Effet rebond (psychologie sociale)

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L'effet rebond a été décrit initialement par Daniel Wegner et al.[1] et systématisé dans un article majeur en 1994[2] (« Ironic process theory »). Dans une de ses expériences principales, il démontre que lorsqu'on demande aux sujets de supprimer volontairement un stéréotype ou une pensée (« thought suppression »), ce stéréotype ou cette pensée revient en force plus tard, lorsqu'on cesse de le supprimer.

Expérience[modifier | modifier le code]

On présente la photo d'un skinhead et on demande à tous les sujets de décrire la vie quotidienne de cette personne. À la moitié des sujets (G1), on demande de faire attention à ne pas donner de réponses stéréotypées, tandis que l'autre moitié (G2) ne reçoit pas cette consigne de suppression. Dans un deuxième temps, on montre aux sujets la photo d'un autre skinhead. Cette fois, on demande simplement à tous les sujets de décrire la vie quotidienne de cette personne (pas de consigne d'inhibition).

Les résultats montrent que dans la description du premier skinhead, conformément à la consigne, le groupe G1 donne des réponses moins stéréotypées que le groupe contrôle (G2). Cependant, lors de la description du deuxième skinhead, les sujets qui auparavant avaient eu la consigne de suppression (G1) décrivaient la vie quotidienne de ce nouveau skinhead de manière beaucoup plus stéréotypée que le groupe G2 (dont la description n'a que peu varié par rapport à celle du premier skinhead).

Interprétation des résultats[modifier | modifier le code]

Les résultats de cette expérience s'expliquent assez simplement en termes d'amorçage. En effet, pour pouvoir inhiber correctement un stéréotype, il faut le définir précisément afin de ne pas commettre d'erreurs. Par conséquent, les sujets G1 ont davantage activé le stéréotype qui est devenu « hyperaccessible », et lorsqu'ils n'ont plus à l'inhiber, le stéréotype réapparaît amplifié.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Daniel Wegner, White bears and other unwanted thoughts: Suppression, obsession, and the psychology of mental control, New York: Viking/Penguin, 1989.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Wegner, Daniel M., Schneider, David J., Carter, S.R. III, & White, T.L., « Paradoxical effects of thought suppression », Journal of Personality and Social Psychology, 1987, 53, 636-647. [PDF] [lire en ligne]
  2. Wegner, D. M. (1994), « Ironic Processes of Mental Control », Psychological Review, 101, 34–52. [PDF] [lire en ligne]