École des hautes études en sciences sociales

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EHESS
Histoire
Fondation
1947 (VIe section de l'EPHE)
Statut
Type
Forme juridique
Établissement public national à caractère scientifique culturel et professionnel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom officiel
École des hautes études
en sciences sociales
Régime linguistique
Fondateur
Président
Membre de
Site web
Chiffres-clés
Étudiants
3 000
Effectif
750Voir et modifier les données sur Wikidata
Enseignants-chercheurs
250
Chercheurs
500
Budget
60 millions d'euros
Localisation
Pays
Ville
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Bâtiment au 105 boulevard Raspail.
Porte d'entrée. Maison des sciences de l'homme, 54 boulevard Raspail (6e arrondissement de Paris).

L'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) est un grand établissement français. Située à Paris, elle assure la recherche et aussi la formation à la recherche dans les disciplines des sciences sociales.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'EHESS est fondée à Paris en 1947, à la suite du démantèlement de l'École libre des hautes études (ELHE) aux États-Unis. L'ELHE avait été fondée en 1942 à New York par Claude Lévi-Strauss, Gustave Cohen, Henri Focillon, Jacques Maritain et Jean Perrin, et était dirigée par Alexandre Koyré. Elle fonctionnait comme la section parisienne de la New School for Social Research de New York, grâce aux soutiens logistique et financier du Gouvernement américain et de la Fondation Rockefeller. Son corps universitaire était composé d'élites intellectuelles juives, résistantes et communistes qui s'étaient exilées outre Atlantique pendant la Seconde Guerre mondiale.

Alexandre Koyré et plusieurs anciens membres de l'ELHE s'installent à Paris en 1947 pour fonder l'EHESS en tant que branche de l'École pratique des hautes études (EPHE). Cette dernière avait été fondée en 1868 sous l'impulsion d'Ernest Renan et de Victor Duruy dans le but d'introduire en France les pratiques allemandes de la formation par la recherche, en particulier celle du séminaire de recherche. L'EHESS correspond à la VIe section de l'École pratique, dite des « sciences économiques et sociales » ; elle comprend ainsi les sciences humaines et sociales au sens large. La section est officiellement instituée par le décret du [1]. Cette fondation répond au besoin régulièrement exprimé depuis la création de l'EPHE de regrouper l'enseignement des sciences sociales.

La section est d'abord dirigée par l'historien Lucien Febvre puis, après sa mort en 1956, par Fernand Braudel. Dans les années 1960, elle devient un centre de réflexion interdisciplinaire et méthodologique en associant les différentes sciences sociales. Fernand Braudel élabore au milieu des années 1950 avec Gaston Berger le projet d'une Maison des sciences de l'Homme, qui est concrétisée avec l'appui financier de la Fondation Ford, et accueille progressivement diverses équipes de recherche disséminées dans le quartier latin et dans les locaux actuels du boulevard Raspail. La section développe un recrutement tourné vers la recherche et l'international. Jacques Le Goff succède à Fernand Braudel en 1972.

En 1975, la VIe Section s'émancipe administrativement de l'École pratique et devient l'École des hautes études en sciences sociales. Elle est dotée du statut d'établissement public et habilitée à délivrer des doctorats d'État. Elle abrite désormais un grand nombre de centres de recherche couvrant l'ensemble des sciences sociales. Elle devient un grand établissement en 1984, à l'instar de l'EPHE ou du Collège de France.

Depuis le , son président est Romain Huret. Il succède à Jacques Le Goff (fondateur), François Furet, Marc Augé, Jacques Revel, Danièle Hervieu-Léger, François Weil, Pierre-Cyrille Hautcœur et Christophe Prochasson.

En mai 2021, la Cour des comptes épingle la gestion et le fonctionnement de l'EHESS et indique dans un rapport qu'elle doit « renouveler son modèle »[2],[3]. Parmi les critiques évoquées sont énumérés le recrutement endogène, la durée des thèses anormalement longue, le taux d'échec en master 2 trop important, la fragilité et l'isolement de l'institution ou encore le manque de transparence[4].

Localisations géographiques[modifier | modifier le code]

Le siège de l'EHESS est situé au 54, boulevard Raspail, dans le 6e arrondissement de Paris, sur la partie du boulevard située au niveau de l'allée Claude-Cahun-Marcel-Moore (au sud) et de l'allée Jacques-Derrida (au nord)[5]. Il y est installé depuis la construction de ce bâtiment, excepté durant le désamiantage qui a imposé entre 2011 et 2017 l'installation de l'EHESS au 190, avenue de France, dans le 13e arrondissement.

L'EHESS a également occupé des bâtiments situés aux 96 et 105 du même boulevard, ainsi qu'au 10, rue Monsieur le Prince. Décidée sous la présidence de D. Hervieu-Léger, sa participation au Campus Condorcet, au nord de la place du Front Populaire à Aubervilliers, a permis la livraison d'un bâtiment neuf en 2019 où sont installées plusieurs centres de recherche. Les locaux des 96 et 105 boulevard Raspail sont alors libérés.

