Fethi Benslama

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Fethi Benslama
Fethi Benslama en 2015.
Fonctions
Directeur
UFR études psychanalytiques (d)
-
Directeur
UFR sciences humaines cliniques (d)
-
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (72 ans)
SalaktaVoir et modifier les données sur Wikidata
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Fethi Benslama (en arabe : فتحي بن سلامة), né le [4] à Salakta en Tunisie, est un psychanalyste franco-tunisien. Il fut professeur à l'université Paris Diderot, où il a dirigé l'UFR d’études psychanalytiques jusqu'en 2019.

Parcours[modifier | modifier le code]

Fethi Benslama s'installe en France en 1972 et fait des études de psychologie et psychopathologie à l’université Paris-Diderot et d'anthropologie à l’École des hautes études en sciences sociales, où il suit les cours de Georges Devereux.

Il exerce comme psychologue clinicien (1985-2000) dans une consultation de l’Aide sociale à l'enfance, expérience qu'il théorise dans des travaux concernant la « clinique de l’exil », en opposition à l’approche culturaliste. Il développe également des recherches sur la santé des migrants et leur rapport à la médecine moderne.

Il exerce également comme psychanalyste à partir de 1987.

Formation et parcours universitaires[modifier | modifier le code]

Il soutient en 1999, à l'université Paris-XIII, une thèse de doctorat en psychologie, intitulée « Fictions des origines en islam », sous la direction de Philippe Lévy[5] et devient maître de conférences à l’université Paris-VII, en 2000. Il soutient en 2003 une habilitation à diriger des recherches intitulée « Géopsychanalyse du sujet »[6], sous la direction de Danièle Brun, puis il est nommé professeur de psychopathologie clinique à l'université Paris-Diderot, en 2004[7]. Il dirige l'UFR d'Études psychanalytiques de cette université de 2011 à 2019[8]. Il a également dirigé l'équipe de recherche Subjectivité et globalisation du laboratoire universitaire Centre de recherche psychanalyse, médecine et société (CRPMS).

En 2010, il participe à la création, dans le cadre de l'université Paris-Diderot, de l'Institut des humanités de Paris dans la perspective du développement des recherches interdisciplinaires qu'il dirige.

Axes de recherches et activités éditoriales[modifier | modifier le code]

Fethi Benslama s'intéresse au fait religieux et à ses manifestations radicales dans une orientation psychanalytique et consacre ses recherches aux liens entre psychanalyse, migration, médecine ou encore religion. Il s'intéresse particulièrement à l'islam et à sa relation avec l'islamisme[9], et publie notamment La psychanalyse à l'épreuve de l'islam (2002) et Déclaration d'insoumission à l'usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas (2005). Il publie notamment, en 1988 La nuit brisée, ouvrage consacré à une approche de l'énonciation islamique. En réaction à la fatwa qui touche Salman Rushdie en 1989, il publie en 1994 un essai intitulé Une Fiction troublante, qui étudie l'ouvrage qui a provoqué la mise en cause de Rushdie, Les Versets sataniques. Une défense du « droit à la littérature » renouvelée après la tentative d'assassinat de l'auteur en 2022 dans un texte court, Le sacrifice de Rushdie (2023).

Il fonde les Cahiers Intersignes, revue transculturelle et transdisciplinaire, publiée de 1990 à 2003.

Engagements associatifs et institutionnels[modifier | modifier le code]

Fethi Benslama participe à la création du Parlement international des écrivains à Strasbourg. Il crée un lieu d’accueil et d’aide psychologique des étudiants étrangers, le Relais social international à la Cité internationale universitaire de Paris en 2000.

En 2004, il participe à la fondation du Manifeste des libertés et publie Déclaration d’insoumission à l’usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas (2005). Il préside l’Association Jenny Aubry dont les établissements s’occupent d’enfants en souffrance psychique, séparés de leurs parents et qui ont besoin de trouver une famille d'accueil.

Accusations[modifier | modifier le code]

Mediapart évoque une enquête ouverte à l’université Paris-Diderot en décembre 2018 à l'encontre de Fethi Benslama, accusé « par plusieurs femmes de comportements inappropriés, parfois qualifiés de harcèlement sexuel ». Celui-ci estime, selon la même source, qu'une enquête « permettra de mettre un terme à la campagne calomnieuse et diffamatoire » qu'il subit et affirme qu'il n'a « jamais commis le moindre délit »[10].

