Farouk (roi d'Égypte)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Farouk
فاروق الاول
Illustration.
Le roi Farouk en 1948.
Titre
Roi d'Égypte et du Soudan[N 1]

(16 ans, 2 mois et 28 jours)
Couronnement [1]
Régent Mohammed Ali Tewfik (1936-1937)
Président du Conseil Moustapha el-Nahhas Pacha
Mohammad Mahmoud Pacha
Ali Mahir Pacha
Hassan Sabri Pasha
Hussein Sirri Pacha
Ahmad Mahir Pacha
Mahmoud al-Noukrachi Pacha
Isma'il Sidqi
Ibrahim Abdel Hadi Pacha
Ahmad Najib al-Hilali
Prédécesseur Fouad Ier
Successeur Fouad II
Biographie
Hymne royal Salam Affandina (en)
Dynastie Méhémet Ali
Nom de naissance Farouk Fouad
Date de naissance
Lieu de naissance Le Caire (Égypte)
Date de décès (à 45 ans)
Lieu de décès Rome (Italie)
Nationalité égyptienne (1920-1958)
monégasque (1959-1965)
Père Fouad Ier
Mère Nazli Sabri
Fratrie Fathia Ghali
Conjoint Farida d'Égypte (1938-1948)
Narriman Sadek (1951-1954)
Enfants Princesse Farial Farouk
Princesse Fawzia Farouk
Princesse Fadia Farouk
Fouad II

Signature de Faroukفاروق الاول

Farouk (roi d'Égypte)
Monarques d'Égypte

Farouk (en arabe : فاروق الأول), né le au Caire et mort le à Rome, est l'avant-dernier roi d'Égypte et le dixième souverain de la dynastie de Méhémet Ali.

Il succède à son père Fouad Ier le et règne jusqu'au , date à laquelle il est renversé, puis remplacé par son fils Fouad II. Il meurt treize ans plus tard en exil en Italie. Sa sœur, Faouzia Fouad, est la première épouse et la reine consort (Maleke) du dernier chah d'Iran, Mohammad Reza Pahlavi.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et éducation[modifier | modifier le code]

Le prince Farouk et ses soeurs les princesses Fawzia, Faiza et Faika au palais Al-Qibba, dans les années 1920.

Farouk est le fils du sultan et plus tard roi Fouad Ier d'Égypte et du Soudan et de sa deuxième épouse, Nazli Sabri. également l'arrière-arrière-petit-fils de Méhémet Ali lequel est d'origine albanaise[2]. Il possède également des origines ottomanes, grecques, circassiennes et françaises[3],[4],[5],[6]. En plus de ses sœurs, Faouza, Faiza, Faika et Fathia, il a deux demi-frères et sœurs issus du mariage précédent de son père à la princesse Shwikar Khanum Effendi.

Le prince Farouk en 1933.

Le roi Fouad prend grand soin de l'éducation de son fils Farouk, lequel est donc entouré d'un cercle comprenant sa mère Nazli et ses sœurs, en plus de la nurse anglaise, Miss Ina Taylor.

Farouk devint prince héritier et son père le titre prince de Haute-Égypte le 12 décembre 1933. Avant la mort de son père, il se rend au Royaume-Uni accompagné d'un aréopage chargé de prendre soin de lui (médecin, enseignants, gardes...) et est éduqué à l'Académie royale militaire de Woolwich, au Royaume-Uni.

Farouk durant ses études en Angleterre, en 1936.

Roi d'Égypte[modifier | modifier le code]

En attendant sa majorité (18 ans), un conseil de tutelle, choisi par le roi Fouad avant sa mort survenue le 28 avril 1936, est chargé d'administrer le pays.

Lors de son couronnement le 29 juillet 1937, le roi Farouk, âgé de seize ans et extrêmement populaire, s'adresse à son peuple à la radio, une première pour un souverain égyptien. Son accession au trône est encouragée tant par la population que par la noblesse. Dès son accession à la tête du pays, Farouk cherche, comme son père, à défendre les prérogatives de la couronne contre le parti Wafd.

Farouk en 1948

Sa popularité a pour base son caractère très pieux : il contre le parti laïque du Wafd et s'appuie sur les Frères musulmans et le parti Jeune Égypte qui prônent le renforcement du lien entre le monde arabe et l'Égypte, ainsi qu'une dimension religieuse islamique dans le gouvernement.

Farouk aime beaucoup le style de vie royal. Bien que possédant déjà des milliers d'hectares de terres, des douzaines de palais et des centaines de voitures, le jeune roi se rend souvent en Europe pour de grandes tournées d'achats, suscitant la colère de nombre de ses sujets dont la majorité est extrêmement pauvre et privée de droits[7].

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Carte postale rendant hommage au traité d'alliance et d'amitié anglo-égyptienne signé le 18 novembre 1936 et qui sera aboli en 1951.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, il est favorable à l'Axe mais, en application du traité anglo-égyptien de 1936 et à la suite de l'incident du palais d'Abedin en 1942, il engage son pays à soutenir en tant qu'allié l'effort de guerre britannique.