Un certain nombre de centres de recherche sont installés dans les locaux de partenaires universitaires, en particulier l'Ecole normale supérieure (au 48, boulevard Jourdan et au 29, rue d'Ulm).

L'EHESS est également implantée hors de Paris, à Marseille (à la Vieille Charité), à Lyon et à Toulouse. Elle y a notamment contribué à la fondation de l'École d'économie de Toulouse et à celle d'Aix-Marseille, en partenariat avec le CNRS et les universités.

Partenariats[modifier | modifier le code]

L'activité de l'EHESS est largement partenariale, une dizaine de ses trente deux unités de recherche ayant une autre tutelle universitaire (parmi lesquelles les universités Paris 1, Paris 5, Paris 7, Paris 13, le Collège de France, l'École normale supérieure, l'École pratique des hautes études, Aix-Marseille université). Elle est fondatrice de l'École d'économie de Paris dite Paris School of Economics (PSE) avec l'ENS Ulm, l'ENSAE, l'ENPC et l'Université Paris 1, du GREQAM et de l'École d'économie de Toulouse. Elle est membre fondateur de l'Institut méditerranéen d'études avancées (IMéRA) à Marseille.

L'EHESS rejoint fin 2014 la Communauté d'universités et d'établissements Paris Sciences et Lettres (PSL) en tant que membre associé[6], mais se prononce en contre une entrée définitive dans la nouvelle université[7].

L'école continue d'entretenir des liens avec la New School for Social Research de New York.

Activités[modifier | modifier le code]

En 2019, se tient la conférence Nouvelle école polonaise d’histoire de la Shoah. La conférence a été perturbée par les nationalistes polonais[8],[9],[10]. Le président de l'EHESS, Christophe Prochasson, a déclaré qu'il ne pouvait se souvenir d'une perturbation aussi violente lors d'une conférence scientifique[11]. La ministre Frédérique Vidal a condamné les autorités polonaises[12],[13].

Scolarité[modifier | modifier le code]

Les deux livrets de l'étudiant à l'EHESS : le vert et le blanc.

L'École accueille environ 3 000 étudiants sans compter les nombreux auditeurs libres, et plus de 200 thèses y sont soutenues par an[14]. L'admission en doctorat à l'École se fait sur dossier et à partir d'un projet de recherche pour des étudiants ayant obtenu leur master.

Personnalités liées à l'EHESS[modifier | modifier le code]

Membres actuels[modifier | modifier le code]

Les noms sans précision de fonction sont directeurs d'études[15].

Élèves (master et doctorat)[modifier | modifier le code]

Unités de recherche de l'EHESS (2020)[modifier | modifier le code]

La majorité des centres de recherche de l'EHESS possède le statut d'unité mixte de recherche et se trouve sous la tutelle de plusieurs établissements de recherche et d'enseignement. En 2020, les unités de recherche auxquelles participe l'EHESS sont[16] :

  • Anthropologie et histoire des mondes antiques (CNRS-EHESS)
  • Centre Alexandre Koyré (CNRS-EHESS-MNHN)
  • Centre Asie du Sud-Est (CNRS-EHESS-INaLCO)
  • Centre Georg Simmel (CNRS-EHESS)
  • Centre d'analyse et de mathématique sociales (CNRS-EHESS)
  • Centre d’études en sciences sociales du religieux (CNRS-EHESS)
  • Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud (CNRS-EHESS)
  • Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre européen (CNRS-EHESS)
  • Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CNRS-EHESS-Collège de France)
  • Centre d'études sociologiques et politiques Raymond-Aron (CNRS-EHESS)
  • Centre Norbert Elias (Avignon Université-CNRS-EHESS-AMU)
  • Centre de recherches sur les arts et le langage (CNRS-EHESS)
  • Centre de recherches historiques (CNRS-EHESS)
  • Centre de recherche et de documentation sur l'Océanie (CNRS-EHESS-AMU)
  • Centre de recherches linguistiques sur l'Asie orientale (CRLAO) (CNRS-EHESS-INaLCO)
  • Centre de recherche médecine, science, santé et société (CNRS-EHESS-Inserm-Paris V)
  • Centre européen de sociologie et de science politique (CNRS-EHESS-Paris I)
  • Centre international de recherche sur l'environnement et le développement (CIRAD-CNRS-EHESS-ENGREF-ParisTech)
  • Centre Maurice Halbwachs (CNRS-EHESS-ENS-INRAE)
  • Chine, Corée, Japon (CNRS-EHESS)
  • Groupe de sociologie pragmatique et réflexive (EHESS)
  • Histoire, Archéologie, Littératures des mondes chrétiens et musulmans médiévaux (EHESS-ENS Lyon-Avignon Université-Lyon III)
  • Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (CNRS-EHESS-Inserm-Paris 13)
  • Institut Jean Nicod (EHESS-ENS)
  • Institut des mondes africains (CNRS-IRD-EHESS-EPHE-Paris I-AMU)
  • Laboratoire d'Anthropologie politique (CNRS-EHESS)
  • Laboratoire d'anthropologie sociale (EHESS-CNRS-Collège de France)
  • Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique (CNRS-EHESS-ENS)
  • Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas (EHESS)
  • Laboratoire interdisciplinaire solidarités sociétés territoires (CNRS-EHESS-Toulouse II)
  • Mondes américains (EHESS-Paris I-Paris-Nanterre)
  • Travaux de recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés (EHESS-INRAP-Toulouse II)

