Effet de la bière sur la santé

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L'effet de la bière sur la santé regroupe les différentes conséquences de la consommation de cette boisson sur la santé humaine, liés principalement à la présence d'alcool. La bière engendre des risques majeurs pour la santé, mais peut aussi prévenir certaines affections. Il est ainsi conseillé d'en limiter la consommation.

Histoire[modifier | modifier le code]

Allocation de bière en 3000 av. J.-C.

En Égypte ancienne, les femmes utilisaient la bière à des fins prétendument cosmétiques ou dermatologiques (une tradition est toujours vivante en République tchèque sous forme de bain de bière). Les Nubiens consommaient de la bière qui contenait de la tétracycline, un antibiotique combattant des maladies infectieuses[1].

En Grèce antique, Hippocrate utilisait la bière pour, d'après lui, faciliter la diurèse et combattre la fièvre. Arétée la conseillait en cas de diabète et de migraine.

Au Moyen Âge, elle était réputée, pour certains, stimuler l’humeur et l’appétit, et favoriser le sommeil. On utilisait des oreillers garnis de houblon.

Au XIXe siècle, la bière était encore fabriquée et vendue en pharmacie, additionnée de plantes aux vertus diverses (le gruit).

Effets de la bière sur la santé[modifier | modifier le code]

Au-delà de 50 cl par jour en moyenne pour les femmes et 75 cl pour les hommes (en l'absence de consommation d'autres alcools), la consommation est considérée excessive. En dessous de ces valeurs, le risque d'avoir un problème de santé lié à l'alcool est faible. Par ailleurs, il est clairement recommandé de ne consommer aucune boisson alcoolisée dans certaines situations comme la grossesse, l'allaitement, l'enfance, la conduite de véhicule[2].

La consommation d’alcool peut déboucher sur de nombreux problèmes sociaux (accidents de la circulation, accidents de travail, violences) et plusieurs pathologies (cancers, maladies cardio-vasculaires, cirrhose, maladies du système nerveux, troubles psychiques)[2].

Affections cardiaques[modifier | modifier le code]

L'éthanol (alcool présent dans les boissons alcoolisées) diminuerait le « mauvais cholestérol » et favoriserait la production du « bon cholestérol », minorant ainsi les risques d'infarctus et de maladies cardiovasculaires[3]. Une recherche sur presque 500 000 hommes d’un âge moyen de 56 ans confirme ce fait[4]. Le risque semble diminuer de 30 à 60 % en fonction de la population examinée.

L’alcool influence la coagulation en diminuant la concentration de fibrinogènes, qui favorisent la formation de caillots de sang (thrombose) et d’obstruction des artères coronaires. Cet effet est limité car une consommation de 10 grammes d’alcool par jour est nécessaire pour réduire de 4 % ce risque[5].

Une étude réalisée en République tchèque en 2000, a démontré que la consommation régulière et modérée de bière pourrait avoir des effets protecteurs sur le cœur[6]. Elle a prouvé que ceux qui avaient consommé de la bière (pas plus de 75 cl par jour) avaient un risque d'attaque inférieur à celui des abstinents. Elle a aussi montré que les effets protecteurs étaient nuls chez les individus qui consommaient en excès.

Par ailleurs, les consommateurs modérés de bière (et de vin) souffrent moins d’hypertension artérielle et d'infarctus du myocarde que les buveurs réguliers de boissons spiritueuses[7]. Cependant, le suivi prospectif ne montre pas de différence selon le type de boisson consommée sur la survenue d'infarctus[8].

Diabète[modifier | modifier le code]

Bien que les études soient encore rares, il semble que la consommation modérée d'alcool réduise le risque de développer un diabète[9].

Cancers[modifier | modifier le code]

La bière contient des composants ayant des propriétés antitumorales in vitro, dont des antioxydants et des flavonoïdes (qui font partie des phytoestrogènes) comme le xanthohumol et l'isoxanthohumol[10].

La consommation d’alcool peut augmenter le risque de cancer du sein, ce qui relativise l’effet favorable sur le cœur et les vaisseaux sanguins, comme indiqué par une enquête sur 85 000 femmes âgées de 34 à 59 ans[11].

