Faune (mythologie)

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Faune
Description de cette image, également commentée ci-après
Faune dansant, bronze d'Eugène-Louis Lequesne.
Créature
Nom latin Faunus
Groupe Créature mythologique
Caractéristiques corps mi-humain, mi-chèvre
Proches Satyre
Origines
Origines Mythologie romaine
Région Empire romain

Le faune est une créature légendaire de la mythologie romaine. Il est souvent confondu, car partageant des attributs communs, avec les satyres de la mythologie grecque.

Points communs avec les Grecs[modifier | modifier le code]

Chez les Romains, les faunes et les sylvains étaient, certes à quelques différences près, ce qu'étaient les égipans et les satyres (en fait des hommes-boucs) chez les Grecs. Dieux rustiques, avec une figure plus joyeuse, et surtout avec moins de brutalité dans leurs amours (ce qui est en fait un fantasme des Grecs vivant en ville, les vrais satyres étant plus proches des faunes d'après les vers d'Euripide[1]). Le pin et l'olivier sauvage leur étaient consacrés.

Famille/Description[modifier | modifier le code]

Les faunes passaient pour être fils ou descendants de Faunus[2], troisième roi d'Italie, lequel était, disait-on, fils de Picus ou de Mars, et petit-fils de Saturne. On les distingue des sylvains par le genre de leurs occupations qui se rapprochent davantage de l'agriculture. Cependant, les poètes prétendent qu'on entendait souvent la voix des faunes dans l'épaisseur des bois. Quoique demi-dieux, ils n'étaient pas immortels, mais ne mouraient qu'après une très longue existence.

Les faunes avaient, entre autres propriétés, celle de féconder les troupeaux et de les défendre contre les loups ; ils étaient associés à l'idée de riches récoltes, car ils étaient souvent représentés avec des grandes cornes d'abondance[3].

Représentations[modifier | modifier le code]

Dissonanz, Franz von Stuck (1910)

En sculpture, on voit des faunes qui ont presque tous la forme humaine, hormis la queue et les oreilles ; quelques-uns paraissent avec un thyrse ou une flûte, des percussions et un masque. Celui du palais Borghèse, ainsi désigné, est représenté jouant de la flûte. Généralement, le haut du corps est humain, souvent orné de cornes de caprinés.

La statue du Faune exposée dans la salle qui en tire son nom, dans le palais Neuf des musée du Capitole à Rome, a été retrouvée en 1736 et restaurée par Clemente Bianchi et Bartolomeo Cavaceppi. Elle fut achetée par le musée en 1746 et devint très vite l'une des œuvres les plus appréciées des visiteurs de ce siècle[3].

Divers[modifier | modifier le code]

Les sylvains demeuraient de préférence dans les vergers et les bois. Leur père était, paraît-il, un fils de Faunus, peut-être était-il le même dieu que le Pan des Grecs. D'ordinaire le dieu Sylvain est représenté tenant une serpe, avec une couronne de lierre ou de pin, son arbre favori. Quelquefois la branche de pin qui forme sa couronne est remplacée par une de cyprès, à cause de sa tendresse pour le jeune Cyparisse qui, selon certains auteurs, fut métamorphosé en cyprès, ou parce qu'il a le premier appris à cultiver cet arbre en Italie.

Culte[modifier | modifier le code]

Sylvain avait plusieurs temples à Rome, un en particulier sur le mont Aventin, et un autre dans la vallée du mont Viminal. Il en avait aussi sur le bord de la mer, d'où il était appelé Littoralis.

Ce dieu était l'épouvantail des enfants qui se plaisent à casser des branches d'arbres. On en faisait une sorte de croquemitaine qui ne laissait pas gâter ou briser impunément les choses confiées à sa garde.

La procession des Luperques, prêtres-loups, lors de la fête des Lupercales le 15 février, lui était dédiée.

Mises en rapport avec le culte de Bacchus, les faunes faisaient sans doute partie du cortège du dieu et sont représentés en état d'ivresse, en train de danser sous forme de « luron » ou d'« ivrogne », compagnons de Bacchus, plus proches du monde humain et bien détachés de leurs lointaines origines démoniaques[3].

Évocations dans les arts[modifier | modifier le code]

Culture antique[modifier | modifier le code]

Il existe une quantité de représentations artistiques des faunes dans les peintures, la sculpture et les fresques romaines, notamment à Pompéi[4]. La littérature antique les évoque également[1]. Il s'agit là de représentations contemporaines de la culture gréco-romaine, où ces personnages sont omniprésents dans le cadre du paganisme pré-chrétien.

Mais le thème du faune a largement été repris dans la culture occidentale bien après la chute de Rome, dans tous les arts, et même en architecture, où ils sont souvent un élément décoratif sous la forme de simples masques, ou agrémentent des architectures de jardins ou de parcs, sous la forme de thermes. L'époque moderne continue à utiliser ces représentations, même si elles n'ont qu'un lointain rapport avec les faunes gréco-romains.

Littérature moderne[modifier | modifier le code]

Un faune, huile sur toile du peintre hongrois Pál Szinyei Merse.

Le poète Stéphane Mallarmé fait d'un faune l'objet d'une de ses œuvres : L'Après-midi d'un faune (qui sera adaptée en musique par Debussy)[5].

Arthur Rimbaud a écrit un poème intitulé Tête de faune, publié en 1895[6].

Nathaniel Hawthorne dans son dernier roman (Le faune de marbre) évoque la figure du faune par le biais de son héros Donatello. C'est après avoir vu durant une exposition le faune de Praxitèle qu'il décide d'écrire sur cette figure.