Dans le cadre de son programme d'aires culturelles, l'EHESS s'était dotée d'un Centre d'études arctiques (CNRS-EHESS) sous la direction de Jean Malaurie, en 1957.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Décret du 3 novembre 1947 portant modification du nom d'une section créée à l’École pratique des hautes études.
  2. Cour des comptes, « L'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) », 25 mai 2021
  3. « La Cour des comptes critique le recrutement « fortement endogène » à l’École des hautes études en sciences sociales », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « La prestigieuse École des hautes études en sciences sociales (EHESS) épinglée par la Cour des comptes », sur lefigaro.fr (consulté le )
  5. « Conseil de Paris » [PDF], sur api-site.paris.fr
  6. « L'EHESS choisit Paris Sciences et Lettres », sur letudiant.fr/educpros,
  7. « Alain Fuchs à News Tank : « PSL a donné des gages d’intégration poussés aux éditeurs de classements » », sur education.newstank.fr, (consulté le ).
  8. Par Danielle Delmaire, « Chahut lors d’un colloque sur la Shoah en Pologne », Tsafon [En ligne], 77 | 2019, mis en ligne le 09 septembre 2019, consulté le 15 décembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/tsafon/2049 ; DOI : 10.4000/tsafon.2049
  9. [1] Conflits contemporains dans la culture polonaise, un diagnostic : entretien avec Agnieszka Żuk, 3e partie
  10. [2], Comprendre la relation des Polonais à la Shoah, Sylvain Boulouque, 25 novembre 2019
  11. [3] Un colloque sur l’histoire de la Shoah perturbé par des nationalistes polonais, Le Monde
  12. [4] La Pologne minimise les incidents lors d’un colloque sur la Shoah à Paris, Le Monde
  13. [5], Behr Valentin, Entre histoire et propagande. Les contributions de l’Institut polonais de la mémoire nationale à la mise en récit de la Seconde Guerre mondiale, Allemagne d'aujourd'hui
  14. Cf. l'évaluation par l'AERES des Écoles doctorales de l'EHESS.
  15. Source : des enseignants de l'EHESS.
  16. « Unités de recherche », sur ehess.fr, EHESS (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Stéphane Baciocchi, Isabelle Backouche, Pascal Cristofoli, Olivier Godechot, Delphine Naudier, Christian Topalov avec la collaboration de Fabien Cardoni et Emmanuel Taïeb, Vingt ans d'élections à l'École des hautes études en sciences sociales (1986-2005). Synthèse des résultats d'enquête, Paris, EHESS, 2008, 119 p. disponible en ligne : pdf
  • Isabelle Backouche, Olivier Godechot et Delphine Naudier, « Un plafond à caissons. Les femmes à l'EHESS », dans Sociologie du travail, 2009, vol. 51, no 2, p. 253-274, en ligne : pdf
  • Isabelle Backouche et al., Rapport de la commission Égalité professionnelle femmes/hommes à l’École des hautes études en sciences sociales, Paris, EHESS, 2007, en ligne : pdf
  • Olivier Godechot, 2010, « Pourquoi y a-t-il si peu de femmes à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) ? », in Association femmes et sciences, Carrières des femmes en entreprises et dans la recherche publique. Quelles solutions pour les valoriser ?” (Actes du colloque du samedi ), Paris, 2010 p. 27-32, en ligne : pdf
  • Olivier Godechot, « La formation des relations académiques au sein de l'EHESS », dans Histoire & Mesure, 2011, vol. 26, no 2, p. 221-260, en ligne : html
  • Rose-Marie Lagrave, « En vertu de l’excellence ? », dans Réflexion sur l’accès, la promotion et les responsabilités des hommes et des femmes à l’École des hautes études en sciences sociales, Paris, EHESS, 2003, p. 4-10.
  • Brigitte Mazon, Aux origines de l’EHESS Le rôle du mécénat américain (1920-1960), Paris, Cerf, 1988. Préface de Pierre Bourdieu, postface de Charles Morazé, présentation en ligne, présentation en ligne.
  • D. Naudier, « Comparaisons des carrières masculines et féminines des enseignants de l’EHESS : premiers résultats », dans Réflexion sur l’accès, la promotion et les responsabilités des hommes et des femmes à l’École des hautes études en sciences sociales, EHESS, Paris, 2003, p. 29-37.
  • Jacques Revel et Nathan Wachtel (dir.), Une école pour les sciences sociales. De la VIe Section à l´École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, EHESS, 1996, 554 p. Avant-propos de Marc Augé.

Liens externes[modifier | modifier le code]