Selon une autre étude, le risque de cancer lié à la consommation de bière augmente significativement à partir de 25 cl par jour[12].

Toutefois, de nombreux autres travaux démontrent aussi que l'alcoolisme augmente les risques tumoraux. La consommation excessive d'alcool est connue par ailleurs pour accroître les risques de tumeur de l'œsophage, de l'estomac du foie et du sein[13]. Des études récentes faites par l'Institut National du Cancer affirment même qu'un seul verre de bière pris quotidiennement augmente considérablement les risques de cancer de la bouche, du pharynx et du larynx[14],[15].

Système nerveux[modifier | modifier le code]

La bière préviendrait la sénilité, comme les autres boissons alcoolisées, en cas de consommation inférieure à une unité par jour[16].

Le houblon contient de la lupuline, qui aurait des propriétés calmantes et antidépressives (vérifiées chez la souris)[17].

Nutrition[modifier | modifier le code]

La bière contient nombre de composants — vitamines, oligo-éléments, glucides, etc. — pouvant contribuer au bol alimentaire quotidien.

Lactation[modifier | modifier le code]

Des polysaccharides de l'orge favoriseraient la lactation, indépendamment de l'alcool[18]).

Traditionnellement, les sages-femmes recommandaient la consommation modérée de bière de table ou de bière brune à faible taux d'alcool car elles pensaient que la bière augmentait le taux de vitamine B et assurait une meilleure montée du lait.

Une étude réalisée à Philadelphie aux États-Unis, a montré que la consommation d'alcool pendant l'allaitement, provoquait un transfert de l'alcool dans le lait maternel, qui en contient autant que le sang, et donc une consommation d'alcool par l'enfant, pouvant provoquer chez lui des troubles moteurs[19].

Diurèse[modifier | modifier le code]

Les résines de houblon pourraient stimuler le fonctionnement des reins, facilitant l'élimination de l'excédent d'eau, des toxines et des déchets retenus dans le corps[réf. nécessaire]. La bière contient beaucoup d'eau (90 %), ce qui décuple son effet diurétique et l'alcool diminue par ailleurs la production d'ADH ou vasopressine, hormone antidiurétique empêchant l'élimination de l'eau.

Ostéoporose[modifier | modifier le code]

La bière est riche en silicium (comme le montre une étude réalisée par le Department of Food & Technologie de l'université de Californie en 2009), qui accroît le développement des tissus osseux, et qui permettrait de prévenir certaines maladies comme l'ostéoporose[20]. Elle contient également des phytoestrogènes (hormones végétales) qui pourraient avoir les mêmes effets. Les bières fabriquées avec du malt d'orge auraient une teneur en silicium plus importante que celles faites avec du malt de blé. Une autre étude, réalisée en Californie en 2009, sur un groupe de femmes âgées en moyenne de 43 ans, a montré que celles consommant de la bière avaient les os les plus denses. Cependant, la consommation abusive d'alcool et un taux élevé d'alcool dans le sang expose davantage aux fractures lors de traumatisme.

Bière sans alcool[modifier | modifier le code]