Le , il survit à un grave accident de la route, qui a de sérieuses répercussions sur son caractère et est « à l'origine de sa longue déchéance, déchéance d'autant plus tragique qu'elle entraîne dans son sillage la chute de sa dynastie »[8].

Le roi Farouk à la Chambre des représentants écoutant le discours de Moustapha el-Nahhas Pacha (1937).

Durant les épreuves de la Seconde Guerre mondiale, des critiques sont exprimées contre son style de vie fastueux. Sa décision de garder toutes les lumières allumées dans son palais d'Alexandrie à un moment où la ville est plongée dans l'obscurité en raison des bombardements allemands et italiens est jugée particulièrement offensante par certains. En raison de l'occupation durable de l'Égypte par les Britanniques, de nombreux Égyptiens, y compris Farouk, sont bien disposés vis-à-vis de l'Allemagne et de l'Italie. Ainsi, malgré la présence de troupes britanniques, l'Égypte reste officiellement neutre jusqu'à la dernière année de la guerre. Les fonctionnaires italiens en place en Égypte ne sont pas inquiétés. Si l'Égypte est théoriquement indépendante, les Anglais continuent à y exercer trop de responsabilités, l'indépendance ressemblant fort à une colonisation déguisée. Ce ressentiment explique que le royaume d'Égypte finit par déclarer la guerre à l'Allemagne et au Japon, tardivement, le 26 février 1945, soit juste avant la date limite fixée par les « Trois Grands » au 1er mars 1945, afin d'être admise à participer, comme membre fondateur de la nouvelle organisation de l'ONU, à la conférence de San Francisco[9].

Vers l'abdication[modifier | modifier le code]

Farouk Ier dans le train royal, en 1947.

Le roi Farouk est considéré comme un playboy corrompu, dépensier et incompétent, de plus redevable à une puissance étrangère occupante[7]. Pendant les dernières années de son règne, la corruption atteint une ampleur sans précèdent[10]. Cette corruption, la poursuite de l'occupation militaire britannique et la défaite égyptienne lors de la guerre israélo-arabe de 1948 amènent un coup d'État militaire et le , salué par les Égyptiens et une grande partie du monde comme un acte d'émancipation[7].

Farouk est contraint d'abdiquer par le conseil révolutionnaire mené par Gamal Abdel Nasser et Mohammed Naguib en faveur de son fils nouveau-né, Fouad II, alors âgé de six mois. Une période de transition d'un an commence (régence), la république est proclamée l'année suivante.

Fin de vie[modifier | modifier le code]

« Monarque déchu, barbichu, ventripotent et embagousé[11] », il embarque pour l'exil à bord de son yacht, d'abord pour Monaco, puis en Italie, à Rome et à Capri. En 1959, il reçoit la nationalité monégasque[12] puis un passeport diplomatique en 1960. Sa fille aînée, la princesse Feryal, révélera dans une émission télévisée avec MBC en septembre 2007 que son père n'était pas argenté mais recevait des avantages financiers annuels de la famille royale saoudienne en raison de l'amitié qui le liait au fondateur du royaume, le roi Abdelaziz ibn Saoud.

Mort[modifier | modifier le code]

Farouk meurt dans la nuit du (année 1384 de l'Hégire) à une heure du matin, après avoir dîné gras (huîtres, homard, veau, frites, gâteaux...) au restaurant « Île de France » à Rome. Les médecins italiens ont considéré sa surcharge pondérale et son hypertension pour conclure à un rétrécissement des artères à cause de mauvaises habitudes alimentaires - que tout le monde lui connaissait[13] - qui lui ont été fatales. La famille a refusé que soit pratiquée une autopsie et s'est rangée à cet avis.

Sépulture[modifier | modifier le code]

Le vœu du roi Farouk était d’être enterré dans la mosquée Al-Rifai en Égypte mais le président Nasser refuse de répondre favorablement à la demande de la famille. Des préparatifs ont donc été faits pour son enterrement à Rome. Après une médiation, Nasser accepte cet enterrement en Égypte mais stipule que Farouk ne peut pas être enterré dans les cimetières de la mosquée Al-Rifai. Le 31 mars 1965, le corps du roi Farouk arrive en Égypte pour être enterré de nuit et dans le plus grand secret à Hosh al-Basha.

Dans les années 1970, le président Sadate accède à la demande de la famille en autorisant le transfert des restes du roi Farouk au cimetière de la mosquée Al-Rifai, là encore de nuit et sous haute surveillance, où ils ont été inhumés à côté de ceux de son père le roi Fouad et de son grand-père, le khédive Ismaïl.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Portrait officiel du roi Farouk et son épouse la reine Farida et leur fille la princesse Feryal, v. 1938-1939.

D'ascendance notamment albanaise, il compte parmi ses ancêtres Soliman Pacha, un Français converti à l'islam.

Le , il épouse Safinaz Zulfikar (Farida d'Égypte), au Caire. Elle prend le nouveau nom de Farida, conformément à la tradition selon laquelle les membres de la famille doivent porter les mêmes initiales. Trois filles naissent de cette union : la princesse Feriyal, la princesse Fawzia[14] et la princesse Fadia. Après la naissance de sa troisième fille, Farouk répudie Farida le .

