Ferdinand Walsin Esterhazy

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Marie Charles Ferdinand Walsin Esterházy
Ferdinand Walsin Esterhazy

Arme Infanterie
Conflits Guerre de 1870

Marie Charles Ferdinand Walsin Esterházy (16 décembre 1847 - 21 mai 1923) était un officier français, commandant au 74e régiment d'infanterie de ligne, dont la trahison a été à l'origine de l'affaire Dreyfus.

Caricature de Ferdinand Walsin Esterhazy

Avant l'affaire Dreyfus

Son grand-père, Jean Marie Auguste Walsin-Esterházy, né à Valleraugue dans le Gard, était le fils naturel de la comtesse Marie Anne Esterházy de Galántha[1] qui eut une liaison avec le marquis Jean André César de Ginestous gouverneur de la ville du Vigan. Il a été adopté par le Dr Walsin, le médecin français de la famille princière austro-hongroise[2]. Il a utilisé le nom d'Esterházy sans l'accord de la famille qui lui a intenté un procès, mais le tribunal lui a uniquement interdit de porter le titre de comte.

Né à Paris, Ferdinand est élevé en France et fréquente le lycée Bonaparte, aujourd'hui lycée Condorcet. Il rejoint ensuite le corps des zouaves pontificaux où il se mêle aux volontaires français. Il s'engage alors dans la Légion étrangère française avec laquelle il prend part à la Guerre de 1870[3]. En 1874, il est nommé officier d'ordonnance du général Grenier, à Paris, où il s'illustre par ses spéculations boursières et ses nombreuses liaisons. En 1877, il est affecté au Deuxième Bureau, chargé des renseignements sur les troupes ennemies. Il y fait la connaissance du capitaine Hubert-Joseph Henry.

Le 6 février 1886, Esterházy épouse à Paris Anne Marie de Nettancourt-Vaubécourt. C'est à partir de 1894 qu'il commence ses activités d'espion à la solde des Allemands. Lié à l'attaché militaire allemand von Schwartzkoppen, il lui fournit des renseignements, vraisemblablement pour éponger ses dettes.

Le procès et l'exil

En 1895 succédant au colonel Jean Sandherr, le colonel Georges Picquart découvre qu'Esterházy est l'auteur du bordereau de l’affaire Dreyfus, ce qu'il reconnaitra ultérieurement dans une lettre publiée par le quotidien Le Matin le 18 juillet 1899. La hiérarchie militaire tente d'étouffer l'affaire. Quelques mois plus tard, Le Figaro publie des extraits de lettres d'Esterházy à sa maîtresse Gabrielle de Boulancy. Dans l'une d'elles, il affirme rêver d’entrer à Paris à la tête d’un régiment de cavalerie et de « sabrer cent mille Français ».

En novembre 1897, Mathieu, le frère d'Alfred Dreyfus, écrit au ministre de la Guerre pour dénoncer Esterházy comme l'auteur du bordereau. Esterházy demande alors lui-même à être jugé. Il comparaît devant un tribunal militaire le 10 janvier 1898 à huis clos. Le conseil de guerre prononce à l'unanimité son acquittement. Zola publie alors son fameux J'accuse...!.

Remis en liberté le 12 août 1898 et réformé quelques jours plus tard, après la découverte du « faux Henry », il s'exile à Londres. Dans son récit publié par Le Matin en 1899, il affirme avoir écrit le bordereau « sous la dictée », en obéissance aux ordres de ses chefs. Selon l'historien Henri Guillemin, Esterházy aurait rédigé le bordereau à la demande de Jean Sandherr, directeur du contre-espionnage militaire français, le « Bureau de Statistique » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique, pour confondre le généralissime Félix Gustave Saussier, qui aurait été la source des informations transmises. C'est également la thèse de l'historien militaire français Jean Doise qui soutient qu'Esterházy était en fait un agent double utilisé par les services français pour « intoxiquer » les Allemands afin de détourner leur attention au moment précis de la création ultra-secrète du futur canon de 75 Modèle 1897. Mais Marcel Thomas, par une enquête implacable, Jean-Denis Bredin et Vincent Duclert montrent que la réalité est plus prosaïque et qu'Esterházy a tout simplement trahi pour l'argent.

En août 1899, alors que s'ouvre le procès de Rennes, qui condamne Dreyfus à dix ans de prison avec « circonstances atténuantes », Esterházy n'est pas convoqué. De 1903 à 1906, il est le correspondant en Angleterre du journal antidreyfusiste La Libre Parole. En 1908 il s'installe dans la ville de Harpenden, dans l'est de l'Angleterre, et dissimule son identité sous le nom du comte Jean de Voilemont. De 1911 à 1917, il rédige des articles pour le journal L'Éclair.

Il meurt en 1923 à Harpenden, sans avoir jamais été condamné.

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Notes et références

  1. Une branche de la famille Esterhazy avait fait souche au Vigan sous le règne de Louis XV. L'hôtel particulier existe toujours.
  2. Sur les origines voir : Péter Esterházy : « J'accuse » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique, en anglais dans The Hungarian Quarterly, no 53, printemps 1999.
  3. Joseph Reinach, Histoire de l'affaire Dreyfus, 1901

Généalogie

Voir aussi

Bibliographie

  • Henri Guillemin, L’énigme Esterhazy, éd. Gallimard, Paris, 1962.
  • Jean Doise, Un secret bien gardé. Histoire militaire de l'Affaire Dreyfus, éd. Le Seuil, Paris, 1994.
  • Henri Dutrait-Crozon, Esterhazy, éd. de l'Action française, Paris, 1906. (Ouvrage antidreyfusard et antisémite.)
  • Marcel Thomas, Esterhazy ou l'envers de l'affaire Dreyfus, éd. Vernal/Philippe Lebaud, 1989.