Eugène Paz

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Eugène Paz
Eugène Paz par J. Tourtin ainé.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Moïse Paz
Nationalité
française
Formation
Activités
Rédacteur à
Fratrie
Alfred Paz (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Sport
Distinction
signature d'Eugène Paz
Signature de Paz dans son dossier de Légion d’honneur.

Moïse Paz, dit Eugène Paz, né le à Bordeaux et mort le à Paris, est un journaliste français[1], professeur au lycée Condorcet et à l'école normale d'Auteuil[2] et premier président-fondateur de l'Union des sociétés de gymnastique de France.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d’un instituteur, Eugène Paz fait ses études au Collège royal de cette ville, avant de monter, très tôt, à Paris où il enseigne au lycée Condorcet[3] tout en collaborant à divers journaux. Atteint d'une maladie nerveuse, il parvient à la surmonter par la pratique de la gymnastique et de l'hydrothérapie chez Hippolyte Triat un des pères du culturisme[4].

Le Grand Gymnase[modifier | modifier le code]

Le Grand Gymnase, ouvert au 40 rue des Martyrs en 1865.

En , il fonde la première société de gymnastique parisienne : Les Amis de la gymnastique. En , il publie La Santé de l'esprit et du corps par la Gymnastique à la Librairie du petit journal et ouvre à Paris un établissement privé où il est dispense au public une gymnastique civile, dégagée de toute finalité militaire : le Grand gymnase, situé au 40 rue des Martyrs[5]. La leçon de gymnastique s'y déroule en deux parties successives : une gymnastique de plancher ou de pied ferme[3], inspirée de la gymnastique suédoise de Pehr Henrik Ling pendant laquelle les exercices d'assouplissements et de développement sont réalisés sans engins et par l'ensemble des participants ; puis un travail plus individuel avec appareils, haltères, barres etc. conforme à la méthode de Francisco Amorós[6]. La lutte revêt également un aspect important car Eugène Paz organise des assauts afin d’assurer la promotion de l'établissement. Le jury est composé de très doctes membres du Jockey Club ou de sportifs renommés[6].

Cette branche consacrée au spectacle est cependant rigoureusement réglementée et elle connaît vite le succès populaire ; cependant Paz y renonce dès que sa renommée commence à s'établir[7], afin de pas dénaturer le caractère de son établissement qu'il souhaite consacrer pleinement à la gymnastique médicale et hygiéniste. Il affirme alors son hostilité à la gymnastique acrobatique et demande l'abandon des appareils dangereux : tremplin, trapèze[3]… En 1867, il contribue en tant qu'expert à la mission d'étude sur la gymnastique en Belgique et dans les pays germanophones initiée par Victor Duruy[8] et placée sous la présidence du docteur Hillairet[9]. Publié le , le rapport Hillairet recense aussi les enseignants de gymnastique en France. Ce véritable constat de carence entraine un décret de Victor Duruy qui institue le un certificat d'aptitude à l'enseignement de la gymnastique (CAEG)[10]. Enthousiasmé par ce qu'il a découvert en Allemagne dans le cadre de cette mission, Paz publie une revue, Le Moniteur de gymnastique, en , puis un ouvrage chez Hachette, en 1870, La Gymnastique raisonnée, moyen infaillible de prolonger l'existence et de prévenir les maladies, ouvrage qui connaît alors de nombreuses rééditions[11], mais qui ne l'empêchera pas de mourir d’un cancer, à 65 ans.

L'Union des sociétés de gymnastique de France[modifier | modifier le code]

Le désastre de 1870 inscrit la gymnastique parmi les priorités nationales, mobilisant au-delà de la seule sphère politique : dès 1872, l'École normale militaire de gymnastique de Joinville s'ouvre à toute la Nation et devient École de gymnastique et d'escrime. Paz participe activement à ce mouvement et, confirmé dans ses convictions, fonde l'Union des sociétés de gymnastique de France (USGF) dès le [12]. Deux ans plus tard, lorsque Paz cède la présidence, celle-ci regroupe déjà 250 associations et 1 100 à la veille de la Grande guerre. Bientôt chaque instituteur doit y faire un stage de trois mois à l'École de Joinville à l'occasion de son service militaire. Cette obligation prend tout son sens avec la création des bataillons scolaires en 1881[13] qui ne tardent à bénéficier de leur propre inspecteur général, Pierre Joseph Jeanningros. Lors de son congrès de 1881, la Ligue de l’enseignement de Jean Macé soutient la démarche[4] et la loi du instaure l'obligation de la gymnastique et des exercices militaires à l’école primaire. Et, dès le , la cause de la gymnastique reçoit le soutien de la Ligue des patriotes fondée par Paul Déroulède, Henri Martin et Armand Goupil[14].

