Extinction massive

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Une extinction massive ou grande extinction, appelée aussi crise biologique, est un événement relativement bref à l’échelle des temps géologiques (quelques millions d’années maximum) au cours duquel au moins 50 % des espèces animales et végétales présentes sur la Terre disparaît. Ces trois critères (durée relativement brève, répartition géographique mondiale et importante chute de la biodiversité) sont cependant sujets à débat car les enregistrements paléontologiques sont incomplets, essentiellement marins, soumis à des biais d'échantillonnage et l'estimation de la durée de l'extinction est imprécise[1].

Ces crises majeures ont souvent été l'occasion de transitions entre des formes de vie dominantes. Si l'on ne compte pas ces périodes d'extinction, le taux de disparition est de 2 à 5 familles par million d'années[réf. souhaitée].

Origine du concept

Les phases d'extinctions et celles de renouvellement des faunes et des flores au cours des temps géologiques ont été suggérées à partir du XVIIIe siècle par deux grands noms du domaine : Georges-Louis Leclerc de Buffon et Georges Cuvier. Cuvier défendait la théorie du catastrophisme, tandis que d'autres, comme Charles Lyell étaient uniformitaristes, c'est-à-dire qu'ils pensaient que les choses se faisaient lentement, sans à-coups.

Par la suite, le catastrophisme fut négligé, puis relancé au XXe siècle : des phases d'extinctions et crises biologiques par catastrophisme furent ainsi envisagées par Newell en 1963. Les travaux de Walter Alvarez, qui travailla sur la limite entre Crétacé et le Tertiaire au début des années 1980, firent apparaître la théorie de l'impact météoritique.

Épisodes d'extinction massive

HolocènePaléocèneCrétacéTriasPermienCarbonifèreDévonienSilurienOrdovicienOrdovicienCambrien

Depuis que la vie est apparue sur Terre, ces extinctions normales ont été ponctuées par six épisodes majeurs d'extinction et un septième pourrait être en cours :

  1. Il y a 500 Ma, à la limite du Cambrien et de l'Ordovicien, l'extinction du Cambrien a éliminé beaucoup de brachiopodes, conodontes, et un grand nombre d'espèces de trilobites.
  2. Il y a 435-440 Ma, à la limite entre l'Ordovicien et le Silurien, deux extinctions massives se produisent, peut-être suite à une grande glaciation qui aurait entraîné des désordres climatiques et écologiques rendant difficile l'adaptation des espèces et écosystèmes au recul de la mer sur des centaines de kilomètres, puis à son retour en fin de phase glaciaire.
  3. Il y a 365 Ma, l'extinction du Dévonien élimine 70 % des espèces, non pas brutalement, mais en une série d'extinctions sur une période d'environ 3 Ma.
  4. Il y a 245-252 Ma, l'extinction du Permien-Trias est la plus massive. Près de 95 % de la vie marine disparaît ainsi que 70 % des espèces terrestres (plantes, animaux).
  5. Il y a 200 Ma, l'extinction du Trias-Jurassique marque la disparition de 75 % des espèces marines, et de 35 % des familles d’animaux. Fracturation de la Pangée.
  6. Il y a 65 Ma, les extinctions du Crétacé tuent 50 % des espèces, dinosaures non-avien compris.
  7. Depuis 13 000 ans, l'extinction de l'Holocène est provoquée par la colonisation de la planète par l'être humain ; elle est parfois surnommée la sixième Extinction par des scientifiques (par exemple Paul Ehrlich ou Robert Pringle de l'université de Stanford, Californie) repris par des journaux[2] [3], bien que pour le moment ses dégâts en nombre d'espèces soient considérablement inférieurs aux cinq autres. La notion de désextinction est par ailleurs apparue au contraire dans les conférences TED[4]. Une inconnue est cependant la taille minimale que doit avoir une population pour échapper au risque de dégénérescence par excessive consanguinité.

On connaît quelques extinctions moins massives, comme celle du milieu du Trias il y a 225 Ma, qui élimina une forte proportion des reptiles mammaliens alors dominants, et laissa le champ libre aux dinosaures, ou l'extinction du Trias-Jurassique il y a 195 Ma qui tua 20 % des espèces marines, la plupart des diapsides et les derniers des grands amphibiens.

