Fanny (film, 1932)

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Fanny
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Le Vieux-Port et le pont transbordeur (1935).
Réalisation Marc Allégret
Scénario Marcel Pagnol
d'après sa pièce
Musique Vincent Scotto
Acteurs principaux
Sociétés de production Les Films Marcel Pagnol
Les Établissements Braunberger-Richebé
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Comédie dramatique
Mélodrame
Durée 140 minutes (h 20)
Sortie 1932

Série

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Fanny est un film français réalisé par Marc Allégret, sorti en 1932, écrit par Marcel Pagnol d'après sa pièce éponyme.

Fanny est le deuxième volet de la trilogie marseillaise après Marius sorti en 1931 et avant César, sorti en 1936.

Synopsis[modifier | modifier le code]

L'action se déroule entièrement sur le Vieux-Port de Marseille de l'entre-deux-guerres, où Marius (Pierre Fresnay), fils de César (Raimu), a noué une aventure amoureuse avec Fanny (Orane Demazis), la fille de la voisine marchande de poissons, Honorine (Alida Rouffe). Attiré par la mer et peu conscient de ses vrais sentiments amoureux pour sa fiancée, Marius est en train de réaliser son rêve : naviguer sur les mers et parcourir le monde.

Marius vient juste de prendre le large, à bord d'un navire de mesure océanographique qui parcourt la planète pour de très longs mois, sans prévenir personne, ni même sa bienaimée Fanny. Son père, César, passe ses journées à guetter le facteur mais dissimule son inquiétude et son chagrin. Après quelque temps à échanger vertement avec ses comparses, César reçoit enfin une lettre de son fils. Fanny est profondément meurtrie par le simple « bonjour » qui lui est adressé en toute fin du courrier. Fanny consulte un médecin car ses forces la quittent depuis quelque temps et il lui apprend qu'elle est enceinte. Pour ne pas déshonorer sa famille et sur pression de mère Honorine, elle se voit contrainte d'accepter d’épouser Panisse (Charpin), un cinquantenaire qui la courtise depuis son adolescence.

Le commerçant Panisse apprend que sa future épouse porte l’enfant d’un autre mais il ne lui reproche rien, bien au contraire. Elle pense qu'il fait ça pour elle, par pitié. Il lui répond « « Pitié ? Qué pitié ? Alors, tu n’as pas compris ce que je t’ai dit ? Fanny, je te jure que jamais un homme n’a fait une action aussi égoïste que moi en ce moment. Je me fais plaisir, voilà la vérité. Ses enfants, bien entendu, il vaut mieux se les faire soi-même ; mais quand on attrape la cinquantaine, qu’on n’est pas bien sûr de réussir, et qu’on en trouve un tout fait, eh bien, on se le prend sans avertir les populations. Je ne te pose qu’une condition, Fanny : c’est que tu ne dises à personne, même pas à ta mère, que tu me l’as dit. Comme ça, je pourrais prendre l’air que cet enfant est à moi, devant tout le monde. » ».

Ainsi, le nouveau né entre dans l'existence avec des parents légitimes et après un temps de reproches, César se félicite tout de même d'être « parrain ». La situation se complique quand Marius rentre de son périple. Quelques mois après le mariage et la naissance du bébé Césariot, Marius qui, durant son voyage lointain, a pris tardivement conscience de ses profonds sentiments amoureux pour Fanny, est de passage à Marseille. Il cherche à reconquérir Fanny, toujours amoureuse de lui et à reprendre son enfant. Mais Fanny et César, son père, l'en dissuadent au nom de l'honneur, de la sécurité et de l'avenir de l'enfant. Marius semble accepter la clandestinité de sa paternité, pour éviter que le scandale rejaillisse sur toutes les personnes impliquées.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Non Crédités :

Appréciation[modifier | modifier le code]

À sa sortie, Fanny obtient un succès encore plus vif que celui de Marius, film ayant déjà contribué à la notoriété de Marcel Pagnol et confirmé la popularité de Raimu, un an auparavant. Si une partie de la critique, nostalgique du cinéma muet moribond s'en prend au film car le premier long-métrage parlant français ne date que de 1930, Jean Renoir le défend en ces termes : « Le cinéma tout court existait avant le parlant. Pas pour Pagnol. La parole lui est aussi indispensable que la couleur à Michel-Ange.[...] Le dialogue nous révèle un des nombreux secrets de l'être humain. Dans cette entreprise de découverte de l'homme, Pagnol est roi. Tout ce qu'il nous dit sur une scène ou dans un film concourt à nous révéler l'essentiel des êtres[1] ». François Mauriac loue également la qualité du dialogue :« d'un naturel qui m'a charmé et, en plus d'un endroit, j'y suis allé d'une larme. »[2]

« Orane Demazis a été Fanny elle-même, tellement Fanny que nous ne pourrions pas l'imaginer différente. L'émotion profonde avec laquelle elle a lancé, au dernier tableau, le couplet sur la naissance de l'enfant, a magnifié sa création. Si l'ombre de Réjane erre encore sur le proscénium, elle a dû frémir de joie. »

— René Fauchois, Fanny, Fasquelle, 1946

Autour du film[modifier | modifier le code]

Chef-d'œuvre du cinéma français, cette comédie psychologique, morale et sociale, sur le thème dramatique des filles-mères, en un temps où les femmes se retrouvent perdues en cas d'enfant à élever seules, est en même temps un remarquable document sur le Vieux-Port de Marseille et sur les mœurs de l'époque.

Adaptations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les Années Pagnol, textes réunis par Pierre Lagnan, FOMA Éditeur, 1989 (ISBN 9782880031299)
  2. François Mauriac, "On n'est jamais sûr de rien avec la télévision". Chroniques 1959-1964, Paris, Bartillat, (ISBN 978-2-84100-428-7), p. 112

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]