Dans le livre Le Monde de Narnia et son adaptation au cinéma, M. Tumnus est un faune aux jambes, oreilles et cornes de chèvre.

Le poème Le faune de Paul Verlaine met également en scène un faune rieur, vu comme symbole d'un mauvais présage[7].

Albert Samain écrit un conte appelé, Hyalis, le petit faune aux yeux bleus en 1918[8].

« À côté de l’écu se tenait son écuyer, singulièrement travesti, en faune ou en quelque autre être fantastique, selon le goût de son maître et le rôle qu’il lui plaisait de prendre pendant la joute », - Homme dont l’apparence ou le comportement érotique évoque cette divinité sont décrits par Walter Scott (Ivanhoé[9]') et traduit de l’anglais par Alexandre Dumas (1820).

Dans le livre Le Dieu dans l'ombre de Megan Lindholm, pseudonyme de Robin Hobb, le faune incarne la définition type : un homme-bouc très porté sur les relations charnelles et usant de la nature. Présent essentiellement dans la deuxième partie du roman.

Peinture moderne[modifier | modifier le code]

Le peintre Pablo Picasso en fera plusieurs représentations, à l'aide de différentes techniques picturales (peinture, aquarelle[10], céramiques[11]), sous la dénomination « Tête de faune ».

Nymphe enlevée par un faune (1860) d'Alexandre Cabanel, Palais des Beaux-Arts de Lille[12].

Faune sifflant à un merle (1875) d'Arnold Böcklin.

Bande dessinée[modifier | modifier le code]

Dans la cinquième bande-dessinée de la série Broussaille de Frank Pé (Un Faune sur l'épaule, Dupuis, 2003)[13], le faune apparaît comme un guide pour le jeune héros désireux de rétablir les liens de notre monde contemporain avec la nature.

Cinéma[modifier | modifier le code]

En 1926, le cinéma portugais s'empare de ce thème avec le film O Fauno das Montanhas de Manuel Luís Vieira[14],[15].

Dans le film de Guillermo del Toro, Le Labyrinthe de Pan, sorti en 2006 et gagnant de trois Oscars, le maître du labyrinthe est un faune dans la version originale espagnole, et est associé à Pan dans les versions française et anglaise.

Dans Le Monde de Narnia : Le Lion, la Sorcière blanche et l'Armoire magique, James McAvoy interprète le faune M. Tumnus.

Le film d'animation français Mune : Le Gardien de la Lune, sorti en 2015, met en scène un personnage principal dont l'apparence s'inspire librement de celle des satyres, dans un univers de fantasy destiné à la jeunesse.

Jeux vidéo[modifier | modifier le code]

Dans Spyro the Dragon sur Playstation 1, le protagoniste est aidé d'un personnage féminin qui, a la question" Qu'est-ce que t'es, au juste, une espère de chèvre ?" lui répond "Je suis un faune, andouille !".

La série de jeux vidéo Diablo dépeint plusieurs clans de faunes (sous le nom « générique » de Goatmen) comme des ennemis servant Diablo et ses serviteurs.

Musique et danse[modifier | modifier le code]

Prélude à l'Après-midi d'un faune est une œuvre de Claude Debussy. En 1912, Vaslav Nijinski créa une chorégraphie sur cette musique où il danse lui-même le faune. Cette création des Ballets Russes de Diaghilev, avec des décors et des costumes de Léon Bakst, fit un certain scandale à l'époque. La chorégraphie a été reprise en 1980 par Rudolf Noureev[5].

Sculpture[modifier | modifier le code]

Dans La Porte de l'Enfer, Rodin place plusieurs faunes[16].

Satyre et bacchante (1833) de James Pradier, Palais des Beaux Arts de Lille[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Euripide, Les tragédies d'Euripide: traduites du grec, Pissot père et fils., (lire en ligne).
  2. Yves Denis Papin, Connaître les personnages de la mythologie, Editions Jean-paul Gisserot, (ISBN 978-2-87747-717-8).
  3. a b et c Commune di Roma, Les musées capitolins, guide, pp. 59-60..
  4. « La maison du Faune », sur Pompéi: la ville et ses mystères, (consulté le ).
  5. a et b Pascal Caron, Faunes: poésie, corps, danse, de Mallarmé à Nijinski, H. Champion, (ISBN 978-2-7453-1429-1).
  6. « Poésies (Rimbaud)/éd. Vanier, 1895/Tête de faune », sur fr.m.wikisource.org (consulté le ).
  7. « Le faune », sur paul-verlaine.fr (consulté le ).
  8. Hyalis, le petit faune aux yeux bleus, Paris : A. Ferroud-F. Ferroud, (lire en ligne).
  9. Walter Scott, Ivanhoé, BeQ.
  10. (en) Tête de faune - Christie's, mai 2017.
  11. (en) Pablo Picasso, Tête de faune (Faun's Head), 1948 - Masterworks Fine Art Gallery.
  12. « Nymphe enlevée par un faune - Alexandre Cabanel | Musée d'Orsay », sur musee-orsay.fr (consulté le ).
  13. « Broussaille -5- Un faune sur l'épaule », sur bedetheque.com (consulté le ).
  14. « O Fauno das Montanhas (Court-métrage 1926) - IMDb » (consulté le ).
  15. (pt) « O Fauno das Montanhas », sur Museu de Lisboa (consulté le ).
  16. « Accueil | La Porte de l'Enfer », sur enfer.musee-rodin.fr (consulté le ).
  17. « Accueil | Satyre et bacchante (1833) de James Pradier, Palais des Beaux Arts de Lille », sur pba-lille.fr (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]