois cette expression dans son Proslogion (II-IV). Elle articule la relation étroite existant entre Foi religieuse et Raison humaine. Le Fides quaerens intellectum est la clé de la pensée et de la réflexion philosophico--théologique de saint Anselme.

Mais pour Anselme tout se passe à l’intérieur de la foi. Ce qui concerne la religion et la théologie ne peut être compris que si suivant une démarche préalable de « foi », c’est-à-dire : de croyance en l’existence de Dieu. Il est possible, par la suite, de comprendre intellectuellement ce à quoi on croit déjà. La foi en Dieu, précède, logiquement comme chronologiquement, le travail de la raison humaine. En outre, la foi est une grâce, qui dépend de Dieu, et non de la volonté de l'homme[1].

Au XXe siècle[modifier | modifier le code]

Les relations entre la raison humaine et la foi chrétienne, et l’argument ontologique de Saint Anselme, ont fait l’objet de réflexions et débats tout au long de l’histoire. Récemment encore — dans les années 1930 — le théologien allemand Karl Barth relança un grand débat philo-théologique sur le Fides quaerens intellectum. Le philosophe français Étienne Gilson emploie plusieurs fois la formule de saint Anselme pour définir le travail du philosophe chrétien.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Karl Barth : « Fides quaerens intellectum » ; La preuve de l'existence de Dieu d'après Anselme de Cantorbéry, Delachaux et Niestlé (Bibliothèque de Théologie), Neuchâtel et Paris, 1958, 160 p. (cours donné à Bâle, en allemand en 1930).
  • Marilyn McCord Adams : « "Fides Quaerens Intellectum"; St. Anselm’s Method In Philosophical Theology », dans Faith and Philosophy, vol. 9 (1992), no 4.
  • Julien Bayart : « The Concept of Mystery According to St. Anselm of Canterbury », dans Recherches de Théologie ancienne et médiévale, vol. 9 (1937).
  • Michel Corbin : « La signification de l’unum argumentum du Proslogion », dans Anselm Studies, vol. 2 (1988).
  • Étienne Gilson : « Sens et nature de l’argument de saint Anselme », dans Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, vol. 9 (1934).
  • Alvin Plantinga : The Ontological Argument, from St. Anselm to Contemporary Philosophers, Garden City, New York, Anchor Books, 1965.
  • Katherine Rogers : « Can Christianity be Proven? Saint Anselm on Faith and Reason », dans Anselm Studies, vol. 2 (1998).

Références[modifier | modifier le code]

  1. Émile Bréhier, Histoire de la philosophie I, PUF, (ISBN 9782130523826), p. 495

Articles connexes[modifier | modifier le code]