Eugène Raspail

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Eugène Raspail
Illustration.
portrait d'Eugène Raspail
Fonctions
député de l'Assemblée Constituante

(1 an, 1 mois et 3 jours)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Gigondas
Date de décès (à 76 ans)
Lieu de décès Gigondas
Nationalité Drapeau de la France Française
Diplômé de études de droit
Profession Avocat, vigneron

Eugène Raspail (1812-1888), fils de Joseph-Honoré Raspail[1] et neveu de François-Vincent Raspail, naquit à Gigondas le . Il poursuivit des études de droit, devint avocat tout en se passionnant pour les sciences naturelles et la géologie. Il fut député à l'Assemblée Constituante, puis exilé et à son retour il fut nommé directeur de l'éclairage au gaz de la ville d'Avignon[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Républicain et député[modifier | modifier le code]

Très actif durant la révolution de 1830, il dirigea la « Société des Amis du Peuple » de Paris. Il se retrouva même coude à coude avec son compatriote Agricol Perdiguier, pour faire le coup de feu au cours de l'insurrection provoquée par les incidents du , lors des funérailles du général républicain Lamarque[3]

Fervent républicain, il se fit élire député de Vaucluse, le et siégea avec la Montagne à l'Assemblée Constituante. Il fit alors partie du Comité de l'Intérieur. Il vota pour l'amendement Grévy, le droit au travail, l'amnistie, la loi sur le chemin de fer de Marseille à Avignon. Il s'opposa au rétablissement des cautionnements, aux poursuites contre Louis Blanc et Marc Caussidière, au rétablissement de la contrainte par corps, au vote sur l'ensemble de la Constitution, à l'ordre du jour en l'honneur de Cavaignac, à la proposition Rateau, à l'interdiction des clubs[2].

Non réélu en 1849, ses opinions opposées au nouveau régime lui valurent la prison, puis un exil de plusieurs années en Italie[4].

Savant et vigneron[modifier | modifier le code]

Château Raspail à Gigondas, Vaucluse

De retour sur ses terres, il découvrit dans le massif des Dentelles de Montmirail, un saurien fossile qu'il baptisa neustosaurus gigondarum. Ce fut alors qu'il édita un ouvrage sur ce reptile de plus de trois mètres de long, avec quelques notes géologiques sur le massif des Dentelles[5].

De son père, il avait hérité le « domaine Le Colombier ». Décidé à relancer la viticulture, au cours de l'année 1861, il fit l'acquisition du « domaine des Bosquets », revalorisa les 37 hectares déjà existant, en fit planter 9 autres l'année suivante, puis 26 les années qui suivirent[6].

Dès 1864, la production de ses domaines fut telle qu'il put l'expédier, par le port de Roquemaure sur le Rhône, à des négociants de Valence, Lyon, Saint-Étienne et Paris[7], qui la lui avaient achetée sur la base de 16, 50 l'hectolitre[6]. Des résultats assez probants pour qu'il reçut, en dépit de ses idées républicaines, et avec l'aval de Napoléon III, une prime d'honneur pour son exploitation[6]. Fier de ses résultats, le savant vigneron put noter :

« Les vins de Gigondas doivent à leur proportion d'alcool une valeur qui les fait rechercher. Au printemps de 1865, ils étaient tous achetés quand le Languedoc se plaignait de ne pas les vendre. »

Il put alors se consacrer à ses passions qu'étaient l'archéologie, la géologie et la paléontologie. Les vins de ses vignobles se vendant de mieux en mieux, il constata :

« Toujours est-il que la localité de Gigondas jouit du privilège de produire avec une main-d'œuvre peu élevée, des vins fort appréciés par le commerce et qui le seront bien plus encore lorsque leur réputation naissante sera plus étendue[7]. »

L'émulation qu'il parvint à susciter déboucha même sur les premières mises en bouteille[8].

Lors de travaux agricoles, il mit au jour, en 1866 une tête de Bacchus[9]. Peu après, ayant acheté une réplique du Diadumène de Polyclète, trouvée à Vaison, il la revendit 25 000 francs au British Museum de Londres[10]. Grâce à cette vente, il put transformer le patrimoine paternel en « Château Raspail », dont l'architecture s'inspira du style italien découvert lors de son exil[4]. Mais l'arrivée du phylloxéra et l'anéantissement du vignoble, au début des années 1870, réduisirent à rien ces efforts.

Un de ses biographes, Robert Bailly, a noté :

« Eugène Raspail avait donné l'impulsion intelligente et nécessaire à un meilleur rendement et surtout à une plus grande connaissance des crus de Gigondas. C'est peut-être - et sûrement - grâce à son action dynamique que cette commune a pu obtenir l'appellation contrôlé Gigondas[10]. »

Retour manqué en politique[modifier | modifier le code]

Converti à une politique plus opportuniste, il se présenta à nouveau comme candidat à la Chambre des députés dans l'arrondissement d'Orange. Le , il obtint 5 886 voix et fut battu par Alphonse Gent qui en avait obtenu 6 822. Ce dernier ayant démissionné, il se représenta à la députation. Il eut en face de lui, le radical M. Gaillard. S'il obtint 5 313 suffrages, son rival le battit avec 6 008 voix. Il se retira alors définitivement à Gigondas où il s'éteignit le [2].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Eugène Raspail neveu, Observations sur un nouveau genre de saurien fossile, le « Neustosaurus gigondarum N. », avec quelques notes géologiques sur la commune de Gigondas, 1842.
  • Eugène Raspail, André-Étienne-Just-Pascal-Joseph-François d'Audebard Férussac, Gabriel Delafosse, Eugène Desmarest, et Jean-B.-Antoine Guillemin, Bulletin des sciences naturelles et de géologie : Deuxième section du Bulletin universel des sciences et de l'industrie 1842.
  • Eugène Raspail, Jonathan Valabrègue, H. Loubet, marquis de Lespine, Département de Vaucluse. Station agronomique de Vaucluse. Règlement, 1877.
  • Eugène Raspail, Département de Vaucluse. Instructions pratiques pour le bouturage des cépages américains, 1879.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Robert Bailly, op. cit., p. 114, indique qu'il avait été restaurateur à Perpignan avant de venir s'installer à Gigondas où il acheta en 1815 et 1818 des vignobles.
  2. a b et c Eugène Raspail. Dictionnaire des députés (1789-1889), p. 8
  3. Marc Maynègre, Agricol Perdiguier, La Fontaine de Pétrarque, journal de la Société Littéraire. Délégation de Vaucluse, no 18, novembre 2006.
  4. a et b Eugène Raspail à Gigondas
  5. Eugène Raspail, archéologue, géologue et paléontologue
  6. a b et c Robert Bailly, op. cit., p. 86.
  7. a et b Robert Bailly, op. cit., p. 114.
  8. Robert Bailly, op. cit., p. 71.
  9. Robert Bailly, op. cit., p. 8.
  10. a et b Robert Bailly, op. cit., p. 115.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]