En octobre 2020, le procureur de la République classe l'affaire sans suite pour infraction insuffisamment caractérisée[11]. Selon Mediapart, une enquête menée par l'Inspection générale de l'Éducation, du sport et de la recherche « dans une ambiance extrêmement tendue, qui voit deux clans entre pro et anti-Benslama se déchirer », aboutit à un rapport au cours de l'automne 2019, lequel n'est pas rendu public. Fethi Benslama a dans l'intervalle pris sa retraite, peu après avoir été suspendu de l'université à titre conservatoire à l'été 2019[11].

Selon Le Monde, ces événements s'insèrent dans le cadre d'une lutte de pouvoir entre François Villa (lui aussi visé, à plusieurs reprises, par des accusations de harcèlement sexuel) et Fethi Benslama pour diriger Paris-VII, commencée en 2011[12].

Distinction[modifier | modifier le code]

Il siège à l'Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, en tant que membre actif de nationalité tunisienne non résident en Tunisie.

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Direction d'ouvrages[modifier | modifier le code]

  • La Virilité en Islam, en codirection avec Nadia Tazi, éd. de l'Aube, coll. « L'Aube poche essai », format Poche, rééd. 2004 (ISBN 2-7526-0015-1) (coll. « Cahiers Intersignes », 1998 (ISBN 2-87678-404-1))
  • L'Idéal et la cruauté, subjectivité et politique de la radicalisation, Fécamp, France, Nouvelles Éditions Lignes, 2015
  • États de la radicalisation, Le Genre humain, no 61, Paris, Le Seuil, 2019

Articles et chapitres[modifier | modifier le code]

  • L’ère des craintes, in Gisèle Chaboudez et Claire Gillie, Actualité de la psychanalyse, p. 131-133, Erès, 2014 (ISBN 9782749242729).
  • D’un délire du père, Revue française de psychanalyse, 2013/5, vol. 77, p. 1658-1664.
  • Le sexuel monothéiste et sa traduction scientifique, in Bertrand Piret & Jalil Bennani (dir.) Désirs et sexualités. D’une culture à l’autre, d’une langue à l’autre, p. 119-127, Erès, coll. « Arcanes », 2012 (ISBN 9782749216003).
  • Le corps en islam, in Michela Marzano (dir.), Dictionnaire du corps, PUF, 2007 (ISBN 978-2-13-055058-7)
  • De la responsabilité de l’annonce, Études freudiennes, Paris, 2005.
  • L’agonie pour la justice, Topique, 2007 (ISBN 978-2-84795-101-1)
  • Traductions des monothéismes (Entretien avec Jean-Luc Nancy), Cliniques méditerranéennes, 2006 (ISBN 2-7492-0591-3)
  • Le naturel et l’étranger, Quasimodo, no 6, « Fictions de l'étranger », printemps 2000, p. 107-114, [lire en ligne] [PDF].

Documents sonores[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Les musulmans sur le divan », JeuneAfrique.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. « Heureux comme un musulman en France », Jeune Afrique, no 1905,‎ , p. 58.
  3. « Fethi Benslama: «C’est en se pensant comme un humilié que le musulman va aller vers des attitudes arrogantes» », sur hebdo.ch (consulté le )
  4. La grande majorité des sources indiquent une naissance en 1951[1],[2],[3]. La fiche de l'International Standard Name Identifier indique cependant une naissance en 1961.
  5. Thèse de 3e cycle en psychologie, notice du Sudoc.
  6. Compte rendu de l'HDR, Recherches en psychanalyse, 2004/1, en ligne.
  7. Page institutionnelle, sur le site de l'université Paris Diderot
  8. Page de l'UFR d'Études psychanalytiques, consultée en ligne le 22 novembre 2015.
  9. Cf. Soren Seelow, Entretien avec Fethi Benslama, « Pour les désespérés, l’islamisme radical est un produit excitant », Le Monde, 12 novembre 2015, en ligne.
  10. Lenaïg Bredoux, « Un ponte de la psychanalyse visé par une enquête pour violences sexuelles », Mediapart,‎ (lire en ligne)
  11. a et b Lenaïg Bredoux, « Violences sexistes: à l’université, pas de sanction mais beaucoup de confusion », Mediapart,‎ (lire en ligne).
  12. Louis Chahuneau, « Une guerre de clans déchire le prestigieux département d’études psychanalytiques de l’université Paris-VII », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  13. [entretien] Weronika Zarachowicz, « De l'islamisme au surmusulman : quand la psychanalyse se penche sur les parcours sacrificiels », Télérama,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]