L'USGF est d'abord un organisme de réflexion où Paz s'entoure des plus hautes personnalités scientifiques, politiques, littéraires et médiatiques du moment : Émile Zola, Paul Féval, Victor Duruy, Jules Simon, Paul Deroulède, Félix Faure, Etienne Marey, Paul Bert, Edmond About qui dit de lui : « si Paz avait eu le bonheur de vivre sous une république grecque, on n'aurait pas trouvé que les plus grands honneurs fussent trop grands pour lui[15] ». Friand de l'organisation de grandes fêtes fédérales mobilisant les plus hautes autorités de l'Etat à partir de 1880, Paz reste très réservé à l'égard de la compétition sportive stricto sensu, comme d'ailleurs le bureau européen présidé par le Belge Cupérus. Aussi un seul gymnaste français participe au tournoi de gymnastique des jeux olympiques d'Athènes. Mais en , lors de ceux de Paris, la gymnastique, « avant-garde pacifique de la patrie en armes », selon Jules Ferry, est avec le cyclisme le sport le plus populaire. Il revient donc à l'USGF d'inaugurer le nouveau vélodrome de Vincennes, les 3 et , par sa fête fédérale qui mobilise plus de 8 000 gymnastes venus de toute la France. Dans la foulée, le concours international organisé, les 29 et , dans le cadre de l'exposition universelle et remporté par Gustave Sandras, connait un engouement des gymnastes français qui relèguent le premier étranger, un Suisse, à la 18e place. Et, le , le concours de l'Association des sociétés de gymnastique de la Seine clôture les festivités gymniques. Paz meurt alors que l'USGF entre dans l'ère sportive.

Paz a publié, en , une revue mensuelle le Moniteur de gymnastique scolaire, hygiénique et médicale et, en , La Revue des sports dont il est rédacteur en chef jusqu'au 11 janvier 1879 . Il contribuait, par ailleurs, régulièrement au Petit journal, au Journal de Paris, au National et au Soleil.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Eugène Paz a été fait chevalier de la Légion d'honneur, le [16].

Publications[modifier | modifier le code]

  • La Santé de l’esprit et du corps par la gymnastique : étude sur les exercices du corps depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, leurs progrès, leurs effets merveilleux, leurs diverses applications et leur combinaison avec l’hydrothérapie, Paris, Librairie du Petit journal, , 140 p., 1 vol. 19 cm (OCLC 493778136, lire en ligne).
  • La Gymnastique obligatoire, Paris, L. Hachette and Cie, , 125 p. (OCLC 958881301, lire en ligne).
  • Étude et traduction de De arte gymnastica, Paris, .
  • Les Hommes Forts de tous les temps, Paris.
  • La gymnastique raisonnée : moyen infaillible de prolonger l’existence et de prévenir les maladies, Paris, L. Hachette, , XV, 380
  • Franches causeries, Paris, Édouard Dentu, , 290 p., in-16 (OCLC 459188604).
  • Histoire de la gymnastique, Paris, .

Eugène Paz est également directeur de la publication de plusieurs périodiques : l'hebdomadaire Paris-Théâtre de 1873 à 1878, renommé Paris-Portrait de 1878 à 1880, et du quotidien Théâtre parisien en 1885 et 1886[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Eugène Paz (1835-1901) », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  2. Jean Latte 1948, p. 23.
  3. a b et c Jean Zorro 2002, p. 33.
  4. a et b Jean Latte 1948, p. 24.
  5. Roger Patrick, « Eugène Paz, La santé de l'esprit et du corps par la gymnastique », sur SavateStory.com, .
  6. a et b Alfred Morel-Fatio, « Don Francisco Amorós, marquis de Sotelo, fondateur de la gymnastique en France (fin) », Bulletin Hispanique, t. 27, no 1,‎ , p. 36-78 (lire en ligne).
  7. Jean-Yves Sureau, « La Vie rémoise en 1878 », sur La vie rémoise, .
  8. Jean Latte 1948, p. 25.
  9. Marcel Spivak, « L’École patriotique d’après 1871 », sur Themenportal Europäische Geschichte, .
  10. Ce diplôme, que la IIIe République rend bientôt obligatoire pour enseigner la gymnastique dans les lycées et collèges, est l'ancêtre de l'actuel Certificat d'aptitude au professorat d'éducation physique et sportive (CAPEPS).
  11. La gymnastique raisonnée : moyen infaillible de prévenir les maladies et de prolonger l'existence : nécessité du mouvement rationnel démontrée par le mécanisme du corps humain, Paris, L. Hachette, , 6e édition, revue et considérablement augmentée éd., xxxiv-358, 1 vol. 19 cm (lire en ligne).
  12. « Eugène Paz, le fondateur », sur FFGYM.
  13. Aristide Rey, « Les Bataillons scolaires et la Révolution française », La Revue pédagogique, vol. II, no 11,‎ , p. 555.
  14. « Éducation physique : Les bataillons scolaires et le tir scolaire », sur Le temps des instituteurs.
  15. Claude Piard 2001, p. 102.
  16. « Paz, Moïse », sur Base Léonore (consulté le ).
  17. Notice sur le site data.bnf.fr.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]