Empire hunnique

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Empire hunnique

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L'emprise hunnique (en orange) vers 450, sous le règne d'Attila.
Informations générales
Capitale Pannonie
Langue(s) Hunnique et gotique

L’expression Empire hunnique adoptée par l’historiographie moderne désigne un système de domination du type « empire des steppes »[1] construit autour des Huns, d’abord en Asie centrale, puis en Europe à partir de 375. Attila se désignait lui-même comme khan (roi) selon Aetius[2].

L’empire hunnique atteint son apogée sous le règne d’Attila, alors que, solidement établi aux frontières des Empires romains d’Orient et d’Occident, non loin de la province romaine de Pannonie (et non dans celle-ci comme cela est fréquemment affirmé), il lance une offensive en Gaule en 451, puis en Italie l’année suivante. Mais les revers subis à ce moment, puis la mort d’Attila (453), marquent l’effondrement de l'emprise hunnique en Europe, tandis qu’en Asie, elle se prolonge jusqu’en 484.

Les Huns dans les steppes de la mer Caspienne et de la mer Noire[modifier | modifier le code]

Avancée des Huns en Europe de l'Est (flèches bleues) culbutant les royaumes des Ostrogoths et Wisigoths (en jaune) au IVe s.

Les Huns proprement-dits sont un peuple « turco-mongol » originaire des steppes de l'Asie centrale, où les chroniques chinoises décrivent un peuple nommé Xiongnu[3], mais autour d'eux se forme rapidement une confédération d'autres peuples des steppes d'origines diverses[4],[5], dont les Alains, rencontrés entre la Volga et le Don, vers 370, puis les Goths alors établis entre le Don et le Danube.

Dans les années 370, les Greuthungues, au nord de la mer Noire, alors dirigés par Ermanaric s'intègrent à leur tour dans l'ensemble ; on les connaît aussi sous le nom d'Ostrogoths.

En revanche, les Thervingues, au nord du Danube, refusent l'alliance. Une partie suit le roi chrétien et arien Fritigern et entre dans l'Empire romain d'Orient en 376, rejoints par un certain nombre de Greuthungues dirigés par Alatheus et Safrac. Ces Goths sont dès lors connus comme Wisigoths : après avoir vaincu une armée romaine à Andrinople (378), ils sont installés en Mésie par Théodose (traité de 382). Les Thervingues d'Athanaric, restés fidèles à la mythologie germanique, se réfugient en Dacie, mais au début des années 380, Athanaric se rallie à son tour à l'Empire romain (il meurt à Constantinople vers 381).

Les Goths intégrés à l'armée nomade d'Attila adoptent dans les années qui suivent leur mode de vie et même la modification crânienne qui leur est caractéristique, pratiquée sur les crânes des nourrissons.

D'autres peuples germaniques intègrent la confédération hunnique : les Gépides, les Hérules, les Ruges, les Skires et les Bastarnes, tandis que les Daces Carpes, de souche thrace (et qui ont laissé leur nom aux Carpates) préfèrent se réfugier dans l'Empire romain d'Orient, dans les Balkans.

Un important site archéologique comportant des objets attribués aux Huns a été découvert en 2016 à Altÿnkazgan au Kazakhstan, à l'est de la mer Caspienne[6]. Il s'étend sur 120 hectares[7].

Les Huns en Europe centrale[modifier | modifier le code]

Situation vers 400-406, à l'époque d'Uldin.

À la fin du IVe siècle et dans la première moitié du Ve siècle, les Huns poursuivent leur avance vers l'ouest et parviennent en Europe centrale. L'armée hunnique s'installe à l'ouest des Carpates dans la plaine des Agathyrses, aux portes de la Pannonie romaine (bassin du moyen-Danube, actuelle Hongrie), plaine qui présente un caractère steppique comme les plaines de la Volga et du Don.

Ils mettent en mouvement d'autres peuples germaniques, ce qui est peut-être une des causes de l'invasion de 407 par les Vandales, les Suèves et les Burgondes. Au début de 407, la défense romaine à Mayence est submergée et la Gaule est envahie. Vers 411, les Burgondes sont installés comme fédérés dans la région de Worms ; les Suèves quittent la Gaule et gagnent la Gallaecia en Espagne ; les Vandales envahissent aussi l'Espagne, avant de conquérir l'Afrique romaine en 429.

En 405, un groupe d'Ostrogoths, dirigé par Radagaise, issu de la confédération hunnique, envahit l'Italie, mais est vaincu par Stilicon à Florence.

Les Huns sont alors une menace pour les deux Empires romains, mais leurs dirigeants s'efforcent d'éviter la confrontation. Ils acceptent de payer ce que les Huns considèrent comme un tribut et les Romains des subsides à des alliés. Des otages sont échangés : on peut citer l'exemple d'Aetius, qui séjourne un long moment à la cour hunnique au début du Ve siècle. Les Romains recrutent des soldats parmi les hunniques volontaires qui sont incorporés dans l'armée romaine. Malgré tout, il y a aussi des périodes de tension.

La confédération hunnique avant le règne d'Attila[modifier | modifier le code]

Dans les années 410-420, les Huns sont dirigés conjointement par deux rois, Octar, qui meurt vers 430, et Rugila, mort en 434. Ils ont un frère, Moundzouk, qui a peut-être été roi avant eux : il est le père de Bleda et d'Attila, qui deviennent rois des Huns en 434, conjointement jusqu'à la mort de Bleda dans les années 440.

De nature nomade, cette emprise peut difficilement être décrite en termes de limites géographiques précises. Il n'y a pas de capitale fixe : la réception des ambassades a lieu sous la tente du khan, qui fait office de palais au milieu du vaste campement de la horde. C'est dans cet environnement que grandit Aetius lors de sa jeunesse en tant qu'otage romain chez les Huns.