La consommation de bière sans alcool s'accompagne d'une diminution de l'activité thrombogénique, évaluée d'après des dosages sanguins[21]. Une étude japonaise a montré un lien entre la prévention du cancer et la consommation de bière sans alcool chez les souris[22].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Mark L. Nelson, Andrew Dinardo, Jeffery Hochberg et George J. Armelagos, « Brief communication: Mass spectroscopic characterization of tetracycline in the skeletal remains of an ancient population from Sudanese Nubia 350-550 CE », American Journal of Physical Anthropology, vol. 143, no 1,‎ , p. 151–154 (ISSN 0002-9483, DOI 10.1002/ajpa.21340, lire en ligne, consulté le )
  2. a et b http://inpes.santepubliquefrance.fr/CFESBases/catalogue/pdf/861.pdf
  3. (en) Vladimir A. Daragan, Alexei M. Voloshin, Svetlana V. Chochina, Teodor N. Khazanovich, W. Gibson Wood, Nicolai A. Avdulov and Kevin H. Mayo, Specific Binding of Ethanol to Cholesterol in Organic Solvents, Biophysical Journal, Volume 79, Issue 1, 2000, p 406-415, & M. H. Crique, Lipoproteines as mediators for the effects of alcohol consumption and cigarette smoking on cardiovascular mortality results from the Lipid Research Clinics follow up Study, Am. J. Epidemiology, 1987;126:629-637.
  4. (en) N Engl J Med 1997;337:1705-14, & R. D. Langer, Lipoproteines and blood pressure as biological pathways for effects of moderate alcohol consumption on coronary heart disease, Circulation, 1992;85:910-915.
  5. (en) S. Renaud, Lancet, 1992;339:1523-1526, & H. Hendrickx, Effects of moderate dose of alcohol with evening meal on fibrinolytic factors, British Medical Journal, 1994;308:1003-1006.
  6. (en) Samánek M, Cas Lek Cesk, Does moderate alcohol drinking decrease the incidence and mortality rate in ischemic heart disease?, 2000.
  7. (en) S.P. Chou, « Alcoholic Beverage Preference and Risks of Alcohol-Related Medical Consequences: a preliminary report from the National Longitudinal Alcohol Epidemiologic Survey », Alcohol Clinical & Experimental Research, vol. 22, no 7,‎ (lire en ligne), & L. M. Hines, M. J. Stampfer, J. Ma, Genetic variation in alcohol dehydrogenase and the beneficial effect of moderate alcohol consumption on myocardial infarction, N Engl J Med. 344 (8): 549–55, 2001.
  8. (en) U. Keil, The Relation of alcohol intake to coronary heart disease and all-cause mortality in a beer-drinking population, Epidemiology, 1997, & K. J. Mukamal, K. M. Conigrave, M. A. Mittleman, Roles of drinking pattern and type of alcohol consumed in coronary heart disease in men, N Engl J Med. 348 (2): 109–18, 2003.
  9. (en)I.J. Perry, Prospective study of risk factors for the development of non-insulin-dependent diabetes in middle age British men, British Medical Journal, 1995, p. 310.
  10. (en) Clarissa Gerhäuser, Andreas Gescher, Beer constituents as potential cancer chemopreventive agents, European journal of cancer (1990) A. 2005, vol. 41, n° 13, pp. 1941-1954.
  11. (en)N Engl J Med 1997;337:1705-14
  12. Recherche menée par la Pre Andrea Benedetti, de l'Université McGill, la Pre Marie-Élise Parent, de l'INRS-Institut Armand Frappier, et le Pr Jack Siemiatycki, de l'Université de Montréal, en 2009
  13. (en) Li Yan, David Baer, Gary D. Friedman, Natalia Udaltsova, Veronica Shim, Arthur L. Klatsky, Wine, liquor, beer and risk of breast cancer in a large population, European journal of cancer (1990) A. 2009, vol. 45, n° 5, pp. 843-850. & Journal of the National Cancer Institute, 2009; 101 (5)
  14. Le figaro.fr, « Un seul verre d'alcool augmente le risque de cancer », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  15. « Alcool », sur e-cancer.fr (consulté le ).
  16. (en) M. H. Stampfer, J. H. Kang, J. Chen, R. Cherry, F. Grodstein, Effects of moderate alcohol consumption on cognitive function in women, N Engl J Med. 352 (3): 245–53, 2005.
  17. Paul Goetz, Phytothérapie, la santé par les plantes, Vidal, 2007.
  18. (en) B. Koletzko, F. Lehner, Dr. von Haunersches, Beer and breastfeeding, University of Munich, Germany. Adv Exp Med Biol., 2000.
  19. (en) Mennella J. Monell, Alcohol's effect on lactation., Alcohol Res Health. 2001, Philadelphia, Pennsylvania, États-Unis.
  20. (en) Juan D. Pedrera-Zamorano, Jesus M. Lavado-Garcia, Raul Roncero-Martin, Julian F. Calderon-Garcia, Trinidad Rodriguez-Dominguez, Maria L. Canal-Macias, Effect of beer drinking on ultrasound bone mass in women, Nutrition 2009, vol. 25, n° 10, pp. 1057-1063
  21. (en) Double benefit from alcohol-free beer, Food Navigator, 17 May 2005.
  22. (en) Non-alcoholic beer may help mice fight cancer, Reuters, 21 January 2005.