Théories et débats

Les causes des extinctions massives ont trois origines : biologique (appauvrissement génétique, pression de prédation), terrestre (volcanisme, variations eustatiques, changements climatiques) et extra-terrestre (impact de météorite, augmentation des rayons cosmiques, hypothèse Némésis, théorie de Civa (en)). Ces causes peuvent se conjuguer et de nouvelles théories sont régulièrement proposées, ce qui suscite de nombreux débats.

La théorie volcanique invoque des périodes de volcanisme intense le long des failles continentales qui incluent des éruptions assez puissantes pour envoyer plusieurs milliards de tonnes de roches en orbite basse. Cette théorie expliquerait la périodicité des extinctions massives ainsi que la coïncidence apparente de tels événements avec un volcanisme intense et des traces d'impacts de météorites.

Une autre théorie implique une variation de la chimiocline suite à un réchauffement global de la planète, lui-même induit par le dégagement important de dioxyde de carbone lors d'une phase de volcanisme intense. La chimiocline atteignant la surface de l'océan, de grandes quantités de sulfure d'hydrogène sont libérées dans l'atmosphère. Les nuages de ce gaz toxique peuvent tuer plantes et animaux soit directement, soit indirectement en détruisant la couche d'ozone. Ce serait ce processus qui serait à l'origine des extinctions de la fin du Permien et de la fin du Trias. Les biomarqueurs trouvés dans les sédiments de ces époques attestent que des bactéries consommatrices de sulfure d'hydrogène ont alors proliféré dans tous les océans.

Des modifications de l'albédo, de la chimie de l'air et de l'eau (acidification) auraient pu avoir des impacts majeurs et combinés sur la couche d'ozone, le taux d'ultraviolets et de rayonnement solaire et stellaire, la capacité de puits de carbone, de régulation et de résilience écologique des écosystèmes. La fonte brutale des hydrates de méthane pourrait également à certaines époques avoir provoqué des emballements du réchauffement climatique et des perturbations des grands courants marins dans des laps de temps trop courts pour permettre les réponses adaptatives des espèces et écosystèmes.

Une nouvelle théorie suggérée en 2008 par une équipe de scientifiques de l'université de Cardiff évoque le rôle de la Voie lactée qui pourrait être responsable des six extinctions de masse de l'histoire de la Terre. Selon cette théorie, de façon périodique, tous les 35 à 40 millions d'années, le système solaire traverse le plan galactique, caractérisé par une forte densité en gaz et en poussière. Or, à mesure qu'il le traverse, les forces gravitationnelles des nuages de gaz et de poussière environnants délogent les comètes de leur trajectoire. Celles-ci plongent alors dans le système solaire, certaines d’entre elles pouvant entrer en collision avec la Terre. Le risque de collision augmenterait ainsi d'un facteur dix. Cette hypothèse concorde d'après ses auteurs avec l'observation des cratères sur Terre qui suggère un plus grand nombre de collisions tous les 36 millions d’années environ[5].

Cycles

Cycles des extinctions massives

Le graphique ci-dessus montre les différents cycles de l'histoire naturelle, les extinctions de masse et les principaux astroblèmes. Les extinctions massives ont toujours été suivies d'explosions radiatives. Selon les lois de la sélection naturelle dans la théorie de l'évolution, les espèces qui disparaissent libèrent des niches écologiques pour d'autres espèces qui alors sont susceptibles d'évoluer. Cette évolution est appelée spéciation. Ces cycles, si rapides qu'ils soient, sont de l'ordre de plusieurs millions d'années. Dans le cas d'une extinction massive actuelle, l'espèce humaine ne pourra pas constater d'explosions radiatives du fait de ces durées.

Notes et références

  1. (en) William Glen, The Mass-extinction Debates. How Science Works in a Crisis, Stanford University Press, , 370 p.
  2. (fr) « La sixième extinction des espèces peut encore être évitée », sur Lemonde.fr,
  3. (fr) « La sixième crise d’extinction a déjà commencé », sur France-Soir,
  4. http://www.ted.com/talks/stewart_brand_the_dawn_of_de_extinction_are_you_ready.html
  5. (en) J. T. Wickramasinghe & W. N. Napier, Impact cratering and the Oort Cloud, Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, 387, 153-157 (2008), arXiv:0803.2492 (astro-ph) Voir en ligne.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Lewin Leakey, La sixième extinction, Évolution et catastrophes, Flammarion (1997), ISBN 2-08-081426-5

Liens externes