Le règne d'Attila[modifier | modifier le code]

Extension maximale de l'emprise hunnique en Europe vers 450.
Autre figuration de l'expansion hunnique maximale, vers 451.

La confédération hunnique atteint sa plus grande puissance sous Attila, sans cependant jamais contrôler l'ensemble de la Germanie comme le montrent de nombreuses cartes. Ses partenaires et adversaires romains font tout pour éviter la confrontation par le paiement de tribut. Peu de royaumes germaniques ou celtiques sont déjà formés à ce moment : le royaume franc en Gaule belgique ; le royaume armoricain, le royaume des Burgondes et celui des Suèves à titre de fœdus ; quant au royaume wisigoth, il ne sera à son apogée que vers 500.

L'armée d'Attila qui envahit la Gaule romaine est alors une coalition de Huns, d'Alains et de Germains parmi lesquels les Gépides, Hérules, Ruges, Skires, Thuringiens, Suèves, Burgondes orientaux, Alamans et même Francs ripuaires conservent leurs propres chefs, identités et cohésions, reconnaissant simplement le clan d'Attila comme minorité dirigeante.

La fin de l'Empire hunnique en Europe[modifier | modifier le code]

Les guerres successorales après la mort d'Attila disloquent la confédération hunnique, que les peuples germaniques quittent, non sans combats parfois, en particulier dans le cas des Gépides et des Ostrogoths. L'événement essentiel est la bataille de la Nedao (454), où les Gépides d'Ardaric et les Ostrogoths vainquent les fils d'Attila, Ellak, Ernakh et Dengizik, qui repartent alors vers l'Asie.

Chronologie[modifier | modifier le code]

L'ère des Huns, de 73 en Chine à 484 en Perse, en passant par l'Europe, connaît une période de migration amorcée en 316 par une invasion du nord de la Chine, qui s'achève en Europe en 455 mais se poursuit en Perse après 484.

  • 73-91 : guerre des Huns (Xiongnu ou Hsioung-nou) en Chine.
  • 316 : les Huns envahissent le Nord de la Chine : début de l'« Empire hunnique ».
  • 350 : les Huns envahissent la Perse et l’Inde.
  •  : les Huns soumettent le peuple iranien des Alains, établi au nord du Caucase.
  • 357 : les Alains rallient l’armée des Huns en Asie occidentale.
  • 371 : l’empire des Ostrogoths est aux mains des Huns ; extension de la confédération hunnique en Europe.
  • 375 : forte poussée des Huns qui défont les Ostrogoths de la steppe pontique, établis au nord de la mer Noire.
  • 376 : les Wisigoths qui occupent une partie de la Dacie depuis 150 ans, demandent aux Romains sous la pression des Huns, l’autorisation de traverser le bas Danube. La permission est accordée.
  • 378 : invasion de la Thrace par les Goths et d'autres peuples (dont les Taïfales et les Carpes) en révolte contre les vexations imposées par les fonctionnaires romains mais surtout en raison de la famine qui poussait aussi la confédération hunnique, famine elle-même due à une péjoration climatique dans toute l'Eurasie.
  • 395 : naissance d’Attila, roi des Huns.
  • 400 : capture et exécution du général goth Gaïnas par le chef hun Uldin.
  • 422 : l’empereur Théodose II accepte de payer un tribut aux Huns en échange de la paix.
  • 423 : 40 000 Huns sont incorporés comme mercenaires dans l’armée romaine.
  • 430 : les Huns hephtalites, établis en Asie centrale, attaquent la Perse.
  • 430 : l’Empire romain d'Orient paie un tribut annuel de 113 kg d’or aux Huns.
  • 434 : début du règne d’Attila (fin en 453).
  • 434 : Ruga partage le pouvoir sur les Huns entre ses deux neveux Attila et son frère Bleda avant de mourir.
  • 434 : les Huns doublent le tribut de Rome (226 kg d’or).
  • 434 : les armées de Théodose II sont défaites par les Huns en Thrace.
  • 435 : Traité de Margus.
  • 436 : les Burgondes sont battus à Worms par les Huns mercenaires de l’Empire romain.
  • 443 : en août, première « paix d'Anatole » avec l’Empire romain d'Orient.
  • 445 : Attila assassine son frère Bleda et devient le seul chef des Huns.
  • 447 : les Huns conduits par Attila traversent le Danube, envahissent la Thrace.
  • 447 : les Huns forcent les Romains à payer un lourd tribut (le triple du précédent).
  • 447 : les Huns envahissent la Pannonie et la Mésie.
Itinéraire de l'invasion de la Gaule en 451 jusqu'à la bataille des Champs Catalauniques.
Les Huns déferlant sur l'Italie, toile d'Ulpiano Checa, 1887.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Cf. René Grousset en bibliographie.
  2. Simon Berger, « "Une armée en guise de peuple" : la structure militaire de l'organisation politique et sociale des nomades eurasiatiques à travers l'exemple mongol médiéval », Thèse de doctorat en Histoire, Paris, EHESS,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. source « Histoire romaine », Marcel le Glay.
  4. Histoire d'Attila et de ses successeurs, jusqu'à l'établissement des Hongrois en Europe : suivie des Légendes et traditions, Didier, (lire en ligne).
  5. La revue des deux mondes, (lire en ligne).
  6. (en) « 1,500-Year-Old Engraved Stones Uncovered in Kazakhstan », sur archaeology.org, .
  7. (en) « Massive complex from the age of Huns, equivalent of 200 football fields, found along the Caspian Sea coast », sur realmofhistory, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]