Eusapia Palladino

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Eusapia Palladino
Eusapia Palladino, Varsovie, Pologne, 1893.
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Eusapia Maria PalladinoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité

Eusapia Palladino ou Eusapia Paladino (née en 1854 à Minervino Murge, Royaume des Deux-Siciles et morte en 1918 à Naples, Royaume d'Italie) est une médium italienne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Eusapia Palladino lors d'une expérience menée en 1892.

Née dans une famille de paysans dans les Pouilles, Eusapia Palladino relate différents récits biographiques de son enfance. Elle affirme être devenue orpheline en bas âge : sa mère serait décédée en l'enfantant, et son père aurait été tué peu après, sous les yeux impuissants de sa fille, par la bande du célèbre brigand Carmine Crocco, cela expliquerait son surnom « fille de la peur ». Il s'avère que sa mère est morte en couche lorsqu'elle avait sept ans et fut adopté dans une famille paysanne. Elle aurait rejoint ensuite un groupe de jongleurs itinérants, puis est devenue servante chez un médecin. Au début de sa vie d'adulte, Eusapia Palladino se marie à un conjureur[note 1] ((en) conjuror)[1]. Pratique qui n'a aucun rapport avec l'exorcisme qui réclame un rituel précis que seules des personnes expressément désignées sont habilitées à pratiquer et qui est directement en rapport avec un culte religieux, en particulier dans les trois religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam).

Médium[modifier | modifier le code]

Bien qu'analphabète, Eusapia Palladino par sa capacité de réinventer le récit, une habilité dans l'interprétation intègre des cercles influents de scientifiques dans toute l'Europe[2]. En Italie, en France, en Allemagne, en Pologne et en Russie, Palladino semble démontrer d'extraordinaires pouvoirs dans le noir : elle lévite, se projete dans l'espace et dans le temps. Elle matérialise des fleurs et rappelait des souvenirs de morts : empreintes de mains et de visages dans l'argile humide. Elle fait léviter des tables et fait jouer des instruments de musique sous les tables sans les toucher. Elle communique avec les morts à travers son « guide spirituel », John King. Assister à l'un de ses spectacles était coûteux[3].

Entre 1893 et 1894, elle effectue des séances en collaboration avec le psychologue Julian Ochorowicz[4]

Dans les années 1900, elle effectue des séances de spiritisme auprès de cercles d'intellectuels et de scientifiques renommés (notamment Jean Perrin, Paul Langevin, Henri Bergson, Sully Prudhomme et Pierre Curie). Ce dernier écrivait des comptes rendus détaillés des séances (comment les tables sont soulevées, ses cheveux tirés, des objets déplacés), mais il note qu’il pourrait s’agir de supercheries, sans avoir jamais pu les démasquer.

En 1909, elle quitte l'Europe avec Hereward Carrington, qui après l'avoir observée à Naples en 1908 pour le compte de la Society for Psychical Research, organise une tournée pour les Etats-Unis. Il lui dédie un livre Eusapia Palladino and Her Phenomena. Bien qu'il détecte sa tricherie lors des séances, il affirme également qu'elle a une véritable capacité surnaturelle[5].

Plusieurs Européens de cette époque considérent Palladino comme une authentique médium, affirmant qu'elle n'utilisait pas les artifices habituels des prestidigitateurs. En 1926, huit ans après son décès, Arthur Conan Doyle dans son History of Spiritualism accordait du crédit aux phénomènes psychiques et aux matérialisations qu'elle prétendait provoquer[6]. Aux États-Unis ou en France, sa popularité alla en s'estompant en même temps qu'elle fut qualifiée de tricheuse[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Mot tombé en désuétude et qui désigne une personne pratiquant la magie pour détourner les dangers selon le dictionnaire Reverso.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Radcliffe, 1952, p. 321.
  2. (en) Francesco Paolo de Ceglia et Lorenzo Leporiere, « Becoming Eusapia: The rise of the “Diva of Scientists” », Science in Context, vol. 33, no 4,‎ , p. 441–471 (ISSN 0269-8897 et 1474-0664, DOI 10.1017/S026988972100020X, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Joseph Jastrow, The Psychology of Conviction: A Study of Beliefs and Attitudes, Houghton Mifflin Co., 1918.
  4. Jan Surman, « Julian Ochorowicz's experiments with Eusapia Palladino 1894: The temporality of mass media and the crisis of local credibility », Journal of the History of the Behavioral Sciences, vol. 58, no 1,‎ , p. 24–41 (ISSN 1520-6696, PMID 34320226, DOI 10.1002/jhbs.22119, lire en ligne, consulté le )
  5. Paul Kurtz, A Skeptic's handbook of parapsychology, Prometheus Books, (ISBN 0-87975-302-1, 978-0-87975-302-3 et 0-87975-300-5, OCLC 13073577, lire en ligne)
  6. (en) William Kalush et Larry Sloman, The Secret Life of Houdini: The Making of America's First Superhero, Atria Books, 2006, (ISBN 0-7432-7207-2).
  7. (en) Mysteries of the Unexplained, Pleasantville, Readers Digest Association, , 320 p. (ISBN 978-0-89577-146-9, LCCN 82060791), p. 300

    « It was said that she would resort to trickery when her gift faltered, but Carrington was convinced that she could indeed perform supernatural acts. »

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