En mai 1951, il épousa Narriman Sadek et ont un fils qui deviendra le roi Fouad II. Mais, peu après son abdication, le couple divorce[15]. En 1956, il se montre un peu trop avenant avec la chanteuse italienne-égyptienne et française Dalida lors d'un gala à la villa d'Este et se prend une gifle en public[16].

Parmi les nombreuses maîtresses qu'on lui connaît, dont la Française Annie Berrier, et son goût prononcé pour les femmes juives comme l'actrice égyptienne Camelia[17], Irene Guinle et l'écrivain (en) Barbara Skelton (1916-1996) sont considérées comme les maîtresses officielles de Farouk[17],[18],[19],[20]. Cette dernière indique plus tard que le roi Farouk avait un comportement très adolescent, qu'il n'avait pas l'étoffe pour être un grand roi mais qu'il était doux, avait du sang-froid et un bon sens de l'humour[21].

Décorations étrangères[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Christmas Pudding (téléfilm), épisode de Hercule Poirot.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Adel Sabet, Farouk, un roi trahi, Éditions Balland, 1990.
  • Gilbert Sinoué, Le colonel et l'enfant-roi : Mémoires d'Égypte, Éditions JC Lattès, 2006, (ISBN 2709624990).
  • Caroline Kurhan, Le roi Farouk : Un destin foudroyé, Paris, Éditions Riveneuve, 2013, 232 pages[23].
  • Tobie Nathan, Ce pays qui te ressemble, Stock, 2015.
  • (en)Skelton, Barbara. Tears Before Bedtime London: Hamish Hamilton, 1987
  • (en)Skelton, Barbara. Weep No More London: Hamish Hamilton, 1989

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Roi d'Égypte jusqu'au .

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Crowning moment », sur ahram.org.eg via Internet Archive (consulté le ).
  2. Méhémet Ali est né dans l'actuelle Macédoine qui était alors territoire ottoman.
  3. (en) Arthur Goldschmidt, Biographical dictionary of modern Egypt, L. Rienner, (ISBN 1-58826-985-X), p. 191
  4. (en) Hugh Montgomery-Massingberd et David Williamson, Burke's royal families of the world, Burke's Peerage, 1977-<1980> (ISBN 0-85011-029-7), p. 287
  5. (en) Michael Collins Dunn, « Weekend Nostalgia: When Talaat Harb Street and Square were Suleiman Pasha », sur MEI Editor's Blog, (consulté le )
  6. (en) Lesley Kitchen Lababidi, Cairo's street stories : exploring the city's statues, squares, bridges, gardens, and sidewalk cafés, (ISBN 978-1-61797-514-1), p. 141
  7. a b et c (en-US) « The Slow Disappearance of Queen Fawzia », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  8. Caroline Kurhan, Le roi Farouk, un destin foudroyé, Delphine Froment, lesclesdumoyenorient.com, 13 juin 2013.
  9. Jean Bach-Thai, Chronologie des relations internationales de 1870 à nos jours, Éditions des relations internationales, , p. 176
  10. Les Pharaons de l'Egypte moderne, Arte,
  11. Jean-Pierre Dufreigne, « Egypte - La passion - Les mille et une nuits de Farouk, dernier roi d'Egypte », L'Express, no 1369,‎ , p. 91
  12. « Août 1952 - Farouk, un roi en exil », parismatch.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Time Inc, LIFE, Time Inc, (lire en ligne), p. 112
  14. Ne pas confondre avec sa tante, la sœur de Farouk, Fawzia d'Égypte, qui épousa le chah d'Iran.
  15. (en) Robert Morgan, History of the Coptic Orthodox People and the Church of Egypt, FriesenPress, , 536 p. (ISBN 978-1-4602-8027-0, lire en ligne)
  16. Patrick TALHOUARN, « Culture 10 choses à savoir sur Dalida », sur vsd.fr (consulté le )
  17. a et b Gilbert Sinoué, Le colonel et l'enfant-roi, JC Lattès, (ISBN 978-2-7096-3112-9, lire en ligne)
  18. (en)Stadiem, William Too Rich The High Life and Tragic Death of King Farouk, New York: Carroll & Graf, 1991, p. 74
  19. (en) Rachel Cooke, « Moreish memoirs from a glorious femme fatale », sur the Guardian, (consulté le )
  20. Alan Geday, « La danse du roi Farouk d’Égypte, 1950 | Alan Alfredo Geday », sur www.alanalfredogeday.com, (consulté le )
  21. Stadiem, op. cit., p. 76
  22. Michel Wattel et Béatrice Wattel (préf. André Damien), Les Grand’Croix de la Légion d’honneur : De 1805 à nos jours, titulaires français et étrangers, Paris, Archives et Culture, , 701 p. (ISBN 978-2-35077-135-9), p. 444.
  23. Caroline Kurhan, Le roi Farouk, Un destin foudroyé, Delphine Froment, lesclesdumoyenorient.com, 13 juin 2013.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]